Les Iraniens aux urnes, victoire attendue des conservateurs

Une femme vote lors des élections législatives dans un bureau de vote à Téhéran, le 1er mars 2024 (AP Photo/Vahid Salemi).
Une femme vote lors des élections législatives dans un bureau de vote à Téhéran, le 1er mars 2024 (AP Photo/Vahid Salemi).
Les électeurs remplissent leur bulletin de vote lors des élections législatives dans un bureau de vote à Téhéran, le 1er mars 2024 (AP Photo/Vahid Salemi).
Les électeurs remplissent leur bulletin de vote lors des élections législatives dans un bureau de vote à Téhéran, le 1er mars 2024 (AP Photo/Vahid Salemi).
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Publié le Samedi 02 mars 2024

Les Iraniens aux urnes, victoire attendue des conservateurs

  • Ce scrutin national est considéré comme un test pour le pouvoir car il est le premier depuis le vaste mouvement de contestation ayant secoué le pays à la suite de la mort en septembre 2022 de la jeune Mahsa Amini
  • Les résultats des législatives, auxquelles participent un nombre record de 15 200 candidats, sont attendus dimanche

TEHERAN: Les Iraniens ont voté vendredi pour des élections législatives dont le principal enjeu est le taux de participation car les conservateurs sont assurés de conserver une large majorité.

Ce scrutin national est considéré comme un test pour le pouvoir car il est le premier depuis le vaste mouvement de contestation ayant secoué le pays à la suite de la mort en septembre 2022 de la jeune Mahsa Amini, peu après son arrestation par la police pour non-respect du strict code vestimentaire du pays.

Outre le Parlement, les 61 millions d'électeurs sur 85 millions d'habitants étaient appelés à renouveler l'Assemblée des experts, chargée de désigner le guide suprême, la plus haute autorité de la République islamique.

Les autorités se sont félicitées de "la bonne" participation dans les 59 000 bureaux de vote, souvent installés dans des écoles et des mosquées.

Le scrutin, qui devait être initialement clos à 18H00 (15H30 GMT), a été fermé à minuit (20H30 GMT) "en raison de la vaste participation de la nation", selon le ministère de l'Intérieur.

La participation a été de "plus de 40%" selon l'agence Fars, se félicitant de "l'échec du plan de boycott des élections fomenté par des ennemis de l'étranger".

Il y a quatre ans, seuls 42,57% des électeurs s'étaient déplacés, soit le taux le plus faible depuis la proclamation de la République islamique en 1979, selon les chiffres officiels.

Les résultats des législatives, auxquelles participent un nombre record de 15 200 candidats, sont attendus dimanche, et la nouvelle assemblée se réunira en mai.

L'un des premiers à voter, le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, a exhorté les Iraniens à participer à ces "élections fortes et ferventes" car "il est important de montrer au monde que la nation est mobilisée".

La télévision d'Etat a ensuite montré des images de bureaux de vote où femmes et hommes faisaient calmement la queue, séparément, pour s'approcher des urnes avant de ressortir, un doigt encré de bleu pour preuve de leur vote. Les forces de sécurité ont été déployées en nombre dans le centre de Téhéran, a constaté un journaliste de l'AFP.

«Mécontents»

Dans un bureau de vote du sud de la capitale, Mme Moradiani, une institutrice de 35 ans, a expliqué à l'AFP avoir voté car "le guide suprême a dit que participer était une obligation pour tout le monde. Comme celle de prier".

Mais pour Hashem, un artiste de 32 ans du Kouzestan (sud-ouest), "beaucoup de gens ne votent pas car ils sont mécontents de la situation politique et économique", avec "des prix qui augmentent tous les jours" en raison d'un taux d'inflation proche de 50%.

"Imaginons que je vote, à quoi cela servirait-il ? Les élus ne respectent pas leurs promesses", a dénoncé Hanna, une étudiante de 21 ans, qui boycotte le scrutin au Kurdistan (ouest).

L'enjeu de la participation est d'autant plus crucial pour le pouvoir qu'il le présente comme une preuve de sa légitimité sur la scène internationale sur fond de fortes tensions géopolitiques.

"Les ennemis de l'Iran veulent voir si le peuple est présent" car, dans le cas contraire, "ils menaceront votre sécurité d'une façon ou d'une autre", a prévenu l'ayatollah Khamenei.

Selon lui, "les Etats-Unis, une majorité de pays européens, les sionistes malveillants, les capitalistes et les grandes entreprises" ont "peur de la puissance du peuple iranien".

Les Etats-Unis ont déclaré jeudi "ne pas s'attendre" à ce que les élections iraniennes soient "libres et équitables".

Les conservateurs en force

Aucun bouleversement des équilibres politiques au sein de la chambre du Parlement (Majlis) n'est attendu, selon des experts.

Le camp majoritaire, composé de groupes conservateurs et ultraconservateurs parfois rivaux, va continuer à la dominer très largement, comme il le fait dans le Parlement sortant dont il contrôle plus de 230 des 290 sièges.

