LONDRES: L'Arabie saoudite ne normalisera pas ses relations avec Israël au détriment de la création d'un État palestinien, a déclaré jeudi l'ambassadeur du Royaume au Royaume-Uni.
S'exprimant lors de la conférence de Chatham House à Londres, le prince Khaled ben Bandar a soutenu que la normalisation restait cruciale pour l'Arabie saoudite et les autres pays de la région, car elle garantirait la paix, la stabilité et la sécurité. Il a admis que des «compromis devraient être faits» pour résoudre le conflit israélo-arabe, qui, selon lui, a un impact mondial unique par rapport à d’autres conflits.
#WATCH: #SaudiArabia's ambassador to #UK says normalization with #Israel important to Kingdom and the region, but reiterates KSA will not normalize at expense of #Palestinian people and self-determination (Video: @AsharqNews) @SaudiEmbassyUK https://t.co/32xNtouDWa pic.twitter.com/fXKFwW7YZg
— Arab News (@arabnews) June 20, 2024
«Si ce qui se passe [à Gaza] se poursuit, nous allons nous engager sur une voie irréversible», a lancé le prince Khaled.
«Plus nous nous éloignons de la recherche d’une solution, plus les gens perdent espoir. À ce stade, le conflit se transformera en un conflit régional. Il est important que tout le monde reconnaisse le danger qui nous guette. Le conflit ne restera pas régional, il deviendra très rapidement international», a-t-il ajouté.
Toutefois, le prince Khaled a précisé que la normalisation ne serait «pas pertinente» tant que la question palestinienne n'aurait pas été résolue.
«Nous croyons en la création d'un État palestinien et en une solution au conflit», a-t-il indiqué. «Si c'était facile, nous l'aurions déjà fait, mais, en l’absence d’une solution, la normalisation est hors de propos. Il n'y a aucun intérêt à une normalisation si le conflit persiste, car c'est le conflit qui est le problème, pas la normalisation.»
«Il est inutile de discuter de tout le reste tant que nous n'avons pas trouvé de solution. Une fois que nous y parviendrons, tout sera sur la table.»
Le prince Khaled a souligné que le Royaume était «l'un des pays les plus importants de la région» et qu’il disposait d’un «un levier» pour ouvrir le monde arabe et musulman à Israël. Ne pas jouer un rôle dans la médiation en faveur d’une solution serait «absurde».
Cependant, il a ajouté que pour que cela se produise, Israël devait «également jouer le jeu», précisant que le prix à payer pour trouver une solution était la création d’un État palestinien indépendant.
L'ambassadeur a déploré le manque de couverture médiatique mondiale de la position saoudienne sur la crise. Dans un récent discours du Hajj, le prince héritier, Mohammed ben Salmane, a réitéré les appels à un arrêt immédiat des attaques contre Gaza.
«Il est important de reconnaître notre position, restée inchangée, malgré le fait que les gens ne nous écoutent jamais», a affirmé le prince Khaled.
«La position du prince héritier, celle de l'Arabie saoudite, de Sa Majesté [le roi Salmane], du gouvernement ainsi que la volonté de presque tous les Saoudiens que je connais se résument dans la nécessité de créer un État palestinien.»
«L'offre a été faite dans l'Initiative de paix arabe; sur les frontières de 1967, un État palestinien, une solution à deux États et tout le monde serait heureux pour toujours. Cela remonte à 1982, lorsque le roi Fahd a présenté la même offre, qui n'a pas toujours pas été acceptée. Je trouve cela incompréhensible.»
Le prince héritier a déclaré très clairement que nous avons besoin d'un cessez-le-feu, d'une solution irréversible pour les Palestiniens et ensuite de la paix partout. Mais cette opinion n'a même pas été relayée.
«C'est pour nous agaçant, voire frustrant, parce que le monde suppose quelque chose de totalement différent et cela n'aide en rien la situation», a-t-il conclu.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com