L'armée ukrainienne dans une situation «extrêmement difficile» face aux Russes

Les forces russes sont à l'offensive dans l'est et le sud de l'Ukraine (Photo, AFP).
Les forces russes sont à l'offensive dans l'est et le sud de l'Ukraine (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 20 février 2024

L'armée ukrainienne dans une situation «extrêmement difficile» face aux Russes

  • Les soldats russes viennent d'obtenir leur premier gain territorial majeur depuis la prise de Bakhmout en mai 2023 en conquérant Avdiïvka
  • A Selydové, à 30 kilomètres à l'est d'Avdiïvka, cette défaite ukrainienne ravive dans la population d'angoissantes interrogations

KIEV: L'armée ukrainienne est actuellement dans une situation "extrêmement difficile" face aux forces russes qui sont à l'offensive dans l'est et le sud de l'Ukraine après s'être emparées ce week-end de la ville d'Avdiïvka, a reconnu lundi Kiev.

"La situation est extrêmement difficile en plusieurs points de la ligne de front, où les troupes russes ont concentré un maximum de réserves. Elles mettent à profit le retard dans l'aide" occidentale à l'Ukraine, a déclaré le président Volodymyr Zelensky dans son message quotidien.

Il a ajouté que son pays manquait d'artillerie et avait autant besoin de défense antiaérienne que d'armes de plus longue portée, estimant par ailleurs que le blocus de la frontière avec la Pologne par des camionneurs et des agriculteurs polonais témoignait de "l'érosion de la solidarité" envers son pays.

Sur le terrain des combats, les soldats russes, qui viennent d'obtenir leur premier gain territorial majeur depuis la prise de Bakhmout en mai 2023 en conquérant Avdiïvka, dans la région orientale de Donetsk, sont passés à l'attaque dans l'est et le sud, a expliqué l'armée ukrainienne.

Dans la partie méridionale du front, "l'ennemi a mené 10 tentatives infructueuses contre les positions des forces de défense (ukrainiennes) dans la région (du village) de Robotyné. Ici, la situation est changeante, l'ennemi inflige des tirs nourris", a raconté Dmytro Lykhovy, le porte-parole des militaires ukrainiens dans cette zone.

Multiples attaques russes

Selon lui, les Ukrainiens ont repoussé des assauts lancés "avec un nombre important de véhicules blindés" mais les Russes attaquent désormais avec de "petits groupes" appuyés par des blindés et une aviation qui "opère activement".

"Ces tentatives d'offensive ont été stoppées, l'ennemi a été éliminé à la périphérie de Robotyné", a quant à lui assuré le général Oleksandre Tarnavsky, le commandant des troupes ukrainiennes dans la région.

La chaîne Telegram DeepState, proche de l'armée ukrainienne, avait signalé dimanche soir que les Russes avaient réussi à percer les défenses ukrainiennes à quelques kilomètres à l'est de Robotyné.

Ce village, désormais comme de nombreuses autres localités entièrement rasé par les tirs d'artillerie, avait été repris aux Russes en août, ce qui avait été qualifié d'important succès par l'Ukraine dans la contre-offensive qu'elle avait déclenchée à l'été.

Les attaques russes sur cette partie du front sud ont commencé ce week-end au moment où l'armée russe s'emparait d'Avdiïvka, à quelque 150 km au nord-est de Robotyné, après quatre mois d'assauts répétés.

L'angoisse de la population locale

Dans la région de Donetsk, l'armée russe a "amélioré" ses positions, elle a en particulier "complètement libéré la cokerie d'Avdiivka", le dernier secteur tenu par les Ukrainiens avant leur repli, a officiellement fait savoir lundi Moscou.

Dans la zone d'Avdiïvka, "les Russes se regroupent, ils ont atteint leurs objectifs tactiques" et "ils transféreront probablement des unités (d'Avdiïvka) vers d'autres secteurs", a souligné le porte-parole ukrainien Dmytro Lykhovy.

