En Syrie, les enfants de l'EI croupissent dans des camps

Un enfant regarde vers la caméra dans le camp d'al-Hol, dans le gouvernorat d'Al-Hasakah, dans le nord-est de la Syrie, le 11 octobre 2023 (Photo, AFP).
Un enfant regarde vers la caméra dans le camp d'al-Hol, dans le gouvernorat d'Al-Hasakah, dans le nord-est de la Syrie, le 11 octobre 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 20 mars 2024

En Syrie, les enfants de l'EI croupissent dans des camps

  • Derrière les hautes clôtures du camp, des enfants, l'air las et frustré, jettent des pierres aux visiteurs
  • Les femmes et les enfants de l'annexe doivent obtenir une autorisation pour se rendre dans les centres de santé situés à l'extérieur du camp

AL-HOL: A 12 ans, Ali a vécu des expériences qu'aucun enfant ne devrait connaître et a déjà passé la moitié de sa vie dans un camp réservé aux familles de jihadistes, une prison à ciel ouvert dans le désert syrien.

Le gamin ne rêve même pas de liberté. Un ballon de football serait la lune pour lui. "Vous en avez un pour moi?"

Cinq ans après la chute du "califat" du groupe Etat islamique (EI), des dizaines de milliers de femmes et d'enfants proches de jihadistes sont détenus par les forces kurdes syriennes alliées des Etats-Unis dans des camps où règne la violence.

Plus de 40.000 personnes, pour moitié des enfants, vivent dans celui d'al-Hol, dans le nord de la Syrie, entouré de barbelés et de tours de guet, apparemment sans plan de rapatriement en vue.

Peu d'enfants vont à l'école et la plupart n'ont jamais vu de télévision ou mangé de glace. Ils vivent les uns sur les autres dans des tentes aux accès sanitaires limités.

Selon un expert de l'ONU, dès l'âge de 11 ans, les garçons sont retirés à leur mère par les gardes du camp, en violation du droit international.

Les autorités kurdes affirment que cette démarche vise à empêcher leur radicalisation.

Elles admettent que les jihadistes contrôlent certaines parties du camp par la terreur, les châtiments, voire le meurtre.

Même le petit Ali en est conscient: "Ils entrent dans les tentes la nuit et tuent les gens", dit-il.

"Ce n'est pas une vie pour les enfants (...) ils paient le prix de quelque chose qu'ils n'ont pas fait", commente pour l'AFP un humanitaire.

Lorsque la coalition internationale antijihadistes et ses alliés des Forces démocratiques syriennes (FDS) dirigées par les Kurdes ont pris Baghouz, le dernier bastion de l'EI en Syrie en mars 2019, les familles de jihadistes présumés ont été transportées vers al-Hol.

Cinq ans plus tard, des dizaines de pays refusent toujours de rapatrier leurs ressortissants. Des milliers de jihadistes du monde entier avaient afflué en Syrie, proclamée nouvelle terre de jihad après le début du conflit en 2011, et avaient combattu dans les rangs de l'EI.

Pour le chef des FDS Mazloum Abdi - dont les soldats gardent le camp financé par l'Occident - al-Hol est une "bombe à retardement".

«L'annexe» pour les étrangers 

Lors d'un rare accès à ce camp, l'AFP a pu interroger des veuves de combattants de l'EI, des humanitaires, des membres des forces de sécurité et des employés de l'administration.

Dans "l'annexe" sous haute sécurité, qui constitue un camp dans le camp, se trouvent les femmes "étrangères", avec leurs enfants, venues de 45 pays dont la France, les Pays-Bas, la Suède, la Turquie, la Tunisie et la Russie ou encore du Caucase et d'Asie centrale.

Plus radicales, ces femmes étrangères sont tenues à l'écart des Syriens et des Irakiens, les "locaux". Certaines ont demandé à rester anonymes par crainte de représailles.

