A Mayotte, le défi de l'insertion pour sortir de la misère

Un jeune garçon marche dans une rue lors d'une patrouille citoyenne organisée par des habitants pour assurer la sécurité dans le quartier Kaweni de Mamoudzou, sur l'île française de Mayotte, dans l'océan Indien, le 18 février 2024. (AFP)
Un jeune garçon marche dans une rue lors d'une patrouille citoyenne organisée par des habitants pour assurer la sécurité dans le quartier Kaweni de Mamoudzou, sur l'île française de Mayotte, dans l'océan Indien, le 18 février 2024. (AFP)
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Publié le Jeudi 23 mai 2024

A Mayotte, le défi de l'insertion pour sortir de la misère

  • La moitié des habitants de Mayotte a moins de 18 ans, selon l'Insee, et quatre jeunes sur 10 âgés de 15 à 29 ans ne sont ni en emploi ni en formation
  • Ces associations permettent à ces jeunes de reprendre confiance et d'apaiser les tensions entre des villages parfois ennemis

MAMOUDZOU: Dans la petite cour séparant les bâtiments de l'association mahoraise Kaja Kaona, oeuvrant pour l'insertion dans ce territoire particulièrement pauvre, deux jeunes hommes assemblent des tuyaux. "C'est le futur décor de la pièce de théâtre", indique Fataoui, animateur de l'atelier, avant de récupérer du matériel.

Un peu plus loin, quatre jeunes filles sont installées sur des bancs, devant une table basse couverte d'ustensiles de cuisine. Avec une baguette en bois, Anstuya crée des motifs sur les flancs de la planche à découper qu'elle vient de confectionner.

"Je viens ici presque tous les jours", confie la jeune fille de 20 ans qui habite à quelques pas, à Tsoundzou 1, dans le sud de Mamoudzou.

"Ca fait un an que je suis sortie de l'école. J'ai fait un CAP Petite Enfance mais je n'ai pas de papier, je ne peux pas travailler", poursuit la jeune femme, qui vient "pour s'occuper" mais surtout "pour apprendre et découvrir de nouvelles choses".

Kaja Kaona accueille 350 bénéficiaires de 16 à 30 ans, parmi lesquels autant de personnes sans papier que de Mahorais.

"Pour la plupart, c'est trop compliqué de passer de la fin des études au premier emploi. On est là pour les accompagner, valoriser leur savoir-faire et leur donner confiance en eux", confie Aurore Neel, une des co-fondatrices de l'association.

En parallèle, Kaja Kaona met aussi en place des chantiers d'insertion, dans le BTP ou l'agriculture notamment. Les fruits et légumes cultivés servent à alimenter un atelier cuisine qui nourrit chaque jour les bénéficiaires de l'association.

"L'idée est de permettre aux jeunes de monter en compétences. Ils sont généralement extrêmement éloignés de l'emploi. L'enjeu est donc de leur permettre de mettre un pied dans la vie active", reprend Aurore Neel.

Djamardine Mohamed faisait partie de ces jeunes sans perspective jusqu'à ce qu'il co-fonde Kaja Kaona, en 2017.

"En 2015, j'avais fini l'école, je n'avais pas de papier et je tournais en rond", confie-t-il: "Avec des amis, on a décidé de créer cette association. Petit à petit, je suis devenu animateur pour transmettre ce que j'avais appris et depuis novembre 2023, je suis salarié".

Trop de demande

Mais si ces initiatives portent leurs fruits, leur nombre est trop faible au regard des besoins.

"Il pourrait y avoir cinq ou dix Mlezi Maore, ça ne serait pas suffisant", selon Anne Scheuber, directrice générale adjointe de Mlezi Maore, la principale association caritative de Mayotte, qui accueille "2 000 bénéficiaires par an" via des chantiers d'insertion. Avec notamment un garage solidaire, au centre de l'île, où des jeunes apprennent la mécanique.

Car la moitié des habitants de Mayotte a moins de 18 ans, selon l'Insee, et quatre jeunes sur 10 âgés de 15 à 29 ans ne sont ni en emploi ni en formation. Entre 20 et 29 ans, cette proportion monte même à six sur dix, souligne l'Institut statistique.

Au-delà de l'insertion, ces associations permettent à ces jeunes de reprendre confiance et d'apaiser les tensions entre des villages parfois ennemis.

