PARIS : Le gouvernement s'est «planté» dans le lancement de la vaccination contre la Covid-19 et le retard pris par la France pourrait pénaliser la reprise économique, a jugé mercredi le président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux, se disant ouvert à la vaccination en entreprise.
«Heureusement hier (mardi) ça a accéléré (...) le gouvernement a l'air de changer de cap, mais il s'est quand même planté au départ», a dit M. Roux de Bézieux sur franceinfo.
«On a été, comme souvent, trop bureaucratique», a-t-il estimé, citant notamment le guide «de 45 pages» donné aux Ehpad, le processus de recueil du consentement des personnes, ajoutant que si le gouvernement avait depuis changer de stratégie, «ça montrait bien qu'au départ on avait pris trop de précautions».
Il a aussi pointé du doigt le retard «terrible» pris dans la vaccination par rapport à d'autres pays, comme l'Allemagne, qui a déjà vacciné plusieurs centaines de milliers de personnes contre quelques milliers en France.
«Si nos voisins vaccinent plus vite, ça veut dire qu'ils repartiront plus vite et on a déjà eu un confinement plus strict (...), donc on risque aussi d'avoir ce phénomène de perte de parts de marché» pour l'économie française, a-t-il souligné.
Selon lui, les entreprises pourront jouer un rôle dans la campagne de vaccination lorsque les moins de 60 ans pourront se faire vacciner.
Les entreprises «peuvent aider leurs salariés quand ils ont besoin de se faire vacciner», par exemple en les libérant plus tôt pour cela, «et elles peuvent aussi vacciner en entreprise» comme elles le font pour la grippe, a-t-il proposé.
Mais cette vaccination en entreprise ne pourra se faire que «quand le vaccin d'AstraZeneca sera validé par l'agence de santé européenne» car ses contraintes de conservation sont moins drastiques que le vaccin actuel de Pzifer-BioNTech ou celui, autorisé mercredi par l'Union européenne, de Moderna, a jugé le président du Medef.
Il a toutefois rappelé qu'en entreprise, la vaccination resterait «volontaire et anonyme» et ne pourrait pas être exigée par l'employeur.
En revanche, il s'est dit «favorable» à la création d'un passeport sanitaire pour «des usages précis qui permettent de relancer des activités», par exemple pour la participation à des salons professionnels ou pour les voyages à l'étranger.
La Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) a aussi demandé mercredi dans un communiqué que les entreprises qui le peuvent puissent vacciner leurs salariés.
«La médecine du travail pourrait utilement être mise à contribution pour cela», selon la CPME, également critique vis-à-vis de la stratégie vaccinale du gouvernement.
La veille, la ministre du Travail Elisabeth Borne avait ouvert la voie à cette possibilité, affirmant sur Franceinfo que «toutes les entreprises qui participent tous les ans à la stratégie de vaccination contre la grippe, pourraient le moment venu jouer un rôle dans la vaccination» contre la Covid-19.