Au Liban, les chances de désescalade s’amenuisent, tandis qu'Israël et le Hezbollah se préparent à une guerre totale

Des volutes de fumée noire s'élèvent après une frappe aérienne israélienne qui a ciblé une maison dans le village de Khiam, au sud du Liban, près de la frontière israélo-libanaise, le 21 juin 2024. (AFP)
Des volutes de fumée noire s'élèvent après une frappe aérienne israélienne qui a ciblé une maison dans le village de Khiam, au sud du Liban, près de la frontière israélo-libanaise, le 21 juin 2024. (AFP)
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Publié le Mardi 25 juin 2024

Au Liban, les chances de désescalade s’amenuisent, tandis qu'Israël et le Hezbollah se préparent à une guerre totale

  • Les efforts des diplomates américains pour négocier un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah dans le sud du Liban sont dans l’impasse
  • Dans ce contexte tendu, les actions du Hezbollah affectent non seulement le Liban, mais aussi la stabilité régionale

BEYROUTH: Les efforts des diplomates américains pour négocier un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah dans le sud du Liban sont dans l’impasse, laissant la région au bord d'une véritable guerre.

Depuis le début des hostilités, le 8 octobre dernier, les deux parties ont intensifié leurs préparatifs militaires. Selon certaines informations, l'armée israélienne aurait autorisé des plans opérationnels pour des frappes à l'intérieur du territoire libanais.

Des rapports publiés par des médias proches du Hezbollah indiquent que la puissante formation chiite s'est en grande partie préparée à une éventuelle offensive israélienne, prévoyant de contrer divers scénarios militaires et de contrecarrer les attaques sur le sol libanais.

Le Liban, déjà miné par de profondes divergences politiques et une économie en ruine, est désormais confronté au spectre d'un conflit dévastateur qui pourrait compromettre sa fragile unité. Alors que les solutions diplomatiques s'essoufflent, la perspective d'une guerre se profile, suscitant de vives inquiétudes parmi les citoyens libanais et la communauté internationale.

Des images récentes diffusées par le Hezbollah, montrant des photos aériennes d'installations militaires israéliennes capturées par un drone « Hudhud » qui soulignent les redoutables capacités de la formation chiite. Toutefois, les images de Gaza dévastée par les conflits répétés entre le Hamas et Israël constituent un avertissement brutal quant au bilan humain et économique potentiel de la reprise de la guerre.

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Les forces de sécurité israéliennes inspectent les zones touchées par des roquettes lancées du sud du Liban à Kiryat Shmona, dans le nord d'Israël, près de la frontière libanaise, le 19 juin 2024. (AFP)

Depuis le 8 octobre, la frontière entre le Liban et Israël est le théâtre d'échanges de tirs quasi quotidiens entre le Hezbollah, des groupes militants palestiniens alliés et l'armée israélienne, qui ont fait plus de quatre cents morts au Liban.

La plupart des victimes sont des combattants et des cadres du parti, mais on compte également plus de quatre-vingts civils et non-combattants. Du côté israélien, seize soldats et onze civils ont été tués au cours des huit derniers mois.

Dans ce contexte tendu, les actions du Hezbollah affectent non seulement le Liban, mais aussi la stabilité régionale. La capacité à éviter ou à gérer une confrontation militaire directe avec Israël sera donc cruciale dans les jours à venir.

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La semaine dernière, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a mis en garde Chypre contre le fait de permettre à l'armée israélienne d'utiliser les aéroports de l'île pour bombarder le Liban si une véritable guerre éclatait. Cette mise en garde a provoqué une sorte de crise diplomatique. En effet, Chypre et le Liban entretiennent des relations étroites et historiques depuis des décennies, puisque l'île a accueilli des milliers de Libanais pendant la guerre civile qui a eu lieu entre 1975 et 1990.

