ALULA: Les chefs d’État du Conseil de coopération du Golfe (CCG) sont arrivés à AlUla en Arabie saoudite pour prendre part au sommet du CCG à l’occasion duquel Riyad et Doha ont annoncé la réouverture de leurs frontières.
Fermant la marche des dirigeants du Golfe qui se sont succédé à AlUla depuis mardi matin, l'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, est arrivé en Arabie saoudite, une première en trois ans de froid diplomatique et au lendemain de la réouverture des frontières entre les deux pays.
Le dirigeant de l'émirat gazier a été accueilli avec une embrassade par le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, sur le tarmac de l'aéroport d'AlUla, dans le nord-ouest du Royaume, selon les images diffusées par la chaîne de télévision d'État saoudienne Al-Ekhbariya.
Premier à fouler le sol saoudien, le prince héritier Salmane ben Hamad al-Khalifa de Bahrein a été accueilli par le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane.
En juin 2017, l'Arabie saoudite et trois pays alliés – Émirats arabes unis, Bahreïn et Égypte – ont rompu leur liens avec Doha, l'accusant de soutenir des groupes islamistes, de trop s'entendre avec leurs adversaires iraniens et turcs ou encore de semer le trouble dans la région. Les Qataris, qui ont toujours démenti, se disent victimes d'un «blocus» et d'une atteinte à leur souveraineté.
Après trois ans et demi de boycott et de messages hostiles par médias interposés, le Koweït, en médiateur du Golfe, a révélé lundi soir que l'Arabie saoudite, poids lourd de la région et premier producteur mondial de pétrole, avait accepté de rouvrir au Qatar son espace aérien et toutes ses frontières.
Le Conseil de coopération du Golfe (CCG) qui se réunit mardi est né il y a quarante ans avec l'ambition de rapprocher politiquement, économiquement et militairement ses membres – l'Arabie saoudite, Bahreïn, les Émirats arabes unis, le Qatar, Oman et le Koweït.
Le quatuor avait formulé 13 conditions à la reprise des relations avec le Qatar, notamment la fermeture d'Al-Jazeera, chaîne de télévision honnie de nombreux régimes arabes, des engagements sur le fin du financement de groupes extrémistes ou la fermeture d'une base militaire turque au Qatar. Doha ne s'est plié à aucune de ces demandes.
Diplomates, observateurs et certains articles de presse ont laissé entendre que tous ces sujets de discorde ne seraient pas abordés au cours du sommet, ce qui semble éloigner la perspective d'une résolution globale du litige dans l'immédiat.
Le rapprochement paraît commencer par l'Arabie saoudite et le Qatar, mais «les autres les rejoindront, même si c'est plus tard», présage toutefois Bader al-Saif, professeur adjoint d'histoire à l'université du Koweït.
«Tout pas vers la réconciliation est mieux que rien du tout. Le Conseil de coopération du Golfe a besoin d'une réinitialisation majeure et peut offrir beaucoup plus qu'il ne l'a fait», dit-il sur Twitter.
Pour l'instant, la réconciliation s'avère «essentiellement diplomatique», estime Tobias Borck, du centre de réflexion Royal United Services Institute.
Jared Kushner, gendre et conseiller de Donald Trump, a fait la navette dans la région pour trouver un accord et il assistera en personne à la signature mardi de cette «percée», a déclaré lundi un responsable américain.
«L'administration Trump revendiquera cela comme une autre victoire à coup sûr», selon Tobias Borck, qui souligne que les rivaux du Golfe n'ont pas encore normalisé leurs relations.