Emmanuel Macron, au risque de la rupture avec les Français

Né à Amiens, où il rencontre sa future épouse Brigitte, de vingt-cinq ans son aînée, ce fils de médecins a multiplié les audaces, et les réussites, pour aller à la conquête de Paris. (AFP)
Né à Amiens, où il rencontre sa future épouse Brigitte, de vingt-cinq ans son aînée, ce fils de médecins a multiplié les audaces, et les réussites, pour aller à la conquête de Paris. (AFP)
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Publié le Jeudi 27 juin 2024

Emmanuel Macron, au risque de la rupture avec les Français

  • Venu de la gauche sociale-libérale, Emmanuel Macron est élu au centre sur la promesse d'un "dépassement" progressiste des clivages traditionnels
  • A force de vouloir être en première ligne, le chef de l'Etat, que ses conseillers diplomatiques présentent volontiers en président-médiateur, est souvent incompris

PARIS: "Je prends mon risque", aime à dire Emmanuel Macron. Adepte des coups de poker, ce jeune président qui a voulu dynamiter la vie politique et a réussi à surmonter d'innombrables crises a peut-être pris le risque de trop.

Après la dissolution de l'Assemblée nationale, son ex-Premier ministre Edouard Philippe a eu ce jugement lapidaire: "C'est le président de la République qui a tué la majorité présidentielle".

La Macronie "dissoute" par Macron? Voire Macron fossoyeur du macronisme, comme l'affirment de plus en plus ouvertement observateurs, opposants et même alliés du chef de l'Etat?

La décision choc de convoquer des élections législatives au soir de la déroute de son camp aux européennes a en tout cas servi d'accélérateur à une fin de règne perceptible dès le début de ce second quinquennat contrarié par l'absence de majorité absolue.

Jadis adulé par ceux qui ont accompagné son ascension fulgurante, respecté par ceux qui l'ont rejoint une fois au pouvoir, Emmanuel Macron, qui risque de ne plus avoir tous les leviers au lendemain du 7 juillet et ne pourra briguer un troisième mandat en 2027, est aujourd'hui lâché ou toisé par de nombreux soutiens.

Ce rejet, spontané et sans complexe, transpire chez bon nombre de Français, ouvrant un peu plus la voie à l'extrême droite.

"C'est pas que je supporte Jordan Bardella mais je veux que Macron soit le plus humilié possible", lance sans détours un quinquagénaire qui a voté Rassemblement national aux européennes.

"Le dégagisme s'installe", grince François Patriat, qui fut l'un des premiers fidèles et restera parmi les derniers quoi qu'il advienne. Pour le patron des sénateurs macronistes, "il y a une volonté de vengeance des politiques qui n'ont pas supporté son arrivée".

«Ancien monde»

Il faut dire qu'elle a secoué l'"ancien monde" alors moqué par son entourage.

Né à Amiens, où il rencontre sa future épouse Brigitte, de vingt-cinq ans son aînée, ce fils de médecins a multiplié les audaces, et les réussites, pour aller à la conquête de Paris.

Avec toujours la même confiance en lui, fondée peut-être sur sa transgression initiale. "Il est tombé amoureux de sa prof de théâtre à 16 ans, il a dit qu'il allait l'épouser et il l'a épousée. C'est costaud quand même", avance un ancien camarade de l'ENA.

Lorsqu'il choisit en 2016 de s'émanciper de François Hollande, le défi paraît impossible pour cet inspecteur des finances qui a travaillé auprès du philosophe Paul Ricoeur avant d'être enrôlé par le président socialiste, à l'Elysée puis comme ministre de l'Economie.

Mais il le fait, crée En Marche! - EM, comme ses initiales - pour personnaliser l'aventure. Et, le 7 mai 2017, le candidat qui promeut dans son livre la "Révolution" remporte l'élection présidentielle à seulement 39 ans.

Même à 46 ans aujourd'hui, les tempes blanchies après sept ans passés à l'Elysée, Emmanuel Macron reste le plus jeune président de la Ve République.

"Je suis le fruit d'une forme de brutalité de l'Histoire, une effraction car la France était malheureuse et inquiète", dira plus tard celui qui se présente comme un "indécrottable optimiste".

«Président des riches»

Au soir de la victoire, après une lente marche solitaire au son de l'hymne européen, il s'engage devant la Pyramide du Louvre à "tout" faire pour que les Français "n'aient plus aucune raison de voter pour les extrêmes".

Un serment qui le poursuivra, à mesure que montera le RN, aujourd'hui aux portes du pouvoir.

