PARIS: Une semaine après la décision choc du président Emmanuel Macron de dissoudre l'Assemblée nationale, les électeurs français vont découvrir dimanche soir la liste des candidats aux législatives au terme de tractations, d'alliances et de dissidences qui ont bouleversé le paysage politique du pays.
Les postulants au scrutin dans les 577 circonscriptions françaises ont jusqu'à 18H (16H00 GMT) dimanche pour déposer leur déclaration de candidature en vue du premier tour du 30 juin. Le deuxième tour se tiendra le 7 juillet.
Candidatures dissidentes à gauche, alliances locales entre la droite et la majorité, ralliement de LR (droite) au RN (extrême droite)... Tout devrait être connu dimanche soir, après de folles journées qui ont semé la confusion.
A gauche, l'offre est déjà connue depuis la formation du Nouveau Front populaire, alliance allant de l'anticapitaliste Philippe Poutou à l'ancien président de la République François Hollande, qui a réussi à se mettre d'accord en quelques jours sur un programme et des candidatures.
Mais au lendemain de manifestations contre l'extrême droite, qui ont réuni selon les autorités 250.000 personnes dans toute la France (640.000 selon le syndicat CGT), cette alliance doit encore convaincre qu'elle est capable de résister à l'hétérogénéité de ses composantes.
Dans la première crise traversée par la nouvelle alliance, LFI (gauche radicale) a fermé la porte samedi à toute contestation de ses choix d'investiture après avoir écarté plusieurs députés critiques de la personnalité et de la ligne du patron du parti Jean-Luc Mélenchon.
"La cohérence politique et la loyauté dans le premier groupe parlementaire de gauche sont aussi une exigence pour gouverner", a justifié M. Mélenchon. "Donnons-nous un avis sur les candidatures des partenaires ?", a-t-il répondu aux autres formations de gauche qui ont critiqué une "purge".
Les députés écartés devraient maintenir leur candidature, même sans l'étiquette LFI.
Une autre candidature d'un proche de Jean-Luc Mélenchon, celle d'Adrien Quatennens, député sortant du Nord condamné en 2022 à quatre mois d'emprisonnement avec sursis pour violences conjugales, a suscité la stupéfaction des partenaires de LFI. Dimanche, M. Quatennens a annoncé renoncer à sa candidature.
Pouvoir d'achat
Dans le camp d'Emmanuel Macron, après la déroute des européennes qui ont vu le RN arriver largement en tête et "la sidération" de la dissolution, on tente de se remobiliser sous la houlette du Premier ministre Gabriel Attal.
Sur le pouvoir d'achat, première préoccupation des Français, M. Attal a promis samedi plusieurs mesures en cas de victoire comme une baisse des factures d'électricité de 15% "dès l'hiver prochain" ou une hausse du montant de la prime dite "Macron", versée par les entreprises à leurs salariés.
Du côté de LR, après une rocambolesque semaine consécutive au choix solitaire de son président Eric Ciotti de s'allier avec le RN, le parti tente tant bien que mal de maintenir une ligne indépendante de l'exécutif comme de l'extrême droite.
Mais dans plusieurs départements - comme celui du Premier ministre, les Hauts-de-Seine (banlieue parisienne)- des "pactes de non agression" entre la majorité et la droite semblent de facto se mettre en place, et des députés LR sortants seront assurés de pouvoir candidater sans macroniste contre eux.
A l'extrême droite, la clôture des candidatures permettra de juger des ralliements entraînés par Eric Ciotti.
Si le patron du RN Jordan Bardella, qui à 28 ans vise le poste de Premier ministre, a annoncé qu'il y aurait "un candidat commun" "dans 70 circonscriptions", M. Ciotti ne semble avoir réussi à n'emmener aucune figure nationale avec lui.
Reste à savoir si cette clarification dans l'offre électorale aura un impact chez les électeurs.
Selon un sondage Elabe pour la chaîne BFMTV et le quotidien La Tribune dimanche, un Français sur trois souhaite une victoire du RN, un sur quatre de l'alliance de gauche et un sur cinq de Renaissance.