Législatives: les Français se mobilisent massivement, participation record depuis 1981

Le taux de participation au second tour des législatives atteignait 26,63% dimanche à midi, du jamais vu depuis 1981.
Le taux de participation au second tour des législatives atteignait 26,63% dimanche à midi, du jamais vu depuis 1981.
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Publié le Dimanche 07 juillet 2024

Législatives: les Français se mobilisent massivement, participation record depuis 1981

  • Les Français ne s'étaient plus autant déplacés pour voter depuis les législatives qui avaient suivi l'élection de François Mitterrand à l'Elysée, il y a 43 ans.
  • De Calais à Perpignan, de Metz à Bordeaux, la fébrilité domine chez des Français anxieux depuis la dissolution de l'Assemblée nationale qui a bouleversé le paysage politique.

PARIS : Le taux de participation au second tour des législatives atteignait 26,63% dimanche à midi, du jamais vu depuis 1981, preuve de la mobilisation des Français pour ce scrutin historique dont le Rassemblement national pourrait sortir vainqueur, avec une grande incertitude sur sa capacité à obtenir la majorité absolue à l'Assemblée.

Les Français ne s'étaient plus autant déplacés pour voter depuis les législatives qui avaient suivi l'élection de François Mitterrand à l'Elysée, il y a 43 ans.

"C'est important pour notre génération de se déplacer (...) ce qui n'était pas forcément le cas avant", a relevé à Marseille Lucas Bremond, 23 ans, étudiant en biologie.

Son département, les Bouches-du-Rhône, où le RN est arrivé en tête dans les treize circonscriptions restant à attribuer, est celui qui a le plus voté à la mi-journée (34,5%). A l'inverse, la Seine-Saint-Denis est en bas du classement (12,77%).

De Calais à Perpignan, de Metz à Bordeaux, la fébrilité domine chez des Français anxieux depuis la dissolution de l'Assemblée nationale qui a bouleversé le paysage politique.

A Lille, Cécile Artis, cadre supérieure de 59 ans, s'inquiète de "la polarisation des opinions publiques", tandis que dans la petite commune de Rosheim près de Strasbourg, Antoine Schrameck, retraité de 72 ans, se dit "angoissé" car "on est à un tournant de l'histoire de la République".

"Il y a beaucoup de tension, les gens deviennent fous", a commenté à Tourcoing Laurence Abbad, retraitée de 66 ans, qui craint des violences dans la soirée après l'annonce des résultats.

Face à d'éventuels débordements, 30.000 policiers ont été mobilisés, dont 5.000 à Paris.

De nombreuses personnalités se sont déjà rendues aux urnes : François Hollande - qui fait un retour inattendu en politique - à Tulle en Corrèze, Gabriel Attal - candidat à sa réélection dans les Hauts-de-Seine - à Vanves, l'ex-Premier ministre Edouard Philippe au Havre en Seine-Maritime, l'ancienne cheffe du gouvernement Elisabeth Borne à Vire dans le Calvados, Eric Ciotti, qui a rejoint le RN, à Nice, le député LFI Alexis Corbière à Bagnolet en Seine Saint-Denis...

Emmanuel Macron a voté au Touquet dans le Pas-de-Calais, avant de s'accorder un traditionnel bain de foule avec selfies et accolades.

Sollicité quant à une éventuelle prise de parole du chef de l'Etat après 20H00, son entourage a indiqué à l'AFP que "rien n'était décidé" pour le moment, "tout dépendra des résultats".

Les électeurs peuvent se rendre aux urnes jusqu'à 18H00 ou 20H00 dans les grandes villes. Soixante-seize députés ont été élus dès le premier tour et il en reste 501 à désigner.

Dimanche dernier, les Français ont placé le Rassemblement national - et ses alliés issus de LR - largement en tête (33%), devant l'alliance de gauche Nouveau Front populaire (NFP, 28%), et le camp présidentiel Ensemble (20%).

Les premiers résultats sont tombés dans certains territoires d'outre-mer, qui ne présument en rien d'une tendance nationale.

La gauche a fait le grand chelem en Guadeloupe, Martinique et Guyane, tandis qu'en Nouvelle-Calédonie, où le scrutin s'est déroulé sans incident notable après les émeutes de mai-juin, un indépendantiste a été élu pour la première fois depuis 1986.

- Nombreux désistements -

Un gouvernement issu de l'extrême droite en France serait une première depuis la Deuxième Guerre mondiale.

Mais la campagne de l'entre deux-tours a été marquée par 210 désistements de candidats du camp macroniste et du NFP, au nom d'un "front républicain" revigoré par la perspective d'une nomination du président du RN Jordan Bardella, 28 ans, à Matignon.

