GENEVE : Des enquêteurs de l'ONU ont affirmé avoir documenté des "schémas inquiétants" de graves abus au Soudan en rencontrant au Tchad des victimes des violences de la guerre civile qui sévit depuis quinze mois dans le pays du nord-est de l'Afrique.
La Mission internationale indépendante d'établissement des faits de l'ONU, récemment créée pour le Soudan, a précisé avoir passé trois semaines au Tchad pour rencontrer des survivants du conflit au Soudan, des membres de la société civile soudanaise et d'autres observateurs.
Leurs interlocuteurs ont livré des récits d'"actes horribles de meurtres, de violences sexuelles, y compris de viols collectifs", a indiqué l'équipe d'enquêteurs dans un communiqué.
"Ces actes brutaux doivent cesser et leurs auteurs doivent être traduits en justice", a déclaré Mona Rishmawi, membre de la mission.
La mission d'établissement des faits, créée par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU fin 2023 pour enquêter sur les abus présumés dans le conflit, mais qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, a également décrit "des détentions arbitraires, des actes de torture (et) des disparitions forcées".
Elle a également entendu parler de "pillages, d'incendies de maisons et d'utilisation d'enfants soldats".
De nombreuses violations semblent viser particulièrement certains groupes socio-professionnels : avocats, défenseurs des droits, enseignants, médecins, notamment.
Le Soudan est plongé depuis avril 2023 dans une guerre opposant l'armée, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohammed Hamdane Daglo.
Les deux camps ont été accusés de crimes de guerre pour avoir visé délibérément des civils et bloqué l'aide humanitaire.
La guerre a fait des dizaines de milliers de morts et plus de dix millions de déplacés, tandis que deux millions de personnes fuyaient hors du pays, selon l'ONU ; elle a ravagé les infrastructures et poussé le pays au bord de la famine.
Plus de 600.000 personnes sont parties au Tchad voisin.
Les experts indépendants ont à intensifier de toute urgence les efforts pour mettre fin au conflit. "Cette crise nécessite le soutien de la communauté internationale dans son ensemble", a déclaré le président de la mission Mohamed Chande Othman.