GENÈVE/LONDRES: Jeudi, un groupe d'experts des Nations unies a mis en garde les fabricants d'armes et de munitions contre leur participation au transfert d'armes vers Israël, soulignant que cela pourrait les rendre complices d'abus des droits humains et de violations du droit international.
Les trente experts, parmi lesquels plusieurs rapporteurs spéciaux de l'ONU, ont préconisé l'arrêt des transferts de matériel de guerre par les fabricants d'armes à destination d'Israël, «même s'ils sont effectués dans le cadre de licences d'exportation existantes».
«En envoyant des armes, des pièces, des composants et des munitions aux forces israéliennes, ces entreprises risquent de se rendre complices de graves violations du droit international des droits humains et du droit international humanitaire», ont-ils déclaré dans un communiqué.
Israël n'a pas immédiatement réagi à ces déclarations, après avoir répété à plusieurs reprises qu'il n'avait pas commis d'abus lors de ses opérations à Gaza. Il affirme agir en légitime défense et cibler les militants du Hamas plutôt que la population palestinienne.
Les experts de l'ONU ont souligné jeudi le risque accru pour les entreprises d'armement depuis que la Cour internationale de justice a ordonné à Israël, le mois précédent, de mettre fin à son offensive militaire à Rafah, au sud de la bande de Gaza ‒ une décision d'urgence historique intervenue dans le cadre du procès pour génocide intenté par l'Afrique du Sud à l'encontre d'Israël.
«Dans ce contexte, le maintien des transferts d'armes vers Israël peut être perçu comme une contribution délibérée à des opérations qui violent le droit international des droits humains et le droit international humanitaire, pouvant entraîner des bénéfices issus de cette assistance», ont souligné les experts.
Israël a rejeté les accusations de génocide, les qualifiant de fausses et gravement déformées.
Également jeudi, les fabricants d'armes britanniques ont été mis en garde contre le fait que la vente d'équipement militaire à Israël pourrait les rendre passibles de poursuites criminelles pour n’avoir pas empêché des crimes de guerre dans le cadre de l'offensive israélienne à Gaza.
Quatre groupes de campagne contre le commerce des armes, dont la Campagne contre le commerce des armes, ont souligné dans une lettre adressée à vingt entreprises britanniques fournissant des pièces ou des logiciels pour les avions de chasse F-35 ‒ actuellement utilisés par l'armée de l'air israélienne pour bombarder l'enclave palestinienne contrôlée par le Hamas ‒, la «responsabilité pénale potentielle pour des crimes d'atrocité en cours à Gaza».
La lettre fait référence à une section de la loi sur la Cour pénale internationale de 2001, qui stipule que le droit anglais et gallois considère comme un délit le fait «d'adopter un “comportement accessoire” à un crime de guerre ou à un crime contre l'humanité» dans des juridictions étrangères.
Parmi les entreprises visées par les militants figurent la filiale britannique de Lockheed Martin, BAE Systems et Northrop Grumman, selon The Guardian.
Le bureau des droits humains de l'ONU a indiqué mercredi que les forces israéliennes auraient peut-être violé à plusieurs reprises les lois de la guerre et n'auraient pas réussi à faire la distinction entre les civils et les combattants dans le conflit à Gaza.
L'offensive aérienne et terrestre d'Israël a fait plus de 37 400 victimes dans le territoire palestinien sous le contrôle du Hamas, selon les autorités sanitaires locales.
Israël a lancé son assaut après que des combattants du Hamas ont franchi la frontière pour atteindre le sud d'Israël le 7 octobre, tuant environ 1 200 personnes et prenant plus de 250 personnes en otage, selon les chiffres fournis par Israël.
Avec Reuters
Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com