Pour compliquer les choses, quelque 3.000 hommes sont détenus avec les femmes et les enfants dans les secteurs syrien et irakien du camp. Certains sont de simples réfugiés, d'autres sont suspectés par les Kurdes d'être d'anciens combattants de l'EI.

Même les gardes ne s'y aventurent pas la nuit, sauf lors de descentes.

Dans cet immense camp poussiéreux - construit à l'origine pour les réfugiés fuyant les guerres en Irak et en Syrie -, il est presque impossible de marcher entre les tentes délabrées tant les résidents sont entassés.

L'intimité y est inexistante, les cuisines et les toilettes communes sont sordides et insuffisantes, affirment les humanitaires qui fournissent des services de base en plus de l'aide alimentaire grâce à laquelle les détenus survivent.

Derrière les hautes clôtures du camp, des enfants, l'air las et frustré, jettent des pierres aux visiteurs. Face à la caméra, un petit blond mime, le doigt sur la gorge, un geste de décapitation.

La plupart essaient de gagner un peu de sous en transportant de l'eau, en nettoyant ou en réparant les tentes de ceux qui reçoivent de l'argent envoyé par leurs familles.

D'autres travaillent au marché du camp ou échangent leur aide alimentaire.

"Vivre et grandir à al-Hol est asphyxiant pour les enfants", commente Kathryn Achilles de l'ONG Save the Children. Ils "ont enduré de graves privations, des bombardements et ils sont maintenant dans le camp depuis près de cinq ans".

«On nous laissera ici»

"Comment nos enfants peuvent-ils rêver s'ils n'ont jamais vu le monde extérieur?" demande à l'AFP une mère de cinq enfants détenue dans l'annexe.

Les deux tiers des 6.612 détenus de ce quartier de haute sécurité sont des enfants, selon les administrateurs du camp.

Cette femme de 39 ans a donné naissance à son benjamin à al-Hol, après avoir fui en 2019 Baghouz où son mari, un combattant de l'EI, a été tué.

Comme toutes les femmes du camp, elle est intégralement voilée d'un niqab qui laisse entrevoir ses yeux sombres, et porte des gants noirs.

Des femmes d'al-Hol ont déclaré à l'AFP ne pas oser enlever le niqab par crainte des extrémistes.

"C'est une vie amère et le pire, c'est qu'ils disent qu'on va rester ici", déplore cette femme.

Les autorités locales ont commencé à construire de nouvelles sections où chaque tente disposera de ses propres toilettes et de sa cuisine. Ces travaux sont menés "parce que le camp pourrait rester en place à long terme", confirme Jihan Hanane, directrice de l'administration civile du camp.

La responsable admet que la vie est "difficile pour les résidents". "Mais elle l'est également pour nous, compte tenu de la situation sécuritaire et du contexte régional global", dit-elle.

Meurtres et violences sexuelles 

Les organisations humanitaires s'inquiètent surtout de ce qui arrive aux enfants.

En 2022, deux Egyptiennes, âgées de 12 et 15 ans, ont été égorgées dans l'annexe et leurs corps jetés dans une fosse septique.

La même année, Rana, une jeune Syrienne, a été blessée au visage et à l'épaule par des hommes armés qui l'ont accusée d'avoir eu un enfant hors mariage à 18 ans.

"Ils m'ont kidnappée pendant 11 jours et m'ont frappée avec des chaînes", raconte-t-elle à l'AFP.

D'autres enfants sont victimes de violences sexuelles et de harcèlement, déclare à l'AFP une agente de santé. En trois mois en 2021, elle dit avoir traité 11 cas de violences sexuelles sur enfants.

Parfois, des enfants en maltraitent d'autres. "Ils ne savent peut-être pas qu'ils se font du mal", poursuit-elle en soulignant qu'un enfant coupable de violences sexuelles est susceptible d'en avoir été lui-même victime ou témoin.

