GENEV E: La présidente du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a dit lundi espérer que les pourparlers sur le Soudan qui doivent commencer cette semaine en Suisse déboucheront sur des "mesures humanitaires très concrètes".
"Nous ne participons pas à ces pourparlers, mais j'espère qu'ils aboutiront à des accords qui nous permettront d'accroître l'aide humanitaire et d'avoir un meilleur accès aux populations touchées, en particulier dans le nord du Darfour, où la situation est extrêmement préoccupante", a déclaré Mirjana Spoljaric aux journalistes.
Elle a réclamé l'instauration de "mesures humanitaires très concrètes qui contribueront à instaurer la confiance et à lever certains des obstacles immédiats à la conclusion d'un accord de cessez-le-feu".
"Le Soudan illustre ce qui se passe lorsque le droit international humanitaire n'est pas respecté", a-t-elle relevé lors d'une conférence de presse à l'occasion du 75e anniversaire des Conventions de Genève, des traités internationaux régissant les conflits armés.
La guerre oppose depuis avril 2023 l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane, aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) de son ex-adjoint, le général Mohamed Hamdane Daglo. Elle a fait des dizaines de milliers de morts, et provoqué une crise humanitaire majeure, poussant le pays au bord de la famine, selon l'ONU.
"Le Soudan illustre, parmi d'autres situations de conflit, ce qui se passe lorsque les parties privilégient les gains militaires (...) au détriment des vies humaines", a affirmé la chef du CICR.
De précédents cycles de négociations menés à Jeddah, en Arabie saoudite, ont échoué. Fin juillet, Washington avait invité l'armée et les paramilitaires à des pourparlers en Suisse en vue d'un cessez-le-feu.
Si les paramilitaires des FSR ont rapidement accepté l'invitation, le ministère des Affaires étrangères, loyal à l'armée, avait alors affirmé "vouloir davantage de discussions" avant d'y répondre.
Une délégation soudanaise est arrivée à Jeddah vendredi pour discuter avec les médiateurs américains des conditions de la participation du gouvernement soudanais.
Mme Spoljaric a appelé les parties à rester "à la table des négociations jusqu'à ce qu'elles aient trouvé un accord sur la manière d'accroître" l'"espace opérationnel" du CICR, dont l'accès aux populations est limité en raison notamment du "manque d'accords de sécurité" permettant à son personnel d'agir.
En outre, a-t-elle relevé, "d'un point vue logistique, il est très difficile d'y accéder, surtout si en plus des contraintes géographiques, des mesures bureaucratiques sont prises pour empêcher l'aide humanitaire".
Les pourparlers de Genève, coparrainés par l'Arabie saoudite, doivent inclure l'Union africaine, l'Egypte, les Emirats arabes unis et l'ONU en tant qu'observateurs, avait précisé Washington.
Le CICR fournit "les informations nécessaires pour alimenter les conversations, afin qu'elles sachent quelles sont les conditions sur le terrain et ce dont nous avons exactement besoin pour pouvoir opérer", a spécifié Mme Spoljaric.