PARIS: Le gouvernement a fait appel à plusieurs cabinets de conseil privés pour l'épauler dans sa campagne de vaccination contre la Covid-19, critiquée de toutes parts pour son démarrage au compte-gouttes, ont confirmé mercredi le gouvernement et la Direction générale de la Santé.
Il a « été fait recours au cabinet » McKinsey and Company « pour la campagne vaccinale en appui des conseils stratégiques et logistiques », a ainsi déclaré le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal, après le Conseil des ministres, confirmant une information de Politico puis du Canard Enchaîné.
Car « la dimension logistique -- on en parle beaucoup évidemment depuis le 27 décembre -- est centrale dans la réussite de cette campagne de vaccination », a-t-il ajouté, rappelant que depuis « plusieurs quinquennats » et pour des « dizaines de grands projets », les gouvernements avaient recours à un « appui du secteur privé ».
Dans la soirée, la Direction générale de la Santé (DGS) a précisé que d'autres sociétés de conseil étaient intervenues : « il a été fait appel au cabinet Accenture pour le lancement, l’enrichissement et l'accompagnement de la mise en œuvre du SI (système d'information) vaccination, aux cabinets CITWELL et JLL, auprès de Santé publique France, pour l'accompagnement logistique et la distribution des vaccins COVID et au cabinet McKinsey auprès de la task force pour la définition du cadrage logistique, le benchmarking et la coordination opérationnelle ».
Selon la DGS, ces cabinets « n’interviennent à aucun titre sur les choix de nature politique et sanitaire relevant de la seule responsabilité du gouvernement », comme « le choix des laboratoires et les commandes des vaccins, la priorisation des segments de population recevant le vaccin, le calendrier de mise en œuvre, les modalités de vaccination au plan national ».
Selon le Canard Enchaîné et Politico, le gouvernement a fait appel au cabinet McKinsey en décembre. Les premières vaccinations ont eu lieu en France le 27 décembre, comme dans la plupart des autres pays européens, mais le gouvernement a été étrillé par l'opposition en raison de sa lenteur ensuite.
Le recours à une société privée a suscité des critiques dans la classe politique.
« Cela signe une disqualification des agents de l'Etat qui en sont chargés (de la stratégie vaccinale, ndlr). Cela montre que jusqu'ici rien n'était prévu et c'est alarmant », a estimé sur Twitter le premier secrétaire du PS, Olivier Faure.
« Le scandale d'Etat se poursuit sur la vaccination et les révélations du Canard Enchaîné complètent le diagnostic gravissime d'un pouvoir à la dérive dans la gestion de la pandémie ! », a jugé, également sur Twitter, l'eurodéputé EELV Yannick Jadot.
Mais à droite, plusieurs responsables des Républicains ont néanmoins nuancé les critiques. « Ce ne serait pas le premier gouvernement à faire appel à un cabinet », a rappelé sur France 2 le président LR du Sénat, Gérard Larcher.
Le chef de la région Normandie, Hervé Morin (LR) a dit sur LCI n'être « pas choqué » de « faire appel à une agence de conseil » mais plutôt de l'incapacité de l'exécutif de « mettre en place une campagne de vaccination ».