Cybersécurité: année record pour les rançongiciels, principale menace pour les entreprises

Les attaques au rançongiciel ciblant les entreprises ont enregistré une forte hausse en 2023, après une accalmie en 2022, selon plusieurs études publiées en février. (AFP)
Les attaques au rançongiciel ciblant les entreprises ont enregistré une forte hausse en 2023, après une accalmie en 2022, selon plusieurs études publiées en février. (AFP)
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Publié le Mardi 13 février 2024

Cybersécurité: année record pour les rançongiciels, principale menace pour les entreprises

  • Un rançongiciel exploite des failles de sécurité d'une entreprise ou d'un individu pour chiffrer et bloquer ses systèmes informatiques, exigeant une rançon pour les débloquer
  • «La principale raison de cette hausse, c'est que les entreprises sont prêtes à payer», analyse l'auteur du rapport annuel de la start-up française de cybersécurité Cybelangel

PARIS: Plus nombreuses, plus sophistiquées et plus coûteuses: les attaques au rançongiciel ciblant les entreprises ont enregistré une forte hausse en 2023, après une accalmie en 2022, selon plusieurs études publiées en février.

"C'est l'une des principales menaces" en termes de cybersécurité dans le monde, remarque auprès de l'AFP Todd Carroll, auteur du rapport annuel de la start-up française de cybersécurité Cybelangel, qui fait état d'un bond de 40% des demandes de rançon. Et "on est encore loin d'avoir atteint le pic", avertit-il.

Un rançongiciel, ou "ransomware", exploite des failles de sécurité d'une entreprise ou d'un individu pour chiffrer et bloquer ses systèmes informatiques, exigeant une rançon pour les débloquer.

"La principale raison de cette hausse, c'est que les entreprises sont prêtes à payer", analyse Todd Carroll.

Un sondage mené par Cohesity auprès de 900 décideurs informatiques et responsables de la cybersécurité de grandes entreprises anglo-saxonnes montre que près de 80% des répondants déclarent avoir été victimes d'une attaque par rançongiciel entre juillet et décembre derniers.

"Près de 90% d'entre eux disent avoir procédé au paiement d'une rançon pour restaurer leurs données, malgré la politique de non-paiement de leur organisation", précise la société américaine, spécialiste de la gestion et de la protection des données.

Selon la société américaine Chainalysis, spécialiste de l'étude des transactions de cryptomonnaies, les montants versés par les victimes ont atteint "un niveau record" de 1,1 milliard de dollars en 2023. Bien loin des 456,8 millions de dollars de 2022, le plus bas niveau depuis 2019.

"75% des rançons payées s'élevaient à 1 million de dollars ou plus", détaille-t-elle dans sa dernière étude, qui indique que les grosses entreprises sont les principales cibles.

2,6 millions de dollars avec rançon 

Dans son rapport, CybelAngel estime que le coût moyen d'une attaque était de 1,82 million de dollars pour une entreprise. L'addition monte jusqu'à 2,6 millions de dollars si on inclut le paiement des rançons.

Parmi les secteurs les plus touchés, on retrouve ceux du bâtiment et de la construction, des technologies de l'information, de l'éducation ou de la santé.

L'an dernier, CybelAngel a identifié 62 groupes de hackers utilisant des rançongiciels, impliqués dans plus de 5 000 attaques. Ils opèrent par petits groupes - de quelques personnes à une douzaine - principalement depuis la Russie, la Chine et les pays d'Europe de l'Est et du Moyen-Orient.

La hausse de ces attaques s'explique également par le développement du modèle de logiciel à la demande (Raas, Ransomware as a Service) permettant aux créateurs d'un rançongiciel de le mettre à disposition d'autres pirates, des "affiliés", qui se chargent des attaques avant de partager les gains.

En France, 546 enquêtes concernant ce type d'attaques ont été ouvertes en 2023, soit 30% de hausse par rapport à 2022, selon le parquet de Paris qui a compétence nationale.

Dans ses prédictions pour 2024, la société russe de cybersécurité Kaspersky avertit que les cybercriminels pourraient viser des cibles encore plus grosses: "grandes entreprises" et "acteurs majeurs de la logistique" encourent des risques accrus.

Les autorités françaises anticipent par ailleurs un nombre considérable de menaces sur les Jeux Olympiques de Paris (du 26 juillet au 11 août).

Début décembre, un exercice simulant plusieurs attaques simultanées et de haut niveau par rançongiciel a été organisé, réunissant plusieurs ministères (Intérieur, Justice, Santé...). D'autres suivront d'ici à la cérémonie d'ouverture.


Paris entend résoudre les tensions avec Alger « sans aucune faiblesse »

le chef de la diplomatie française, chef de la diplomatie française (Photo AFP)
le chef de la diplomatie française, chef de la diplomatie française (Photo AFP)
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  • Le chef de la diplomatie française a assuré mardi que Paris entendait résoudre les tensions avec Alger « avec exigence et sans aucune faiblesse ».
  • « L'échange entre le président de la République (Emmanuel Macron, ndlr) et son homologue algérien (Abdelmadjid Tebboune) a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise », a-t-il ajouté.

PARIS : Le chef de la diplomatie française a assuré mardi que Paris entendait résoudre les tensions avec Alger « avec exigence et sans aucune faiblesse ». Il s'exprimait au lendemain d'un entretien entre les présidents français et algérien, qui visait à renouer le dialogue après huit mois de crise diplomatique sans précédent.

