Législatives en France: entre alliances et dissidences, dernières heures pour les candidatures

Le chef du parti de gauche français La France Insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon (au centre), s'adresse aux militants en tant que députés du parti Adrien Lachaud (à gauche) et Sébastien Delogu après que le président français a annoncé qu'il convoquait de nouvelles élections générales le 30 juin, lors d'une soirée. rassemblement le dernier jour des élections au Parlement européen, à la Rotonde Stalingrad à Paris, le 9 juin 2024 (Photo, AFP).
Le chef du parti de gauche français La France Insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon (au centre), s'adresse aux militants en tant que députés du parti Adrien Lachaud (à gauche) et Sébastien Delogu après que le président français a annoncé qu'il convoquait de nouvelles élections générales le 30 juin, lors d'une soirée. rassemblement le dernier jour des élections au Parlement européen, à la Rotonde Stalingrad à Paris, le 9 juin 2024 (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 16 juin 2024

Législatives en France: entre alliances et dissidences, dernières heures pour les candidatures

  • A l'extrême droite, la clôture des candidatures permettra de juger des ralliements entraînés par Eric Ciotti
  • Reste à savoir si cette clarification dans l'offre électorale aura un impact chez les électeurs

PARIS: Une semaine après la décision choc du président Emmanuel Macron de dissoudre l'Assemblée nationale, les électeurs français vont découvrir dimanche soir la liste des candidats aux législatives au terme de tractations, d'alliances et de dissidences qui ont bouleversé le paysage politique du pays.

Les postulants au scrutin dans les 577 circonscriptions françaises ont jusqu'à 18H (16H00 GMT) dimanche pour déposer leur déclaration de candidature en vue du premier tour du 30 juin. Le deuxième tour se tiendra le 7 juillet.

Candidatures dissidentes à gauche, alliances locales entre la droite et la majorité, ralliement de LR (droite) au RN (extrême droite)... Tout devrait être connu dimanche soir, après de folles journées qui ont semé la confusion.

A gauche, l'offre est déjà connue depuis la formation du Nouveau Front populaire, alliance allant de l'anticapitaliste Philippe Poutou à l'ancien président de la République François Hollande, qui a réussi à se mettre d'accord en quelques jours sur un programme et des candidatures.

Mais au lendemain de manifestations contre l'extrême droite, qui ont réuni selon les autorités 250.000 personnes dans toute la France (640.000 selon le syndicat CGT), cette alliance doit encore convaincre qu'elle est capable de résister à l'hétérogénéité de ses composantes.

Dans la première crise traversée par la nouvelle alliance, LFI (gauche radicale) a fermé la porte samedi à toute contestation de ses choix d'investiture après avoir écarté plusieurs députés critiques de la personnalité et de la ligne du patron du parti Jean-Luc Mélenchon.

"La cohérence politique et la loyauté dans le premier groupe parlementaire de gauche sont aussi une exigence pour gouverner", a justifié M. Mélenchon. "Donnons-nous un avis sur les candidatures des partenaires ?", a-t-il répondu aux autres formations de gauche qui ont critiqué une "purge".

Les députés écartés devraient maintenir leur candidature, même sans l'étiquette LFI.

Une autre candidature d'un proche de Jean-Luc Mélenchon, celle d'Adrien Quatennens, député sortant du Nord condamné en 2022 à quatre mois d'emprisonnement avec sursis pour violences conjugales, a suscité la stupéfaction des partenaires de LFI. Dimanche, M. Quatennens a annoncé renoncer à sa candidature.

Pouvoir d'achat 

Dans le camp d'Emmanuel Macron, après la déroute des européennes qui ont vu le RN arriver largement en tête et "la sidération" de la dissolution, on tente de se remobiliser sous la houlette du Premier ministre Gabriel Attal.

Sur le pouvoir d'achat, première préoccupation des Français, M. Attal a promis samedi plusieurs mesures en cas de victoire comme une baisse des factures d'électricité de 15% "dès l'hiver prochain" ou une hausse du montant de la prime dite "Macron", versée par les entreprises à leurs salariés.

Du côté de LR, après une rocambolesque semaine consécutive au choix solitaire de son président Eric Ciotti de s'allier avec le RN, le parti tente tant bien que mal de maintenir une ligne indépendante de l'exécutif comme de l'extrême droite.

