Des enseignants de Seine-Saint-Denis dans la rue pour réclamer un plan d'urgence

Les enseignants de Seine-Saint-Denis ont défilé en nombre jeudi à Paris (Photo, AFP).
Les enseignants de Seine-Saint-Denis ont défilé en nombre jeudi à Paris (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 08 mars 2024

Des enseignants de Seine-Saint-Denis dans la rue pour réclamer un plan d'urgence

  • Les manifestants réclamaient l'abandon de la réforme des groupes de niveau, synonyme selon eux de «tri des élèves»
  • Dans ce département, un enfant perd en moyenne un an de cours sur toute sa scolarité en raison des absences d'enseignants non remplacés

PARIS: "Du fric pour l'école publique": les enseignants de Seine-Saint-Denis ont défilé en nombre jeudi à Paris pour réclamer un plan d'urgence ambitieux pour l'école dans ce département et l'abandon de la réforme des groupes de niveau, synonyme selon eux de "tri des élèves".

"On veut du fric, du cash, de la moula pour l'école publique", "Stanislas rends l'argent" ont scandé pendant plus de trois heures les manifestants - 4.500 selon les organisateurs - avant de rejoindre vers 15h00 le ministère de l'Education barricadé par un important dispositif policier.

De nombreux élus LFI, PS et PCF du département se sont joints aux enseignants, élèves et de leurs parents, a constaté une journaliste de l'AFP.

"On est un peu usé par le fait que le service public est de plus en plus cassé", témoigne Laure (elle n'a pas donné son nom), professeure de français au lycée Suger à Saint-Denis.

"On nous dit qu'il n'y a pas de moyens mais quand je fais passer les épreuves de bac à l'académie de Paris ou de Versailles, je vois bien que les moyens sont là", assure l'enseignante. "Ce que subissent nos élèves en Seine-Saint-Denis, aucun parent parisien ou versaillais ne l'accepterait", ajoute-t-elle.

Tous les professeurs interrogés lors de la manifestation étaient farouchement opposés à la réforme des groupes de niveau.

"On trie les déchets, pas les élèves", s'emporte un professeur d'histoire-géo à Montreuil qui a requis l'anonymat.

"Toutes les études montrent que cela n'a pas d'effet sur les élèves", assure l'enseignant, qui estime que "c'est la question du tri social qui se profile. Qui pourra aller en seconde générale ?"

La réforme prévoit la création de groupes de niveau à partir de la prochaine rentrée, en 6e et en 5e pour le français et les mathématiques, et à partir de septembre 2025 en 4e et 3e.

Face au tollé provoqué par cette mesure, la ministre de l'Education Nicole Belloubet a annoncé jeudi un assouplissement dans sa mise en place tout en restant floue sur son application.

L'intersyndicale départementale FSU, CGT, SUD, CNT et FO a revendiqué 40% de grévistes jeudi dans le secondaire, le rectorat de Créteil estimant ce pourcentage à 22%.

«Sortir le chèque»

"Ce département (de la Seine-Saint-Denis) que je connais très bien concentre de nombreux atouts et de vraies difficultés, j'y apporte une attention toute particulière et des dispositifs spécifiques y sont déployés", a indiqué Nicole Belloubet dans une déclaration à l'AFP.

Elle a répété être "très attentive au mouvement social". "J’ai proposé aux représentants nationaux des personnels une audience pour qu'ils portent la parole de leurs collègues", a-t-elle affirmé.

Mme Belloubet "a entrouvert une porte en acceptant de nous rencontrer", a indiqué à l'AFP le député PCF de Seine-Saint-Denis Stéphane Peu.

Dans ce département, un enfant perd en moyenne un an de cours sur toute sa scolarité en raison des absences d'enseignants non remplacés, selon la fédération de parents d'élèves FCPE.

Depuis une dizaine de jours, enseignants, élèves et parents mènent des opérations "école déserte".

