Mélenchon, théorie de la conflictualité ou dérapages permanents?

Le fondateur du parti de gauche la France Insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, s'exprime lors du dernier rassemblement électoral du principal candidat de LFI aux élections au Parlement européen à Toulouse, dans le sud de la France, le 1er juin 2024, avant les prochaines élections au Parlement européen. (Photo par Ed JONES / AFP)
Le fondateur du parti de gauche la France Insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, s'exprime lors du dernier rassemblement électoral du principal candidat de LFI aux élections au Parlement européen à Toulouse, dans le sud de la France, le 1er juin 2024, avant les prochaines élections au Parlement européen. (Photo par Ed JONES / AFP)
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Publié le Mercredi 05 juin 2024

Mélenchon, théorie de la conflictualité ou dérapages permanents?

  • Le fondateur de La France insoumise a estimé, en ciblant «la propagande de l'officialité», que «l'antisémitisme reste résiduel en France»
  • L'homme fort de la gauche radicale, très présent dans la dernière ligne droite des élections européennes avec trois meetings en une semaine, a aussi semblé remettre en cause leur sincérité

PARIS: Avec ses dernières sorties ambiguës, alimentant des accusations d'antisémitisme ou de conspirationnisme, Jean-Luc Mélenchon continue de vanter la méthode de la conflictualité chère aux Insoumis mais jette le trouble dans la dernière ligne droite de la campagne des européennes.

Dans une note de blog dimanche, le fondateur de La France insoumise a estimé, en ciblant "la propagande de l'officialité", que "l'antisémitisme reste résiduel en France", alors que les chiffres montrent une forte augmentation des actes antisémites dans le pays.

"Faites un test de sensibilité comparée: essayez de comparer le martyre de Gaza et celui du ghetto de Varsovie, fût-ce de loin, et vous verrez vite la différence de capacité d'indignation", a également estimé le triple candidat à la présidentielle.

Une sortie qui a fait grincer des dents, même à gauche parmi les anciens alliés des Insoumis au sein de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes).

"L'antisémitisme n'est pas résiduel. Il explose", a répondu sur X la députée écologiste Sandrine Rousseau.

"Il ne faut pas oublier le sentiment d'insécurité que certaines personnes peuvent vivre", précise-t-elle auprès de l'AFP.

"Je ne sais pas quelle cause on défend quand on minimise un phénomène aussi grave que l'antisémitisme", a estimé pour sa part sur TF1 Boris Vallaud, le chef des députés socialistes, qui fut comme Sandrine Rousseau un des plus grands défenseurs de l'alliance avec LFI au sein de la Nupes.

"Mélenchon ignore l'explosion des actes antisémites depuis le 7 octobre", a également reproché l'organisation juive de gauche Golem.

Dimanche, lors d'un meeting à Garges-lès-Gonesse, en banlieue parisienne, l'homme fort de la gauche radicale, très présent dans la dernière ligne droite des élections européennes avec trois meetings en une semaine, a aussi semblé remettre en cause leur sincérité.

«C'est du Jean-Luc»

"Marre des électeurs radiés dans les quartiers populaires! Marre des professions de foi non distribuées! Marre des bulletins de vote non livrés! Il va leur en cuire!", a-t-il lancé, en annonçant la création prochaine par les députés insoumis d'une commission d'enquête sur la manière dont "se déroulent les élections en France".

"Un dérapage incompréhensible", a regretté le patron des socialistes Olivier Faure, qui a par ailleurs reproché à M. Mélenchon de "jouer avec la ligne jaune" sur la question de l'antisémitisme.

"Ce qui est dramatique, c'est de laisser penser effectivement que ce serait une manipulation dirigée contre le seul parti de La France insoumise", a-t-il également regretté.

"Tout le monde n'a pas encore reçu les bulletins et les professions de foi. Il y a des difficultés, notamment dans un certain nombre de territoires d'outre-mer", a précisé mercredi la tête de liste LFI, Manon Aubry.

Mais en interne, la stratégie de la provocation ne fait pas l'unanimité.

"C'est du classique, c'est du Jean-Luc", soupire, un brin gêné, un député insoumis.

"Il dit les choses de manière provocante pour attirer l'attention. Il joue avec vous, la presse. Il pousse les journalistes à réagir", ajoute cet élu, qui rappelle que malgré les polémiques "la notoriété de LFI et de Mélenchon est intacte dans les quartiers populaires", ciblés par les Insoumis pour les élections.