Les signes d'inquiétude internationale se multiplient et confortent le sentiment d'une catastrophe imminente. Plusieurs ambassades et missions diplomatiques au Liban ont émis des avis invitant leurs ressortissants à quitter immédiatement le pays. Elles invoquent l'escalade des tensions et le risque d'un conflit plus large.

La récente décision du Koweït de déconseiller les voyages au Liban reflète une préoccupation plus large de la part des gouvernements étrangers.

Les remous internes au Liban accentuent sa vulnérabilité. Le pays, sans président depuis près de deux ans, est dirigé par un gouvernement intérimaire incapable de prendre des décisions cruciales dans un contexte de corruption endémique et d'effondrement économique.

En effet, plus de la moitié de la population libanaise dépend aujourd'hui de l'aide pour survivre, tandis que le reste de la population lutte pour subvenir à ses besoins et accéder à l'éducation, au carburant et à l'électricité.

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Cette photo prise le 8 janvier 2024 montre une bannière accrochée au bâtiment qui représente le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui a été touché par une attaque de drone le 2 janvier 2024. (AFP)

La gravité de la situation du Liban est reflétée également par les récents événements survenus à l'aéroport international Rafik-Hariri de Beyrouth. Selon le journal britannique The Telegraph, le Hezbollah utiliserait l'aéroport pour faire passer en contrebande de grandes quantités d'armes iraniennes, y compris des missiles de courte portée, ce qui pourrait faire de ce site une cible pour les frappes aériennes israéliennes.

À Washington, l'administration américaine aurait rassuré les responsables israéliens sur le soutien indéfectible des États-Unis, promettant de fournir à Israël toute l'assistance nécessaire en matière de sécurité.

Cet engagement intervient alors que l'on signale une intensification des mouvements militaires, notamment le déploiement d'un porte-avions en Méditerranée orientale, une mesure interprétée comme une démonstration de force et la volonté de soutenir Israël dans toute confrontation militaire.

De son côté, Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations unies, a lancé un avertissement sans équivoque pour éviter que le Liban ne sombre dans le chaos et la destruction déjà observés à Gaza. La crainte de la communauté internationale est palpable, et pour cause: un nouveau conflit au Liban pourrait avoir des conséquences humanitaires et géopolitiques qui se répercuteraient sur l'ensemble du Moyen-Orient et bien au-delà.

 

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Des services de secours et de sécurité ainsi que des habitants se rassemblent autour d'une voiture touchée par une frappe israélienne dans la ville d'Al-Khiyara, dans la Bekaa occidentale au Liban, le 22 juin 2024. (AFP)

Selon Hareth Sleiman, universitaire et analyste politique, le Liban est effectivement en état de guerre depuis le 8 octobre. Pour lui, dans les jours à venir, Israël ne cherchera peut-être pas à envahir le Liban par voie terrestre, mais il pourrait intensifier les hostilités en poursuivant ses frappes aériennes, en ciblant des infrastructures susceptibles d'infliger des dommages importants.

«Les missiles qu'Israël a l'intention de lancer sont plus coûteux que les installations qu'ils détruiront», a indiqué M. Sleiman à Arab News, rejetant l'idée d'un «équilibre de la terreur» maintenu par le Hezbollah pour éviter la guerre.

«Les drones du Hezbollah, tels que le Hudhud, servent principalement à recueillir des renseignements et ne constituent pas une menace directe pour la sécurité d'Israël», a-t-il ajouté.

M. Sleiman rejette également les comparaisons entre le conflit qui a opposé Israël à l'Organisation de libération de la Palestine dans les années 1970-1980 et l'impasse actuelle avec le Hezbollah, arguant que le premier était considéré comme une menace existentielle alors que le second est ancré dans des préoccupations sécuritaires.