Venu de la gauche sociale-libérale, Emmanuel Macron est élu au centre sur la promesse d'un "dépassement" progressiste des clivages traditionnels.

Sa doctrine économique a une constante inébranlable: la politique de l'offre pro-entreprises. Et un dogme: le refus des hausses d'impôts, fût-ce pour mettre à contribution les ultrariches.

Il défend l'image du "premier de cordée", celui qui réussit et peut tirer les moins aisés dans sa montée. C'est ce qui justifie la suppression de l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF), et qui vaut d'emblée à l'ex-banquier d'affaires chez Rothschild l'étiquette de "président des riches".

La retraite à 64 ans, imposée au forceps malgré une contestation rare dans la rue et au Parlement, vient renforcer cette image.

"Si j'aimais l'argent", "j'aurais pas fait de politique", répond-il.

Le président en est persuadé, son bilan économique parle pour lui: la réindustrialisation, avec ce titre tant vanté de pays le plus attractif d'Europe pour les investissements étrangers; et la fin du chômage de masse, dont on parle trop peu à ses yeux.

Il aimerait qu'on le crédite pour les premiers succès de son "écologie à la française", mais autour de lui, on reconnaît un discours "beaucoup trop techno".

Il ne cesse de rappeler le dédoublement des classes en CP et CE1, mais admet qu'il n'est pas allé assez loin pour "l'émancipation" et "l'égalité des chances".

«Grand Européen»

Et puis, Emmanuel Macron est aussi un président de crises. Affaire Benalla, gilets jaunes, Covid-19, guerre en Ukraine, émeutes urbaines... Le "retour du tragique dans l'Histoire" qu'il narre dans ses discours, il l'affronte en première ligne.

Autant de crises dont il arrive tant bien que mal à se sortir.

Les "grands débats" pour apaiser la "France des ronds-points" contribuent à forger l'idée d'un président qui ose "aller au contact". La réouverture des écoles malgré la pandémie, en mai 2020, s'avérera être la bonne intuition.

En Europe, sa voix porte, même quand elle heurte.

"Il ne faut pas chipoter. Il est le grand Européen de son époque", applaudit Daniel Cohn-Bendit, alors même qu'il a pris ses distances.

Pour l'écologiste franco-allemand, "le problème de Macron c'est parfois son caractère, être persuadé d'avoir raison". Cet "hubris" dénoncé par feu Gérard Collomb, l'ex-maire de Lyon qui avait quitté le ministère de l'Intérieur en mettant en garde contre le "manque d'humilité" des macronistes.

A force de vouloir être en première ligne, le chef de l'Etat, que ses conseillers diplomatiques présentent volontiers en président-médiateur, est souvent incompris.

Lorsque Moscou envahit l'Ukraine, en février 2022, le soutien de la France à Kiev est à l'unisson de l'Occident. Mais Emmanuel Macron agace nombre d'alliés en continuant à dialoguer avec Vladimir Poutine et en appelant à ne "pas humilier la Russie".

Deux ans plus tard, c'est l'inverse: en refusant d'exclure l'envoi de troupes sur le sol ukrainien, le président français s'attire les critiques occidentales.

Vers la droite 

Emmanuel Macron a une formule pour décrire le macronisme: "en même temps" de gauche et de droite. Mais au fil du temps, il s'est déplacé de plus en plus à droite, au risque d'être taxé d'opportunisme.

Le même qui s'inspire d'un vieux slogan du Nouveau Parti anticapitaliste pour se faire réélire en 2022 ("nos vies valent plus que leurs profits") reprend, plus tard, celui de l'extrême droite version Eric Zemmour, "pour que la France reste la France". De l'art de la "triangulation", qui consiste à aller picorer sur les terres lexicales ou idéologiques des adversaires pour leur couper l'herbe sous le pied.

La loi sur l'immigration, votée fin 2023 avec les voix de l'extrême droite qui applaudit une "victoire idéologique" sur la "préférence nationale", scelle déjà un point de non retour pour beaucoup de "marcheurs" historiques.

"Il tourne le dos au logiciel doctrinal de 2017 et aux valeurs humanistes", se désole alors son ex-conseiller spécial Philippe Grangeon.

Pour un membre influent de son entourage, pourtant, point de "tournant droitier": "le président s'adapte à une opinion qui est mouvante".

"Il a une plasticité, une incroyable confiance en lui qui est en même temps sa force et sa faiblesse", analysait Marine Le Pen, sa double rivale au second tour de la présidentielle avec laquelle s'est installé un face-à-face durable.

