PARIS: Les cadres du Rassemblement national tentaient mercredi de mettre au clair leur position sur les retraites, après que leur chef de file Jordan Bardella a évoqué la veille plusieurs âges de départ à 60, 62 voire 66 ans.
Mardi soir lors du premier débat télévisé avant les législatives des 30 juin et 7 juillet, le président du RN a de nouveau semé le trouble sur le sujet sensible des retraites.
Répétant son intention de permettre "dès l'automne" à "ceux qui ont commencé à travailler avant 20 ans" de "partir avec un temps de cotisation de 40 annuités et un âge de départ légal de 60 ans", il a ajouté que pour les autres "il y aura une progressivité qui tournera autour d'un âge pivot de 62 ans et de 42 annuités" et que "par conséquent" dans le cas d'une carrière débutée "à 24 ans vous partirez avec 42 années de cotisation, c'est à dire 66 ans".
Ses adversaires ont aussitôt pilonné le leader d'extrême droite. La cheffe des Ecologistes Marine Tondelier l'a ainsi accusé de vouloir "faire pire" que la dernière réforme fixant l'âge légal à 64 ans et "qu'il souhaite pourtant abroger".
"Quel aveu de Bardella!", a réagi le porte-parole du parti communiste Ian Brossat, quand la présidente socialiste de la région Occitanie, Carole Delga y a vu la confirmation que "le RN c'est l'arnaque sociale".
Dans le camp présidentiel aussi, le ministre du Logement Guillaume Kasbarian a qualifié M. Bardella de "tartuffe" et s'est demandé si "quelqu'un a compris quoi que ce soit à (son) programme sur les retraites".
Les lieutenants du RN sont venus à la rescousse de leur leader dans les matinales radio et télé mercredi.
Sébastien Chenu a ainsi assuré sur LCI que chacun aurait toujours "une possibilité de partir à 62 ans, mais effectivement, après, vous regardez si c'est à taux plein ou pas à taux plein". Il a aussi assuré cela ferait même "gagner un an sur la réforme actuelle" avec laquelle "une personne qui entre sur le marché du travail à 24 ans partirait à 67 ans" - pour une pension à taux plein avec 43 années de cotisation, donc.
Mais Laure Lavalette s'est à son tour emmêlé les pinceaux sur BFMTV, en affirmant qu'"on peut évidemment partir à l'âge légal avant" et qu'avec la réforme du RN "celui (qui a commencé à) 24 ans pourrait partir à 60 ans mais pas à sa retraite pleine".
Une contradiction flagrante avec les 62 ans minimum avancés par M. Bardella, mais également inscrits dans une proposition de loi que la députée sortante avait déposé l'an dernier au nom de son groupe.
Ce texte proposait même un âge légal minimum de 58 ans pour ceux qui ont débuté leurs carrières à 16 ou 17 ans, ainsi qu'un seuil maximal à 67 ans pour le taux plein pour ceux qui ont commencé à 25 ans.