Ce qu'il faut retenir de l'intervention du chef de la diplomatie chinoise

Le chef de la diplomatie chinoise, Wang Yi, a tenu jeudi la traditionnelle conférence de presse annuelle du ministre des Affaires étrangères devant les médias chinois et étrangers. (AFP).
Le chef de la diplomatie chinoise, Wang Yi, a tenu jeudi la traditionnelle conférence de presse annuelle du ministre des Affaires étrangères devant les médias chinois et étrangers. (AFP).
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Publié le Jeudi 07 mars 2024

Ce qu'il faut retenir de l'intervention du chef de la diplomatie chinoise

  • La Chine appelle régulièrement à un cessez-le-feu à Gaza depuis l'entrée en guerre d'Israël en octobre contre le Hamas dans ce territoire palestinien
  • Le ministre chinois des Affaires étrangères s'est par ailleurs dit jeudi favorable à une "pleine" adhésion d'un Etat palestinien aux Nations unies

PEKIN: Le chef de la diplomatie chinoise, Wang Yi, a tenu jeudi la traditionnelle conférence de presse annuelle du ministre des Affaires étrangères devant les médias chinois et étrangers.

Voici ses réponses et la position de la Chine sur certains des sujets les plus scrutés.

Gaza

La Chine appelle régulièrement à un cessez-le-feu à Gaza depuis l'entrée en guerre d'Israël en octobre contre le Hamas dans ce territoire palestinien.

"Le fait qu'aujourd'hui, au XXIe siècle, cette catastrophe humanitaire ne puisse être arrêtée est une tragédie humaine, plus encore, c'est une honte pour la civilisation", a affirmé Wang Yi.

"La communauté internationale doit agir de toute urgence, en faisant d'un cessez-le-feu immédiat et de la cessation des hostilités une priorité absolue", a insisté le diplomate.

Le ministre chinois des Affaires étrangères s'est par ailleurs dit jeudi favorable à une "pleine" adhésion d'un Etat palestinien aux Nations unies.

Ukraine

La Chine est critiquée par plusieurs pays occidentaux sur le dossier ukrainien car elle n'a jamais condamné publiquement la Russie pour son invasion.

Pékin cherche à se positionner comme médiateur et partie neutre dans la guerre, mais sa relation avec Moscou s'est approfondie depuis le début du conflit.

Wang Yi a défendu une position "juste et objective" et de nouveau appelé à des pourparlers de paix, sans quoi "malentendus et erreurs d'appréciation s'accumuleront" avec le risque d'une "crise plus grave".

Concernant les relations entre la Chine et la Russie, elles "ont créé un nouveau modèle pour les relations entre grandes puissances, qui diffère complètement de l'ancienne époque de la Guerre froide", a jugé l'expérimenté diplomate de 70 ans.

Etats-Unis

Le ministre chinois des Affaires étrangères s'est montré très combatif.

Wang Yi a fustigé les Etats-Unis et leur "volonté de blâmer la Chine sous n'importe quel prétexte", qui "a atteint un niveau inimaginable".

"Les moyens de pression sur la Chine sont sans cesse renouvelés et la liste des sanctions unilatérales constamment allongée", a déploré M. Wang.

Les tensions sino-américaines sont vives sur plusieurs dossiers: Taïwan, commerce, rivalité dans les nouvelles technologies, lutte d'influence en Asie-Pacifique ou encore droits de l'homme.

"Nous nous opposons résolument à toute hégémonie et intimidation", a mis en garde Wang Yi.

Union européenne

Son ton était davantage conciliant à l'égard de l'Union européenne (UE), qui considère la Chine comme un partenaire mais aussi comme un concurrent et un rival systémique.

"Ce triple positionnement n'est ni conforme à la réalité ni viable dans la pratique", a jugé Wang Yi.

"C'est comme si une voiture était à une intersection et que les feux rouge, jaune et vert étaient tous allumés. Dans quelle direction conduire?", s'est-il interrogé.

"Il n'existe pas de conflit d'intérêt fondamental entre la Chine et l'Europe", a souligné Wang Yi, pour qui "les intérêts communs des deux parties l'emportent de loin sur leurs différences".