Le président russe Vladimir Poutine avait parlé de "victoire importante" après la prise d'Avdiivka, à quelques jours du deuxième anniversaire du début de l'invasion russe, le 24 février.

A Selydové, à 30 kilomètres à l'est d'Avdiïvka, cette défaite ukrainienne ravive dans la population d'angoissantes interrogations : faut-il fuir maintenant ou espérer que les forces ukrainiennes, en difficulté, puissent les sauver ?

"J'entends beaucoup de gens dans la ville se demander s'ils vont évacuer ou non", confie Olena, 42 ans, tandis que flotte dans l'air l'odeur âcre du béton calciné, se mêlant aux bruits sourds de l'artillerie au loin.

"Les gens ont peur. Ma fille me demande tous les jours d'évacuer mais je lui dis que le moment n'est pas encore venu".

Volodymyr Zelensky a de son côté rendu visite à une brigade qui défend la région du Koupiansk, sur le front nord-est, où les Russes sont aussi à l'offensive depuis plusieurs mois.

Sur le plan diplomatique, le président français Emmanuel Macron a "bien l'intention de se rendre d'ici la mi-mars" en Ukraine, a insisté lundi son entourage, alors que les réseaux sociaux russes ont relayé la rumeur d'un projet d'attentat pendant ce déplacement.

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a quant à lui annoncé lundi tenter de "faire la lumière sur le sort de 23.000 personnes ayant disparu" pendant conflit entre la Russie et l'Ukraine.


Alzheimer : la vente d'un traitement pour certains patients est autorisée par Bruxelles

Vue générale prise le 04 novembre 2010 au Mans, de l'atrium, équipé d'un bar, d'une boutique de coiffeuse-esthéticienne et d'une volière, de "La Souvenance", maison d'accueil de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.
Vue générale prise le 04 novembre 2010 au Mans, de l'atrium, équipé d'un bar, d'une boutique de coiffeuse-esthéticienne et d'une volière, de "La Souvenance", maison d'accueil de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.
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  • L'autorisation de ce traitement, commercialisé sous le nom de Leqembi, a été accordée mardi, sur la base d'une analyse scientifique de l'EMA
  • Le Leqembi, mis au point par les laboratoires pharmaceutique japonais Eisai et américain Biogen, a été autorisé en janvier 2023 aux États-Unis.

BRUXELLES : La Commission européenne a annoncé mercredi qu'elle avait formellement autorisé un traitement destiné à réduire le déclin cognitif chez certaines personnes souffrant de la maladie d'Alzheimer, après le feu vert de l'Agence européenne des médicaments.

L'autorisation de ce traitement, commercialisé sous le nom de Leqembi, a été accordée mardi, sur la base d'une analyse scientifique de l'EMA « qui a conclu que les bénéfices de ce médicament étaient supérieurs aux risques », a souligné la Commission dans un communiqué.

Fin 2024, le régulateur européen avait recommandé d'accorder une autorisation de mise sur le marché du Leqembi (lécanemab) pour « le traitement des troubles cognitifs légers (troubles de la mémoire et de la pensée) ou de la démence légère dus à la maladie d'Alzheimer (maladie d'Alzheimer au stade précoce) ».

Elle avait précisé que ce feu vert était valable uniquement pour les patients présentant un risque plus faible d'hémorragie cérébrale potentielle, c'est-à-dire ceux qui n'ont « qu'une ou aucune copie du gène ApoE4 », un type de gène connu pour être un facteur de risque important pour la maladie d'Alzheimer.

Le Leqembi, mis au point par les laboratoires pharmaceutique japonais Eisai et américain Biogen, a été autorisé en janvier 2023 aux États-Unis pour les patients n'ayant pas atteint un stade avancé de la maladie. Il est également commercialisé au Japon et en Chine.

Malgré des décennies de recherche, les scientifiques n'ont pas encore réussi à faire une véritable percée dans la lutte contre la maladie d'Alzheimer, qui touche des dizaines de millions de personnes dans le monde. 


