Au Qatar, les amputés de Gaza tentent de retrouver une vie loin de la guerre

Un homme amputé des jambes sourit au complexe Thumama, destiné à accueillir les Palestiniens déplacés de la bande de Gaza en raison de la guerre entre Israël et le groupe militant Hamas, à Doha, le 3 juillet 2024.(AFP)
Un homme amputé des jambes sourit au complexe Thumama, destiné à accueillir les Palestiniens déplacés de la bande de Gaza en raison de la guerre entre Israël et le groupe militant Hamas, à Doha, le 3 juillet 2024.(AFP)
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Publié le Mardi 06 août 2024

Au Qatar, les amputés de Gaza tentent de retrouver une vie loin de la guerre

  • La fillette de six ans y reprend vie, après avoir perdu sa famille, et une jambe, dans une frappe israélienne.
  • Elle même est désorientée. "Ici, il y a tout (...) Pourquoi Gaza n'est pas comme les autres pays?" demande-t-elle.

DOHA : Maryam Ahmed actionne sa chaise roulante avec détermination dans le complexe Thumama de Doha, qui accueille des blessés de Gaza. La fillette de six ans y reprend vie, après avoir perdu sa famille, et une jambe, dans une frappe israélienne.

Maryam a été évacuée vers le Qatar en février, après que sa maison a été touchée par deux missiles, qui ont tué sa mère, son père et son frère. Sa jambe droite est "au ciel", avec eux, dit-elle en soulevant l'ourlet de sa robe sur son moignon.

La fillette fait partie des quelque 2.000 résidents du complexe, blessés et accompagnants, qui tentent à présent de s'adapter à la vie dans le riche émirat, loin de la guerre qui fait rage chez eux, dans la bande de Gaza.

Sa tante de 20 ans, Fatima Farajallah, qui l'a accompagnée au Qatar dit que "psychologiquement Maryam va mieux maintenant". Mais toutes les deux gardent le souvenir du matin où leur maison a été pulvérisée.

Dans la confusion, Maryam, qui ne réagissait pas, est placée parmi les morts. "Elle ne bougeait pas et n'émettait aucun son. Puis, soudain, j'ai entendu une voix", se rappelle sa tante.

La fillette a été hospitalisée pendant deux mois à l'hôpital Hamad de Doha, et a subi trois opérations chirurgicales.

Confrontée à son nouvel environnement, elle "pose beaucoup de questions", explique Fatima Farajallah.

- Passer d'une réalité à l'autre -

Elle même est désorientée. "Ici, il y a tout (...) Pourquoi Gaza n'est pas comme les autres pays?" demande-t-elle.

Fin juin, l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens a déclaré que dix enfants en moyenne perdaient une jambe, ou les deux, chaque jour à Gaza.

La guerre a été déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas du 7 octobre dans le sud d'Israël qui a entraîné la mort de 1.197 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles israéliennes.

Sur 251 personnes alors enlevées, 111 sont toujours retenues à Gaza, dont 39 sont mortes, selon l'armée israélienne.

L'offensive israélienne à Gaza a fait jusqu'à présent près de 40.000 morts, d'après le ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le mouvement islamiste palestinien, qui ne détaille pas le nombre de civils et de combattants morts.

Mousa Mohammad, chef du département de rééducation du Hamad Medical Corporation, dirige des thérapies de groupe à l'intérieur du complexe Thumama pour 190 enfants inscrits, âgés de trois à six ans.

Ces séances de soin, qui incluent socialisation et thérapie par l'art, sont un "pilier important" de la réadaptation, explique-t-il

Au début les enfants étaient sujets à des crises de violence et ne pouvaient rester assis, dit-il. Certains "frappaient les portes, les gens et les autres enfants". Mais si les progrès ont été laborieux, "leur comportement a changé", assure-t-il.

- "Retourner à Gaza" -

Au crépuscule, les résidents s'aventurent à l'extérieur du complexe, construit pour héberger les visiteurs de la Coupe du monde 2022 au Qatar. Parmi les 1.000 blessés transférés de Gaza pour raisons médicales, 300 ont subi des amputations.

Karim Al-Shayyah, 10 ans, se déplace facilement à vélo malgré la perte de sa jambe gauche. Il a été amputé sous le genou après avoir été touché par des éclats d'obus alors qu'il jouait à Gaza.

"Nous nous amusions dehors quand ils ont bombardé un restaurant près de chez nous", raconte-t-il.

Sa mère, Sabrine Al-Shayyah, explique que "la blessure a changé sa personnalité". L'enfant est devenu nerveux, solitaire. Ses amis, dont l'un a récemment été tué à Gaza, lui manquent, affirme-t-il.