Les formations centristes, réformatrices et modérées ont été marginalisées depuis le scrutin de 2020 et ne peuvent espérer qu'une poignée d'élus après la disqualification d'un nombre important de leurs candidats.

Les conservateurs vont également renforcer leur contrôle de l'Assemblée des experts, un collège de 88 religieux chargé de nommer et éventuellement de démettre le guide suprême.

Un total de 144 candidats sont en lice mais des personnalités notables ont été disqualifiées, au premier rang desquelles l'ancien président modéré, Hassan Rohani (2013-2021).


Liban: quatre morts dans un raid israélien, riposte du Hezbollah et des factions alliées

Cette photo prise depuis le kibboutz de Malkia, au nord d'Israël, le long de la frontière avec le sud du Liban, montre de la fumée s'échappant du village libanais de Mays al-Jabal lors des bombardements israéliens le 5 mai 2024 (Photo, AFP).
Cette photo prise depuis le kibboutz de Malkia, au nord d'Israël, le long de la frontière avec le sud du Liban, montre de la fumée s'échappant du village libanais de Mays al-Jabal lors des bombardements israéliens le 5 mai 2024 (Photo, AFP).
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  • Les blessés ont été transportés vers des hôpitaux de la région
  • En près de sept mois de violences transfrontalières, au moins 389 personnes parmi lesquelles 255 combattants du Hezbollah et plus de 70 civils ont été tuées au Liban

BEYROUTH: «Quatre personnes d'une même famille» ont été tuées dans un «raid de l'armée israélienne» sur le village de Mays al-Jabal, a déclaré l'agence officielle d'information libanaise (ANI), actualisant un précédent bilan faisant état de trois victimes.

Il s'agit d'un homme, d'une femme et de leurs enfants âgés de 12 et 21 ans, d'après l'ANI, qui a précisé que deux autres personnes ont été blessées.

Depuis le début de la guerre à Gaza, le Hezbollah libanais, un allié du Hamas palestinien, échange quasi-quotidiennement avec l'armée israélienne des tirs à la frontière libano-israélienne. Des factions palestiniennes et autres groupes alliés ont aussi revendiqué des attaques depuis le Liban contre Israël.

Blessés transportés 

Selon ANI, des habitants du village inspectaient leurs maisons et magasins endommagés dans de précédents bombardements au moment du raid.

Les blessés ont été transportés vers des hôpitaux de la région.

Samedi soir, le Hezbollah a revendiqué des tirs sur des positions militaires dans le nord d'Israël.

Le Hezbollah a déclaré dans un communiqué avoir tiré « des dizaines de roquettes de types Katioucha et Falaq » sur Kiryat Shmona, dans le nord d'Israël, «en réponse au crime horrible que l'ennemi israélien a commis à Mays al-Jabal », qui, selon lui, a tué et blessé des civils.

En près de sept mois de violences transfrontalières, au moins 389 personnes parmi lesquelles 255 combattants du Hezbollah et plus de 70 civils ont été tuées au Liban, selon un décompte de l'AFP. Au moins 11 combattants du Hamas ont été tués selon ce même décompte.

Côté israélien, 11 soldats et neuf civils ont été tués, selon un bilan officiel.


Le forum de Riyad examine le rôle de la traduction dans la promotion de l'identité saoudienne

L'Université Princesse Noura bent Abdelrahman accueillera le 15 mai une conférence intitulée « Traduire l'identité saoudienne à travers d'autres langues et cultures ». (SPA)
L'Université Princesse Noura bent Abdelrahman accueillera le 15 mai une conférence intitulée « Traduire l'identité saoudienne à travers d'autres langues et cultures ». (SPA)
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  • La conférence vise à contribuer à un objectif clé de la Vision 2030 du Royaume, à savoir la promotion des valeurs islamiques et de l'identité nationale, en encourageant les Saoudiens à traduire ces concepts dans d'autres langues et cultures
  • Le rôle de la traduction dans la promotion d'une image positive du Royaume sera également discuté, ainsi que la promotion de la reconnaissance internationale et la mise en évidence de l'impact culturel du Royaume

RIYAD : Le Collège des langues de l'Université Princesse Noura bent Abdelrahman de Riyad accueillera le 15 mai une conférence intitulée « Traduire l'identité saoudienne à travers d'autres langues et cultures ».

L'événement, dont le slogan est « Nous traduisons notre identité », aura lieu au département des conférences et des séminaires et est parrainé par le ministre saoudien de l'Éducation, Yousef Al-Benyan.

Il se concentrera sur le partage du patrimoine culturel, historique, littéraire et intellectuel du Royaume avec un public mondial, a rapporté l'agence de presse saoudienne.


L'interminable attente des proches de jeunes migrants tunisiens perdus en mer

El Hencha fait actuellement face à un exode de jeunes en quête de mieux comme en Europe. (X : @ClimateActionG1)
El Hencha fait actuellement face à un exode de jeunes en quête de mieux comme en Europe. (X : @ClimateActionG1)
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  • Les occupants du bateau étaient surtout des jeunes de 17 à 30 ans, originaires d'El Hencha, bourgade agricole de 6.000 habitants
  • Inès Lafi n'avait aucune idée des intentions de son frère Mohamed, presque 30 ans

EL HENCHA: La plupart avaient gardé le secret: une quarantaine de migrants tunisiens, très jeunes, ont embarqué clandestinement en janvier en quête du "paradis européen" et depuis plus de quatre mois, leurs proches désespèrent de recevoir des nouvelles des disparus.

