PARIS : La sprinteuse américaine Sha'Carri Richardson, favorite du 100 m des Jeux olympiques de Paris, revendique sa filiation avec les légendes du sprint US Wilma Rudolph et Florence Griffith-Joyner, sur la piste, pour le style et leur impact sur la communauté afro-américaine.
Sur son vlog, Richardson indique avoir deux idoles en athlétisme: Wilma Rudolph, reine des Jeux de Rome en 1960 (triplé 100, 200 et 4x100 m), et Florence Griffith-Joyner, auteure du même triplé en 1988 à Séoul.
Originaire du sud de Dallas (Texas) dans un quartier à grande majorité afro-américain, Richardson, championne du monde du 100 m et en piste pour ses premiers JO, rêve d'égaler le palmarès de ces deux légendes, elle qui se définit "comme une personne noire avant d'être une athlète".
"Sur la piste, Sha'Carri se rapproche plus de de Wilma Rudolph que de +Flo-Jo+, même si les trois avaient ce relâchement. Rudolph était plus en fréquence gestuelle, comme Sha'Carri, et Flo-Jo en amplitude en 1988", note pour l'AFP Pierre-Jean Vazel, entraîneur nommé récemment manager du musée et des archives de World athletics, la Fédération internationale.
Richardson détonne avec son style, notamment ses ongles longs et colorés, directement inspirés de "Flo-Jo", véritable icône mode de la piste, dont les tenues uniques faisaient aussi sensation.
"Wilma Rudolph, qui affichait une élégance très parisienne, et +Flo-Jo+, qui tendait presque vers le style +porno chic+, étaient deux icônes de mode", ajoute M. Vazel.
"Les deux ont marqué leur époque brièvement. Se revendiquer de Flo-Jo est assez nouveau, elle qui a été ciblée par des accusations de dopage, alors que pour Rudolph c'est ancien, des sprinteuses de l'Est la citaient en exemple pendant la Guerre froide."
Par leur classe et leurs succès, Rudolph et Griffith-Joyner ont également brisé des barrières pour les femmes noires aux Etats-Unis.
Letisha Brown, docteure en sociologie de l'Université de Cincinnati, voit "une connexion forte entre les trois. Sha'Carri rappelle Flo-Jo avec les cheveux, les ongles, mais aussi l'attitude, la bravade."
Selon l'universitaire et militante, Richardson incarne sans le revendiquer le "féminisme noir", en lutte contre "la perception des femmes noires et de leurs corps, héritée de l'époque de l'esclavage colonial, cette idée qu'elles seraient trop masculines, ou encore les clichés de la +mammy+ et la +jezebel+ (à l'insatiable appétit sexuel, façon pour les maîtres blancs de justifier des relations imposées aux femmes esclaves)."
Avec son "franc-parler", "sa passion" et sa "conscience de traitement en tant que femme noire", Richardson illustre le concept moderne de "black girl magic", soit "la résilience et l'excellence des femmes noires malgré le racisme et la misogynie", ajoute Mme Brown.