Dans un rapport de 2022, Save the Children indiquait que les enfants d'al-Hol avaient été témoins de meurtres, "de fusillades, de coups de couteau et d'étranglements".

Un traumatisme qui déclenche troubles du sommeil et comportements agressifs, selon le rapport.

"J'essaie de ne pas laisser mes enfants socialiser pour les protéger, mais c'est presque impossible parce que le camp est bondé", raconte Chatha, une mère irakienne de cinq enfants. "Chaque fois que mes enfants sortent, quand ils reviennent ils ont été roués de coups."

Mais confiner les enfants dans leur tente revient à les enfermer "dans une prison à l'intérieur d'une prison", commente une travailleuse sociale.

«Je n'arrive pas à dormir»

Toutes les mères avec lesquelles l'AFP s'est entretenue à al-Hol - en particulier dans l'annexe sous haute sécurité - sont terrifiées à l'idée que leurs fils leur soient retirés par les gardes et envoyés dans des "centres de réadaptation".

Les forces de sécurité prennent régulièrement des garçons de plus de 11 ans lors de raids nocturnes sur l'annexe ou de descentes sur le marché, une politique qu'un expert de l'ONU a qualifiée de "séparation forcée et arbitraire".

Zeinab, une mère égyptienne, raconte que son fils de 13 ans lui a été enlevé il y a un an. Elle craint maintenant que ce soit le tour de son garçon de 11 ans.

"Je n'arrive pas à dormir la nuit. Quand j'entends des bruits dehors, j'ai peur qu'ils viennent chercher mon fils", dit-elle.

Des mères empêchent leurs garçons de sortir ou vont même jusqu'à les cacher dans des trous ou tranchées qu'elles creusent elles-mêmes.

"Certains garçons ont peut-être 20 ans, mais nous ne savons pas où ils se cachent", admet un membre des forces de sécurité.

Les autorités affirment qu'elles emmènent ces garçons pour les protéger des "violences sexuelles" et d'un environnement "radicalisé".

Le Pentagone a déclaré à l'AFP être au courant du transfert de jeunes "vers des centres de jeunesse et de détention".

"Nous gardons le bien-être des enfants au centre de nos politiques et encourageons les autorités locales à veiller à ce que leurs actions servent au mieux (leurs) intérêts", a-t-il ajouté.

Cellules de l'EI 

Les forces kurdes mettent depuis longtemps en garde contre le danger que constituent les cellules de l'EI dans le camp - avec en 2019 un pic dans le nombre des meurtres, incendies criminels et tentatives d'évasion.

Des fusils, des munitions et des tunnels ont été découverts lors de fouilles régulières du camp.

Une Syrienne, qui a fui le camp en 2019, a raconté qu'un membre de l'EI connu sous le nom d'Abou Mohamed rendait visite aux veuves chaque mois et leur versait entre 300 et 500 dollars.

"Il avait l'habitude de venir en uniforme des forces de sécurité et de promettre que le groupe reviendrait", a-t-elle dit.

Sur le triste marché de l'annexe, des femmes examinent les quelques morceaux de viande disponibles tandis que d'autres transportent des bouteilles d'eau et des tapis dans des chariots à trois roues ou des caddies de fortune, faits de cordes et de cartons.

A la vue des journalistes, certaines lèvent leur index ganté vers le ciel, geste fréquemment utilisé par les jihadistes de l'EI pour rappeler "l'unicité de Dieu".

Si de nombreuses femmes se repentent, d'autres ne cachent pas leur fidélité à l'EI.

Le groupe avait proclamé en juin 2014 un "califat" sur les territoires conquis en Syrie et en Irak et y avait instauré un régime de terreur, imposant une stricte application de la loi islamique et se livrant à de nombreuses exactions, dont des exécutions notamment par décapitation, en public.

L'EI "est toujours là et sa présence est plus forte dans certains secteurs du camp", dit Abou Khodor, un Irakien de 26 ans qui y vit depuis sept ans.