Petites phrases 

D'autres lui reprochent d'avoir, ainsi, contribué à la montée des extrêmes.

Lui répond qu'il a, par deux fois, battu l'extrême droite dans le scrutin suprême.

Avec des résultats variables, il a multiplié les initiatives - des gadgets, disent ses détracteurs - pour se sortir des moments difficiles, contourner ces corps intermédiaires qu'il juge responsables d'une forme d'inertie, ou surmonter l'absence de majorité absolue du second quinquennat.

Mais la méthode de gouvernement de ce président "jupitérien" reste verticale. Et, s'il s'est un peu assagi et a esquissé quelques mea culpa, les petites phrases des débuts sur les "Gaulois réfractaires au changement" ou les chômeurs qui n'auraient qu'à "traverser la rue" pour trouver un emploi ont laissé des traces. "Il y a un paquet de gens qui pensent que je suis hautain", admet-il.

Pourtant, ce boxeur peut avoir le contact chaleureux.

"Il est extraordinairement séduisant dans la relation directe donc il vous entourloupe", raconte un soutien historique. "Est-ce qu'il ne s'entourloupe pas lui-même?"

A l'heure de la dissolution, le poids de son entourage, essentiellement masculin, dans ce palais du 55 rue du Faubourg Saint-Honoré qui enferme et isole, est plus décrié que jamais.

"Il a toujours préféré les coups, et leur effet de +blast+, aux conséquences d'une décision", lâche un ex-conseiller de l'exécutif. "Il n'a pas de réseaux de terrain. Les gens auprès de lui sont pareils, ils ne représentent pas l'humeur du temps", renchérit un ancien ténor du gouvernement.

Rares sont ceux qui osent lui dire qu'il a tort. Brigitte Macron en fait partie. "Elle a toujours été un agent de tempérance", résume son camarade de l'ENA.

Emmanuel Macron balaie ces critiques: "Les décisions les plus lourdes, vous les prenez seul".


JO-2024: la Seine et les monuments emblématiques de Paris au coeur de la cérémonie d'ouverture

Un officier de police contrôle la circulation pendant que des ouvriers installent les Agitos, le symbole des Jeux Paralympiques sur l'Arc de Triomphe avant les prochains Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, à Paris, le 28 juin 2024. (Photo par Dimitar DILKOFF / AFP)
Un officier de police contrôle la circulation pendant que des ouvriers installent les Agitos, le symbole des Jeux Paralympiques sur l'Arc de Triomphe avant les prochains Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, à Paris, le 28 juin 2024. (Photo par Dimitar DILKOFF / AFP)
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  • Seulement une dizaine de personnes connaissent le scénario exact de ce spectacle de 3h45, qui commencera à 19h30 et entend «casser les codes» en se tenant pour la première fois hors d'un stade, selon le Comité d'organisation des Jeux
  • Le «plus grand spectacle du monde» se doit d'être «merveilleux, divertissant, spectaculaire mais aussi porteur de sens», selon son concepteur Thomas Jolly

PARIS : Notre-Dame, le Louvre, le musée d'Orsay... La Seine et les monuments emblématiques de Paris seront au centre de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques et paralympiques 2024, tenue secrète jusqu'au jour J, qui mêlera art et sport au cœur de la Ville Lumière.

Seulement une dizaine de personnes connaissent le scénario exact de ce spectacle de 3h45, qui commencera à 19h30 et entend «casser les codes» en se tenant pour la première fois hors d'un stade, selon le Comité d'organisation des Jeux.

- Berges et ponts -

Spectacle artistique et parade olympique protocolaire seront réunis au cœur de Paris dans une seule et même grande fête d'ouverture.

De 6.000 à 7.000 athlètes (sur les 10.500 au total), représentant toutes les nations participantes, défileront sur 85 bateaux sur la Seine aux couleurs de leur délégation jusqu'au Trocadéro, où aura lieu le bouquet final.

Ils seront célébrés par quelque 3.000 danseurs, musiciens, comédiens et circassiens qui prendront d'assaut les berges et les ponts sur un parcours de six kilomètres, le long duquel sont attendus 326.000 spectateurs. Plus d'un milliard de téléspectateurs devraient également suivre ce show inédit, qui démarrera au pont d'Austerlitz.

Environ 200 habilleurs et près de 300 coiffeurs et maquilleurs seront aussi postés dans des loges «de chaque côté de la Seine», selon les organisateurs.