Nayma, qui lutte contre la prolifération des déchets, emploie ainsi 150 jeunes de Majicavo et Koungou, deux villages du nord de l'île réputés "ennemis", explique Abdou Soilihi Ridhoi, un responsable de l'association.

Pour Mohamed Saïd, 20 ans, impossible d'habitude de mettre un pied à Koungou. "Avec Nayma, il n'y a pas de problème. Et ça permet de créer du lien entre nous, même si on n'habite pas au même endroit", confie le jeune homme originaire de Majicavo, sac poubelle à la main sur une plage de Koungou.

A force de voir des jeunes désœuvrés sur le chemin du travail, Antoy Abdallah a lui aussi créé son association, qui apprend à ceux qui le souhaitent à cultiver des fruits et des légumes pour "offrir des compétences monétisables à ces jeunes sans perspectives".

Son association s'appelle Nari Vouké: "Ca veut dire réussir" en langue shimaoré, précise Antoy Abdallah: "Et c'est ce qu'ils veulent".


Ineligibilité: Le Pen empêchée, les idées d’extrême droite persistent

La décision, prononcée en l’absence de Marine Le Pen, qui avait choisi de quitter la salle d’audience, la condamne également à cinq ans de prison, dont trois avec sursis, et à une inéligibilité provisoire.  Outre Le Pen, huit eurodéputés du RN ont été reconnus coupables de détournement de fonds publics dans cette affaire liée à des soupçons d’emplois fictifs concernant les assistants parlementaires des députés européens du parti. (AFP)
La décision, prononcée en l’absence de Marine Le Pen, qui avait choisi de quitter la salle d’audience, la condamne également à cinq ans de prison, dont trois avec sursis, et à une inéligibilité provisoire. Outre Le Pen, huit eurodéputés du RN ont été reconnus coupables de détournement de fonds publics dans cette affaire liée à des soupçons d’emplois fictifs concernant les assistants parlementaires des députés européens du parti. (AFP)
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  • Par ce verdict, le tribunal porte un coup d’arrêt à la carrière politique de Le Pen, rendant impossible sa candidature à l’élection présidentielle de 2027
  • L’affaire a débuté en 2014, lorsque des accusations ont été lancées contre le RN, accusé d’avoir rémunéré, sur fonds européens, des assistants travaillant en réalité pour le parti

PARIS:  Inéligible pour une durée de cinq ans : une décision qui tombe ce lundi 31 mars, comme un couperet, pour la cheffe de file du Rassemblement National (RN), parti d’extrême droite, Marine Le Pen.

Par ce verdict, le tribunal porte un coup d’arrêt à la carrière politique de Le Pen, rendant impossible sa candidature à l’élection présidentielle de 2027.

La décision, prononcée en l’absence de Marine Le Pen, qui avait choisi de quitter la salle d’audience, la condamne également à cinq ans de prison, dont trois avec sursis, et à une inéligibilité provisoire.

Outre Le Pen, huit eurodéputés du RN ont été reconnus coupables de détournement de fonds publics dans cette affaire liée à des soupçons d’emplois fictifs concernant les assistants parlementaires des députés européens du parti.

L’affaire a débuté en 2014, lorsque des accusations ont été lancées contre le RN, accusé d’avoir rémunéré, sur fonds européens, des assistants travaillant en réalité pour le parti.

L’enquête a révélé par la suite qu’un système bien rodé d’emplois fictifs avait causé un préjudice estimé à 4,6 millions d’euros sur une période de dix ans.

Le jugement met fin à un suspense qui durait depuis novembre dernier, lorsque les procureurs avaient requis l’inéligibilité de Le Pen dans le cadre de cette affaire.

L’impact de ce verdict est pris très au sérieux par le chef du gouvernement français, François Bayrou, qui a ordonné à ses ministres de ne pas commenter la décision de justice.

Marine Le Pen a immédiatement annoncé son intention de faire appel de la décision, mais l’exécution provisoire de son inéligibilité s’applique immédiatement, même en cas de recours.

Cette décision pourrait provoquer de vives réactions, tant au sein de la classe politique que de l’opinion publique française.

L’impact de ce verdict est pris très au sérieux par le chef du gouvernement français, François Bayrou, qui a ordonné à ses ministres de ne pas commenter la décision de justice.

Cependant, cette consigne n’empêchera probablement pas les divisions de se manifester.