Les syndicats réclament "358 millions d'euros" pour permettre la création de 5.000 postes d'enseignants et un peu plus de 3.000 emplois de vie scolaire.

Parmi les revendications figurent aussi des seuils à 20 élèves par classe, la réfection des établissements vieillissants et l'abrogation de la réforme du choc des savoirs.

"Mme Belloubet a fait un pas en arrière en voulant assouplir la réforme", se réjouit Louise Paternoster, cosecrétaire de la CGT Educ'Action 93, qui appelle à poursuivre la mobilisation jusqu'à ce que la ministre "sorte le chèque".

Le président du département, Stéphane Troussel (PS), milite pour le transfert de la Seine-Saint-Denis de l'académie de Créteil à celle de Paris, dans un entretien jeudi à Libération. Ce changement permettrait selon lui "une mutualisation des moyens" et "une plus grande attractivité pour les enseignants".

Dans son département, "plus de 60% des établissements sont en REP (réseau d'éducation prioritaire) et pourtant, les moyens alloués par l'Education nationale sont parfois inférieurs à ceux des établissements des quartiers favorisés de Paris", regrette l'élu.


Paris entend résoudre les tensions avec Alger « sans aucune faiblesse »

le chef de la diplomatie française, chef de la diplomatie française (Photo AFP)
le chef de la diplomatie française, chef de la diplomatie française (Photo AFP)
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  • Le chef de la diplomatie française a assuré mardi que Paris entendait résoudre les tensions avec Alger « avec exigence et sans aucune faiblesse ».
  • « L'échange entre le président de la République (Emmanuel Macron, ndlr) et son homologue algérien (Abdelmadjid Tebboune) a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise », a-t-il ajouté.

PARIS : Le chef de la diplomatie française a assuré mardi que Paris entendait résoudre les tensions avec Alger « avec exigence et sans aucune faiblesse ». Il s'exprimait au lendemain d'un entretien entre les présidents français et algérien, qui visait à renouer le dialogue après huit mois de crise diplomatique sans précédent.

« Les tensions entre la France et l'Algérie, dont nous ne sommes pas à l'origine, ne sont dans l'intérêt de personne, ni de la France, ni de l'Algérie. Nous voulons les résoudre avec exigence et sans aucune faiblesse », a déclaré Jle chef de la diplomatie française devant l'Assemblée nationale, soulignant que « le dialogue et la fermeté ne sont en aucun cas contradictoires ».

« L'échange entre le président de la République (Emmanuel Macron, ndlr) et son homologue algérien (Abdelmadjid Tebboune) a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise », a-t-il ajouté.

Les Français « ont droit à des résultats, notamment en matière de coopération migratoire, de coopération en matière de renseignement, de lutte contre le terrorisme et au sujet bien évidemment de la détention sans fondement de notre compatriote Boualem Sansal », a affirmé le ministre en référence à l'écrivain franco-algérien condamné jeudi à cinq ans de prison ferme par un tribunal algérien. 


Algérie: Macron réunit ses ministres-clés au lendemain de la relance du dialogue

Emmanuel Macron, président français (Photo AFP)
Emmanuel Macron, président français (Photo AFP)
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  • Emmanuel Macron  réunit mardi plusieurs ministres en première ligne dans les relations avec l'Algérie, dont Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot, au lendemain de l'appel avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune
  • Le président français a décidé, à la suite de ce coup de fil, de dépêcher le 6 avril à Alger le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot afin de « donner rapidement » un nouvel élan aux relations bilatérales.

PARIS : Emmanuel Macron  réunit mardi à 18H00 plusieurs ministres en première ligne dans les relations avec l'Algérie, dont Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot, au lendemain de l'appel avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune pour relancer le dialogue, a appris l'AFP de sources au sein de l'exécutif.