«La mort ne nous fait pas peur»

"Il y a des partisans de l'EI et d'autres qui sont devenus encore pires", affirme une femme du camp. D'autres, en revanche, "ne veulent plus rien avoir à faire avec ça".

Lors d'une manifestation contre les descentes de sécurité dans le camp plus tôt cette année, une femme a été filmée disant aux gardes: "Nous sommes ici maintenant, mais un jour, ce sera votre tour".

"L'Etat islamique ne disparaîtra pas, même si vous nous tuez et nous battez (...) La mort ne nous fait pas peur", a-t-elle ajouté.

Une Egyptienne a ensuite été vue en train d'appeler au calme en disant: "Nous ne voulons pas de problèmes".

La méfiance est telle que certaines femmes refusent d'être traitées par la médecine occidentale, ce qui entraîne des épidémies, comme récemment la rougeole.

Les femmes et les enfants de l'annexe doivent obtenir une autorisation pour se rendre dans les centres de santé situés à l'extérieur du camp.

Cela prend "des jours, des semaines, voire des mois" pour les cas moins critiques, selon Liz Harding, chef de mission de Médecins sans frontières (MSF) dans le nord-est de la Syrie.

"La peur, les restrictions de mouvement, l'insécurité et le manque de services d'urgence la nuit" les privent de soins, ajoute-t-elle.

Certains font entrer clandestinement des médicaments et au moins une femme effectue des interventions dentaires clandestines, ce qui a conduit à des cas de septicémie.

"Elle n'a pas les outils nécessaires, mais il n'y a pas d'autres soins dentaires", se plaint une Russe.

Un fardeau énorme 

La situation pèse lourdement sur les Kurdes syriens qui dirigent le camp.

De nombreux gardes ont perdu leurs camarades tués par des combattants de l'EI dont ils doivent désormais protéger les familles.

"C'est un problème majeur, (...) un fardeau à la fois financier, politique et moral", déclare à l'AFP le chef des FDS Mazloum Abdi.

Les ONG présentes dans le camp estiment que les enfants ne devraient pas avoir à payer le prix des actions de leurs parents.

"Les mères veulent que leurs enfants aillent à l'école, grandissent en bonne santé et espèrent qu'ils ne seront pas victimes de discrimination à cause de tout ce qu'ils ont vécu", affirme Mme Achilles de Save The Children.

Interrogé par l'AFP sur le sort de ces femmes et de ces enfants, le Pentagone a déclaré que "la seule solution durable à long terme pour les résidents (...) est le retour ou le rapatriement des personnes déplacées vers leurs régions ou pays d'origine".

Les autorités kurdes exhortent constamment les pays à rapatrier leurs ressortissants, mais elles ont peu d'espoir.

Selon Jihan Hanane, la directrice de l'administration civile du camp, il y a "des nationalités qui n'intéressent personne".

La Suède vient de déclarer qu'elle ne rapatriera ni enfants ni adultes des camps de prisonniers jihadistes du nord-est de la Syrie.

La France a cessé à l'été 2023 les rapatriements collectifs faute de volontaires et après avoir mené quatre opérations en un an.

L'Irak a commencé à lentement rapatrier ses ressortissants, mais le retour des Syriens dans les zones contrôlées par le gouvernement semble impossible.

"Nous souhaitons que tous puissent rentrer chez eux", dit Mme Hanane.

Cela ne suffit pas à rassurer une mère russe de deux enfants qui déclare à l'AFP se sentir abandonnée. "Il n'y a nulle part où aller. Il n'y a pas de solution."