Mais dans plusieurs départements - comme celui du Premier ministre, les Hauts-de-Seine (banlieue parisienne)- des "pactes de non agression" entre la majorité et la droite semblent de facto se mettre en place, et des députés LR sortants seront assurés de pouvoir candidater sans macroniste contre eux.

A l'extrême droite, la clôture des candidatures permettra de juger des ralliements entraînés par Eric Ciotti.

Si le patron du RN Jordan Bardella, qui à 28 ans vise le poste de Premier ministre, a annoncé qu'il y aurait "un candidat commun" "dans 70 circonscriptions", M. Ciotti ne semble avoir réussi à n'emmener aucune figure nationale avec lui.

Reste à savoir si cette clarification dans l'offre électorale aura un impact chez les électeurs.

Selon un sondage Elabe pour la chaîne BFMTV et le quotidien La Tribune dimanche, un Français sur trois souhaite une victoire du RN, un sur quatre de l'alliance de gauche et un sur cinq de Renaissance.


Retraites: le RN à la peine pour clarifier son programme avant les législatives

La cheffe du groupe parlementaire d'extrême droite Rassemblement National (RN) à l'Assemblée nationale Marine Le Pen (à droite) et le président du parti de droite Les Républicains (LR) Eric Ciotti assistent à une conférence de presse du président du RN pour présenter les priorités du " gouvernement d'union nationale" au cas où le score du parti lors du vote parlementaire anticipé lui donnerait une chance de nommer un Premier ministre, à Paris le 24 juin 2024. (AFP)
La cheffe du groupe parlementaire d'extrême droite Rassemblement National (RN) à l'Assemblée nationale Marine Le Pen (à droite) et le président du parti de droite Les Républicains (LR) Eric Ciotti assistent à une conférence de presse du président du RN pour présenter les priorités du " gouvernement d'union nationale" au cas où le score du parti lors du vote parlementaire anticipé lui donnerait une chance de nommer un Premier ministre, à Paris le 24 juin 2024. (AFP)
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  • Mardi soir lors du premier débat télévisé avant les législatives des 30 juin et 7 juillet, le président du RN a de nouveau semé le trouble sur le sujet sensible des retraites
  • La cheffe des Ecologistes Marine Tondelier a accusé Bardella de vouloir «faire pire» que la dernière réforme fixant l'âge légal à 64 ans et «qu'il souhaite pourtant abroger»

PARIS: Les cadres du Rassemblement national tentaient mercredi de mettre au clair leur position sur les retraites, après que leur chef de file Jordan Bardella a évoqué la veille plusieurs âges de départ à 60, 62 voire 66 ans.

Mardi soir lors du premier débat télévisé avant les législatives des 30 juin et 7 juillet, le président du RN a de nouveau semé le trouble sur le sujet sensible des retraites.

Répétant son intention de permettre "dès l'automne" à "ceux qui ont commencé à travailler avant 20 ans" de "partir avec un temps de cotisation de 40 annuités et un âge de départ légal de 60 ans", il a ajouté que pour les autres "il y aura une progressivité qui tournera autour d'un âge pivot de 62 ans et de 42 annuités" et que "par conséquent" dans le cas d'une carrière débutée "à 24 ans vous partirez avec 42 années de cotisation, c'est à dire 66 ans".

Ses adversaires ont aussitôt pilonné le leader d'extrême droite. La cheffe des Ecologistes Marine Tondelier l'a ainsi accusé de vouloir "faire pire" que la dernière réforme fixant l'âge légal à 64 ans et "qu'il souhaite pourtant abroger".

"Quel aveu de Bardella!", a réagi le porte-parole du parti communiste Ian Brossat, quand la présidente socialiste de la région Occitanie, Carole Delga y a vu la confirmation que "le RN c'est l'arnaque sociale".

Dans le camp présidentiel aussi, le ministre du Logement Guillaume Kasbarian a qualifié M. Bardella de "tartuffe" et s'est demandé si "quelqu'un a compris quoi que ce soit à (son) programme sur les retraites".

Les lieutenants du RN sont venus à la rescousse de leur leader dans les matinales radio et télé mercredi.