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Un chasseur multirôle de l'armée de l'air israélienne survole la zone frontalière entre le nord d'Israël et le sud du Liban, le 21 juin 2024. (AFP)

En ce qui concerne le déplacement de près de 60 000 résidents du nord d'Israël causé par les combats transfrontaliers avec le Hezbollah, M. Sleiman a souligné qu'il s'agissait d'une décision motivée par les craintes israéliennes d'un assaut similaire à l'attaque menée par le Hamas le 7 octobre dans le sud d'Israël.

Il estime que même si Israël repousse le Hezbollah au nord du fleuve Litani, il ne sera pas en mesure d'éliminer totalement la menace qui pèse sur sa sécurité. Selon lui, la stratégie d'Israël vise plutôt à exercer une pression militaire sur le Hezbollah pour l'obliger à négocier le retour de ses citoyens dans les régions plus sûres du nord, reconnaissant ainsi tacitement la présence du Hezbollah dans le sud du Liban.

M. Sleiman brosse néanmoins un tableau sombre de la gouvernance du Liban, qu'il décrit comme en état de déliquescence. Le Hezbollah exerce une influence considérable; Najib Mikati joue le rôle d’un Premier ministre intérimaire et Nabih Berry, le président du Parlement, reste politiquement redevable au groupe.

Il affirme que la question du Hezbollah est une question politique fondamentalement interne et que, par conséquent, seules les parties prenantes libanaises peuvent résoudre les tensions qui la sous-tendent.

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Cette photo prise le 23 juin 2024 montre un bombardement israélien sur le village de Khiam, dans le sud du Liban, près de la frontière avec Israël. (AFP)

Les observateurs politiques estiment que le rôle prépondérant du Hezbollah dans la politique libanaise et ses velléités régionales plus larges compliquent les efforts qui visent à instaurer une paix durable. Depuis la guerre de 2006 avec Israël, le groupe a renforcé sa position, devenant un acteur incontournable de la gouvernance intérieure et une force redoutable dans les conflits régionaux, à l’instar de la guerre civile en Syrie.

Charles Jabbour, chef de la section médias et communication des Forces libanaises, déplore la polarisation croissante de la société libanaise.

Depuis le retrait des forces syriennes en 2005, le pays peine à se forger une identité nationale unifiée, l'influence du Hezbollah étant souvent considérée comme un facteur d'exacerbation des tensions sectaires.

«La division est flagrante», a expliqué M. Jabour à Arab News. «Les tentatives d'élection d'un président ont échoué à plusieurs reprises, le Hezbollah affirmant son propre programme sans tenir compte de l'État.»

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M. Nasrallah, que l'on voit ici en train de prononcer un discours retransmis en direct, a intensifié la rhétorique de la guerre en réponse à l'élimination de nombreux commandants du Hezbollah. (AFP)

Les actions et les alliances du Hezbollah ont également fait l'objet d'un examen et d'une condamnation au niveau international. Son rejet du tribunal international chargé d'enquêter sur l'assassinat de l'ancien Premier ministre Hariri en 2005, associé à des allégations d'implication dans des activités illicites telles que le trafic de drogue et le blanchiment d'argent, ont isolé encore davantage le Liban sur la scène internationale.

Par ailleurs, la menace d'une guerre a incité les autorités religieuses à organiser des réunions urgentes pour tenter de résoudre la crise croissante et ses ramifications potentielles. Depuis le siège du patriarcat maronite, des responsables, toutes confessions religieuses confondues, ont récemment lancé un appel à l'unité et au calme.

Dans une récente interview accordée à Al-Hadath, Raghida Dergham, fondatrice de l'Institut de Beyrouth, a mis en garde contre la dangereuse tangente géopolitique que prend le Liban et a souligné les interconnexions des dynamiques régionales, en particulier les liens du Hezbollah avec l'Iran et son influence plus large sur l'ensemble du Moyen-Orient.