Nombreux sont ceux qui se réjouissent de ce verdict, qui stoppe net la progression de Le Pen vers l’Élysée, où elle s’est déjà présentée à deux reprises, parvenant à atteindre le second tour et à accroître le nombre de voix en sa faveur.

D’autres, en revanche, y voient un complot politico-judiciaire visant à entraver la progression de Le Pen vers la fonction suprême et à briser un élan populaire de plus en plus marqué.

La dynamique populaire de Le Pen

Il suffit de se rappeler les élections européennes de 2024, où le RN est arrivé en tête des forces politiques françaises, reléguant au second plan le parti « Renaissance », soutien du président Emmanuel Macron.

Les élections législatives anticipées, convoquées à la suite des européennes, n’ont pas inversé la tendance.

Au contraire, elles ont permis à Le Pen de diriger un groupe parlementaire conséquent de 142 députés, soudé et influent lors des discussions et des votes à l’Assemblée nationale, contrairement aux autres blocs.

Plutôt que de s’attaquer aux causes profondes de cette désaffection, les partis traditionnels ont préféré fermer les yeux, s’étonnant ensuite de voir les extrêmes gagner du terrain.

Ces résultats illustrent la dynamique populaire derrière Marine Le Pen, alimentée par un désamour croissant entre les Français et leur classe politique traditionnelle.

Ce phénomène s’explique également par le sentiment d’abandon face aux inégalités sociales, à l’insécurité et à un fossé toujours plus grand entre le peuple et des dirigeants perçus comme déconnectés des réalités quotidiennes.

Plutôt que de s’attaquer aux causes profondes de cette désaffection, les partis traditionnels ont préféré fermer les yeux, s’étonnant ensuite de voir les extrêmes gagner du terrain.

De nombreux observateurs estiment que ceux qui se réjouissent de la chute de Le Pen se méprennent : la décision de justice freine peut-être son ascension à l’Élysée, mais pas la progression des idées d’extrême droite dans l’opinion publique.

Bien au contraire, ces idées, nourries par la frustration et le sentiment d’injustice ressentis par une partie des Français, se renforceront probablement grâce à la posture de victime que Le Pen ne manquera pas d’exploiter.

D’ailleurs, ce procédé est déjà enclenché.

Commentant le verdict du tribunal sur X, le prėsident du RN, Jordan Bardella a indiqué « aujourd’hui, ce n’est pas seulement Marine Le Pen qui est injustement condamnée : c’est la démocratie française qui est exécutée ».

 


Macron fixe une série d'objectifs pour la conférence de l'ONU sur les océans en juin à Nice

Le président français Emmanuel Macron prononce un discours lors d'un événement international de deux jours « SOS Océan ! », en amont de la troisième Conférence des Nations unies sur les océans (UNOC-3), prévue en juin 2025, à Paris, le 31 mars 2025. (Photo par Michel Euler / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron prononce un discours lors d'un événement international de deux jours « SOS Océan ! », en amont de la troisième Conférence des Nations unies sur les océans (UNOC-3), prévue en juin 2025, à Paris, le 31 mars 2025. (Photo par Michel Euler / POOL / AFP)
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  • Emmanuel Macron a fixé  lundi huit objectifs à la prochaine Conférence des Nations unies pour l'Océan qui se tiendra en juin à Nice.
  • L'accord trouvé à l'ONU en mars 2023 pour « la conservation et l'utilisation durable » de la haute mer a été signé par 110 États, mais n'est à cette heure ratifié que par 21 d'entre eux.

PARIS : Emmanuel Macron a fixé  lundi huit objectifs à la prochaine Conférence des Nations unies pour l'Océan qui se tiendra en juin à Nice, dont l'entrée en vigueur de l'accord sur la gouvernance de la haute mer, l'arrêt de la surpêche mondiale et la défense de la science à l'heure de sa remise en cause aux États-Unis.

L'accord trouvé à l'ONU en mars 2023 pour « la conservation et l'utilisation durable » de la haute mer a été signé par 110 États, mais n'est à cette heure ratifié que par 21 d'entre eux.

« L'objectif pour Nice, c'est d'avoir au moins les 60 ratifications qui lui permettront d’entrer en vigueur. Nous n'y sommes pas encore (...). Il y a encore un très gros travail à faire », a concédé le président français à l'occasion d'un sommet « SOS Océan » qui était organisé à Paris.