Sébastien Chenu a ainsi assuré sur LCI que chacun aurait toujours "une possibilité de partir à 62 ans, mais effectivement, après, vous regardez si c'est à taux plein ou pas à taux plein". Il a aussi assuré cela ferait même "gagner un an sur la réforme actuelle" avec laquelle "une personne qui entre sur le marché du travail à 24 ans partirait à 67 ans" - pour une pension à taux plein avec 43 années de cotisation, donc.

Mais Laure Lavalette s'est à son tour emmêlé les pinceaux sur BFMTV, en affirmant qu'"on peut évidemment partir à l'âge légal avant" et qu'avec la réforme du RN "celui (qui a commencé à) 24 ans pourrait partir à 60 ans mais pas à sa retraite pleine".

Une contradiction flagrante avec les 62 ans minimum avancés par M. Bardella, mais également inscrits dans une proposition de loi que la députée sortante avait déposé l'an dernier au nom de son groupe.

Ce texte proposait même un âge légal minimum de 58 ans pour ceux qui ont débuté leurs carrières à 16 ou 17 ans, ainsi qu'un seuil maximal à 67 ans pour le taux plein pour ceux qui ont commencé à 25 ans.


Législatives: la campagne très polarisée attise les violences

Le député sortant Nicolas Metzdorf prononce un discours lors d'un meeting de campagne pour les élections législatives à Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, le 26 juin 2024. (AFP)
Le député sortant Nicolas Metzdorf prononce un discours lors d'un meeting de campagne pour les élections législatives à Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, le 26 juin 2024. (AFP)
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  • Au-delà des tracts piétinés, plusieurs candidats et militants de tous bords ont été agressés, physiquement ou verbalement
  • Candidate Renaissance dans le Val-de-Marne, Shannon Seban a porté plainte pour injure raciste, affirmant avoir été traitée de «sale sioniste» par des «partisans de l'extrême gauche» dimanche à Ivry-sur-Seine

PARIS: Plusieurs candidats et militants ont été agressés alors qu'ils faisaient campagne pour les élections législatives, dans un contexte d'antagonismes exacerbés entre les blocs Rassemblement national, Nouveau Front populaire et camp macroniste, qui s'accusent mutuellement de violences.

"Quand je distribue des tracts sur les marchés, des gens les chiffonnent et les jettent en me lançant: +On ne veut pas de vous!+. Je n'ai jamais vu ça. Avant, ils les prenaient même s'ils ne votaient pas pour nous, ils restaient polis", raconte à l'AFP Fatiha Keloua Hachi, députée socialiste sortante et candidate du NFP en Seine-Saint-Denis.

Au-delà des tracts piétinés, plusieurs candidats et militants de tous bords ont été agressés, physiquement ou verbalement.

Cette campagne éclair, "très, très polarisée", avec "un fort enjeu" et "deux blocs antagonistes", a "réactivé des comportements exacerbés", analyse pour l'AFP Luc Rouban, politologue au Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof).

Candidate Renaissance dans le Val-de-Marne, Shannon Seban a porté plainte pour injure raciste, affirmant avoir été traitée de "sale sioniste" par des "partisans de l'extrême gauche" dimanche à Ivry-sur-Seine.

Jeudi dernier, le parquet de Saint-Étienne (Loire) a ouvert une enquête pour "violence en réunion" après "une bousculade, des insultes et des projections d'eau et de farine" visant le candidat RN Hervé Breuil sur un marché. La cheffe de file du parti Marine Le Pen avait pointé des "milices d'ultragauche, soutiens du Nouveau Front populaire".

Plusieurs militants de gauche déplorent, eux, des agressions attribuées à l'extrême droite. Un homme distribuant des tracts du NFP à Bordeaux a déposé une plainte samedi, après avoir frappé par un homme affirmant "supporter (Jordan) Bardella".

Dans les Hauts-de-Seine, la députée écologiste sortante Sabrina Sebahi assure que des "militants" du RN ont "insulté et menacé une militante du Nouveau Front populaire, âgée", samedi à Nanterre, quand le candidat NFP dans le Val-de-Marne Joao Martins Pereira (PS) a fait état d'une "violente agression" de militants sur un marché de Maisons-Alfort, par "des hommes d'extrême droite, tout de noir vêtus".

