PARIS: Malgré la crise sanitaire de la Covid-19 et ses répercussions sur les marchés gaziers et pétroliers, la Compagnie nationale des hydrocarbures Sonatrach, entreprise nationale pour la recherche, la production, le transport, la transformation et la commercialisation des hydrocarbures, met le cap sur des projets de production et de commercialisation ambitieux sur les cinq prochaines années.
En effet, en dépit des difficultés rencontrées lors des derniers mois, le bilan financier de la Sonatrach clôture l’exercice 2020 avec un résultat bénéficiaire. «Nous considérons cela comme le fruit des efforts consentis par l’ensemble de nos collectifs et par l’entreprise à travers, notamment, la réduction des dépenses d’exploitation et d’investissement», a indiqué Toufik Hakkar, PDG de l’entreprise dans un message publié par l’Agence Presse Service (APS) à l’occasion de la nouvelle année.
Capacités de production et de commercialisation
Dans les cinq prochaines années, la Sonatrach va engager un programme ambitieux de 40 milliards de dollars (1 dollar = 0,81 euro) qui concerne plusieurs gisements. Selon son président-directeur général, le plan d’investissement, dont 51 % seront en dinars (1 dinar algérien = 0,0062 euro), va permettre la mise en œuvre d’une politique «de promotion du contenu local». Cette vision stratégique reflète aussi «la volonté tangible de la Sonatrach de s’inscrire dans une démarche intégrative des entreprises nationales pour la mise en œuvre de projets afin de garantir des plans de charge à ces dernières et de permettre au pays de faire des économies importantes en devises», précise-t-il.
Plus concrètement, le plan de développement de la Sonatrach sera consacré, entre autres, à la dynamisation la production nationale, notamment avec la mise en production de nouveaux gisements dans les régions Sud-Ouest et Sud-Est. Ces unités de production permettront d’une part de répondre aux besoins croissants du marché local – qui pourraient atteindre 70 millions de tonnes équivalent pétrole (TEP) à partir de 2024 – et, d’autre part, de maintenir un niveau d’exportation supérieur à 90 millions de TEP par an.
«En 2021, la production et les ventes connaîtront une croissance, notamment grâce à la mise en production des gisements périphériques de Gassi Touil et de Hassi Bir Rekaiz ainsi que la montée en cadence de la production au niveau de Tinrhert et l’achèvement du Boosting Hassi R’Mel pour la zone Nord», confirme le dirigeant.
Nouveaux gisements
Toufik Hakkar explique que, grâce à la concrétisation de ce programme d’investissement, le groupe pétrolier algérien pourra «honorer ses engagements tant sur le marché national qu’auprès de ses clients étrangers».
En effet, le plan de développement établi par la direction de la Sonatrach prévoit l’exploitation des 18 nouvelles découvertes de gisements et la mise en service d’importants projets et d’infrastructures gazières comme le gisement gazier de Tinrhert, le Boosting Hassi R’Mel pour les zones Sud et Centre, le Boosting Hamra, le gazoduc GR7 ainsi que l’extension du Gazoduc Pedro Duran Farell (GPDF), un gazoduc international Maghreb Europe qui part du gisement algérien Hassi R’Mel et rejoint Cordoue en Espagne, en traversant le détroit de Gibraltar.
Le gazoduc GR7, qui relie les champs de la wilaya d’Adrar au Centre national de dispatching de gaz de Hassi R’Mel (CNDG), dans les wilayas du sud du pays, a été réalisé par un consortium 100 % algérien. «La construction de l’ouvrage a été entièrement confiée à des entreprises algériennes: Cosider Canalisations et l’Entreprise nationale des canalisations (Enac). Les tubes destinés à la construction de cet ouvrage ont été fabriqués par Alfapipe et le contrôle ainsi que le suivi du processus de fabrication ont été assurés par l’Entreprise nationale des grands travaux pétroliers (ENGTP)», poursuit M. Hakkar.
Long de 344 kilomètres et mis en service le 2 avril 2020, avec une capacité de 4 milliards de m3 standard/an, le gazoduc GR7 permettra d’assurer «les collectes de nouveaux champs gaziers Sud-Ouest (Hassi Mouina Sud et Nord et Hassi Ba Hamou) et de les transporter au CNDG», est-il indiqué dans le communiqué. Selon la même source, en associant le système de canalisation du gazoduc GR5, reliant Reggane à Hassi R’Mel, le système de transport du gaz par canalisation pourrait atteindre environ 13 milliards de mètres cubes par an.
Perspectives prometteuses
Selon la direction de la compagnie des hydrocarbures, l’année 2020 a été fructueuse dans la mise en œuvre d’une stratégie de développement avec des perspectives prometteuses. Car, selon Toufik Hakkar, la Sonatrach suscite l’intérêt des partenaires étrangers, notamment pour la filière des mines avec la signature de plusieurs accords et mémorandums, ainsi qu’avec le renouvellement des accords gaziers avec des partenaires italiens et espagnols.
«Ce sont des signaux positifs qui ouvrent des perspectives prometteuses», se félicite le PDG de la compagnie, qui annonce la signature d’un contrat de réalisation de la nouvelle raffinerie de Hassi Messaoud dont les capacités de production pourront satisfaire les besoins nationaux en carburants. Quant à la filière pétrochimie, le PDG de la compagnie indique aussi la signature d’un contrat pour un programme commun avec Total (Sonatrach 51 % et Total 49 %) de construction d’une usine de déshydrogénation de propane et d’une unité de production de polypropylène d’une capacité de 555 000 tonnes par an. Ce projet, implanté dans la ville d’Arzew, dans l’ouest de l’Algérie, permettra, selon le groupe français Total, «de valoriser le propane, disponible localement en grande quantité, en le transformant en polypropylène, un plastique pour lequel la demande est en très forte croissance».
La Sonatrach, qui compte 154 filiales et participations, dont 15 sont détenues à 100 %, emploie près de 50 000 employés permanents sur le territoire national, et plus de 200 000 personnes à l’échelle du groupe.