Selon elle, le problème actuel réside dans l’interprétation de l'affirmation du Hezbollah selon laquelle il existe un lien entre Gaza et le Liban. «Le chef du Hamas, Yahya Sinwar, détient 120 otages, tandis que Hassan Nasrallah en détient 4 millions», a déclaré Mme Dergham à la chaîne de télévision arabe Current Affairs. «La situation devient dangereuse. Ce qui peut arrêter la guerre israélo-libanaise, c'est l'Iran, bien plus que les États-Unis.»

Développant cette affirmation, elle a déclaré: «Comme l'Iran n'est actuellement pas prêt à faire la guerre à Israël et qu’il souhaite se réconcilier avec l'administration américaine, je pense que Nasrallah craint que des accords soient conclus dans son dos. C'est pourquoi il doit être très prudent dans la manière dont il aborde la question.»

Pendant que le Liban se prépare à un conflit que beaucoup jugent inévitable, la communauté internationale s'interroge sur la meilleure façon d'éviter ou de limiter la crise. Les appels à l'intervention diplomatique et à la médiation se font de plus en plus pressants, mais le réseau complexe d'alliances régionales et de griefs historiques complique les efforts qui ont pour but de trouver une solution pacifique.

Pour l'heure, le Liban reste au bord du gouffre. C’est une nation paralysée par ses propres divisions et par les pressions extérieures. La voie à suivre est incertaine et le sort de millions de personnes est en jeu.

Alors que les observateurs attendent, espérant un répit des tambours de guerre, le destin du Liban semble inexorablement lié à la géopolitique volatile du Moyen-Orient.

 


Macron à Beyrouth: soutien ferme aux Libanais et leurs nouveaux dirigeants, pour une ère nouvelle

Le président français Emmanuel Macron serre la main de son homologue libanais Joseph Aoun au palais présidentiel de Baabda le 17 janvier 2025. Le 17 janvier, M. Macron a annoncé que Paris accueillerait dans les prochaines semaines une conférence internationale « pour la reconstruction du Liban » après une guerre entre le groupe militant Hezbollah et Israël. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron serre la main de son homologue libanais Joseph Aoun au palais présidentiel de Baabda le 17 janvier 2025. Le 17 janvier, M. Macron a annoncé que Paris accueillerait dans les prochaines semaines une conférence internationale « pour la reconstruction du Liban » après une guerre entre le groupe militant Hezbollah et Israël. (AFP)
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  • Pour affronter ces défis et amorcer l’écriture de la nouvelle page qui s’ouvre pour le pays, le président français estime qu’il faut s’adosser à trois piliers : restaurer la souveraineté, mettre le Liban sur la voie de la prospérité
  • C’est ce credo que Macron a déroulé lors de ses entretiens avec Aoun et qu’il a réitéré durant ses rencontres avec Salam et le chef du parlement libanais Nabih Berry

PARIS: En se rendant à Beyrouth, quelques jours après l’élection du nouveau président libanais Joseph Aoun et la désignation du nouveau premier ministre Nawaf Salam, le président français Emmanuel Macron a voulu confirmer que la France se tient fermement aux côtés du Liban et des Libanais, dans cette nouvelle ère qui s’ouvre.

C’est une ère porteuse de grands espoirs, pour un pays qui semblait voué au chaos, à cause de l’ineptie de sa classe politique et de ses luttes internes. C’est ce qu’il a voulu constater par lui-même en allant au contact des nouveaux dirigeants et du peuple libanais.

Mais c’est également une ère de défis complexes et difficiles, tant le Liban est fragilisé au niveau de ses institutions, de son économie et de son tissu social par des pratiques mercantiles et communautaires, les ingérences externes, puis récemment une guerre avec Israël qui a laissé une partie de son territoire en lambeaux.

Pour affronter ces défis et amorcer l’écriture de la nouvelle page qui s’ouvre pour le pays, le président français estime qu’il faut s’adosser à trois piliers : restaurer la souveraineté, mettre le Liban sur la voie de la prospérité et consolider son unité.

C’est ce credo que Macron a déroulé lors de ses entretiens avec Aoun et qu’il a réitéré durant ses rencontres avec Salam et le chef du parlement libanais Nabih Berry.