C'est dans cette optique de toucher les milieux les plus éloignés de la politique que le patriarche insoumis a théorisé le fait de parler "cru et dru".

Et il en a encore fait la démonstration dans les derniers meetings.

"La polémique ouvre l'esprit, souvent. S'il n'y a pas de conflictualité, les choses vont de soi", a-t-il argumenté à Garges-lès-Gonesse.

"Apaisé, c'est le droit pour le maître de regarder de haut. Apaisé, c'est +je parle et tu fermes ta gueule+", a-t-il également avancé en réponse à Raphaël Glucksmann, tête de liste PS-Place publique, qui venait de rappeler son attachement "à un débat public apaisé".

Cette stratégie sera-t-elle positive dans les urnes, alors que le score des européennes - présentées par leur leader comme "le premier tour de la présidentielle" de 2027 - s'annonce bien inférieur aux 22% de 2022 ?

Les sondages placent actuellement Manon Aubry autour de 8%, loin derrière les socialistes.

"Jean-Luc a une force que personne d'autre n'a dans notre camp mais je vois aussi qu'il a des limites" note, prudemment, un membre de la direction insoumise.


Pluies en Ardèche: « Du jamais vu de mémoire d'homme », selon la ministre de la Transition écologique

Selon la ministre, le sud de la France fait face à "trois épisodes météorologiques différents: un épisode cévenol dans l'Ardèche, un épisode méditerranéen dans les Alpes-Maritimes et une dépression qui est en train de remonter des Pyrénées-Atlantiques vers le nord et qui pourrait atteindre l'Île-de-France dans la soirée". (AFP)
Selon la ministre, le sud de la France fait face à "trois épisodes météorologiques différents: un épisode cévenol dans l'Ardèche, un épisode méditerranéen dans les Alpes-Maritimes et une dépression qui est en train de remonter des Pyrénées-Atlantiques vers le nord et qui pourrait atteindre l'Île-de-France dans la soirée". (AFP)
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  • L'Ardèche, tout comme le Rhône, la Haute-Loire, la Loire, la Lozère et les Alpes-Maritimes, ont été placés en vigilance rouge aux inondations ou aux crues par Météo-France
  • Le sud de la France fait face à "trois épisodes météorologiques différents: un épisode cévenol dans l'Ardèche, un épisode méditerranéen dans les Alpes-Maritimes et une dépression qui est en train de remonter des Pyrénées-Atlantiques vers le nord

PARIS: La ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher a qualifié jeudi l'épisode des pluies torrentielles qui frappent certaines zones de l'Ardèche d' "absolument massif" et a évoqué une "situation inédite".

"Nous faisons face à une situation qui est inédite par son ampleur. 600 millimètres d'eau sur l'Ardèche, c'est du jamais vu de mémoire d'homme", a indiqué la ministre lors d'un point presse. "600 millimètres, c'est plus de 60 centimètres d'eau qui sont tombés en 48 heures. C'est absolument massif."

L'Ardèche, tout comme le Rhône, la Haute-Loire, la Loire, la Lozère et les Alpes-Maritimes, ont été placés en vigilance rouge aux inondations ou aux crues par Météo-France.

Selon la ministre, le sud de la France fait face à "trois épisodes météorologiques différents: un épisode cévenol dans l'Ardèche, un épisode méditerranéen dans les Alpes-Maritimes et une dépression qui est en train de remonter des Pyrénées-Atlantiques vers le nord et qui pourrait atteindre l'Île-de-France dans la soirée".

"Du fait de cette dépression", Météo-France va mettre à 16H00 "neuf départements supplémentaires et Paris petite couronne en vigilance orange", a-t-elle ajouté.

La ministre a ensuite évoqué le cas de la ville ardéchoise d'Annonay, traversée par deux rivières, où les eaux sont montées brusquement jeudi quand le barrage de Ternay, au nord, a débordé.

"Je rappelle qu'Annonay avait fait l'objet d'un plan de prévention des risques renforcé suite à l'inondation de 2014", a indiqué Mme Pannier-Runacher. Mais "tous les calculs, toutes les installations qui visaient à prévenir une inondation ont été dépassées par l'impact des précipitations".

Elle a appelé à "la prudence et au respect des consignes des services de secours". "On observe des cinétiques qui peuvent changer très vite et des cours d'eau qui avaient l'air d'être tranquilles, qui brusquement changent et se gonflent d'eau avec des risques pour vous", a expliqué la ministre.

