Gaza: le président américain Joe Biden hausse sérieusement le ton face à Israël

«Il y a beaucoup d'innocents qui meurent de faim, beaucoup d'innocents qui sont en difficulté, qui meurent, et il faut que cela cesse» (Photo, AFP).
«Il y a beaucoup d'innocents qui meurent de faim, beaucoup d'innocents qui sont en difficulté, qui meurent, et il faut que cela cesse» (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 10 février 2024

Gaza: le président américain Joe Biden hausse sérieusement le ton face à Israël

  • En jugeant «excessive» la riposte israélienne à Gaza, Joe Biden a mis les pieds dans le plat, au moment où la communauté internationale craint une offensive majeure à Rafah
  • C'est la critique la plus ferme exprimée par le président américain vis-à-vis de son allié israélien depuis le début de la guerre en octobre

WASHINGTON: Le ton se durcit depuis des semaines. Mais en jugeant "excessive" la riposte israélienne à Gaza, Joe Biden a mis les pieds dans le plat, au moment où la communauté internationale craint une offensive majeure à Rafah.

C'est la critique la plus ferme exprimée par le président américain vis-à-vis de son allié israélien depuis le début en octobre de la guerre contre le Hamas palestinien dans la bande de Gaza, même si la Maison Blanche s'est efforcée vendredi d'en minimiser la portée.

Et elle traduit une fracture croissante entre le président démocrate et le gouvernement de coalition de Benjamin Netanyahu, dont font partie des ministres d'extrême droite.

Les observateurs s'accordent pour dire que cela ne devrait pas affecter les milliards de dollars d'aide militaire américaine à Israël - une nouvelle enveloppe de 14 milliards de dollars est à l'examen au Congrès.

Mais les responsables américains ne cachent plus leur frustration quant à la manière dont Israël conduit la guerre qui est entrée dans son cinquième mois.

"Je pense, comme vous le savez, que la riposte à Gaza, dans la bande de Gaza, a été excessive", a affirmé le président américain jeudi soir lors d'un échange impromptu avec des journalistes à la Maison Blanche.

"Il y a beaucoup d'innocents qui meurent de faim, beaucoup d'innocents qui sont en difficulté, qui meurent, et il faut que cela cesse", a-t-il ajouté, en soulignant faire pression "très fort, très très fort, pour que l'aide humanitaire arrive jusqu'à Gaza".

Eviter «un désastre»

La guerre a été déclenchée le 7 octobre quand des commandos du Hamas, infiltrés depuis la bande de Gaza, où le mouvement a pris le pouvoir en 2007, ont mené dans le sud d'Israël une attaque qui a entraîné la mort de plus de 1.160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.

En représailles, Israël a lancé une offensive qui a fait plus de 27.940 morts dans le territoire palestinien, en grande majorité des femmes, enfants et adolescents, selon le dernier bilan publié vendredi par le ministère de la Santé du Hamas.

Joe Biden avait déjà qualifié d'"excessive" la réponse du Hamas à un plan visant à une nouvelle trêve à Gaza en échange de la libération des otages qui y sont encore retenus.

Son commentaire intervient alors que le Premier ministre israélien a ordonné à l'armée de "préparer" une offensive sur Rafah, dernier refuge des déplacés de la guerre dans la bande de Gaza.

A Washington, des responsables américains ont dit ne pas avoir vu de préparatifs suggérant une "offensive majeure" ou "imminente", tout en mettant en garde contre un "désastre", craignant un scénario similaire à celui qui s'est déroulé dans le Nord.

La porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean Pierre, a souligné vendredi que M. Biden n'avait pas "changé de position".

Reste que l'administration Biden hausse visiblement le ton et le montre. En prenant, par exemple, au grand dam du gouvernement israélien, des sanctions contre des colons extrémistes en Cisjordanie occupée, où les violences sont "intolérables" selon le président américain.

La position américaine oscille entre d'une part afficher un soutien au droit d'Israël à se défendre et de l'autre appeler à protéger les civils, sans cependant soutenir un cessez-le-feu durable.

Dans le même temps, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, tout juste rentré d'Israël jeudi après une cinquième tournée dans la région, se démène pour tenter de jeter les bases de l'après-guerre, assortie d'une Autorité palestinienne réformée et d'une "voie" envers la création d'un État palestinien.

A ce stade, ses efforts sont rejetés par Israël, au moins publiquement.

Colère dans les pays arabes

Le président démocrate, qui est en campagne pour un second mandat en novembre, est clairement sous pression, à l'étranger comme à domicile.