Avec l'aide d'un psychiatre, les perspectives de Karim s'améliorent toutefois. "L'interaction avec les enfants est très positive", dit sa mère.

"Ici, nous sommes à l'aise, ils s'occupent de nous et nous font jouer", apprécie le garçon. Mais il espère bien "retourner à Gaza une fois la guerre finie".


Gaza: le ministre de la Défense israélien annonce la saisie de «larges zones» pour créer des zones de sécurité

L'opération militaire s'étend "pour écraser et nettoyer la zone des terroristes et des infrastructures terroristes, et pour s'emparer de vastes zones qui seront intégrées dans les zones de sécurité d'Israël", a-t-il déclaré dans un communiqué. (AFP)
L'opération militaire s'étend "pour écraser et nettoyer la zone des terroristes et des infrastructures terroristes, et pour s'emparer de vastes zones qui seront intégrées dans les zones de sécurité d'Israël", a-t-il déclaré dans un communiqué. (AFP)
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  • Le porte-parole de l'armée en langue arabe, Avichay Adree, s'est adressé mardi sur X aux habitants de vastes zones de Rafah et de la ville proche de Khan Younès
  • "N'écoutez pas les tentatives du Hamas de vous empêcher d'évacuer pour rester ses boucliers humains. Evacuez immédiatement les zones désignées", a-t-il déclaré, renouvelant un appel déjà lancé lundi

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé mercredi l'extension de l'opération militaire israélienne dans la bande de Gaza pour s'emparer de "larges zones" en vue de créer des zones de sécurité, appelant par ailleurs les Gazaouis à renverser le Hamas.

L'opération militaire s'étend "pour écraser et nettoyer la zone des terroristes et des infrastructures terroristes, et pour s'emparer de vastes zones qui seront intégrées dans les zones de sécurité d'Israël", a-t-il déclaré dans un communiqué.

"J'appelle les habitants de Gaza à agir maintenant pour chasser le Hamas et rendre tous les otages", a-t-il ajouté.

Le porte-parole de l'armée en langue arabe, Avichay Adree, s'est adressé mardi sur X aux habitants de vastes zones de Rafah et de la ville proche de Khan Younès.

"N'écoutez pas les tentatives du Hamas de vous empêcher d'évacuer pour rester ses boucliers humains. Evacuez immédiatement les zones désignées", a-t-il déclaré, renouvelant un appel déjà lancé lundi.

Israël a repris ses bombardements intensifs sur Gaza le 18 mars, puis lancé une nouvelle offensive terrestre, mettant fin à un cessez-le-feu de près de deux mois avec le Hamas.

Depuis la reprise des combats, 1.042 personnes ont été tuées, selon des données publiées mardi par le ministère de la Santé de Gaza, contrôlé par le Hamas, portant le bilan total à 50.399 morts depuis la guerre déclenchée par l'attaque du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées, 58 sont toujours retenues, à Gaza dont 34 sont décédées selon l'armée.


Les Houthis font état de quatre morts dans des frappes attribuées aux Etats-Unis

Les rebelles houthis du Yémen ont fait état mercredi d'un nouveau bilan de quatre morts dans des frappes sur Hodeida (ouest), attribuées aux Etats-Unis, et dit avoir mené une nouvelle attaque contre un porte-avion américain. (AFP)
Les rebelles houthis du Yémen ont fait état mercredi d'un nouveau bilan de quatre morts dans des frappes sur Hodeida (ouest), attribuées aux Etats-Unis, et dit avoir mené une nouvelle attaque contre un porte-avion américain. (AFP)
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  • Selon les médias houthis, des frappes américaines ont visé dans la nuit plusieurs localités sous contrôle des rebelles houthis, soutenus par l'Iran, notamment des infrastructures hydrauliques dans le gouvernorat de Hodeida
  • Trois raids ont également été rapportés dans le gouvernorat de Hajjah (nord-ouest) et trois autres dans le bastion du groupe rebelle, Saada, dans le nord du Yémen

SANAA: Les rebelles houthis du Yémen ont fait état mercredi d'un nouveau bilan de quatre morts dans des frappes sur Hodeida (ouest), attribuées aux Etats-Unis, et dit avoir mené une nouvelle attaque contre un porte-avion américain.

"Le bilan de l'agression américaine qui a visé mardi soir le bâtiment de la gestion de l'eau dans le district d'al-Mansouriyah, dans le gouvernorat de Hodeida, est monté à quatre morts et trois blessés", a déclaré le porte-parole du ministère de la Santé houthi, Anis Alasbahi.

