JÉRUSALEM: Les procureurs israéliens ont énuméré des charges détaillées contre le premier ministre Benjamin Netanyahou dans un acte d'accusation modifié, publié dimanche. Ce dernier fait face à une affaire de corruption dans laquelle il est accusé d'avoir échangé des faveurs avec un puissant magnat de la presse.
Netanyahu est accusé de fraude, d'abus de confiance et d'acceptation de pots-de-vin dans trois affaires de corruption. L’acte allègue entre autres que Netanyahou aurait fait miroiter des réglementations d’une valeur de centaines de millions de dollars au propriétaire de la société de télécommunications Bezeq, et ce en échange d'une couverture médiatique positive sur son site d'information populaire Walla.
Pressés par les avocats de Netanyahu, les procureurs israéliens ont publié dimanche une lettre qui répertorie 315 épisodes où Walla aurait été invité à améliorer sa couverture de Netanyahou et sa famille. Selon le document, le premier ministre se serait personnellement impliqué pas moins de 150 fois. Parmi les demandes, prioriser les articles positifs sur le politicien et sa famille, modifier les titres, réduire la fréquence, sinon enterrer, les chroniques défavorables, et peindre sous un jour moins flatteur ses rivaux.
Le document recense les 315 incidents allégués, qui comprennent de nombreuses demandes de publication d'articles flatteurs et de photos de l'épouse de Netanyahou, Sara. L’objectif consistait à détourner l’attention de prétendues dépenses embarrassantes, d’informations personnelles sur la famille de premier ministre, et des tentatives de ce dernier d'embarrasser ses adversaires politiques. La lettre mentionne aussi le principal actionnaire de Bezeq à l'époque, Shaul Elovitch, qui craint que Netanyahou n'approuve pas des accords commerciaux, lucratifs pour la société, en guise de représailles pour des articles négatifs.
Les 17 et 19 janvier 2013, à titre d’exemple, un proche de Netanyahou aurait persuadé Elovitch de publier une histoire au sujet de l'épouse de Naftali Bennett, chef d'un parti religieux rival, soi-disant employée par un restaurant non casher. Quelques semaines plus tard, Netanyahou aurait, par le même intermédiaire, pressé Walla de supprimer les critiques sur une robe en dentelle portée par sa femme lors de l'assermentation du nouveau parlement, et de les remplacer par des avis favorables. La lettre indique que le site a consenti aux deux demandes, a-t-il déclaré.
Elovitch aurait aussi, à la demande de Netanyahou, ordonné à Walla d’interrompre la diffusion en direct d’un rassemblement de l’opposition pendant la campagne électorale de 2015.
Le procès de Netanyahou a débuté l’année dernière, et devrait reprendre le mois prochain. Le premier ministre nie toutes les accusations, et se dit la victime d'une chasse aux sorcières organisée par médias, la police et les procureurs, tous hostiles.
Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com