AL-MUKALLA: Tawfiq al-Sharjabi, ministre yéménite de l'Eau et de l'Environnement, a déclaré qu'une course contre la montre était engagée pour sauver un navire en perdition chargé de milliers de tonnes d'engrais dans la mer Rouge, appelant à l'aide internationale pour éviter une catastrophe écologique.
Le 18 février, la milice Houthi du Yémen a lancé des missiles sur le MV Rubymar, un navire battant pavillon bélizien et exploité par le Liban, l'endommageant gravement et provoquant une vaste marée noire en mer Rouge.
Le gouvernement du Yémen a mis en place un comité d'urgence samedi et a lancé un appel frénétique aux pays et aux organismes de conservation marine pour qu'ils aident à sauver le navire et à prévenir une éventuelle catastrophe environnementale en mer Rouge. «La situation est grave et le navire risque de couler», a déclaré Al-Sharjabi à Arab News par téléphone.
Les autorités yéménites ont déclaré que les missiles des Houthis avaient endommagé la salle des machines du navire, provoquant son remplissage par de l'eau salée. Elles sont actuellement en contact avec les propriétaires du navire et les organisations internationales pour envoyer des remorqueurs afin de le remorquer après l'avoir vidé de son eau. Selon le ministre yéménite, le danger provient de la cargaison du navire, qui contient 22 000 tonnes d'engrais à base de phosphate-sulfate d'ammonium (NPS) qui, bien qu'ils ne soient pas affectés par les missiles, pourraient exploser ou s'écouler dans l'océan si le navire coulait ou heurtait la côte. «Des efforts sont actuellement déployés pour faire venir un remorqueur afin de retirer l'eau du navire, de l'équilibrer, de le remettre dans sa position habituelle, puis de le remorquer jusqu'au rivage le plus proche», a indiqué Al-Sharjabi.
Les Houthis ont promis cette semaine d'échanger la récupération du navire britannique contre des fournitures humanitaires à Gaza, ce qui fait craindre qu'ils n'utilisent le navire comme moyen de pression. Bien qu'il ait déclaré ne pas avoir reçu de menaces officielles de la part des Houthis, Al-Sharjabi a exhorté les milices à ne pas entraver les tentatives de sauvetage du navire, ajoutant que les Yéménites de tout le pays, notamment ceux qui vivent dans les régions contrôlées par les Houthis, souffriraient d'une catastrophe écologique. «Il s’agit d’une affaire sans valeur et de simples ballons dans les airs» a-t-il signalé.
Le capitaine Yeslem Moubarak, vice-président de l'Autorité des affaires maritimes et membre de la Commission gouvernementale chargée de l'enquête sur le naufrage, a déclaré mardi à Arab News que le navire se trouvait à 16 milles nautiques de la ville de Mocha, sur la mer Rouge, et à 20 milles nautiques des îles Hanish. Il a ajouté que le navire n'avait aucun lien avec Israël et qu'il appartenait à un homme d'affaires syrien. «Le navire est dans un état instable et va couler», a averti Moubarak.
Depuis novembre, les Houthis se sont emparés d'un navire commercial et ont tiré des centaines de drones et de missiles sur des navires commerciaux et militaires traversant la mer Rouge, appliquant ainsi l'interdiction faite aux navires liés à Israël ou à destination d'Israël de transiter par cette voie maritime essentielle. Les Houthis affirment que leurs activités visent à pousser Israël à lever son blocus de Gaza.
Pour mettre fin aux attaques des Houthis sur les navires, les États-Unis et leurs alliés ont lancé des centaines de frappes aériennes sur Sanaa, Saada et d'autres régions du Yémen contrôlées par les Houthis. Ces frappes ont touché des munitions, des installations de stockage de drones et de missiles, des lanceurs de drones et de missiles, ainsi que d'autres cibles.
Mardi matin, le commandement central américain a déclaré avoir déjoué les assauts des Houthis contre les navires lundi en détruisant trois drones, deux missiles de croisière antinavires et un drone au Yémen, qui avaient tous pour objectif de prendre pour cible des navires commerciaux et militaires dans la mer Rouge.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com