Conséquence de ces retraits, la perspective d'une majorité absolue pour le RN semble s'éloigner.

Quelques heures avant la fin de la campagne électorale vendredi à minuit et le début d'une période de réserve, plusieurs sondages donnaient entre 170 et 230 sièges pour le parti lepéniste. Une progression spectaculaire par rapport à leurs 88 députés sortants, mais insuffisante pour atteindre seul la majorité absolue (289 députés).

Encore faut-il noter la fragilité de ces prévisions avec une "cinquantaine de circonscriptions qui se jouent dans un mouchoir de poche", selon le président délégué d'Ipsos Brice Teinturier.

Et, dans quelle proportion les Français suivront-ils les consignes des responsables politiques dans les urnes ?

Marine Le Pen juge "sérieuses" les chances du RN d'avoir une majorité absolue.

- "Au pied du mur" -

Si tel n'était pas le cas, s'ouvrirait après une séquence électorale très éprouvante pour les partis et le pays une période d'incertitudes et d'intenses tractations.

"Chacun sera quelque part au pied du mur pour avancer au service de nos concitoyens" au-delà des "clivages", a relevé le Premier ministre Gabriel Attal, écartant la possibilité de gouverner avec le RN ou LFI, qui ne le souhaitent de toute façon pas.

La droite ne semble pour l'instant guère encline à entrer dans une coalition. A gauche, l'hypothèse fait débat et risque de fracturer la fragile alliance du Nouveau Front populaire.

Retrouvant par la grâce du front républicain son statut de meilleur opposant au "système", le RN a dénoncé par avance des "magouilles" destinées à le priver du pouvoir.

Reste encore l'hypothèse d'un gouvernement technique, comme celui qui avait sauvé l'Italie de la crise de la dette en 2011.

Gabriel Attal s'est en tout cas déclaré disponible pour assurer la continuité de l'Etat "aussi longtemps que nécessaire", une question qui se pose d'autant plus que Paris accueillera les Jeux Olympiques du 26 juillet au 11 août.

 


Plusieurs centaines de personnes ont manifesté lors d'un rassemblement antifasciste à Paris

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  • Plusieurs centaines de personnes étaient rassemblées samedi après-midi à Paris contre le fascisme, après l'agression d'un homme à l'arme blanche devant une association culturelle turque la semaine passée.
  • « Nous sommes là car nous avons été attaqués. Nous sommes là pour montrer que Paris n'est pas à eux. Nous continuerons la lutte antifasciste et révolutionnaire », a lancé au micro un leader de Young Struggle.

PARIS : Plusieurs centaines de personnes étaient rassemblées samedi après-midi à Paris contre le fascisme, après l'agression d'un homme à l'arme blanche devant une association culturelle turque la semaine passée, pour laquelle six membres de l'ultradroite ont été inculpés, a constaté un journaliste de l'AFP.

« Paris, Paris, Antifa ! », « Pas de quartier pour les fachos, pas de fachos dans nos quartiers », « Nous sommes tous antifascistes », ont scandé les manifestants réunis place de la République. Un drapeau rouge « No pasaran » a été accroché sur un flanc de la statue, au centre de la place emblématique.

Ce rassemblement se tient six jours après l'agression à l'arme blanche d'un homme membre du collectif Young Struggle, qui se présente comme une « organisation de jeunesse socialiste » et adhérent au syndicat CGT. Il avait dû être hospitalisé quelques heures.

Dimanche dernier, « une vingtaine de personnes » appartenant à la mouvance d'ultradroite, « cagoulées et munies de tessons de bouteille » selon la préfecture de police, avaient pénétré dans la cour d'un immeuble où se situe une association culturelle de travailleurs immigrés de Turquie et agressé une personne avant de prendre la fuite.

Six jeunes hommes ont été inculpés pour violences volontaires aggravées. L'un d'eux, qui avait du sang sur ses vêtements et qui a reconnu sa participation, a été incarcéré.

« Nous sommes là car nous avons été attaqués. Nous sommes là pour montrer que Paris n'est pas à eux. Nous continuerons la lutte antifasciste et révolutionnaire », a lancé au micro un leader de Young Struggle, avant de faire siffler le nom de Bruno Retailleau, ministre français de l'Intérieur et connu pour ses positions très conservatrices.

« Partout, l'extrême droite se répand, encouragée par les saluts nazis de Elon Musk et Steve Bannon », a déclaré à sa suite Mathilde Panot, cheffe des députés du parti de gauche radicale LFI (La France Insoumise).