"J'invite aussi, et c'est un message de la préfecture de l'Ardèche, à attendre que les services de secours vous invitent à le faire pour aller chercher vos enfants dans les écoles", a-t-elle ajouté, affirmant qu'ils étaient "en sécurité".

Agnès Pannier-Runacher a promis par ailleurs de "suivre la situation heure par heure" et que des "décisions rapides pour les déclarations et les reconnaissances catastrophes naturelles" seront prises.


Ballet Macron, Barnier, Le Pen inédit jeudi à Bruxelles

Si chacun est resté dans rôle, la présence de Marine Le Pen, qui a promis de garder le gouvernement Barnier "sous surveillance", notamment sur l'immigration, grâce à son pouvoir de censure, n'est pas passée inaperçue. (AFP)
Si chacun est resté dans rôle, la présence de Marine Le Pen, qui a promis de garder le gouvernement Barnier "sous surveillance", notamment sur l'immigration, grâce à son pouvoir de censure, n'est pas passée inaperçue. (AFP)
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  • Le patron des eurodéputés RN et président des "Patriotes", Jordan Bardella, a de son côté dénoncé le "double discours de Michel Barnier et de son ministre de l'Intérieur (Bruno) Retailleau"
  • Ils multiplient "les annonces très dures sur l'immigration en France sans doute pour faire plaisir" au RN, "à quelques jours du vote du budget et de l'autre se ruent à Bruxelles pour mettre en œuvre le pacte pour les migrations"

BEUXELLES: Le président et le Premier ministre en même temps à Bruxelles, Marine Le Pen pas loin derrière:  un trio français inédit a fait son apparition jeudi dans la capitale de l'UE en marge d'un sommet européen.

Michel Barnier s'est présenté le premier à la réunion du groupe de dirigeants et eurodéputés de sa couleur politique, le Parti populaire européen (PPE, droite), emboîtant le pas à la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen. Le PPE est de nouveau présent en force à la Commission depuis les européennes de juin.

Le chef du gouvernement français, nommé le 5 septembre après le séisme de la dissolution de l'Assemblée, n'a fait aucune déclaration, alors que beaucoup s'interrogent sur le partage des rôles avec Emmanuel Macron concernant les questions européennes dans une situation de semi-cohabitation.

Au même moment, Marine Le Pen, figure emblématique du Rassemblement national, débarquait à la première rencontre au sommet des Patriotes pour l'Europe, le nouveau groupe de droite radicale du Premier ministre hongrois Viktor Orban.

Emmanuel Macron a clos le ballet politique français en passant à la réunion de sa formation, Renew (centre), avant de rejoindre le sommet des Vingt-Sept, où il continuera à représenter seul la France.

A priori, rien que la routine un jour de Conseil européen avec les réunions de groupe en "pré-sommets". Sauf que d'ordinaire seul le président fait le déplacement. Et que la chef de file des députés RN à l'Assemblée n'a pas vocation à venir à chaque occasion à Bruxelles.

Le Premier ministre non plus, sauf cohabitation pure où il détient alors la majorité au Parlement et assiste au côté du chef de l'Etat au sommet européen.

Michel Barnier a donc inauguré une nouvelle formule, non pas au sommet mais à la réunion de groupe, avec sa casquette LR (Républicains).

Si chacun est resté dans rôle, la présence de Marine Le Pen, qui a promis de garder le gouvernement Barnier "sous surveillance", notamment sur l'immigration, grâce à son pouvoir de censure, n'est pas passée inaperçue.

Sur ce sujet, qui sera des gros morceaux du sommet, "il semblerait que face à la réalité" les dirigeants de l'UE "sortent peu à peu du déni", a-t-elle lancé, en défendant la même ligne que Viktor Orban.

Le patron des eurodéputés RN et président des "Patriotes", Jordan Bardella, a de son côté dénoncé le "double discours de Michel Barnier et de son ministre de l'Intérieur (Bruno) Retailleau".

Ils multiplient "les annonces très dures sur l'immigration en France sans doute pour faire plaisir" au RN, "à quelques jours du vote du budget et de l'autre se ruent à Bruxelles pour mettre en œuvre le pacte pour les migrations qui va accélérer les flux migratoires en Europe", a-t-il asséné.

Les Patriotes constituent désormais la troisième force au Parlement européen derrière la droite pro-européenne (PPE) et les sociaux-démocrates, et devant Renew.