Selon les médias houthis, des frappes américaines ont visé dans la nuit plusieurs localités sous contrôle des rebelles houthis, soutenus par l'Iran, notamment des infrastructures hydrauliques dans le gouvernorat de Hodeida.

Trois raids ont également été rapportés dans le gouvernorat de Hajjah (nord-ouest) et trois autres dans le bastion du groupe rebelle, Saada, dans le nord du Yémen. Les Etats-Unis n'ont pas confirmé avoir mené ces frappes.

Le 15 mars, Washington a annoncé une nouvelle offensive militaire, promettant de recourir à une force écrasante tant que les rebelles continueront de viser des navires circulant sur les routes maritimes clefs de la mer Rouge et du golfe d'Aden.

"Les frappes contre les Houthis ont été incroyablement efficaces", a déclaré mardi la porte-parole de la Maison Blanche Karoline Leavitt, précisant qu'il y avait eu "plus de 200 frappes réussies contre les Houthis".

Les frappes américaines visent à neutraliser les menaces des Houthis en mer Rouge, une zone maritime essentielle pour le commerce mondial, où les rebelles yéménites ont mené de nombreuses attaques depuis fin 2023 affirmant s'en prendre à des navires liés à Israël, en solidarité avec les Palestiniens.

Les Houthis ciblent également les navires de guerre américains au large du Yémen. Ils ont affirmé tôt mercredi avoir mené une attaque contre le porte-avions Harry S. Truman, "la troisième en 24 heures", selon leur porte-parole militaire, Yahya Saree.

De leur côté, les Etats-Unis ont annoncé mardi l'envoi d'un deuxième porte-avions au Moyen-Orient, le Carl Vinson, "afin de continuer à promouvoir la stabilité régionale, dissuader toute agression et protéger les flux commerciaux dans la région".

Le Pentagone n'a pas précisé de date ni la zone où navigueront les deux groupes aéronavals.

Le président Donald Trump a assuré lundi sur son réseau Truth Social que "le plus dur (était) à venir pour les Houthis et leurs soutiens en Iran". "Nos attaques continueront jusqu'à ce qu'ils ne soient plus une menace pour la liberté de navigation", a encore écrit le président américain.

 


Les Etats-Unis envoient un deuxième porte-avions au Moyen-Orient 

Selon le Pentagone, le Harry S. Truman sera rejoint par le Carl Vinson, actuellement dans la zone indopacifique, "afin de continuer à promouvoir la stabilité régionale, dissuader toute agression et protéger les flux commerciaux dans la région", a déclaré M. Parnell dans un communiqué. (AFP)
Selon le Pentagone, le Harry S. Truman sera rejoint par le Carl Vinson, actuellement dans la zone indopacifique, "afin de continuer à promouvoir la stabilité régionale, dissuader toute agression et protéger les flux commerciaux dans la région", a déclaré M. Parnell dans un communiqué. (AFP)
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  • Cette annonce survient alors que les Houthis, rebelles yéménites soutenus par l'Iran, ont revendiqué le mois dernier des attaques contre le porte-avions Harry S. Truman en mer Rouge
  • Washington, qui a procédé ces dernières semaines à des frappes au Yémen, n'a pas confirmé ces attaques

WASHINGTON: Les Etats-Unis envoient un deuxième porte-avions au Moyen-Orient, a annoncé mardi le porte-parole du ministère de la Défense Sean Parnell, évoquant la protection des flux commerciaux.

Cette annonce survient alors que les Houthis, rebelles yéménites soutenus par l'Iran, ont revendiqué le mois dernier des attaques contre le porte-avions Harry S. Truman en mer Rouge. Washington, qui a procédé ces dernières semaines à des frappes au Yémen, n'a pas confirmé ces attaques.

Les Houthis visent la navigation commerciale en mer Rouge depuis le début de la guerre à Gaza en octobre 2023.

Selon le Pentagone, le Harry S. Truman sera rejoint par le Carl Vinson, actuellement dans la zone indopacifique, "afin de continuer à promouvoir la stabilité régionale, dissuader toute agression et protéger les flux commerciaux dans la région", a déclaré M. Parnell dans un communiqué.

Le ministère n'a pas précisé où exactement navigueraient les deux groupes aéronavals.

Parallèlement, le secrétaire à la Défense Pete Hegseth a ordonné le déploiement dans la région "d'escadrons additionnels et d'autres actifs aériens qui renforceront nos capacités défensives de soutien aérien", selon M. Parnell.

La marine américaine compte une dizaine de porte-avions.