PARIS : Toujours en quête d'un gouvernement, Emmanuel Macron doit ouvrir mardi un "nouveau cycle de consultations", sans LFI ni le RN, mais avec le renfort de "personnalités" censées l'aider à sortir de l'impasse après avoir balayé l'option Lucie Castets, suscitant l'ire à gauche.
Ni le casting, ni le calendrier de ce deuxième round de tractations n'ont été précisés à ce stade, hormis la venue de représentants du groupe centriste Liot mardi à la mi-journée, premiers à ouvrir le bal à l'écart des caméras et en toute discrétion.
Selon une source parlementaire à droite, l'Élysée a pris contact lundi soir avec les dirigeants de LR, dont Laurent Wauquiez, et recherchait "un créneau, probablement mardi".
Mais la présidence n'a fourni aucun indice sur les "personnalités se distinguant par l'expérience du service de l'Etat et de la République" qu'Emmanuel Macron souhaite rencontrer.
"Il y a des personnes qui ont exercé la fonction de président de la République", d'autres qui ont occupé "des fonctions de gouvernement importantes", ou encore "qui ont incarné des courants et des sensibilités politiques", a observé le patron du Modem François Bayrou, estimant sur franceinfo qu'"à tous ceux-là il faut parler".
Mais pas à l'extrême droite, qui accuse M. Macron d'avoir "semé le chaos" comme l'a répété le vice-président du Rassemblement national Sébastien Chenu sur TF1.
A gauche non plus, La France insoumise, ne recevra pas de carton d'invitation. Présenté comme un épouvantail par ses adversaires macronistes et de droite, le parti de Jean-Luc Mélenchon avait de toute façon décliné d'avance, tout comme ses partenaires au sein du Nouveau Front populaire, les socialistes, les écologistes et les communistes.
- "Nous allons nous battre" -
Car la gauche est furieuse: au nom de la "stabilité institutionnelle", le chef de l'Etat a fermé la porte à un gouvernement mené par la candidate du NFP Lucie Castets, qui serait selon lui "immédiatement censuré" à l'Assemblée nationale.
Dans ce contexte, hors de question pour la gauche d'échanger avec un président qui "refuse de nous laisser mettre en place la politique qu'on propose", a indiqué l'intéressée sur France Inter. La haute-fonctionnaire de 37 ans reste néanmoins "disponible pour discuter de nouveau s'il s'agit des modalités d'une cohabitation".
Ses soutiens ont été plus véhéments: le numéro un du parti socialiste Olivier Faure a exclu sur France 2 de se rendre "complice d'une parodie de démocratie" et de jouer "les supplétifs d'une macronie finissante".
"On ne va pas continuer ce cirque", a tranché la cheffe des écologistes Marine Tondelier, dénonçant sur franceinfo un "simulacre de consultation avec un président qui de toute façon n'écoute pas".
A rebours du communiqué de M. Macron les exhortant à "coopérer avec les autres forces politiques" - et donc à se désolidariser des mélenchonistes - le Nouveau Front populaire continue de jouer en pack. "Nous allons nous battre", a promis le leader communiste Fabien Roussel sur le réseau social X, appelant "les Français à se mobiliser partout" pour "obtenir le changement".
Une première manifestation le 7 septembre, à l'initiative d'organisations étudiantes et à laquelle LFI a indiqué se joindre, est en préparation.
La veille, Jean-Luc Mélenchon avait également espéré une "réplique populaire et politique rapide et ferme" et annoncé que LFI mettrait à exécution sa menace de tenter de destituer le chef de l'Etat.
- "Faute de méthode" -
Attitude déplorée par le camp présidentiel, qui cherche particulièrement à rallier les socialistes. Gérald Darmanin les a appelés à se montrer "responsables" pour construire une "coalition large", assurant sur BFMTV et RMC que les macronistes "pourraient se mettre d'accord sur un minimum" avec les socialistes pour "permettre à la France de fonctionner".
"Quand l'essentiel est en jeu, il faut se mettre d'accord", a insisté le ministre de l'Intérieur démissionnaire, toujours membre d'un gouvernement Attal qui expédie les affaires courantes depuis 42 jours - record absolu depuis l'après-guerre.
A droite, Laurent Wauquiez refuse cependant toute coalition, au gouvernement comme au Parlement. Mais son parti doit être responsable" et "voter ce qui va dans le bon sens" pour "ne pas laisser la France aller dans le mur", a jugé sur RTL la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse.
Pour l'heure, le casse-tête politique que ne cesse de retourner Emmanuel Macron reste insoluble. Preuve que "c'est une faute de méthode de négocier un gouvernement avec les partis politiques", a souligné son allié François Bayrou, plaidant pour agir sans leur "accord préalable".
Le président n'a plus beaucoup de temps pour choisir, puisqu'un budget doit être présenté le 1er octobre à l'Assemblée. A plus court terme, M. Macron doit ouvrir mercredi soir les Jeux paralympiques avant de s'envoler jeudi après-midi pour une visite en Serbie.