SINGAPOUR : Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a assuré mercredi que les Etats-Unis n'étaient pas "impliqués" dans la mort du chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, tué dans une frappe à Téhéran, et souligné l'"impératif" de parvenir à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.
"Tout d'abord, nous n'étions pas au courant et nous ne sommes pas impliqués", a-t-il affirmé de Singapour dans un entretien avec la chaîne de télévision Channel NewsAsia.
La réaction du chef de la diplomatie américaine traduit une certaine prudence, sinon l'embarras de Washington, qui cherche à faire baisser les tensions dans la région.
S'ils n'ont pas été informés au préalable, cela pose aussi la question de l'influence des Etats-Unis, l'allié le plus proche d'Israël, sur le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, sur fond de relations tendues avec le président américain Joe Biden. M. Netanyahu s'était rendu la semaine dernière dans la capitale américaine où il avait prononcé un discours devant le Congrès.
Interrogé sur l'impact que cela pouvait avoir sur les négociations en vue d'un cessez-le-feu dans la bande de Gaza, M. Blinken a répondu : "Je ne peux pas vous dire ce que cela signifie. Je peux vous dire que l'impératif d'obtenir un cessez-le-feu, l'importance que cela revêt pour tout le monde, demeure".
Le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, est mort mercredi à Téhéran dans une frappe imputée à Israël par le mouvement islamiste palestinien.
A la tête du bureau politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, 61 ans, avait participé mardi à Téhéran à la cérémonie d'investiture du président réformateur Massoud Pezeshkian, dont le pays est l'ennemi juré d'Israël et un allié du Hamas et du Hezbollah, une organisation libanaise.
Cela intervient alors que, sur le front nord d'Israël, au Liban, l'armée israélienne a affirmé avoir "éliminé le plus haut responsable militaire de l'organisation terroriste Hezbollah Fouad Chokr" dans une frappe dans la banlieue sud de Beyrouth.
- Un cessez-le-feu, une priorité pour Blinken -
S'exprimant devant un forum à Singapour, le chef de la diplomatie américaine avait estimé que "rien" ne remettait en question "l'importance de parvenir à un cessez-le-feu".
"Depuis le premier jour, nous nous efforçons non seulement d'améliorer la situation à Gaza mais aussi d'empêcher le conflit de s'étendre, que ce soit dans le nord avec le Liban et le Hezbollah, dans la mer Rouge avec les Houthis, en Iran, en Syrie, en Irak, et j'en passe", avait lancé M. Blinken.
"Le meilleur moyen de faire baisser la température partout est d'instaurer un cessez-le-feu à Gaza", avait-il insisté.
Dans une conversation mercredi avec le Premier ministre du Qatar Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, M. Blinken "a souligné l’importance de continuer à œuvrer pour parvenir à un cessez-le-feu dans le conflit à Gaza qui garantirait la libération des otages (israéliens, ndlr), allégerait les souffrances du peuple palestinien et ouvrirait la voie à une stabilité plus large", selon un communiqué du département d'Etat américain.
Le secrétaire d'Etat "a répété que les États-Unis continueraient à œuvrer pour qu’un accord soit conclu".
Principal médiateur dans les négociations sur une trêve dans la bande de Gaza, le Qatar s'est de son côté interrogé sur l'opportunité de poursuivre la médiation.
"Comment une médiation peut-elle réussir lorsqu'une partie assassine le négociateur de l'autre partie", a dit Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani.
Le Qatar, l'Egypte et les Etats-Unis sont engagés depuis des mois dans des pourparlers visant à obtenir un cessez-le-feu dans la bande de Gaza, après neuf mois de guerre provoquée par l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre dernier.