« Les tensions entre la France et l'Algérie, dont nous ne sommes pas à l'origine, ne sont dans l'intérêt de personne, ni de la France, ni de l'Algérie. Nous voulons les résoudre avec exigence et sans aucune faiblesse », a déclaré Jle chef de la diplomatie française devant l'Assemblée nationale, soulignant que « le dialogue et la fermeté ne sont en aucun cas contradictoires ».

« L'échange entre le président de la République (Emmanuel Macron, ndlr) et son homologue algérien (Abdelmadjid Tebboune) a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise », a-t-il ajouté.

Les Français « ont droit à des résultats, notamment en matière de coopération migratoire, de coopération en matière de renseignement, de lutte contre le terrorisme et au sujet bien évidemment de la détention sans fondement de notre compatriote Boualem Sansal », a affirmé le ministre en référence à l'écrivain franco-algérien condamné jeudi à cinq ans de prison ferme par un tribunal algérien. 


Algérie: Macron réunit ses ministres-clés au lendemain de la relance du dialogue

Emmanuel Macron, président français (Photo AFP)
Emmanuel Macron, président français (Photo AFP)
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  • Emmanuel Macron  réunit mardi plusieurs ministres en première ligne dans les relations avec l'Algérie, dont Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot, au lendemain de l'appel avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune
  • Le président français a décidé, à la suite de ce coup de fil, de dépêcher le 6 avril à Alger le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot afin de « donner rapidement » un nouvel élan aux relations bilatérales.

PARIS : Emmanuel Macron  réunit mardi à 18H00 plusieurs ministres en première ligne dans les relations avec l'Algérie, dont Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot, au lendemain de l'appel avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune pour relancer le dialogue, a appris l'AFP de sources au sein de l'exécutif.

Le président français a décidé, à la suite de ce coup de fil, de dépêcher le 6 avril à Alger le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot afin de « donner rapidement » un nouvel élan aux relations bilatérales après des mois de crise, selon le communiqué conjoint publié lundi soir.

Le ministre français de la Justice, Gérald Darmanin, effectuera de même une visite prochainement pour relancer la coopération judiciaire.

Le communiqué ne mentionne pas en revanche le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, figure du parti de droite Les Républicains, partisan d'une ligne dure à l'égard de l'Algérie ces derniers mois, notamment pour obtenir une nette augmentation des réadmissions par le pays de ressortissants algériens que la France souhaite expulser.

Bruno Retailleau sera présent à cette réunion à l'Élysée, avec ses deux collègues Barrot et Darmanin, ainsi que la ministre de la Culture, Rachida Dati, et celui de l'Économie, Éric Lombard, ont rapporté des sources au sein de l'exécutif.

 Dans l'entourage du ministre de l'Intérieur, on affirme à l'AFP que si la relance des relations décidée par les deux présidents devait bien aboutir à une reprise des réadmissions, ce serait à mettre au crédit de la « riposte graduée » et du « rapport de force » prônés par Bruno Retailleau. 


Algérie: la relance de la relation décriée par la droite

Cette photo prise le 25 août 2022 montre les drapeaux français et algérien avant l'arrivée du président français à Alger pour une visite officielle  afin d'aider à rétablir les liens avec l'ancienne colonie française, qui célèbre cette année le 60e anniversaire de son indépendance. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Cette photo prise le 25 août 2022 montre les drapeaux français et algérien avant l'arrivée du président français à Alger pour une visite officielle afin d'aider à rétablir les liens avec l'ancienne colonie française, qui célèbre cette année le 60e anniversaire de son indépendance. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • La droite a dénoncé mardi la relance de la relation bilatérale avec l'Algérie en minimisant son impact sur les obligations de quitter le territoire (OQTF).
  • Selon l'élu des Alpes-Maritimes, cette conversation entre les deux chefs d'État signifie « que les ministres n'ont aucun pouvoir, M. Retailleau en premier ».

PARIS : La droite a dénoncé mardi la relance de la relation bilatérale avec l'Algérie en minimisant son impact sur les obligations de quitter le territoire (OQTF), Laurent Wauquiez déplorant « une riposte très provisoire » et Éric Ciotti, allié du RN, dénonçant une relation « insupportable » entre les deux pays.

« La riposte était très graduée et en plus très provisoire », a réagi Laurent Wauquiez sur X au lendemain de la conversation entre les présidents français Emmanuel Macron et algérien Abdelmadjid Tebboune, qui ont acté une relance de la relation bilatérale, après des mois de crise.

Lors de la réunion du groupe des députés LR, l'élu de Haute-Loire, qui brigue la présidence du parti face au ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, s'est dit convaincu que les autorités algériennes n'accepteront pas les OQTF.

« On va se retrouver dans 90 jours avec les OQTF dangereux qui seront dans la nature. Nous ne pouvons pas l'accepter », a déploré le député de Haute-Loire.

De son côté, Éric Ciotti, l'ancien président des LR alliés avec le RN, a directement ciblé le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau sur CNews, lui reprochant de n'avoir montré que « des petits muscles face à Alger ».

Selon l'élu des Alpes-Maritimes, cette conversation entre les deux chefs d'État signifie « que les ministres n'ont aucun pouvoir, M. Retailleau en premier ».

« La relation privilégiée Macron-Algérie depuis 2016 perdure. Et cette relation est insupportable, parce qu'elle traduit un recul de notre pays. »

Les deux présidents, qui se sont entretenus le jour de l'Aïd el-Fitr marquant la fin du ramadan, ont marqué « leur volonté de renouer le dialogue fructueux », selon un communiqué commun.

La reprise des relations reste toutefois subordonnée à la libération de l'écrivain Boualem Sansal et à des enjeux de politique intérieure dans les deux pays.