« Il faut rendre possible un espace de gestion durable de la haute mer et de ses ressources », avec la création d'aires marines protégées et des études d’impact environnemental, a-t-il insisté.

Emmanuel Macron a aussi appelé à continuer la lutte contre la « pêche illégale, illicite et non déclarée », qui représente encore entre 10 et 20 % de la production selon lui.

Le chef de l'État espère par ailleurs des « résultats tangibles » en matière de décarbonation du transport maritime, avec un objectif de neutralité totale à l'horizon 2050. Cela devra passer par des « investissements massifs » dans la transition vers les carburants durables.

Il a aussi insisté sur la « mobilisation de nouveaux financements » dans l'électrification des ports, la recherche ou l'innovation.

« Nous vivons une période où beaucoup de grandes puissances stoppent leurs financements vers les organismes de recherche publique, contestent la véracité des résultats établis scientifiquement », a-t-il relevé dans une allusion au président américain Donald Trump.

La France plaide ainsi pour un moratoire sur l'exploitation des grands fonds marins faute de connaissances scientifiques suffisantes. « Il ne doit pas y avoir d'action concernant l'océan qui ne soit éclairée par la science », a martelé le président français.


Réunion de crise au siège du RN après la condamnation de Le Pen

Le vice-président du RN et maire de Perpignan, Louis Aliot (C), s'adresse à la presse à son arrivée au siège du parti d'extrême droite français à Paris, le 31 mars 2025.(Photo by Thomas SAMSON / AFP)
Le vice-président du RN et maire de Perpignan, Louis Aliot (C), s'adresse à la presse à son arrivée au siège du parti d'extrême droite français à Paris, le 31 mars 2025.(Photo by Thomas SAMSON / AFP)
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  • Marine Le Pen et l'état-major du Rassemblement national étaient réunis lundi après-midi au siège du parti à Paris.
  • Cette réunion au sommet devait acter la riposte face à une décision judiciaire qui pourrait empêcher une quatrième tentative de conquête du pouvoir et forcer le parti à se trouver un nouveau champion.

PARIS : Marine Le Pen et l'état-major du Rassemblement national étaient réunis lundi après-midi au siège du parti à Paris, dans la foulée de la condamnation de leur cheffe de file à une peine d’inéligibilité immédiate qui hypothèque sa candidature à la présidentielle de 2027.

Partie sans un mot du tribunal de Paris à la mi-journée, juste avant l'énoncé de sa sentence, Marine Le Pen s'est aussitôt engouffrée dans une voiture qui l'a conduite vingt minutes plus tard au siège du parti d'extrême droite, dans le cossu 16ᵉ arrondissement de la capitale.

Plusieurs de ses proches ont suivi dans son sillage, dont l'eurodéputée Catherine Griset -elle aussi condamnée en tant qu'ex-assistante parlementaire de Mme Le Pen à Bruxelles- ainsi que le député du Pas-de-Calais Bruno Bilde.

Une partie de la garde rapprochée de la patronne du RN a accompagné le cortège : son directeur de cabinet Ambroise de Rancourt, son conseiller presse Victor Chabert et le secrétaire général du groupe à l'Assemblée Renaud Labaye.

D'autres les ont rejoints sur place, à commencer par le président du RN Jordan Bardella, puis le maire de Perpignan Louis Aliot (condamné dans la même affaire mais sans exécution immédiate de sa peine), le député Laurent Jacobelli et Marine Le Pen, sœur de la triple candidate malheureuse à l'élection présidentielle.

Cette réunion au sommet devait acter la riposte face à une décision judiciaire qui pourrait empêcher une quatrième tentative de conquête du pouvoir et forcer le parti à se trouver un nouveau champion.

Le premier élément de réponse est venu de l'avocat de Mme Le Pen, Rodolphe Bosselut, qui a affirmé en arrivant à son tour au siège du parti que sa cliente allait « faire appel », devant de nombreux micros et caméras de journalistes.

Elle reste « combative », a assuré quelques minutes plus tôt M. Jacobelli devant les journalistes. « Ceux qui croient que cette exécution politique l’a mise à genoux se trompent lourdement », a également assuré sur LCI l'eurodéputé Matthieu Valet, autre porte-parole du parti.

L'intéressée aura l'occasion d'en faire la démonstration devant un large public lundi soir, lors du 20 heures de TF1.