Il fait face à la colère dans les pays arabes où, selon un sondage publié jeudi, une majorité écrasante (82%) de personnes jugent "très négativement" le soutien des États-Unis à Israël.

Et 81% estiment que les États-Unis ne sont pas vraiment "sérieux" sur la création d'un État palestinien, selon ce sondage du Arab Center Washington, réalisé entre le 12 décembre et le 5 janvier auprès d'un échantillon représentatif de 8.000 personnes dans 16 pays arabes.

A domicile, l'aile progressiste du Parti démocrate s'offusque d'une politique jugée trop pro-israélienne, contre laquelle les Américains d'origine arabe sont vent debout.

Joe Biden est désormais confronté, lors de toutes ses apparitions publiques ou presque, à des manifestants qui agitent des drapeaux palestiniens et entonnent des slogans contre "Joe le génocidaire" ("Genocide Joe").


Gaza: 17 morts dans des frappes israéliennes, selon la Défense civile

 La Défense civile palestinienne a annoncé que des frappes israéliennes avaient fait au moins 17 morts dans la bande de Gaza mercredi matin, laissant des "corps calcinés" et des "personnes disparues sous les décombres". (AFP)
La Défense civile palestinienne a annoncé que des frappes israéliennes avaient fait au moins 17 morts dans la bande de Gaza mercredi matin, laissant des "corps calcinés" et des "personnes disparues sous les décombres". (AFP)
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  • La frappe la plus meurtrière s'est produite sur une école qui abriterait des personnes déplacées dans la ville de Gaza (nord), faisant onze morts et 17 blessés, "y compris des femmes et des enfants"
  • Quatre personnes ont aussi été tuées et "plusieurs autres sont portées disparues sous les décombres" après des tirs israéliens contre des maisons de l'est de Gaza, a indiqué la Défense civile

GAZA: La Défense civile palestinienne a annoncé que des frappes israéliennes avaient fait au moins 17 morts dans la bande de Gaza mercredi matin, laissant des "corps calcinés" et des "personnes disparues sous les décombres".

La frappe la plus meurtrière s'est produite sur une école qui abriterait des personnes déplacées dans la ville de Gaza (nord), faisant onze morts et 17 blessés, "y compris des femmes et des enfants", a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal.

"Le bombardement a provoqué un incendie massif dans le bâtiment et plusieurs corps calcinés ont été retrouvés", a-t-il dit.

Quatre personnes ont aussi été tuées et "plusieurs autres sont portées disparues sous les décombres" après des tirs israéliens contre des maisons de l'est de Gaza, a indiqué la Défense civile.

Une frappe sur une maison à Jabalia, dans le nord, a tué un enfant et une autre sur une maison à Khan Younès (sud) a fait un mort, a précisé Mahmoud Bassal.

"Nous avons reçu des appels de détresse signalant plusieurs personnes disparues sous les décombres dans différentes zones de la bande de Gaza ", a-t-il ajouté.

"Nous manquons des outils et équipements nécessaires pour les opérations de sauvetage et pour récupérer les corps", a-t-il affirmé.

L'armée israélienne n'a pas fait de commentaires dans l'immédiat.

Mardi, elle avait dit avoir détruit environ "40 engins du génie utilisés à des fins terroristes, y compris lors du massacre du 7 octobre".

Elle affirme que le mouvement islamiste palestinien Hamas utilise ces engins "pour poser des explosifs, creuser des tunnels souterrains, percer des clôtures de sécurité et dégager les gravats pour retrouver des armes et du matériel militaire".

Rompant une trêve de près de deux mois, Israël a repris le 18 mars son offensive aérienne puis terrestre contre le Hamas à Gaza.

Selon le ministère de la Santé du Hamas, au moins 1.890 Palestiniens ont été tués depuis le 18 mars, portant à 51.266 le nombre de morts à Gaza depuis le début de l'offensive de représailles israélienne.

La guerre a été déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Sur les 251 personnes enlevées, 58 sont toujours otages à Gaza dont 34 sont mortes, selon l'armée israélienne.


Trump en Arabie saoudite, Qatar et Emirats à partir du 13 mai

Donald Trump s'est entretenu plus tôt mardi avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, assurant: "Nous sommes sur la même ligne sur tous les sujets." (AFP)
Donald Trump s'est entretenu plus tôt mardi avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, assurant: "Nous sommes sur la même ligne sur tous les sujets." (AFP)
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  • L'objectif de cette tournée est de "renforcer les liens" avec les pays visités, a dit la porte-parole de la Maison Blanche Karoline Leavitt, qui n'a pas donné de détails sur le programme
  • Avant le décès du souverain pontife, Donald Trump avait prévu de réserver son premier grand voyage à l'Arabie saoudite, comme il l'avait déjà fait lors de son premier mandat (2017-2021)

WASHINGTON: Donald Trump se rendra en Arabie saoudite, au Qatar et aux Emirats Arabes Unis du 13 au 16 mai, a annoncé mardi sa porte-parole Karoline Leavitt, sur fond de conflit à Gaza et de négociations avec l'Iran.