Forts bombardements sur la ville de Gaza après le soutien de Rubio à Israël

La ville de Gaza a été touchée par des bombardements forts et soutenus dans la nuit de lundi à mardi, ont indiqué plusieurs témoins à l'AFP, au lendemain d'une visite à Jérusalem du secrétaire d'Etat américain qui a réitéré l'appui des Etats-Unis à Israël. (AFP)
La ville de Gaza a été touchée par des bombardements forts et soutenus dans la nuit de lundi à mardi, ont indiqué plusieurs témoins à l'AFP, au lendemain d'une visite à Jérusalem du secrétaire d'Etat américain qui a réitéré l'appui des Etats-Unis à Israël. (AFP)
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  • Marco Rubio a promis lundi au gouvernement de Benjamin Netanyahu le "soutien indéfectible" des Etats-Unis à Israël pour éliminer le mouvement islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza
  • Quelques heures plus tard, de très fortes frappes se sont fait entendre dans la bande de Gaza, assiégée et affamée, selon des témoins

GAZA: La ville de Gaza a été touchée par des bombardements forts et soutenus dans la nuit de lundi à mardi, ont indiqué plusieurs témoins à l'AFP, au lendemain d'une visite à Jérusalem du secrétaire d'Etat américain qui a réitéré l'appui des Etats-Unis à Israël.

Marco Rubio a promis lundi au gouvernement de Benjamin Netanyahu le "soutien indéfectible" des Etats-Unis à Israël pour éliminer le mouvement islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza.

Quelques heures plus tard, de très fortes frappes se sont fait entendre dans la bande de Gaza, assiégée et affamée, selon des témoins.

"Il y a des bombardements massifs et incessants sur la ville de Gaza et le danger ne cesse d'augmenter", a déclaré à l'AFP Ahmed Ghazal, un habitant de cette zone.

Cet homme de 25 ans a décrit une "explosion qui a violemment secoué le sol du quartier" peu après 01H00 locale mardi (22H00 GMT lundi).

"J'ai couru dans la rue, sur le site de la frappe", "trois maisons" d'un bloc résidentiel "ont été complètement rasées". "De nombreuses personnes sont emprisonnées sous les débris et on peut entendre leurs cris."

Le porte-parole de la Défense civile de la bande de Gaza, Mahmoud Bassal, a déclaré à l'AFP que "les bombardements se (poursuivaient) intensément dans toute la ville de Gaza", précisant que "le nombre de morts et de blessés (continuait) d'augmenter".

"Il y a des morts, des blessés et des personnes disparues sous les décombres suite à des frappes aériennes israéliennes visant un bloc résidentiel près de la place Al-Shawa dans la ville de Gaza", a-t-il détaillé, évoquant "un massacre majeur".

La Défense civile avait fait état de 49 Palestiniens tués lundi, dont plus de la moitié à Gaza-ville, où l'armée a intensifié ses attaques avec l'objectif de s'en emparer.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.

Le déplacement de M. Rubio dans la région intervient après une attaque israélienne inédite le 9 septembre au Qatar contre des chefs du Hamas.

Rassurer Doha 

Après Jérusalem, M. Rubio se rend mardi à Doha, où il devrait rencontrer le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, afin de "réaffirmer le soutien total des Etats-Unis à la sécurité et la souveraineté du Qatar après l'attaque israélienne", selon le département d'Etat.

La frappe aérienne au Qatar, pays médiateur entre Israël et le Hamas et qui abrite la plus grande base aérienne américaine de la région, avait provoqué de rares critiques de Donald Trump contre Israël.

Le président américain a assuré lundi à des journalistes dans le Bureau ovale qu'Israël "ne frappera pas au Qatar".

Réunis lundi à Doha après l'attaque israélienne, les dirigeants arabes et musulmans ont appelé à "revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël et à engager des poursuites à son encontre".

Le secrétaire d'Etat américain s'est montré pessimiste quant à la possibilité d'une solution "diplomatique" à Gaza, qualifiant le Hamas d'"animaux barbares".

L'offensive israélienne à Gaza a suivi l'attaque du 7-Octobre qui a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts à Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire. L'ONU y a déclaré la famine, ce qu'Israël dément.

