JERUSALEM: Il est peu réaliste de penser que l'on puisse facilement remplacer l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), tant ses activités sont multiples et importantes, a jugé jeudi son patron en réponse aux appels à la démanteler.
"C'est un peu simpliste de croire que l'Unrwa peut juste transférer techniquement toutes ses activités à d'autres agences de l'ONU ou à des ONG", a déclaré Philippe Lazzarini devant quelques journalistes au quartier général de l'agence à Jérusalem-Est.
"L'Unrwa fournit des services semblables à ceux d'un gouvernement à l'une des communautés les plus démunies de la région, les réfugiés palestiniens", a-t-il rappelé.
Il a particulièrement insisté sur les soins de santé et l'éducation que fournit son agence. "A part un état fonctionnel, personne ne peut fournir de l'enseignement à tous les niveaux, à cette échelle" comme le fait l'Unrwa qui gère des écoles pour près de 300.000 enfants dans la bande de Gaza, a-t-il souligné.
A Gaza, "nous sommes l'organisation la plus implantée" et "nous fournissons une plateforme logistique complète au reste de la communauté humanitaire".
"Si l'Unrwa devait quitter Gaza aujourd'hui, au pic de la crise (...), cela affaiblirait notre capacité collective à répondre à des besoins humanitaires sans précédent", a-t-il déclaré.
L'agence onusienne, créée en 1949, emploie quelque 30.000 personnes dans les territoires occupés palestiniens (dont 13.000 dans la bande de Gaza), au Liban, en Jordanie et en Syrie où elle soutient environ deux millions de personnes.
Elle est critiquée depuis qu'Israël a accusé 12 des employés de l'agence d'implication dans l'attaque meurtrière du groupe islamiste palestinien Hamas le 7 octobre dans le sud israélien.
Même si "jusqu'à maintenant, aucune preuve n'a été partagée par Israël avec l'Unrwa", selon les Nations unies, certains pays ont annoncé suspendre leur aide. Une enquête interne a été lancée, une autre confiée à un groupe indépendant pour évaluer l'agence et sa "neutralité".
Ces mises en cause "nourrissent l'inquiétude au sein de notre personnel" et "génèrent un certain nombre de tensions" à Jérusalem et en Cisjordanie occupée, notamment des incidents entre ses équipes et "des colons ou des manifestants", a regretté M. Lazzarini.
Après avoir récemment affirmé que l'Unrwa avait atteint un "point de rupture", il doit s'exprimer lundi devant l'Assemblée générale de l'ONU.
Les appels à démanteler son agence sont selon M. Lazzarini "un moyen de régler la question du statut des réfugiés sans passer par un processus politique".
La disparition de l'Unrwa "serait perçue par les Palestiniens comme une trahison de la communauté internationale", a-t-il poursuivi.
Après 75 ans d'existence, "notre but reste de transférer tous ses services à un état fonctionnel quand nous aurons enfin trouvé une solution politique".