Des écrans géants seront également installés sur les quais. Selon France Télévisions, le spectacle contiendra des séquences vidéos enregistrées au préalable et insérées dans la narration du récit.

- «Diversité» -

Le «plus grand spectacle du monde» se doit d'être «merveilleux, divertissant, spectaculaire mais aussi porteur de sens», selon son concepteur Thomas Jolly, que l'AFP a rencontré à plusieurs reprises ces dernières semaines.

Le parcours sera composé de douze tableaux ou stations artistiques, «traversés par le sport», qui célèbreront les athlètes, raconteront «une histoire de ce qu'est la France», un pays de la «diversité», et fêteront «le monde entier réuni», souligne-t-il.

Le directeur artistique et ses équipes ont travaillé en plusieurs étapes, construisant d'abord un récit avec des auteurs et des autrices, validé en juillet 2023. Une étude de faisabilité, bouclée fin 2023, a conduit à certaines adaptations avant d'entamer les répétitions, ainsi que la création et la conception des costumes et des décors.

- «Plus beau décor du monde» -

«Pourquoi construire des décors, alors que j'ai le plus beau du monde ?», aime à dire Thomas Jolly, qui a choisi de mettre en scène les monuments célèbres qui bordent la Seine.

Parmi ces vedettes à qui il était «impensable de ne pas rendre hommage», selon lui: Notre-Dame de Paris. Dévastée par un gigantesque incendie en 2019 et restaurée grâce à un chantier titanesque depuis, la cathédrale a retrouvé sa clarté minérale, sa flèche et la quasi-totalité de sa toiture, et doit rouvrir le 8 décembre.

Les artistes pourraient prendre d'assaut les échafaudages extérieurs encore installés, où «des répétitions ont été organisées», avant deux autres étapes au théâtre du Châtelet et au musée du Louvre, selon des sources du milieu de la culture.

A Orsay, deux personnes sélectionnées par le partenaire mondial des JO Airbnb pourront assister avec quelques autres à la cérémonie d'ouverture de la terrasse du musée, avant d'en découvrir les collections et de dormir sous la grande horloge au cinquième étage dans une chambre éphémère conçue par le designer français Mathieu Lehanneur, créateur de la torche et de la vasque olympiques.

- Stars de la chanson -

La bande sonore de la cérémonie inclut les créations du directeur musical Victor Le Masne, mêlant pop, orchestre symphonique, chœurs et boucles électro typiques de la «French Touch».

Elle piochera aussi dans «d'autres registres», selon Thomas Jolly, qui ne révèle rien mais pour qui «la France, c'est à la fois Jul, Edith Piaf ou encore Nathalie Dessay».

Côté stars, Aya Nakamura, dont le nom a circulé avec insistance ces dernières semaines, sera habillée en Dior, selon une source proche du dossier. D'après Le Canard enchaîné, Céline Dion est également attendue mais sa participation dépend de son état de santé.

- Histoire et sport -

Quelque 3.000 costumes, tous uniques, ont été créés pour l'occasion, comme des pourpoints aux allures de vestes de survêtement ou des encolures ressemblant aux collerettes du XVIe siècle, avec le souci d'utiliser des matières recyclées, selon la directrice des costumes de Paris 2024 Daphné Bürki, qui a croisé l'univers vestimentaire du sport avec celui des costumes historiques et des vêtements de gala.

- Répétitions secrètes -

Aucune répétition totale n'étant possible sans trahir la surprise, le spectacle a dû être répété en intérieur, dans de très grands hangars, et sur des bases nautiques ou des rivières.

- Dernier relayeur -

Le nom du dernier relayeur apportant la flamme aux Tuileries, où se trouvera la vasque olympique, est lui aussi tenu secret jusqu'au dernier moment.

- Renoncements -

«Il y a des tableaux que j'ai complètement +killés+, pour 1.000 raisons: la météo, les poissons, les courants, les ponts», expliquait Thomas Jolly mi-juin.

Il a par exemple renoncé à des barges décorées portant les artistes, faute de hauteur suffisante sous les ponts de Paris.

Idem pour des «ballets aquatiques», impossibles à mettre en œuvre pour «des raisons évidentes de sécurité» ou une «tour Eiffel inversée, pour la vasque finale» recevant la flamme olympique.

- Paralympiques -

Située place de la Concorde, au pied des Champs-Elysées, la cérémonie d'ouverture des Jeux paralympique (28 août) est également «ambitieuse», dit-il, promettant «un spectacle absolument spectaculaire avec l'environnement» alentour.