S’exprimant devant les journalistes à la suite de son tête-à-tête avec Aoun au palais présidentiel de Baabda il a souligné que la souveraineté passe par le respect du cessez-le-feu instauré entre le Liban et Israël le 26 novembre dernier et qu’il a qualifié de «succès diplomatique historique qui a permis de sauver des vies». Avec pour effet la nécessité de consolider le mécanisme de surveillance dont la France fait partie.

Cela implique une application stricte des engagements pris par les autorités israéliennes et libanaises dans le cadre de l'accord et dans les délais prévus.

 Soulignant que « des résultats ont été obtenus » à ce niveau, Macron a estimé qu’ils « doivent se fédérer, se confirmer dans la durée », avec « un retrait total des forces israéliennes, et un monopole total de l'armée libanaise sur les armes ».

C'est pourquoi ajoute Macron « nous soutenons, avec force la montée en puissance des forces armées libanaises et leur déploiement dans le sud du pays » tout en continuant à « consolider l'appui international en matière d'équipement de formation, et de soutien financier ».

Cet effort est soutenu par, la France à titre bilatéral et « je sais aussi que nos amis, l'arabie saoudite le Qatar les pays de la région sont prêts à faire davantage » ajoute-t-il, tout en travaillant « avec vous à la démarcation de la ligne bleue pour dégager une solution pérenne au bénéfice de la sécurité de tous ».

Macron a par ailleurs rappelé que cette souveraineté ne concerne pas que le sud du Liban, et que le contrôle des autres frontières, notamment dans le contexte du bouleversement en cours en Syrie, « constitue aussi un enjeu majeur ». 

L’autre pilier étant la prospérité au bénéfice de tous, il exprimé l’espoir d’une formation rapide du nouveau gouvernement pour mener à bien cette tâche et subvenir à l’urgence humanitaire qui n’est pas révolue.

La nécessité de réformer

La France assure t-il veille à ce que les engagements pris le 24 octobre à Paris soient tenus et qu'ils se traduisent matériellement au profit des populations déplacées par la guerre, Mais « au-delà des réponses d'urgence, la communauté internationale doit anticiper un soutien massif à la reconstruction des infrastructures des habitations détruites par la guerre, tout particulièrement au sud, où le million de déplacés libanais sont rentrés pour trouver leur maison et leur village réduits en cendres ».

À ce propos Macron a précisé qu’une conférence internationale pour la reconstruction se tiendra à Paris dans quelques semaines, lors d’une visite qu’effectuera le président libanais.

La prospérité suppose également des réformes, elles sont « attendues et connues » et s’adressant à Aoun dans des termes empreints d’une chaleur amicale « vous les portez, et vous les défendez », la réforme de la justice, la réforme bancaire, la réforme du marché de l'énergie, la lutte contre la corruption, « toutes ces réformes nécessaires, c'est le gouvernement à venir qui le portera, elles sont indissociables de cette reconstruction ». 

L'ensemble de ces points poursuit Macron doit servir le troisième objectif, « celui d'une nation libanaise, réconciliée et unie dans son pluralisme », car la plus grande des appartenances « est celle à une république qui croit dans l'universel, et d'un pluralisme qui respecte toutes les religions, toutes les communautés leur donnent à chacune sa place ».

Ce n'est que dans cette unité, assure-t-il dans « ce pluralisme réconcilié que le chemin est possible », rendant hommage au peuple libanais, aux milliers de victimes que le pays a déploré depuis le déclenchement de la guerre, « une guerre dans laquelle le Liban a été plongé, malgré lui par l'irresponsabilité de quelques uns ».

