Alors que la première semaine de 2021 n’est pas encore terminée, le déroulement des récents événements laisse à penser (et j’espère que c’est le cas) que l’année sera bonne.
La rapidité impressionnante dans la distribution des vaccins contre le coronavirus, tous fabricants confondus, met en évidence ce que l’humanité est capable d’accomplir lorsque nous décidons de collaborer pour le plus grand bien de tous. La Covid-19 ne sera pas la dernière maladie meurtrière à prendre le monde d’assaut, à tuer les vulnérables, à détruire nos entreprises et à nous séparer de nos proches – mais on peut désormais dire que, dans cette bataille mondiale qui a commencé à Wuhan il y a un peu plus d’un an, nous sommes sur le point de déclarer victoire. Alors que le mérite en revient bien sûr avant tout aux travailleurs de première ligne, aux chercheurs médicaux et aux développeurs du vaccin, il faut également souligner la présidence du G20 par l’Arabie saoudite. Cette dernière a aidé à coordonner et à mobiliser les efforts des 20 plus grandes économies du monde pour trouver un moyen de sortir de la crise.
Les capacités uniques de leadership du Royaume ont également été largement mises en relief à AlUla, où une réconciliation historique a eu lieu, mettant fin à une rupture de quarante-deux mois avec un voisin du Golfe, le Qatar. Assurément, les critiques qui, jusqu’à mardi, demandaient la fin du boycott vont commencer à remettre en question le bien-fondé de la décision qui y a mis fin – comme si le recours à la diplomatie était une mauvaise chose.
La vérité est que vous pouvez toujours accomplir plus avec une paume ouverte qu’avec un poing fermé, et, si nous faisions fi des commentaires de ces soi-disant «experts du Moyen-Orient» aux États-Unis et en Europe, qui ont instrumentalisé la crise à leur propre avantage en écrivant des livres et en prenant la parole lors de conférences, nous nous rendrions compte qu’un front unifié dans le Golfe est d’une importance primordiale du point de vue sécuritaire et dans les affaires.
Oui, le différend était bel et bien réel, et les pays qui boycottaient Doha avaient de véritables griefs, dont beaucoup ont d’ailleurs été discrètement résolus par le Qatar au cours des trois dernières années. Ces actions ont été communiquées par le grand nombre d’intermédiaires et d’envoyés qui aidaient à combler le fossé avec le Royaume.
La vérité est que vous pouvez toujours accomplir plus avec une paume ouverte qu’avec un poing fermé.
Vivrons-nous désormais heureux jusqu’à la fin des temps avec les Qataris? Bien sûr que non. Il suffit de regarder du côté de l’Union européenne. Qui aurait pensé que, après plus de quatre décennies, nous assisterions à quelque chose comme le Brexit? Il y aura toujours des dissensions entre voisins, et peut-être l’une des rares bonnes choses qui ressort de la récente rupture est qu’elle a fait remonter ces problèmes à la surface. Tous n’ont pas été abordés, mais au moins il n’y a plus d’agendas ou d’émotions cachés, ce qui, espérons-le, signifie que dès lors la seule possibilité sera d’aller de l’avant.
Le leadership saoudien a également fait ses preuves avec ce que le vice-Premier ministre russe a appelé un «cadeau de nouvel an pour le marché». Ainsi, après la réunion de cette semaine de l’alliance des producteurs de l’Opep+, le Royaume est en train de réduire volontairement, et pour une période de deux mois, sa production de pétrole à hauteur d’un million de barils par jour. Le prix est désormais stable à un peu plus de 50 dollars le baril [1 dollar = 0,81 euro], pour la première fois depuis février dernier, et la stabilité du marché de l’énergie est cruciale pour une économie mondiale qui cherche désespérément à se redresser après une année paralysante due au coronavirus.
Cependant, toute cette positivité ne doit pas nous distraire des dangers qui subsistent. Comme le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à AlUla l’a souligné, il existe toujours «des menaces posées par le programme de missiles nucléaires et balistiques du régime iranien et ses plans de sabotage et de destruction». Comme pour illustrer son propos, les forces du Corps des gardiens de la révolution islamique ont saisi un pétrolier sud-coréen dans le détroit d’Ormuz et l’ont forcé à entrer dans le port iranien de Bandar Abbas – un exemple pour les Sud-Coréens du genre de comportement malveillant de l’Iran dans la région et qui dure depuis si longtemps.
On pourrait espérer que, avec l’entrée en fonction d’une nouvelle administration américaine dans deux semaines, les Iraniens saisiront cette occasion pour mieux se comporter, pour renoncer à leur engagement de déstabiliser la région, pour se joindre au reste d’entre nous et reconnaître dans la signature des accords d’Abraham entre Israël et un certain nombre d’États arabes une véritable opportunité de paix et de prospérité.
Bonne année à tous.
Faisal J. Abbas est le rédacteur en chef d'Arab News.
Twitter : @FaisalJAbbas
NDLR : L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com