AL-MOUKALLA: La milice houthie du Yémen continuerait à alimenter le conflit en mer Rouge, même si la guerre entre Israël et le Hamas prenait fin. C’est ce qu’a affirmé Rachad al-Alimi, qui dirige le conseil présidentiel du Yémen.
S’exprimant samedi lors de la conférence de Munich sur la sécurité, M. Al-Alimi a déclaré que la seule manière d’éliminer le danger était de recourir à des opérations militaires.
Il a soutenu que les frappes actuelles menées par les États-Unis et le Royaume-Uni n’élimineraient pas la menace que posent les Houthis, mais il s’est engagé à vaincre l’organisation et à éradiquer ses attaques si son gouvernement reçoit un soutien international et que des pressions sont exercées sur l’Iran pour qu’il mette fin à son soutien militaire.
«Pour éliminer ces actes de piraterie houthis, nous devons nous attaquer aux origines de la menace. Cela ne peut se faire qu’en restaurant les institutions de l’État, en mettant fin au coup d’État et en appliquant une pression maximale sur le régime iranien», a indiqué le dirigeant yéménite.
Depuis que les Houthis ont entamé leurs frappes en mer Rouge, au mois de novembre, le gouvernement yéménite a sollicité l’aide internationale afin de les expulser des territoires yéménites sous leur contrôle. M. Al-Alimi a mis en garde: s’ils ne sont pas éliminés, ils utiliseront la mer Rouge comme monnaie d’échange. Il a par ailleurs accusé l’Iran de financer les attaques des Houthis et lui a fait porter la responsabilité de l’instabilité au Yémen.
«Tant que l’Iran continuera à soutenir cette milice et à lui fournir des armes, elle représentera un danger pour la navigation en mer Rouge et exercera des pressions sur d’autres régions à l’avenir», a souligné le dirigeant yéménite.
Les Houthis ont lancé des centaines de drones et de missiles contre des navires commerciaux et navals en mer Rouge à Bab el-Mandeb et dans le golfe d’Aden au cours des quatre derniers mois. L’organisation prétend frapper exclusivement les navires en lien avec Israël ou à destination de ce pays, obligeant ce dernier à autoriser l’acheminement des fournitures humanitaires vers la bande de Gaza assiégée. En réponse aux attaques, les États-Unis, soutenus par plusieurs partenaires, ont mené des dizaines de frappes contre des installations militaires, des lanceurs de drones et de missiles, ainsi que d’autres sites au Yémen contrôlés par les Houthis.
De même, le ministre yéménite de l’Information, Moammar al-Eryani, a fait savoir qu’il avait envoyé des lettres aux PDG des principaux réseaux sociaux exigeant que les comptes des responsables houthis et le matériel de propagande médiatique utilisés par la milice soient supprimés de leurs plates-formes respectives.
Le ministre yéménite a adressé des lettres portant son cachet et sa signature aux dirigeants de la plate-forme X ainsi qu’à ceux de Facebook, TikTok, Telegram et Instagram. Il les a exhortés à se conformer à la désignation américaine des Houthis comme terroristes. «Nous avons confirmé que les pages de la milice houthie sur les réseaux sociaux, qu’elles soient officielles ou affiliées à des individus [dirigeants, personnalités médiatiques, militants], diffusent des idées terroristes, encouragent les discours de haine et incitent à la violence et au meurtre, en plus d’endoctriner les enfants et de les recruter», a ajouté M. Al-Eryani.
Par ailleurs, l’ambassade du Yémen au Caire a déclaré dimanche que le général de brigade Hassan Farhan al-Obeidi, chef du département de production militaire de l’armée yéménite, avait été découvert mort des suites de coups de couteau. Les autorités égyptiennes enquêtent.
Baligh al-Mekhlafi, conseiller en information, explique à Arab News que l’ambassade a reçu une alerte au sujet de la mort de M. Al-Obeidi peu avant 2 heures du matin. L’officier yéménite était arrivé au Caire vingt jours plus tôt. Il s’était rendu en Turquie avant de retourner en Égypte il y a une semaine.
«Nous partagerons toute nouvelle information qui nous sera communiquée dans le cadre de cette affaire», a précisé M. Al-Mekhlafi.
M. Al-Obeidi est un spécialiste militaire de la production locale de véhicules blindés et d’armes depuis l’époque de l’ancien président Ali Abdallah Saleh. Lorsque les Houthis ont pris le pouvoir, à la fin de l’année 2014, il a rejoint les forces anti-Houthis et a participé à une action militaire contre elles à Marib, sa province d’origine.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com