Propos sur la création d'Israël: le sermon de Larcher à Macron, mis sous pression

Le président français Emmanuel Macron prononce un discours lors d'un dîner d'État dans le cadre de la visite d'État du couple royal belge en France, au palais de l'Élysée à Paris, le 14 octobre 2024. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron prononce un discours lors d'un dîner d'État dans le cadre de la visite d'État du couple royal belge en France, au palais de l'Élysée à Paris, le 14 octobre 2024. (AFP)
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  • Le président de la République doit répondre jeudi au sermon sans ménagement du président du Sénat Gérard Larcher
  • En déplacement à Bruxelles pour le Sommet de l'Union européenne jeudi, Emmanuel Macron voit la pression monter autour de ses prises de position récentes sur le conflit au Moyen-Orient

PARIS: Emmanuel Macron "a-t-il pris conscience de ce qu'il s'est passé pendant la Shoah ?" Le président de la République doit répondre jeudi au sermon sans ménagement du président du Sénat Gérard Larcher, indigné par les propos attribués au chef de l'État sur la naissance d'Israël.

"Mettre en doute l'existence d'Israël touche pour moi à des questions fondamentales". Sur Europe 1 et CNews, le troisième personnage de l'État s'est emporté, ciblant frontalement le président de la République en l'accusant d'une "méconnaissance de l'histoire de la naissance d'Israël".

En cause, des déclarations du chef de l'État rapportées par des participants au Conseil des ministres mardi: "M. Netanyahu ne doit pas oublier que son pays a été créé par une décision de l'ONU", avait lancé Emmanuel Macron selon ces sources, alors qu'était abordée la guerre à Gaza et au Liban. Il avait aussi exhorté le Premier ministre israélien de manière indirecte à ne pas "s'affranchir des décisions de l'ONU".

En déplacement à Bruxelles pour le Sommet de l'Union européenne jeudi, Emmanuel Macron voit la pression monter autour de ses prises de position récentes sur le conflit au Moyen-Orient.

Car ces déclarations sont un nouveau pas franchi dans les tensions diplomatiques croissantes entre la France et Israël et entre M. Macron et Netanyahu. Ces derniers multiplient les invectives, avec un élément déclencheur: l'appel du dirigeant français à cesser de fournir à Israël des armes servant à pilonner Gaza.

"J'ai été stupéfait que ces propos puissent être tenus", s'est indigné Gérard Larcher en référence aux déclarations de mardi sur la création d'Israël. Selon le président du Sénat, la naissance d'Israël "n'est pas venue comme un acte notarié uniquement constaté par l'ONU".

- Vives réactions -

"Est ce qu'Emmanuel Macron s'est souvenu de la déclaration Balfour ? Est ce qu'il a pris conscience de ce qu'il s'est passé pendant la Shoah et après la Shoah ?", s'est-il emporté, affirmant qu'il y avait "comme un doute" sur le fait que le chef de l'Etat puisse remettre en question la légitimité de l'existence d'Israël.

"Je ne le soupçonne de rien, je dis que le droit à l'existence d'Israël n'est pas discutable ni négociable", a-t-il encore ajouté.

Ce vif sermon rejoint d'autres réactions indignées, observées au sein même du camp macroniste à l'Assemblée nationale, le groupe des députés Ensemble pour la République. L'ancien président du groupe Sylvain Maillard avait en effet confirmé mercredi des "discussions un peu houleuses" en interne sur la boucle de messagerie des députés EPR.

Caroline Yadan, la députée de la 8e circonscription des Français établis hors de France, incluant Israël, avait ainsi fustigé sur X une phrase "indigne".

"Le lien du peuple juif à la terre d'Israël n'a pas eu besoin de l'ONU pour exister, le sionisme est un rêve plusieurs fois millénaire et réduire Israël à une seule décision de l'ONU c'est nier l'histoire du peuple juif et son lien légitime et historique à cette terre", avait-elle affirmé.

Jeudi, la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon a néanmoins tenté de contextualiser les propos attribués à Emmanuel Macron, qui s'inscrivaient selon elle "dans un cadre global".

"Il a rappelé la nécessité qu'ont les uns et les autres de respecter les règles internationales. Israël doit les respecter", a-t-elle affirmé sur Sud Radio.

"Je ne laisserais pas dire que le président n'a pas été au côté d'Israël et du peuple israélien depuis un an et depuis ces attentats terroristes du 7 octobre, c'est faux", a-t-elle ajouté.