Les relations entre Pékin et Bruxelles se sont tendues davantage avec l'ouverture en 2023 par l'UE d'une enquête sur les subventions chinoises aux voitures électriques.

Taïwan

Wang Yi a réitéré son opposition à toute indépendance de Taïwan, territoire insulaire soutenu militairement par les Etats-Unis et sur lequel Pékin revendique la souveraineté.

Les dirigeants de l'île qui cherchent à obtenir l'indépendance de Taïwan devront rendre des comptes devant l'histoire, a mis en garde Wang Yi.

Le président chinois Xi Jinping répète inlassablement que la réunification de Taïwan avec la Chine continentale, dont les destins sont séparés depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949, est inévitable.

Mer de Chine méridionale 

"Nous défendrons nos droits légitimes", a mis en garde le chef de la diplomatie chinoise, après une série d'incidents avec les Philippines dans ce vaste espace maritime où plusieurs pays ont des prétentions.

Cette semaine, un nouvel accrochage entre garde-côtes chinois et philippins a conduit à des collisions avec leurs bateaux.


Israël : Netanyahu revient sur son choix pour la direction du Shin Bet

Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
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  • La nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 
  • M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

JERUSALEM : Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mardi être revenu sur son choix pour le nouveau directeur de l'Agence de la sécurité intérieure (Shin Bet) après que son candidat a été critiqué à Washington par un influent sénateur.

« Lundi, M. Netanyahu a de nouveau rencontré le vice-amiral [Eli] Sharvit à propos de sa nomination à la tête du Shin Bet », indique un communiqué du Bureau du Premier ministre.

Il l'a « remercié [...] d'avoir répondu à l'appel du devoir, mais l'a informé qu'après plus ample considération, il avait l'intention d'examiner d'autres candidatures », a indiqué un communiqué du bureau de M. Netanyahu.

Ce revirement soudain survient après que la nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 

« S'il est vrai que l'Amérique n'a pas de meilleur ami qu'Israël, la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet est plus que problématique », a écrit M. Graham sur X.

« Mon conseil à mes amis israéliens est de changer de cap et d'examiner plus minutieusement le passé de leur candidat », a-t-il ajouté, notant que des « déclarations » de l'amiral Sharvit « sur le président Trump et sa politique créeraient des tensions inutiles à un moment critique ».

M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

La décision de démettre M. Bar de ses fonctions, en qui M. Netanyahu dit ne plus avoir confiance, est fortement critiquée en Israël où les manifestations se multiplient contre le gouvernement et contre ce qui est perçu par ses opposants comme une dérive dictatoriale du Premier ministre.


Ukraine : Poutine « reste ouvert à tout contact » avec Trump, après ses critiques selon le Kremlin

Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
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  • « Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
  • Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

MOSCOU : Vladimir Poutine « reste ouvert à tout contact » avec son homologue américain Donald Trump, a affirmé lundi le Kremlin, après les critiques du locataire de la Maison Blanche à l'encontre du président russe malgré leur rapprochement entamé depuis plusieurs semaines.

« Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien, précisant qu'« aucun » nouvel appel entre les deux dirigeants n'était « prévu pour l'instant ».

Donald Trump a dit à la chaîne américaine NBC être « très énervé, furieux » envers son homologue russe, après que ce dernier eut évoqué l'idée d'une « administration transitoire » en Ukraine, sans son président actuel, Volodymyr Zelensky.

Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

Ces dernières semaines, Moscou et Washington ont convenu d'une remise à plat de leurs relations bilatérales, très fortement dégradées par des années de tensions, qui ont culminé depuis 2022 avec le déclenchement de l'assaut russe contre l'Ukraine, soutenue par les États-Unis.

Donald Trump, qui souhaite mettre fin au conflit le plus rapidement possible, a également menacé la Russie de nouvelles taxes sur le pétrole russe si aucun accord n'était trouvé.

Or, la manne financière issue de la vente de son or noir est vitale pour Moscou, qui doit financer son offensive en Ukraine, particulièrement coûteuse.

Le président russe Vladimir Poutine a rejeté plus tôt ce mois-ci la proposition de cessez-le-feu inconditionnel de Donald Trump en Ukraine, que Kiev avait pourtant acceptée sous pression américaine.