Dans cette atmosphère pesante, l'élue écologiste parisienne Raphaëlle Rémy-Leleu, témoin samedi de propos racistes visant un candidat de gauche, a fait passer des consignes aux militants de son parti, mêlant prudence et "bons réflexes" en cas de violences.

«Climat éruptif»

Noë Gauchard, candidat NFP dans le Calvados, a vu ses affiches barrées d'un tag "SS". Lui aussi constate auprès de l'AFP que "les agressions verbales se produisent quasiment tous les jours sur les tractages, les marchés.

Pour le politologue Luc Rouban, cette campagne présente une configuration inédite depuis la guerre d'Algérie, quand les pro et les anti-indépendance de la colonie française se déchiraient.

L'auteur de l'ouvrage "Les racines sociales de la violence politique" (2024) estime que la violence s'est accrue avec les mobilisations des "gilets jaunes" et contre la réforme des retraites, et surtout depuis l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre.

Selon lui, ces crises ont réactivé "le clivage droite-gauche", la dissolution de l'Assemblée nationale par Emmanuel Macron le 9 juin ayant acté la "disparition" des "modérés des deux côtés".

Sur le terrain, "on sent la nation fracturée", confirme, "inquiète", Fatiha Keloua Hachi.

Du côté des sondeurs également, on perçoit de la violence dans les réponses tranchées des Français: beaucoup de "pas du tout" ou de "très".

La directrice de BVA Opinion Christelle Craplet évoque pour l'AFP un "climat éruptif", en particulier "des propos très violents" dans les réponses aux questions ouvertes sur Emmanuel Macron.

Ce dernier brandit lui-même le spectre d'une "guerre civile" en cas de victoire des "deux extrêmes", quand Marine Le Pen a accusé encore mercredi "l'extrême gauche (qui) depuis toujours agit par la violence" et pourrait selon elle contester dans la rue la victoire du RN aux législatives.


Législatives: au soir du 7 juillet, un saut dans l'inconnu ?

(De gauche à droite) Le président du parti d'extrême droite français Rassemblement National (RN) et député européen Jordan Bardella, le Premier ministre français Gabriel Attal et le député français du parti de gauche La France Insoumise (LFI) Manuel Bompard lors d'un débat politique diffusé sur la chaîne de télévision française TF1, le 25 juin 2024, avant les élections anticipées en France pour une nouvelle Assemblée nationale les 30 juin et 7 juillet 2024. (Photo de Stefano RELLANDINI / AFP )
(De gauche à droite) Le président du parti d'extrême droite français Rassemblement National (RN) et député européen Jordan Bardella, le Premier ministre français Gabriel Attal et le député français du parti de gauche La France Insoumise (LFI) Manuel Bompard lors d'un débat politique diffusé sur la chaîne de télévision française TF1, le 25 juin 2024, avant les élections anticipées en France pour une nouvelle Assemblée nationale les 30 juin et 7 juillet 2024. (Photo de Stefano RELLANDINI / AFP )
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  • Dans la majorité macroniste, on entend plutôt ouvrir des négociations en vue d'une coalition d'un nouveau genre, dans le sens d'une «fédération de projets» prônée par M. Macron après la dissolution
  • Les disparités des Républicains jusqu'à La France insoumise risquent fort d'être irréconciliables aux yeux de nombreux observateurs

PARIS: En l'absence possible de majorité claire à l'Assemblée nationale au soir du 7 juillet après les législatives, la France risque de basculer dans une période d'incertitude politique, avec une indécise recherche de coalition. Une "reparlementarisation" qui pourrait aussi se solder par un blocage institutionnel.

Depuis la dissolution prononcée le 9 juin par le président Emmanuel Macron, la plupart des projections des sondages vont dans le même sens: un hémicycle sans majorité absolue pour l'un des trois blocs - Rassemblement national, Nouveau Front populaire ou camp présidentiel.

Retour du parlementarisme 

Chargé constitutionnellement de nommer son Premier ministre, le président de la République aura alors devant lui un certain dilemme: désigner le leader du parti vainqueur pour Matignon ? Ou tenter de dégager une option alternative rassemblant une partie des deux autres blocs ?

