KIEV: L'armée ukrainienne est actuellement dans une situation "extrêmement difficile" face aux forces russes qui sont à l'offensive dans l'est et le sud de l'Ukraine après s'être emparées ce week-end de la ville d'Avdiïvka, a reconnu lundi Kiev.
"La situation est extrêmement difficile en plusieurs points de la ligne de front, où les troupes russes ont concentré un maximum de réserves. Elles mettent à profit le retard dans l'aide" occidentale à l'Ukraine, a déclaré le président Volodymyr Zelensky dans son message quotidien.
Il a ajouté que son pays manquait d'artillerie et avait autant besoin de défense antiaérienne que d'armes de plus longue portée, estimant par ailleurs que le blocus de la frontière avec la Pologne par des camionneurs et des agriculteurs polonais témoignait de "l'érosion de la solidarité" envers son pays.
Sur le terrain des combats, les soldats russes, qui viennent d'obtenir leur premier gain territorial majeur depuis la prise de Bakhmout en mai 2023 en conquérant Avdiïvka, dans la région orientale de Donetsk, sont passés à l'attaque dans l'est et le sud, a expliqué l'armée ukrainienne.
Dans la partie méridionale du front, "l'ennemi a mené 10 tentatives infructueuses contre les positions des forces de défense (ukrainiennes) dans la région (du village) de Robotyné. Ici, la situation est changeante, l'ennemi inflige des tirs nourris", a raconté Dmytro Lykhovy, le porte-parole des militaires ukrainiens dans cette zone.
Multiples attaques russes
Selon lui, les Ukrainiens ont repoussé des assauts lancés "avec un nombre important de véhicules blindés" mais les Russes attaquent désormais avec de "petits groupes" appuyés par des blindés et une aviation qui "opère activement".
"Ces tentatives d'offensive ont été stoppées, l'ennemi a été éliminé à la périphérie de Robotyné", a quant à lui assuré le général Oleksandre Tarnavsky, le commandant des troupes ukrainiennes dans la région.
La chaîne Telegram DeepState, proche de l'armée ukrainienne, avait signalé dimanche soir que les Russes avaient réussi à percer les défenses ukrainiennes à quelques kilomètres à l'est de Robotyné.
Ce village, désormais comme de nombreuses autres localités entièrement rasé par les tirs d'artillerie, avait été repris aux Russes en août, ce qui avait été qualifié d'important succès par l'Ukraine dans la contre-offensive qu'elle avait déclenchée à l'été.
Les attaques russes sur cette partie du front sud ont commencé ce week-end au moment où l'armée russe s'emparait d'Avdiïvka, à quelque 150 km au nord-est de Robotyné, après quatre mois d'assauts répétés.
L'angoisse de la population locale
Dans la région de Donetsk, l'armée russe a "amélioré" ses positions, elle a en particulier "complètement libéré la cokerie d'Avdiivka", le dernier secteur tenu par les Ukrainiens avant leur repli, a officiellement fait savoir lundi Moscou.
Dans la zone d'Avdiïvka, "les Russes se regroupent, ils ont atteint leurs objectifs tactiques" et "ils transféreront probablement des unités (d'Avdiïvka) vers d'autres secteurs", a souligné le porte-parole ukrainien Dmytro Lykhovy.
Le président russe Vladimir Poutine avait parlé de "victoire importante" après la prise d'Avdiivka, à quelques jours du deuxième anniversaire du début de l'invasion russe, le 24 février.
A Selydové, à 30 kilomètres à l'est d'Avdiïvka, cette défaite ukrainienne ravive dans la population d'angoissantes interrogations : faut-il fuir maintenant ou espérer que les forces ukrainiennes, en difficulté, puissent les sauver ?
"J'entends beaucoup de gens dans la ville se demander s'ils vont évacuer ou non", confie Olena, 42 ans, tandis que flotte dans l'air l'odeur âcre du béton calciné, se mêlant aux bruits sourds de l'artillerie au loin.
"Les gens ont peur. Ma fille me demande tous les jours d'évacuer mais je lui dis que le moment n'est pas encore venu".
Volodymyr Zelensky a de son côté rendu visite à une brigade qui défend la région du Koupiansk, sur le front nord-est, où les Russes sont aussi à l'offensive depuis plusieurs mois.
Sur le plan diplomatique, le président français Emmanuel Macron a "bien l'intention de se rendre d'ici la mi-mars" en Ukraine, a insisté lundi son entourage, alors que les réseaux sociaux russes ont relayé la rumeur d'un projet d'attentat pendant ce déplacement.
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a quant à lui annoncé lundi tenter de "faire la lumière sur le sort de 23.000 personnes ayant disparu" pendant conflit entre la Russie et l'Ukraine.