Lundi, Dmitri Peskov a martelé que la Russie continuait à travailler « tout d'abord sur l'établissement de relations bilatérales et nous travaillons également sur la mise en œuvre de certaines idées liées au règlement ukrainien ».

« Le travail est en cours. Il n'y a pas encore de détails précis. Il s'agit d'un processus qui prend du temps, probablement en raison de la complexité du sujet », a-t-il poursuivi.


Lutte contre l'immigration clandestine : plus de 40 pays réunis à Londres

Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
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  • Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale.
  • Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

LONDRES : Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale, un dossier prioritaire pour Londres.

Le dirigeant travailliste, qui a pris ses fonctions en juillet dernier, a promis, comme ses prédécesseurs conservateurs, d'endiguer le phénomène des « small boats » (petits bateaux) en luttant contre les réseaux de passeurs.

Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

Keir Starmer donnera le coup d'envoi de ce « premier grand sommet international organisé au Royaume-Uni pour faire face à l'urgence de l'immigration clandestine », qui se tiendra sous la houlette de la ministre de l'Intérieur Yvette Cooper.

Le ministre français Bruno Retailleau et son homologue allemande Nancy Faeser sont attendus, de même que des représentants du reste de l'Europe, d'Asie, du Moyen-Orient, d'Afrique et d'Amérique du Nord, y compris des États-Unis.

Les discussions porteront sur la collaboration entre les États pour démanteler les réseaux de passeurs de migrants, notamment vers le Royaume-Uni et les pays de l'Union européenne.

« Je ne crois tout simplement pas qu'il soit impossible de s'attaquer à la criminalité organisée liée à l'immigration », a déclaré le dirigeant travailliste dans un communiqué diffusé dimanche par le ministère de l'Intérieur.

- « Consensus mondial » -

« Nous devons combiner nos ressources, partager nos renseignements et nos tactiques, et nous attaquer au problème en amont », doit-il ajouter.

Ce sommet s'inscrit dans le prolongement des discussions que Mme Cooper avait eues en décembre avec ses homologues belge, allemand, français et néerlandais.

Les cinq pays avaient alors signé un plan d'action commun destiné à renforcer la coopération pour lutter contre ces réseaux de passeurs de migrants.

Le sommet de cette semaine réunira des représentants de pays de départ de migrants, comme le Vietnam ou l'Irak, ainsi que de pays de transit, comme ceux des Balkans.

Il réunira également le directeur de la Border Force, l'agence responsable des opérations de contrôle de la frontière au Royaume-Uni, ainsi que des représentants d'Interpol, d'Europol et d'Afripol.

Selon le ministère britannique de l'Intérieur, les ministres discuteront de l'équipement, de l'infrastructure et des faux papiers que les bandes criminelles utilisent pour faire entrer des personnes illégalement.

Ils examineront également le fonctionnement des filières et chercheront à « établir un consensus mondial sur la lutte » contre le recrutement de migrants en ligne.

Les Britanniques souhaitent également voir avec la Chine comment elle peut cesser d'exporter des moteurs et d'autres pièces détachées de petits bateaux utilisés pour les traversées de la Manche.

Keir Starmer est sous pression, face à la montée du parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage, qui a obtenu environ quatre millions de voix lors des élections générales de juillet, un résultat sans précédent pour un parti d'extrême droite.

Le Premier ministre a comparé les passeurs d'immigrés clandestins à des « terroristes ». En réponse, son gouvernement a introduit un projet de loi conférant aux forces de l'ordre des pouvoirs comparables à ceux dont elles disposent en matière de lutte antiterroriste, afin de combattre ces réseaux.

En février, le gouvernement a durci les règles d'acquisition de la nationalité pour la rendre pratiquement impossible à une personne arrivée illégalement au Royaume-Uni.

Il a aussi annoncé des règles plus strictes en matière de droit du travail.

« Fermer les yeux sur le travail illégal fait le jeu des passeurs qui tentent de vendre des places sur des bateaux peu solides et surchargés en promettant un travail et une vie au Royaume-Uni », a déclaré dimanche Mme Cooper, citée dans un communiqué de son ministère.

Au total, plus de 157 770 migrants sont arrivés au Royaume-Uni en traversant la Manche à bord de petites embarcations depuis que le gouvernement a commencé à collecter des données en 2018.