Ils sont partis vraisemblablement de Sfax (centre), épicentre en Tunisie de l'émigration irrégulière vers l'Italie, la nuit du 10 au 11 janvier sur une mer démontée, selon les familles.

Les occupants du bateau étaient surtout des jeunes de 17 à 30 ans, originaires d'El Hencha, bourgade agricole de 6.000 habitants à 40 kilomètres au nord de Sfax. Une mère et son bébé de quatre mois étaient aussi du voyage.

Inès Lafi n'avait aucune idée des intentions de son frère Mohamed, presque 30 ans, qui gagnait sa vie en conduisant la camionnette familiale de "louage" (taxi collectif).

"Il est sorti vers 22H00 avec son téléphone, sans rien dire à mes parents, sans vêtements de rechange ni sac, comme s'il allait retrouver ses amis", raconte à l'AFP cette ouvrière de 42 ans, qui souffre d'insomnies depuis.

Yousri, 22 ans, est aussi parti en cachette. "La majorité des jeunes n'ont pas informé leur famille, ils se sont débrouillés pour avoir un peu d'argent", confirme M. Henchi, son oncle instituteur.

Meftah Jalloul, poissonnier de 62 ans, savait lui "depuis un certain temps" que son fils Mohamed, 17 ans, "voulait migrer en Europe" et le lui avait déconseillé "mais c'est devenu une idée fixe".

La nuit fatidique, il a tenté d'empêcher son unique garçon de sortir, l'implorant d'attendre une meilleure météo, mais "il m'a embrassé sur la tête et il est parti", relate M. Jalloul.

«Désespérance»

Le commerçant culpabilise: "chaque jour, il créait des problèmes à la maison, il voulait de l'argent pour migrer. C'est moi qui lui ai donné l'argent, donc je suis responsable".

Les Tunisiens ont représenté la deuxième nationalité des migrants illégaux arrivés en Italie (17.304) en 2023, après les Guinéens, selon des statistiques officielles.

"Cette immigration irrégulière ne s'explique pas seulement par des motifs économiques et sociaux", analyse Romdhane Ben Amor, porte-parole de l'ONG FTDES. Il y a aussi "le facteur politique (le coup de force du président Kais Saied à l'été 2021, NDLR) et le sentiment de désespérance des Tunisiens qui ne croient pas dans l'avenir du pays".

Les disparus d'El Hencha, issus de la classe moyenne, pas particulièrement pauvres, partageaient cette "sensation d'horizon bouché".

Le frère d'Inès avait un travail mais "avec 20 dinars par jour (trois euros environ), une fois payé ses cigarettes, il disait qu'il ne pouvait pas faire de projets, ni construire une maison, ni se marier".

Mohamed l'instituteur pointe du doigt "les jeunes déjà en Italie qui publient sur les réseaux sociaux (...) leur quotidien". Les autres "voient ça et veulent changer leur avenir. Ils imaginent l'Europe comme un paradis", souligne-t-il. C'était, pense-t-il, le cas de Yousri qui travaillait dans un café internet pour 10/15 dinars par jour après avoir quitté le lycée avant le bac.

Meftah Jalloul était lui d'accord pour que son fils, également décrocheur scolaire, émigre, mais légalement et seulement après avoir fait une formation. "Il pouvait apprendre un métier: plombier, menuisier, mécanicien", souligne le père de famille.

Aujourd'hui, M. Jalloul lutte pour garder espoir.

«Temps très mauvais»

"Quatre mois se sont écoulés et je pleure mon fils. Ma famille et moi, nous sommes épuisés", dit-il en fondant en larmes.

Lui et d'autres familles se raccrochent à l'idée que l'embarcation aurait pu dériver vers la Libye voisine. Des contacts ont été pris, des recherches menées, en vain.

Inès Lafi et Mohamed Henchi redoutent le pire. Plus de 1.300 migrants sont morts ou ont disparu dans des naufrages l'an passé près des côtes tunisiennes, selon le FTDES.

"Le temps était très mauvais. Même les pêcheurs qui connaissent la mer sont rentrés, lui est sorti", explique Inès, furieuse contre le passeur, connu de tous pour son activité clandestine, qui n'est pas non plus revenu de cette dernière traversée.

Aux autorités, les familles demandent la poursuite des recherches et davantage d'opportunités à El Hencha.

"Il faut enrichir la zone industrielle avec d'autres unités de production, fournir des emplois aux jeunes", estime M. Henchi.

Il faudrait aussi, dit l'instituteur, "construire un état d'esprit différent" avec des programmes éducatifs pour donner envie de bâtir son avenir en Tunisie. Sinon les jeunes "se contentent d'un tour au café, d'un peu de ping-pong ou volley-ball".