Ce sera un condensé «d'histoire, avec ses paradoxes», une place où «on a coupé la tête de nos rois» et «la plus belle (avenue) du monde, sur laquelle on fête nos +Bleus+ en 1998, où on se réunit pour faire la fête le jour de l'an, et aussi, dans la mythologie, le séjour des hommes et des femmes vertueux».

 


La France commence à voter samedi pour des législatives historiques

Le député européen Raphael Glucksmann (à droite) arrive pour prononcer un discours lors d'une visite de soutien à la campagne d'un candidat local de la coalition de gauche "Nouveau Front Populaire" pour les élections législatives, à Rouen avec la cathédrale en arrière-plan, dans le nord-ouest de la France, le 28 juin 2024. (Photo Lou Benoist  AFP)
Le député européen Raphael Glucksmann (à droite) arrive pour prononcer un discours lors d'une visite de soutien à la campagne d'un candidat local de la coalition de gauche "Nouveau Front Populaire" pour les élections législatives, à Rouen avec la cathédrale en arrière-plan, dans le nord-ouest de la France, le 28 juin 2024. (Photo Lou Benoist AFP)
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  • Quelque 49 millions d'électeurs français sont appelés à renouveler la totalité de l'Assemblée nationale, soit 577 députés, lors de ce scrutin à deux tours, dimanche et le 7 juillet, qui pourrait bouleverser durablement l'horizon politique de la France
  • Samedi, les électeurs français de Saint‑Pierre‑et‑Miquelon ont ouvert le bal à 08H00 locales (10H00 GMT) et ceux des Antilles, de Guyane, de Polynésie française ou encore ceux vivant sur le continent américain leur emboîtent le pas

PARIS : Le premier tour d'élections législatives historiques a débuté samedi en France avec l'ouverture des bureaux de vote de certains territoires d'outre-mer et la participation est attendue en forte hausse ce week-end à ce scrutin où l'extrême droite est donnée favorite loin devant le camp du président Emmanuel Macron.

Quelque 49 millions d'électeurs français sont appelés à renouveler la totalité de l'Assemblée nationale, soit 577 députés, lors de ce scrutin à deux tours, dimanche et le 7 juillet, qui pourrait bouleverser durablement l'horizon politique de la France.

Le chef de l'Etat a provoqué ces élections anticipées en annonçant le 9 juin la dissolution de l'Assemblée, le soir même de la victoire de l'extrême droite aux élections européennes.

Samedi, les électeurs français de SaintPierreetMiquelon, archipel de l'Atlantique Nord proche du Canada, ont ouvert le bal à 08H00 locales (10H00 GMT) et ceux des Antilles, de Guyane, de Polynésie française ou encore ceux vivant sur le continent américain leur emboîtent le pas.

Les Français de métropole se rendront aux urnes dimanche.

Report de vacances, explosion du nombre de procurations, les électeurs devraient être nombreux à se mobiliser pour ce scrutin à suspense, dont la principale inconnue est de savoir si l'Assemblée nationale sera dominée pour la première fois de la Ve République par l'extrême droite.

Le jeune responsable du parti d'extrême droite du Rassemblement national (RN) Jordan Bardella, 28 ans, peut-il remplacer au poste de Premier ministre Gabriel Attal, le chef de la majorité sortante ? La gauche peut-elle créer une surprise ? A défaut de réponses définitives, les premiers résultats attendus dès 20H00 dimanche devraient permettre d'y voir plus clair.

La campagne éclair s'est achevée vendredi à minuit. Jusqu'à dimanche soir, les candidats n'ont plus le droit de parole dans les médias ou de se déplacer sur le terrain et la publication des sondages est interdite.

Sondeurs et politiques s'attendent à une participation en très forte hausse par rapport aux législatives de 2022, pour lesquelles 47,51% des électeurs s'étaient déplacés. Cette fois-ci, la participation pourrait atteindre voire dépasser les deux tiers des inscrits.

Ce regain est dû en partie aux conséquences potentiellement historiques de ces législatives qui, pour la première fois depuis 1997, ne seront pas alignées avec le scrutin présidentiel.

- Le camp Macron sous pression -

Signes de la forte mobilisation attendue les 30 juin et 7 juillet : le nombre de procurations a grimpé en flèche pour dépasser les 2 millions, et le vote en ligne ouvert jusqu'à jeudi aux Français résidant à l'étranger a atteint un record (410.000 votes contre 250.000 en 2022).

