NATIONS-UNIES: Le secrétaire général de l'ONU s'est joint vendredi à l'appel de l'OMS et de l'Unicef réclamant des "pauses humanitaires de 7 jours" dans les combats à Gaza pour vacciner contre la polio plus de 640.000 enfants de moins de 10 ans ces prochaines semaines.
"J'appelle toutes les parties à fournir immédiatement des assurances concrètes garantissant des pauses humanitaires pour la campagne" de vaccination, a déclaré Antonio Guterres à la presse, alors que le virus a été détecté dans des échantillons d'eaux usées dans la bande de Gaza qui selon l'ONU est exempte de cette maladie depuis 25 ans.
"Il est impossible de mener une campagne de vaccination contre la polio au milieu de la guerre", a-t-il insisté. "Une pause polio est nécessaire".
Cet appel fait suite à celui lancé quelques heures plus tôt par l'Organisation mondiale de la santé et l'Unicef qui demandent des pauses humanitaires "de sept jours" pour permettre deux campagnes de vaccination.
Ces deux séries "devraient être lancées à la fin du mois d'août et en septembre 2024 dans l'ensemble de la bande de Gaza afin de prévenir la propagation du variant qui circule actuellement", connu sous le nom de cVDPV2, ont précisé les deux agences dans un communiqué.
Chaque pause doit durer 7 jours, a indiqué à l'AFP une porte-parole de l'OMS, Margaret Harris.
Le poliovirus a été détecté en juillet dans des échantillons d'eaux usées collectés fin juin à Khan Younès et Deir el-Balah, rappellent l'OMS et l'Unicef.
"Fait inquiétant, trois enfants présentant une suspicion de paralysie flasque aiguë, un symptôme courant de la poliomyélite, ont depuis été signalés dans la bande de Gaza", écrivent-elles. Leurs échantillons de selles ont été envoyés pour analyse au laboratoire national jordanien de la polio.
Les deux agences de l'ONU espèrent pouvoir vacciner plus de 640.000 enfants de moins de dix ans.
Plus de 1,6 million de doses
Plus de 1,6 million de doses du vaccin nOPV2, utilisé pour arrêter la transmission du cVDPV2, doivent être acheminées dans la bande de Gaza à la fin du mois d'août, selon le communiqué.
Les vaccins seront ensuite administrés par 708 équipes, y compris dans les hôpitaux et dans les centres de soins de santé de chaque municipalité de la bande de Gaza.
L'ONU souligne que la couverture vaccinale doit être d'au moins 95% à chaque campagne de vaccination pour empêcher la propagation de la polio, "étant donné que les systèmes de santé, d'eau et d'assainissement sont gravement perturbés dans la bande de Gaza".
Il faudra également de l'argent, du carburant pour les équipes de vaccination, et des réseaux internet et téléphonique fonctionnels pour informer la population. Ainsi, que "l'entrée d'experts de la polio" sur le territoire palestinien assiégé, a insisté Antonio Guterres.
Menace largement répandue voici encore une quarantaine d'années, la poliomyélite - qui peut entraîner en quelques heures des paralysies irréversibles - a très largement disparu dans le monde grâce aux vaccins.
Mais il existe une autre forme de poliovirus qui peut se propager: le poliovirus qui a muté à partir de la source contenue à l'origine dans le vaccin antipoliomyélitique oral (VPO). C'est ce poliovirus dérivé d'une souche vaccinale qui a été retrouvé à Gaza.
Et la polio "se fiche des lignes de démarcation", a insisté Antonio Guterres, soulignant la menace "non seulement pour les enfants palestiniens à Gaza, mais aussi dans les pays voisins et la région".
La guerre à Gaza a été déclenchée par l'attaque inédite du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël le 7 octobre qui a entraîné la mort de 1.198 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens.
En représailles, Israël a lancé une offensive qui a fait au moins 40.005 morts, selon le ministère de la Santé du Hamas.