M. Rubio a aussi affiché la solidarité des Etats-Unis avec Israël avant un sommet coprésidé par la France et l'Arabie saoudite le 22 septembre à l'ONU, destiné à promouvoir la reconnaissance d'un Etat de Palestine, au côté d'Israël.

Une initiative largement symbolique dans la mesure où Israël s'oppose fermement à la création d'un tel Etat auquel aspirent les Palestiniens.

En soirée, le secrétaire d'Etat a rencontré à Jérusalem des familles d'otages, selon un responsable du département d'Etat. Sur les 251 personnes enlevées durant l'attaque du 7-Octobre, 47 sont encore retenues à Gaza, dont 25 décédées selon l'armée israélienne.


Attaque au Qatar: les dirigeants arabes et musulmans appellent à «revoir» les liens diplomatiques avec Israël

Les dirigeants arabes et musulmans réunis en sommet à Doha ont appelé lundi à "revoir" les liens avec Israël après l'attaque israélienne ayant ciblé des responsables du Hamas palestinien au Qatar la semaine dernière. (AFP)
Les dirigeants arabes et musulmans réunis en sommet à Doha ont appelé lundi à "revoir" les liens avec Israël après l'attaque israélienne ayant ciblé des responsables du Hamas palestinien au Qatar la semaine dernière. (AFP)
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  • Selon le texte final consulté par l'AFP, les dirigeants arabes et musulmans exhortent "tous les Etats (...) à revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël et à engager des poursuites à son encontre"
  • Les voisins arabes du Qatar, les Emirats arabes unis et Bahreïn, ainsi que l'Egypte, la Jordanie et le Maroc figuraient parmi les pays présents qui reconnaissent Israël

DOHA: Les dirigeants arabes et musulmans réunis en sommet à Doha ont appelé lundi à "revoir" les liens avec Israël après l'attaque israélienne ayant ciblé des responsables du Hamas palestinien au Qatar la semaine dernière.

Ce sommet conjoint exceptionnel de la Ligue arabe et de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) visait à hausser le ton face à cette attaque sans précédent à Doha, capitale du pays médiateur dans les négociations en vue d'un cessez-le-feu à Gaza.

Selon le texte final consulté par l'AFP, les dirigeants arabes et musulmans exhortent "tous les Etats (...) à revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël et à engager des poursuites à son encontre".

Les voisins arabes du Qatar, les Emirats arabes unis et Bahreïn, ainsi que l'Egypte, la Jordanie et le Maroc figuraient parmi les pays présents qui reconnaissent Israël.

Les dirigeants des Emirats arabes unis, de Bahreïn et du Maroc n'ont pas participé aux discussions, envoyant à leur place de hauts représentants.

La déclaration finale appelle également les Etats membres à "coordonner les efforts visant à suspendre l'adhésion d'Israël aux Nations unies".

Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio se trouvait lundi à Jérusalem - un voyage prévu avant les frappes au Qatar - pour montrer son soutien à Israël avant la reconnaissance prochaine par plusieurs pays occidentaux d'un Etat palestinien lors de l'Assemblée générale de l'ONU à la fin du mois. Il est attendu mardi à Doha.

Depuis Jérusalem, M. Rubio a affirmé le "soutien indéfectible" de son pays à Israël pour éliminer le Hamas, près de deux ans après une guerre dévastatrice dans la bande de Gaza.

"Faire échouer les négociations" 

Dans son discours d'ouverture, l'émir du Qatar, le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, a accusé Israël de vouloir "faire échouer les négociations".

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu "rêve que la région arabe devienne une sphère d'influence israélienne. Et c'est une dangereuse illusion", a-t-il poursuivi devant les dirigeants arabes et musulmans réunis à Doha, parmi lesquels les présidents palestinien, turc, iranien et égyptien ainsi que les Premiers ministres irakien et pakistanais, le roi de Jordanie et le prince héritier saoudien.