"Nécessairement, quel que soit le camp qui sera élu, il y aura un avant et un après. Cela nous rapproche quelque part un peu des régimes parlementaires" comme l'Allemagne, l'Italie ou les Pays-Bas, a remarqué ces derniers jours le Premier ministre Gabriel Attal, qui se sait sur la sellette mais espère continuer l'aventure.

"Les frontières des partis vont encore bouger de manière considérable après le 7 juillet. Avec autant d'incertitudes, toutes les conjectures peuvent être immédiatement caduques", résume auprès de l'AFP Camille Bedock, chercheuse du CNRS au centre Emile Durkheim à Bordeaux.

L'hypothèse d'une cohabitation avec le RN, en tête des sondages, est néanmoins atténuée ces derniers jours depuis que son président Jordan Bardella a prévenu qu'il refuserait Matignon s'il ne disposait pas de majorité absolue à l'Assemblée nationale.

Coalition alternative ? 

En effet, même avec un peu moins des 289 sièges nécessaires à celle-ci, le risque d'être renversé par une motion de censure votée par tous les autres groupes de l'hémicycle serait sérieux pour le patron du parti à la flamme.

Dans la majorité macroniste, on entend plutôt ouvrir des négociations en vue d'une coalition d'un nouveau genre, dans le sens d'une "fédération de projets" prônée par M. Macron après la dissolution.

"Les modérés - on verra leur champ - ont la responsabilité de tenter quelque chose ensemble quand même", glisse un député Renaissance sortant, favorable à "un gouvernement de responsabilité", quitte à faire des concessions à la gauche si celle-ci termine deuxième.

Mais les disparités des Républicains jusqu'à La France insoumise risquent fort d'être irréconciliables aux yeux de nombreux observateurs. "Le risque, c'est une situation où personne n'est en mesure de gouverner", affirme Camille Bedock.

Gouvernement technique ? 

Pour la politologue, s'ouvrirait alors une "période de reparlementarisation", comme celle vécue aux Pays-Bas ces derniers mois ou en Belgique, restée sans gouvernement pendant de longues périodes en 2007-2008 puis 2010-2011.

Le président de la République pourrait alors opter pour "un gouvernement intérimaire chargé d'expédier les affaires courantes pendant un an", délai constitutionnel avant de pouvoir dissoudre à nouveau l'Assemblée nationale. Avec un potentiel statu quo maintenant l'équipe en place, hypothèse favorisée par l'ouverture quasiment immédiate des Jeux olympiques.

Autre option, "une solution technique, un gouvernement apolitique", reprend Camille Bedock, citant l'exemple italien de Mario Draghi (2021-2022). Celui-ci avait obtenu le soutien de la quasi-totalité du Parlement, "les partis y trouvant l'avantage de voir menées des réformes impopulaires sans en prendre la responsabilité politique".

L'hypothèse du gouvernement technique est envisagée dans le camp Macron. "Le président (Macron) devra faire preuve de beaucoup d'ingéniosité", pointe un de ses soutiens historiques, qui avoue "redouter le scénario du vide, du chaos, sans majorité absolue".

Il faudrait à Matignon "une personnalité connue, respectée, sans marquage politique", reprend un autre cadre de la coalition Ensemble.

La démission, dernier recours ? 

Mais le RN ou la gauche avaliseraient-ils un tel choix d'Emmanuel Macron, lui-même souvent étiqueté comme "technocrate" ? Les oppositions préfèrent à ce stade agiter le spectre de la démission.

Il ne lui "restera que la démission pour sortir potentiellement d'une crise politique", a insisté Marine Le Pen (RN) ces derniers jours, assurant néanmoins qu'elle n'appellera pas elle-même le président Macron à s'en aller.

"Ce président de la République, s'il a si peur du chaos, pourquoi ne démissionne-t-il pas", a également interrogé mardi l'eurodéputée insoumise Manon Aubry sur Sud Radio.

Jusque-là, le chef de l'Etat a toujours évacué catégoriquement cette hypothèse, promettant encore lundi "d'agir jusqu'en mai 2027 comme président", dans une lettre aux Français publiée dans la presse régionale.