Avant sa rencontre avec Aoun au palais de Baabda Macron avait déposé une gerbe au monument du soldat inconnu, puis il s’est livré à un exercice qu’il affectionne particulièrement, en déambulant dans le quartier de Gemayzeh, qui avait été dévasté par l’explosion du port de Beyrouth en 2020

Évoluant au milieu d’une foule de libanais qui l’ont accueilli par des applaudissements chaleureux, il a siroté un café puis il a regardé des livres sur la reconstruction de ce quartier, qu’il avait visité juste au lendemain de l’explosion.

Il a échangé en toute spontanéité avec les personnes qui l’entouraient, il a fait des selfies, bu des jus de fruits, partagé une pizza en écoutant attentivement les personnes qui s'adressent à lui.

« Vous êtes adorable » lui lance une vieille dame, « aidez le Liban » lui demande un homme, une autre personne lui fait part de sa crainte d’une reprise de la guerre.

« Bon courage » et « garder le moral », assène le président français à ses interlocuteurs, avant de souligner que l’ère qui s’ouvre est une ère d’espoir où chacun a sa part à accomplir.

Macron avait commencé sa visite par une rencontre avec le premier ministre libanais en exercice Najib Mikati, et deux entretiens avec le chef d’état major de la FINUL, le général Jean-Jacques Fatinet, puis avec le commandant des opérations spéciales au sein du mécanisme de surveillance du cessez le feu le Général Jasper Jeffers et du représentant de la France au sein de ce mécanisme le général Guillaume Pin Hun.

 


Le procureur de la CPI, Karim Khan, rencontre le nouveau dirigeant syrien 

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  • Le président déchu, Bachar al-Assad, qui a fui à Moscou, refusait de coopérer avec la CPI, ne reconnaissant pas sa compétence sur son territoire
  • M. Chareh et le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, ont rencontré "une délégation de la Cour pénale internationale, dirigée" par Karim Khan, a déclaré Sana, qui a également publié des images de la réunion

DAMAS: Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan, a été reçu vendredi par le nouveau dirigeant syrien, Ahmad al-Chareh, qui a pris le pouvoir après la chute de Bachar al-Assad accusé de crimes durant la guerre civile, a indiqué l'agence de presse officielle Sana.

M. Chareh et le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, ont rencontré "une délégation de la Cour pénale internationale, dirigée" par Karim Khan, a déclaré Sana, qui a également publié des images de la réunion.

Le président déchu, Bachar al-Assad, qui a fui à Moscou, refusait de coopérer avec la CPI, ne reconnaissant pas sa compétence sur son territoire.

Le groupe islamiste de M. Chareh, Hayat Tahrir al-Sham (HTS), a mené une coalition qui a renversé Assad le 8 décembre, plus de 13 ans après la répression sanglante de manifestations anti-Assad ayant déclenché une guerre qui a fait plus de 500.000 morts.

Les nouvelles autorités ont promis de rendre justice aux victimes des atrocités commises durant les décennies de règne du clan Assad, s'engageant à juger les responsables impliqués dans la torture des détenus.

Elles ont exhorté la communauté internationale à leur remettre les personnes recherchées qui ont fui.

La CPI, basée à La Haye, n'a pas été en mesure d'enquêter sur la Syrie car le pays n'a jamais ratifié le Statut de Rome, son traité fondateur.

En 2014, la Russie et la Chine ont opposé leur veto à un projet de résolution du Conseil de sécurité visant à renvoyer le dossier syrien devant la CPI.

 


Explosion au port de Beyrouth: le juge reprend ses enquêtes après deux ans de suspension

Une source judiciaire a indiqué à l'AFP, sous couvert d'anonymat, que M. Bitar avait "repris ses investigations dans le dossier et engagé des poursuites contre trois employés du port et sept officiers de haut rang de l'armée, de la sécurité générale et des douanes". (AFP)
Une source judiciaire a indiqué à l'AFP, sous couvert d'anonymat, que M. Bitar avait "repris ses investigations dans le dossier et engagé des poursuites contre trois employés du port et sept officiers de haut rang de l'armée, de la sécurité générale et des douanes". (AFP)
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  • M. Bitar, juge indépendant, avait dû interrompre son enquête en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah, ainsi qu'à une série de poursuites judiciaires
  • La reprise de ses investigations intervient après l'élection du nouveau président libanais Joseph Aoun et la nomination de Nawaf Salam comme Premier ministre, permises par un affaiblissement du Hezbollah après sa guerre dévastatrice contre Israël