Un enfant meurt chaque jour en tentant de franchir la Méditerranée centrale, selon l'Unicef

Environ 3 500 enfants sont morts ou portés disparus ces dix dernières années, soit un par jour, en tentant de traverser la Méditerranée centrale entre l'Afrique du Nord et l'Italie. (Photo AFP)
Environ 3 500 enfants sont morts ou portés disparus ces dix dernières années, soit un par jour, en tentant de traverser la Méditerranée centrale entre l'Afrique du Nord et l'Italie. (Photo AFP)
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  • Environ 3 500 enfants sont morts ou portés disparus ces dix dernières années, soit un par jour, en tentant de traverser la Méditerranée centrale entre l'Afrique du Nord et l'Italie.
  • Les droits consacrés par la Convention relative aux droits de l'enfant ne connaissent pas de frontières ni de rivages.

ROME : Selon un rapport publié mardi par l'Unicef, environ 3 500 enfants sont morts ou portés disparus ces dix dernières années, soit un par jour, en tentant de traverser la Méditerranée centrale entre l'Afrique du Nord et l'Italie.

L'Unicef se fonde sur le fait que parmi les personnes arrivées sur le sol européen par cette voie migratoire, un sur six est un enfant, pour estimer ce chiffre.

Ce chiffre pourrait être sous-estimé, car de nombreux naufrages passent inaperçus, faute de survivants pour témoigner.

Par ailleurs, sept enfants sur dix voyagent seuls, sans leurs parents, selon l'agence onusienne chargée des enfants.

« Beaucoup d’enfants qui tentent de traverser la Méditerranée centrale fuient la guerre, les conflits, la violence et la pauvreté », indique le rapport, précisant que « plus de la moitié des enfants et des jeunes interrogés déclarent avoir subi des violences physiques et un tiers affirment avoir été détenus contre leur gré ». 

« Les gouvernements doivent protéger les droits et l'intérêt supérieur des enfants (...). Les droits consacrés par la Convention relative aux droits de l'enfant ne connaissent pas de frontières ni de rivages : ils accompagnent les enfants lorsqu’ils les traversent », a déclaré Regina De Dominicis, haut responsable de l'Unicef, citée dans le rapport.

L'agence onusienne rappelle que si l’adoption du Pacte européen sur la migration et l’asile devant entrer en vigueur mi-2026 « peut permettre de mieux organiser la gestion des migrations, ce dernier doit être mis en œuvre en parfaite conformité avec les obligations légales de défense de l'intérêt supérieur de l’enfant ».

L'Unicef appelle également à renforcer les opérations de recherche et de sauvetage en mer pour prendre en compte les besoins spécifiques des enfants. 

« À son arrivée, chaque enfant doit immédiatement bénéficier d'une représentation juridique ainsi que de solides mesures de protection. Les mesures de restriction des déplacements ne doivent jamais entraîner la détention d'un enfant dans un centre de rétention, que ce soit lors des procédures de contrôle, de passage des frontières, de demande d’asile ou de renvoi », conclut l'Unicef. 


La Turquie cherche à renforcer son ancrage sur le continent africain

Cette photo prise et diffusée par le bureau de presse de la présidence turque le 12 avril 2025 montre le président turc Recep Tayyip Erdogan (R) rencontrant le président somalien Hassan Sheikh Mohamud lors de la 4e édition du Forum diplomatique d'Antalya (ADF2025) à Antalya. (Photo by Handout / Turkish Presidency Press Office / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le bureau de presse de la présidence turque le 12 avril 2025 montre le président turc Recep Tayyip Erdogan (R) rencontrant le président somalien Hassan Sheikh Mohamud lors de la 4e édition du Forum diplomatique d'Antalya (ADF2025) à Antalya. (Photo by Handout / Turkish Presidency Press Office / AFP)
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  • La Turquie cherche désormais à y étendre son influence en proposant sa médiation dans des conflits.
  • Très impliqué sur les dossiers syrien et ukrainien, le président turc Recep Tayyip Erdogan a renforcé son image d'interlocuteur clé en Afrique en négociant, il y a quelques mois, un accord de paix entre la Somalie et l'Éthiopie.