Le président français a décidé, à la suite de ce coup de fil, de dépêcher le 6 avril à Alger le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot afin de « donner rapidement » un nouvel élan aux relations bilatérales après des mois de crise, selon le communiqué conjoint publié lundi soir.

Le ministre français de la Justice, Gérald Darmanin, effectuera de même une visite prochainement pour relancer la coopération judiciaire.

Le communiqué ne mentionne pas en revanche le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, figure du parti de droite Les Républicains, partisan d'une ligne dure à l'égard de l'Algérie ces derniers mois, notamment pour obtenir une nette augmentation des réadmissions par le pays de ressortissants algériens que la France souhaite expulser.

Bruno Retailleau sera présent à cette réunion à l'Élysée, avec ses deux collègues Barrot et Darmanin, ainsi que la ministre de la Culture, Rachida Dati, et celui de l'Économie, Éric Lombard, ont rapporté des sources au sein de l'exécutif.

 Dans l'entourage du ministre de l'Intérieur, on affirme à l'AFP que si la relance des relations décidée par les deux présidents devait bien aboutir à une reprise des réadmissions, ce serait à mettre au crédit de la « riposte graduée » et du « rapport de force » prônés par Bruno Retailleau. 


Algérie: la relance de la relation décriée par la droite

Cette photo prise le 25 août 2022 montre les drapeaux français et algérien avant l'arrivée du président français à Alger pour une visite officielle  afin d'aider à rétablir les liens avec l'ancienne colonie française, qui célèbre cette année le 60e anniversaire de son indépendance. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Cette photo prise le 25 août 2022 montre les drapeaux français et algérien avant l'arrivée du président français à Alger pour une visite officielle afin d'aider à rétablir les liens avec l'ancienne colonie française, qui célèbre cette année le 60e anniversaire de son indépendance. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • La droite a dénoncé mardi la relance de la relation bilatérale avec l'Algérie en minimisant son impact sur les obligations de quitter le territoire (OQTF).
  • Selon l'élu des Alpes-Maritimes, cette conversation entre les deux chefs d'État signifie « que les ministres n'ont aucun pouvoir, M. Retailleau en premier ».

PARIS : La droite a dénoncé mardi la relance de la relation bilatérale avec l'Algérie en minimisant son impact sur les obligations de quitter le territoire (OQTF), Laurent Wauquiez déplorant « une riposte très provisoire » et Éric Ciotti, allié du RN, dénonçant une relation « insupportable » entre les deux pays.

« La riposte était très graduée et en plus très provisoire », a réagi Laurent Wauquiez sur X au lendemain de la conversation entre les présidents français Emmanuel Macron et algérien Abdelmadjid Tebboune, qui ont acté une relance de la relation bilatérale, après des mois de crise.

Lors de la réunion du groupe des députés LR, l'élu de Haute-Loire, qui brigue la présidence du parti face au ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, s'est dit convaincu que les autorités algériennes n'accepteront pas les OQTF.

« On va se retrouver dans 90 jours avec les OQTF dangereux qui seront dans la nature. Nous ne pouvons pas l'accepter », a déploré le député de Haute-Loire.

De son côté, Éric Ciotti, l'ancien président des LR alliés avec le RN, a directement ciblé le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau sur CNews, lui reprochant de n'avoir montré que « des petits muscles face à Alger ».

Selon l'élu des Alpes-Maritimes, cette conversation entre les deux chefs d'État signifie « que les ministres n'ont aucun pouvoir, M. Retailleau en premier ».

« La relation privilégiée Macron-Algérie depuis 2016 perdure. Et cette relation est insupportable, parce qu'elle traduit un recul de notre pays. »

Les deux présidents, qui se sont entretenus le jour de l'Aïd el-Fitr marquant la fin du ramadan, ont marqué « leur volonté de renouer le dialogue fructueux », selon un communiqué commun.

La reprise des relations reste toutefois subordonnée à la libération de l'écrivain Boualem Sansal et à des enjeux de politique intérieure dans les deux pays.