Deux enquêtes d'opinion parues vendredi (Ifop pour LCI-Figaro-Sud Radio, et Odoxa pour Public Sénat-presse régionale-Nouvel Obs) créditaient le camp d'extrême droite de 35 à 36,5% des voix.

L'alliance du Nouveau Front populaire qui réunit tous les partis de gauche dont La France Insoumise (LFI, gauche radicale), est, elle, donnée autour de 27,5-29% des voix, quand le camp macroniste serait relégué autour des 20,5-21% des suffrages, selon ces instituts.

Et selon certaines enquêtes d'opinion, l'obtention d'une majorité absolue (289 députés au moins) est désormais envisageable pour le Rassemblement national et ses alliés.

Les projections en siège se heurtent toutefois à de sérieuses inconnues, à commencer par le nombre de triangulaires (trois candidats au second tour) dimanche soir, attendu en très forte hausse là encore, et le nombre de désistements dans les heures qui suivront pour tenter d'unir des voix contre le RN.

C'est sur le camp d'Emmanuel Macron que la pression est la plus forte. Le président français a promis jeudi «la plus grande clarté» sur l'attitude à suivre dans l'entre-deux tours. Plusieurs figures du camp présidentiel poussent de leur côté pour un accord de désistement clair, voire pour la fin de la tentation du «ni RN, ni LFI».

- Faire plus et mieux -

La campagne, qui a duré trois semaines, a été marquée par des incidents sur le terrain avec plusieurs candidats et militants agressés dans un contexte d'antagonismes exacerbés entre les trois blocs qui s'accusent mutuellement de violences.

Elle s'est achevée sur les accusations de Gabriel Attal de racisme à l'encontre de candidats du RN.

Vendredi, sur la chaîne de télévision M6, le Premier ministre a assuré avoir «compris le message qui a été envoyé au moment des élections européennes».

L'étoile montante des centristes espère toujours déjouer des pronostics défavorables pour le camp présidentiel.

«On nous dit qu'il faut faire plus et mieux sur le pouvoir d'achat, la sécurité notamment. On nous dit qu'il faut aussi faire différemment, associer davantage les Français à nos décisions (...)», a déclaré le Premier ministre, appelant à pouvoir «appliquer» lui-même ce programme à l'issue du scrutin.

Le chef de l'Etat Emmanuel Macron réunira lundi à midi Gabriel Attal et ses ministres au palais présidentiel de l'Elysée à six jours du second tour, a appris l'AFP de sources gouvernementales. Les questions des désistements et de la stratégie face à l'extrême droite seront sans aucun doute au menu des discussions.


Législatives: Macron réunira le gouvernement lundi midi

Le président français Emmanuel Macron s'adresse à la presse à la fin du sommet du Conseil européen au siège de l'UE à Bruxelles, le 28 juin 2024. (Photo: AFP)
Le président français Emmanuel Macron s'adresse à la presse à la fin du sommet du Conseil européen au siège de l'UE à Bruxelles, le 28 juin 2024. (Photo: AFP)
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  • Gabriel Attal et les membres du gouvernement se retrouveront autour du chef de l'Etat, à six jours du second tour, alors que l'hypothèse d'une accession de l'extrême droite au pouvoir est sur la table
  • Emmanuel Macron n'a toujours pas publiquement tranché, mais semble se diriger vers un mot d'ordre "ni RN ni LFI", une position fustigée à gauche et critiquée jusque dans son propre camp

PARIS: Emmanuel Macron réunira le gouvernement lundi à 12H à l'Elysée, au lendemain du premier tour des législatives, a appris l'AFP de sources gouvernementales.

Gabriel Attal et les membres du gouvernement se retrouveront autour du chef de l'Etat, à six jours du second tour, alors que l'hypothèse d'une accession de l'extrême droite au pouvoir est sur la table.

Dans le camp présidentiel, l'un des enjeux de l'entre-deux-tours sera la question des consignes de vote face au RN et du désistement ou non des macronistes si un candidat d'un autre parti est mieux placé face à l'extrême droite en cas de triangulaires.

Emmanuel Macron n'a toujours pas publiquement tranché, mais semble se diriger vers un mot d'ordre "ni RN ni LFI", une position fustigée à gauche et critiquée jusque dans son propre camp.

Samedi, les électeurs de certains territoires se rendent déjà aux bureaux de vote pour le premier tour à Saint‑Pierre‑et‑Miquelon, aux Antilles, en Guyane, en Polynésie française ou ceux vivant sur le continent américain, avant le scrutin dimanche dans l'Hexagone.