ANTALYA, TURQUIE : La Turquie, qui pousse ses pions en Afrique depuis plusieurs années, cherche désormais à y étendre son influence en proposant sa médiation dans des conflits, à la faveur notamment du retrait de la France et des États-Unis.

Témoignage des efforts d'Ankara pour consolider son ancrage sur le continent, un forum diplomatique organisé ce week-end à Antalya, dans le sud de la Turquie, a réuni, aux côtés du président syrien Bachar el-Assad, des ministres russe et ukrainien des Affaires étrangères, ainsi que de nombreux responsables africains, dont le chef de l'État somalien.

« Les pays africains cherchent des alternatives et la Turquie en représente une », a affirmé à l'AFP Eghosa Osaghae, directeur général de l'Institut nigérian des affaires internationales (NIIA), présent à Antalya. 

Très impliqué sur les dossiers syrien et ukrainien, le président turc Recep Tayyip Erdogan a renforcé son image d'interlocuteur clé en Afrique en négociant, il y a quelques mois, un accord de paix entre la Somalie et l'Éthiopie.

Selon M. Osaghae, la capacité d'Ankara à combler le vide laissé par la France, dont de nombreuses anciennes colonies se sont détournées ces dernières années, « dépendra en grande partie de l'attrait des offres turques ».

« Nous entretenons avec la France des relations dont nous sommes très fiers, mais la France ne nous empêche pas d'avoir d'autres partenariats », a déclaré à l'AFP Léon Kacou Adom, le ministre ivoirien des Affaires étrangères, lors du forum d'Antalya.

Le pays d'Afrique de l'Ouest, ancienne colonie française, souhaite collaborer avec la Turquie dans tous les secteurs, notamment le commerce, la communication, la sécurité, l'éducation et la formation, a-t-il souligné.

« Tout cela nous intéresse (...). La Turquie nous fait des offres que nous étudions », a-t-il ajouté.

- « Solutions aux problèmes africains » -

De nombreux pays africains sont confrontés à des menaces sécuritaires, émanant de groupes comme Boko Haram ou les shebab somaliens.

« Si la Turquie peut apporter son aide dans ces domaines, pourquoi pas ? », estime M. Osaghae. « Le point positif est que de nombreux pays africains coopèrent déjà militairement avec la Turquie. Cela peut être la pierre angulaire de l'influence turque », relève-t-il.

La Turquie, qui a proposé en janvier sa médiation entre le Rwanda et la République démocratique du Congo, a signé ces dernières années des accords de défense avec plusieurs États africains dont la Somalie, la Libye, le Kenya, le Rwanda, l'Éthiopie, le Nigeria et le Ghana.

Ces accords ont ouvert des marchés à l'industrie de défense turque, notamment pour ses drones réputés fiables et bon marché.

« Nous nous efforçons de faire en sorte que l'Afrique trouve ses propres solutions aux problèmes africains », affirme Alp Ay, diplomate turc et représentant spécial d'Ankara dans les négociations entre la Somalie et la région séparatiste du Somaliland.

Selon un haut diplomate somalien, Ankara a joué « un rôle très utile en parvenant à réunir les deux pays pour résoudre ce problème ». « L'Afrique a désespérément besoin de médiateurs », résume pour sa part le politologue nigérian Eghosa Osaghae.

Si la responsabilité du respect de l'accord incombe désormais aux deux parties, la Turquie continuera toutefois de jouer son rôle de facilitateur, souligne le diplomate turc Alp Ay, qui envisage l'avenir avec « espoir ».

Recep Tayyip Erdogan s'est entretenu avec son homologue somalien, Hassan Cheikh Mohamoud, samedi à Antalaya.

Au cours de leur rencontre, les deux hommes ont promis d'« accroître la coopération » entre les deux États, selon Ankara, qui dispose déjà d'un droit d'exploration des ressources énergétiques le long des côtes somaliennes.