BEYROUTH: Le juge libanais Tarek Bitar, chargé d'enquêter sur la  gigantesque explosion meurtrière au port de Beyrouth a repris ses investigations et engagé des poursuites contre dix nouvelles personnes jeudi, a indiqué à l'AFP une source judiciaire.

Le 4 août 2020, l'une des plus grandes explosions non nucléaires de l'histoire a dévasté des pans entiers de la capitale du Liban, tuant plus de 220 personnes et en blessant plus de 6.500.

M. Bitar, juge indépendant, avait dû interrompre son enquête en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah, ainsi qu'à une série de poursuites judiciaires.

La reprise de ses investigations intervient après l'élection du nouveau président libanais Joseph Aoun et la nomination de Nawaf Salam comme Premier ministre, permises par un affaiblissement du Hezbollah après sa guerre dévastatrice contre Israël et la chute de Bachar al-Assad en Syrie.

M. Aoun et M. Salam se sont engagés à garantir l'indépendance du pouvoir judiciaire et à empêcher toute ingérence dans le travail du juge, dans un pays où la culture de l'impunité prévaut.

Une source judiciaire a indiqué à l'AFP, sous couvert d'anonymat, que M. Bitar avait "repris ses investigations dans le dossier et engagé des poursuites contre trois employés du port et sept officiers de haut rang de l'armée, de la sécurité générale et des douanes".

Il a précisé que les interrogatoires débuteront à partir du 7 février. Des séances d'interrogatoire sont également prévues en mars et avril avec d'autres inculpés, parmi lesquels des anciens ministres et députés.

Selon la même source, M. Bitar prévoit ensuite de clore l'enquête et de la transmettre au procureur général près la Cour de cassation pour qu'il examine l'affaire, en vue de formuler un acte d'accusation.

"Espoir" 

"Les promesses faites par le président et le Premier ministre, puis la reprise de l'enquête (...) aujourd'hui, nous donnent l'impression qu'il y a un espoir que les droits des victimes, pour lesquels nous n'avons cessé de lutter, ne seront pas oubliés", a déclaré à l'AFP Cécile Roukoz, l'une des avocates des familles des victimes, qui a perdu son frère dans l'explosion.

Jeudi, le Haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Volker Türk a appelé à la "reprise d'une enquête indépendante", insistant sur la nécessité que les responsables "rendent des comptes" et proposant l'aide de son Bureau à cette fin.

La déflagration a été provoquée par un incendie dans un entrepôt où étaient stockées sans précaution des tonnes de nitrate d'ammonium, malgré des avertissements répétés aux plus hauts responsables.

Un premier juge chargé en 2020 de l'enquête avait dû jeter l'éponge, après avoir inculpé l'ex-Premier ministre, Hassan Diab, et trois anciens ministres.

Tarek Bitar s'était à son tour attaqué à des responsables politiques, mais a été confronté aux mêmes obstacles et à une demande du Hezbollah qu'il soit démis de ses fonctions.

Il avait repris son travail à la surprise générale en janvier 2023, inculpant plusieurs personnalités de haut rang, avant d'être poursuivi pour insubordination par le procureur général, une première dans l'histoire du Liban.

Les proches de victimes et de nombreuses ONG internationales ont demandé à plusieurs reprises la formation d'une commission d'enquête internationale, mais s'étaient heurtés à un refus officiel du Liban.

Dans son premier discours mardi, M. Salam a dit qu'il ferait "tout son possible pour rendre justice aux victimes de l'explosion".