Steve Bannon, ancien conseiller de Donald Trump, a récemment été sous le feu des projecteurs pour un geste qualifié de salut nazi lors de la convention CPAC, la grand-messe des conservateurs américains près de Washington.

Il a brièvement tendu sa main en l'air après avoir déclaré devant les supporters de Donald Trump : « Nous n'allons pas reculer, nous n'allons pas capituler, nous n'allons pas abandonner. Luttez, luttez, luttez ! »

En janvier, le milliardaire Elon Musk, conseiller de Donald Trump, avait lui-même été épinglé pour un geste ambigu analogue.


Macron dira à Trump qu'entre alliés on ne peut pas "faire souffrir l'autre" avec des droits de douane

Le président français Emmanuel Macron (C) et la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard (D) écoutent des artisans du cuir lors de la journée d'ouverture et de l'inauguration par le président français du 61e Salon international de l'agriculture au parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris, le 22 février 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron (C) et la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard (D) écoutent des artisans du cuir lors de la journée d'ouverture et de l'inauguration par le président français du 61e Salon international de l'agriculture au parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris, le 22 février 2025. (AFP)
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  • "Entre alliés, on ne peut pas faire souffrir l'autre avec des tarifs" douaniers, a déclaré Emmanuel Macron samedi au premier jour de l'ouverture du Salon de l'agriculture à Paris
  • Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a annoncé la mise en place de droits de douane réciproques

PARIS: "Entre alliés, on ne peut pas faire souffrir l'autre avec des tarifs" douaniers, a déclaré Emmanuel Macron samedi au premier jour de l'ouverture du Salon de l'agriculture à Paris alors que Donald Trump menace d'imposer des droits de douane sur de multiples produits européens.

"Je vais (lui) en parler parce qu'on a besoin d'apaiser tout ça", a relevé le président français qui doit rencontrer son homologue américain lundi à Washington.

"La filière agricole et agroalimentaire (française), c'est une grande filière d'exportation, donc il faut la défendre pour la rendre encore plus compétitive", a-t-il ajouté.

Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a annoncé la mise en place de droits de douane réciproques, c'est-à-dire que les États-Unis appliqueront le même niveau de droits de douane sur les produits en provenance d'un pays que le niveau appliqué dans ce pays aux produits américains.

Il a également annoncé le retour de droits de douane sur l'acier et l'aluminium. Et, s'il a déjà visé le Canada, le Mexique et la Chine, il a régulièrement assuré que les pays européens étaient également menacés.

En France, les viticulteurs sont particulièrement inquiets d'un retour des droits de douane américains sur le cognac et le vin, qu'ils exportent en masse vers les États-Unis, d'autant que le cognac souffre déjà d'un différend commercial entre l'UE et la Chine, son premier marché en valeur.

"Je suis déterminé sur tous les sujets pour avoir un échange" avec Donald Trump, a encore dit Emmanuel Macron. "On partagera nos accords, nos désaccords et j'espère surtout qu'on trouvera des solutions sur la question de l'Ukraine".

Le président américain est reparti à la charge vendredi contre son homologue ukrainien. Tout en estimant que Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine allaient "devoir se parler", pour "mettre fin au massacre de millions de personnes", il a jugé que la présence de l'Ukrainien n'était "pas importante" dans des négociations avec la Russie.

Il a ciblé par ailleurs Emmanuel Macron, et Keir Starmer, qui n'ont selon lui "rien fait" pour mettre un terme à la guerre. Le Premier ministre britannique est attendu jeudi à Washington.


Au Salon de l'agriculture, Macron attendu au tournant

Une femme marche devant une affiche sur laquelle on peut lire "Fiers et unis avec nos agriculteurs" à la veille de l'ouverture du 61e Salon international de l'agriculture (SIA), au parc des expositions de la Porte de Versailles, à Paris, le 21 février 2025. (AFP)
Une femme marche devant une affiche sur laquelle on peut lire "Fiers et unis avec nos agriculteurs" à la veille de l'ouverture du 61e Salon international de l'agriculture (SIA), au parc des expositions de la Porte de Versailles, à Paris, le 21 février 2025. (AFP)
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  • Le 61e Salon de l'agriculture est inauguré samedi à Paris par Emmanuel Macron, attendu au tournant par des agriculteurs toujours remontés et par des organisateurs aux aguets après sa visite chaotique de l'an dernier
  • Plus de 600.000 visiteurs sont attendus sur les neuf jours du Salon

PARIS: Visites politiques encadrées et les vaches seront bien gardées? Le 61e Salon de l'agriculture est inauguré samedi à Paris par Emmanuel Macron, attendu au tournant par des agriculteurs toujours remontés et par des organisateurs aux aguets après sa visite chaotique de l'an dernier.