L'attaque israélienne, qui a tué cinq membres du Hamas et un membre des forces de sécurité qataries, a suscité une vague de condamnations internationales, notamment des riches monarchies du Golfe, alliées de Washington, ainsi qu'une rare réprobation des Etats-Unis, allié numéro un d'Israël mais également un proche allié du Qatar.

"Demain, ce pourrait être le tour de n'importe quelle capitale arabe ou islamique", a averti le président iranien, Massoud Pezeshkian, dont le pays avait attaqué une base américaine au Qatar lors de sa guerre de 12 jours contre Israël en juin.

"Le choix est clair. Nous devons nous unir", a-t-il martelé.

Contenir Israël 

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, dont le pays fut le premier Etat arabe à reconnaître Israël, a prévenu que cette attaque "érige des obstacles devant toute perspective de nouveaux accords de paix et compromet même les accords existants avec des pays de la région".

Israël et son principal allié, Washington, cherchent à étendre les accords d'Abraham, qui ont établi des relations avec les Emirats arabes unis, Bahreïn et le Maroc en 2020, courtisant notamment l'Arabie saoudite, poids lourd pétrolier de la région.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de son côté accusé le gouvernement israélien de vouloir "poursuivre les massacres et le génocide en Palestine tout en déstabilisant la région".

Les six monarchies du Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui se sont rencontrées en marge du sommet à Doha, ont appelé les Etats-Unis à "user de leur influence" pour contenir Israël.

"Nous attendons des Etats-Unis, notre partenaire stratégique, qu'ils usent de leur influence sur Israël afin que ce pays mette fin à de tels agissements", a affirmé lors d'une conférence de presse à Doha Jassem Al-Budaiwi, le secrétaire général du CCG, qui regroupe l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn, le Qatar, le Koweït et Oman.


Le prince héritier saoudien rencontre des dirigeants en marge du sommet de Doha

Cette image diffusée par l'agence de presse officielle saoudienne (SPA) montre le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman participant au sommet 2025 sur l'urgence arabo-islamique à Doha, le 15 septembre 2025. (AFP)
Cette image diffusée par l'agence de presse officielle saoudienne (SPA) montre le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman participant au sommet 2025 sur l'urgence arabo-islamique à Doha, le 15 septembre 2025. (AFP)
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  • Le prince Mohammed a adressé ces remerciement à l’émir du Qatar après le sommet et a exprimé son soutien au pays

RIYAD: Le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, a rencontré lundi plusieurs dirigeants en marge du sommet extraordinaire arabo-islamique afin de discuter de l’attaque israélienne contre le Hamas survenue la semaine dernière à Doha.

L’attaque, qui a fait six morts, a déclenché une vague de critiques, y compris de la part du président américain Donald Trump. Le Hamas affirme que ses hauts responsables ont survécu à la frappe israélienne.

Le prince Mohammed s’est entretenu avec le roi Abdallah II de Jordanie, le Premier ministre irakien Mohammed Chia Al-Soudani, le président de la République arabe syrienne Ahmad Al-Charra, le président iranien Massoud Pezeshkian et le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif.

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Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane rencontre les dirigeants participant au sommet arabo-islamique à Doha, lundi. (SPA)

Le prince héritier a également dirigé la délégation du Royaume lors de la session extraordinaire du Conseil suprême du Conseil de coopération du Golfe (CCG), tenue ce lundi.

À l'issue du sommet, le prince Mohammed a envoyé un message de remerciement à l'émir du Qatar.

« Nous saluons les conclusions de la session extraordinaire du Conseil suprême du Conseil de coopération du Golfe ainsi que celles du sommet arabo-islamique d’urgence », indique le message.

« Ces sommets ont réaffirmé le soutien de l’ensemble des pays participants à la position du Qatar face à l’agression brutale dont il a été la cible, et notre rejet absolu de toute violation des principes et des normes du droit international », indique le communiqué.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com