Quarante-six ans, ce 02 juin, depuis ton départ en 1978 ; tu n’aimais pas les chiffres mais tu les retenais, tu savais combien le temps qui passe comptais. Toi qui, finalement, n’a jamais calculé tout à tes mots simples et directs, qui ne laissaient que peu de place aux calculs des hérauts, car tu savais déjà, que les zéros tournaient en rond. Nous aimons la même ville, j’ose dire notre, comme nous aurions aimé la même femme.
Nous la comprenons à demi-mot et nous l’habitons à plein mot, toi qui te reposes, comme tu l’as voulu écrire sur ta tombe et nous qui attendons de rejoindre la nôtre. Tu as finalement écrit l’essentiel, la Patrie, la grande, immense Algérie et l’intime, intense Constantine, la fraternité humaine, toujours de mise, la guerre cruelle et l’engagement qui nous a incombé, les langues qui nous ont faits et puis, surtout, une certaine manière d’être algérien que nous voudrions tant préserver pour mettre le malheur, à chaque fois, en danger. Constantine. Trois syllabes qui ressemblent à un roucoulement de colombe. Le nid de celle-ci est peut-être vide, et les passants indifférents ne peuvent comprendre le langage du temps qui passe, comme un accent perdu et des mots déflorés.
Sur les réseaux sociaux, on se targue que tu aies réglé son compte à cette française de langue, pourtant à bien y lire, aucun solde ne s’en dégage. Aujourd’hui, Malek Haddad «ne se présente pas, il se présente et l’on salue». On dit son œuvre, pourtant d’envergure, peu connue. On ne saura de ses sujets que ce qui n’était pas utile car précieux.
NDLR: Mosaïque est une revue de presse qui offre au lecteur un aperçu sélectif et rapide des sujets phares abordés par des quotidiens et médias de renommée dans le monde arabe. Arab news en français se contente d’une publication très sommaire, renvoyant le lecteur directement vers le lien de l’article original. L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.