Pas d'incitation à chahuter cette année, mais des appels au calme ambivalents de la part des principaux syndicats agricoles, qui doivent être reçus l'un après l'autre en début de matinée avant la traditionnelle coupe de ruban et la déambulation présidentielle.

Plus de 600.000 visiteurs sont attendus sur les neuf jours du Salon, qui ouvre ses portes au public à 09H00. En 2024, des milliers de personnes avaient été bloquées à l'extérieur pendant plusieurs heures en raison de heurts entre manifestants et CRS en marge de la venue d'Emmanuel Macron, entre huées, insultes, bousculades et violences.

Sécurité renforcée, commissariat mobile, chartes pour encadrer les visites politiques... Les organisateurs sont sur les dents pour ne pas voir se répéter le scénario catastrophe de l'an dernier.

L'entourage d'Emmanuel Macron lui a conseillé d'éviter une visite marathon, à l'image des 13 heures de déambulation de 2024 parmi les plus de 1.400 exposants et 4.000 animaux accueillis chaque année.

"Le président sera très probablement pris à parti", a averti Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, syndicat historique, qui l'attend sur les dossiers internationaux.

Cet automne, c'est l'opposition à l'accord de libre-échange UE-Mercosur qui a servi de cri de ralliement pour relancer les manifestations d'agriculteurs, qui dénoncent aussi les taxes douanières chinoises et craignent des mesures similaires de la nouvelle administration américaine.

"Je souhaite qu'il en parle à Donald Trump (...): arrêter les importations massives qui ne respectent pas nos normes, lever les contraintes qui nous empêchent d'être compétitifs", renchérit Pierrick Horel des Jeunes Agriculteurs, alliés de la FNSEA.

Pour Patrick Legras, porte-parole de la Coordination rurale, forte de sa percée aux élections professionnelles de janvier, "ça va être tendu". Selon lui, Emmanuel Macron va aussi avoir du mal à "expliquer qu'on négocie encore un accord pour importer du sucre ou du poulet d'Ukraine" — l'accord d'association UE-Ukraine, en cours de révision — évoquant des produits érigés en symboles d'une "concurrence déloyale".

Coutumière des actions coup de poing, la Coordination rurale a toutefois passé à ses sympathisants un message d'apaisement, dans l'espoir qu'Emmanuel Macron "aura vraiment quelque chose" à leur dire, selon sa président Véronique Le Floc'h.

- "Où sont les promesses?" -

Plus d'un an après la mobilisation qui avait bloqué routes et autoroutes, l'heure est au bilan des mesures obtenues par les agriculteurs qui réclament un revenu "décent", plus de considération et moins d'injonctions.

Pour le gouvernement, ses engagements ont été "honorés": "500 millions d'euros d'allégement de charges fiscales prévus dans le budget", "soutien à la trésorerie pour les agriculteurs en difficulté", "indemnisations à hauteur de 75 millions d'euros aux propriétaires du cheptel touché par les épizooties" ou encore "la mise en place du contrôle administratif unique en octobre dernier".

Surtout, deux jours avant le Salon, le Parlement a adopté la loi d'orientation agricole, attendue depuis trois ans par la profession. Ce texte érige l'agriculture au rang "d'intérêt général majeur", facilite les installations, la construction de bâtiments d'élevage et le stockage de l'eau, tout en dépénalisant certaines infractions environnementales.

"Un an après, où sont passés les prix plancher et ses promesses? Au Salon 2024, nous demandions des prix minimum garantis pour les producteurs: non seulement on n'a pas du tout avancé, mais la situation est pire aujourd'hui", s'indigne Laurence Marandola, porte-parole de la Confédération paysanne, troisième syndicat.

Elle estime que les demandes de l'alliance FNSEA-JA et de la CR ont été privilégiées, au détriment d'une "réelle transition agroécologique". Un argument repris par la gauche à propos de la loi d'orientation agricole.

Les personnalités politiques de tous bords devraient se succéder auprès de la vache limousine Oupette, égérie de l'édition 2025. Le Premier ministre François Bayrou est attendu lundi.

Malgré la volonté des organisateurs de limiter les visites à une journée pour chaque parti, Jordan Bardella (RN) a prévu de s'y rendre dimanche et lundi avec une délégation, comme en 2024, où les demandes de "selfies" avec le chef du parti d'extrême droite avaient contrasté avec la visite présidentielle.

En novembre, à la veille de nouvelles mobilisations paysannes, il s'était affiché dans le Lot-et-Garonne avec des cadres de la Coordination rurale, qui faisait campagne de son côté pour "dégager la FNSEA" des chambres d'agriculture.