PARIS: Le président français Emmanuel Macron a appelé mardi le mouvement islamiste palestinien Hamas, "dont la responsabilité est écrasante", à accepter l'accord de cessez-le-feu mis sur la table par son homologue américain Joe Biden, selon l'Elysée.
"Les otages, dont nos deux compatriotes, doivent enfin être rendus à leurs familles. Le calvaire des Palestiniens à Gaza doit prendre fin", a-t-il dit au cours d'une conversation téléphonique avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
Le président américain a présenté la feuille de route qu'il a dévoilée vendredi comme une initiative israélienne.
M. Netanyahu a insisté auprès de M. Macron sur le fait que celle-ci "permet à Israël d'atteindre tous les buts de guerre qu'il s'est fixés, y compris l'élimination du Hamas", qui, a-t-il dit, est un "objectif fondamental d'Israël dans cette guerre", "en même temps que la libération des otages", selon un communiqué du bureau du Premier ministre israélien.
"L'Autorité palestinienne, réformée et renforcée" doit "assurer la gouvernance de Gaza" et ce territoire "faire partie intégrante d'un futur Etat palestinien", a de son côté estimé le président français, selon l'Elysée.
Le Hamas accuse Israël de chercher à négocier « indéfiniment »
Un responsable du Hamas palestinien à Beyrouth a accusé mardi Israël de vouloir des négociations "sans fin", et réaffirmé que le mouvement palestinien n'accepterait aucun accord ne garantissant pas de cessez-le-feu permanent, après bientôt huit mois de guerre meurtrière dans la bande de Gaza.
Le Qatar est engagé depuis des mois, aux côtés des Etats-Unis et de l'Egypte, dans une médiation visant à parvenir à un accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas associé à une libération des otages, enlevés lors de l'attaque inédite du mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien qui a déclenché la guerre le 7 octobre.
Mais les négociations ont été interrompues début mai quand Israël a lancé des opérations terrestres dans la ville de Rafah, dans l'extrême sud du territoire palestinien assiégé et dévasté, malgré les objections de la communauté internationale qui s'inquiète pour les civils.
Lors d'une conférence de presse à Beyrouth, le responsable du Hamas Oussama Hamdane a déclaré que la réponse d'Israël aux médiateurs concernant une proposition de cessez-le-feu acceptée par le mouvement palestinien le 6 mai "évoquait l'ouverture de négociations sur tout et sans fin".
Le Qatar a dit mardi attendre une "position claire" d'Israël sur le plan de cessez-le-feu annoncé par le président américain Joe Biden vendredi dernier.
Le Hamas a en outre fait savoir aux médiateurs qu'il "ne peut accepter un accord qui ne garantisse pas... un cessez-le-feu permanent et le retrait (israélien) complet de la bande de Gaza, ainsi que la conclusion d'un accord (...) sur l'échange de prisonniers", a déclaré M. Hamdane.
Selon lui, le fait qu'Israël n'ait toujours pas accepté un tel accord "confirme" qu'il compte "récupérer les prisonniers (otages) puis reprendre son agression et sa guerre contre notre peuple".
"Nous appelons les médiateurs à obtenir une position claire de l'occupant israélien, sur son engagement clair (...) en faveur d'un cessez-le-feu permanent et d'un retrait total", a-t-il ajouté.
Dans une interview au magazine Time publiée mardi, M. Biden a taclé le Premier ministre israélien, affirmant qu'il y avait "tout lieu" de conclure que Benjamin Netanyahu faisait traîner la guerre à Gaza pour sa propre survie politique.
M. Macron a aussi fait état de son "attachement" à la sécurité d'Israël et redit que la "France était déterminée à contribuer à un cadre de paix et de sécurité pour tous".
Le 24 mai, il s'est entretenu de ces enjeux avec le Premier ministre du Qatar Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani et les ministres saoudien, égyptien et jordanien des Affaires étrangères à l'Elysée.
Emmanuel Macron a par ailleurs appelé à "la plus grande retenue" à la frontière entre Israël et le Liban où les échanges de tirs se sont multipliés ces derniers jours, de même que les attaques ciblées menées par Israël sur le territoire libanais.
Paris reste "pleinement engagée pour prévenir tout risque d'escalade" et "promouvoir une solution diplomatique" à cette frontière.
Par ailleurs, la France "fera pression", avec ses partenaires internationaux, sur l'Iran pour qu'il "respecte ses obligations internationales" en matière de nucléaire, a assuré Emmanuel Macron au Premier ministre israélien.
"Le président a fait état de sa vive inquiétude quant à la trajectoire du programme nucléaire iranien", a notamment relevé la présidence française.
Paris, ensemble avec Londres et Berlin, a déposé lundi une proposition de résolution auprès de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) condamnant l'Iran pour son manque de coopération avec cette organisation et exigeant que Téhéran rende des comptes.