Il s'agira du deuxième déplacement international du président américain depuis son investiture le 20 janvier, après son voyage prévu à Rome pour les obsèques du pape François samedi.

L'objectif de cette tournée est de "renforcer les liens" avec les pays visités, a dit la porte-parole de la Maison Blanche Karoline Leavitt, qui n'a pas donné de détails sur le programme.

Avant le décès du souverain pontife, Donald Trump avait prévu de réserver son premier grand voyage à l'Arabie saoudite, comme il l'avait déjà fait lors de son premier mandat (2017-2021).

Le président américain voudrait voir le royaume saoudien rejoindre les accords d'Abraham, par lesquels plusieurs pays arabes ont normalisé leurs relations avec Israël, mais le conflit à Gaza complique ce projet.

Donald Trump s'est entretenu plus tôt mardi avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, assurant: "Nous sommes sur la même ligne sur tous les sujets."

Le président américain, très proche de la droite israélienne au pouvoir, avait créé la stupéfaction en lançant l'idée d'une prise de contrôle de la bande de Gaza par les Etats-Unis pour la reconstruire et en faire la "Riviera du Moyen-Orient", une fois vidée de ses habitants.

L'Arabie Saoudite a aussi donné lieu à des entretiens entre les Etats-Unis et la Russie début mars au sujet de la guerre en Ukraine.

 


1981 – La création du CCG

Quand, en janvier 1968, la Grande-Bretagne a fait part de son intention de se retirer du Golfe d’ici 1971, cela a provoqué une onde de choc dans toute la région. La recherche d’un cadre de sécurité plus fiable s’est alors intensifiée. Plusieurs étapes furent franchies, aboutissant à la création du Conseil de coopération du Golfe (CCG) le 25 mai 1981. (AFP)
Quand, en janvier 1968, la Grande-Bretagne a fait part de son intention de se retirer du Golfe d’ici 1971, cela a provoqué une onde de choc dans toute la région. La recherche d’un cadre de sécurité plus fiable s’est alors intensifiée. Plusieurs étapes furent franchies, aboutissant à la création du Conseil de coopération du Golfe (CCG) le 25 mai 1981. (AFP)
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  • Depuis sa création, le CCG a réalisé une grande partie de ses objectifs initiaux
  • Les outils économiques mis en place, comme la zone de libre-échange, l’union douanière et le marché commun ont permis une meilleure synergie entre les pays membres

RIYAD: Quand, en janvier 1968, la Grande-Bretagne a fait part de son intention de se retirer du Golfe d’ici 1971, cela a provoqué une onde de choc dans toute la région. La recherche d’un cadre de sécurité plus fiable s’est alors intensifiée. Plusieurs étapes furent franchies, aboutissant à la création du Conseil de coopération du Golfe (CCG) le 25 mai 1981.

Entre l’annonce britannique de 1968 et son retrait effectif le 16 décembre 1971, une première tentative fut lancée pour former une union de neuf membres regroupant Bahreïn, le Qatar et les sept États de la Trêve, tous liés à Londres par des traités de protection. Après l’échec de cette initiative, les efforts se concentrèrent sur une union entre les seuls États de la Trêve. Les Émirats arabes unis furent proclamés le 2 décembre 1971, composés initialement de six émirats: Abou Dhabi, Dubaï, Foujaïrah, Charjah, Oumm al-Qaïwaïn et Ajman. Ras el-Khaïmah, le septième émirat, rejoignit la fédération en février suivant.

Après cette première étape, les efforts se poursuivirent en vue d’un cadre plus large incluant les autres États du Golfe, notamment l’Arabie saoudite, Bahreïn, le Qatar et le Koweït. Le cheikh Jaber al-Sabah du Koweït joua un rôle moteur dans cette démarche renouvelée. En mai 1976, lors d’une visite aux Émirats arabes unis, il lança un appel officiel à la création d’une union du Golfe, une idée soutenue avec enthousiasme par le président des Émirats, le cheikh Zayed.

En novembre 1976, à Mascate, un projet de cadre sécuritaire incluant également l’Iran et l’Irak fut discuté, mais rapidement abandonné en raison de profondes divergences, notamment entre Téhéran et Bagdad.

Les efforts visant à établir le CCG se poursuivirent sans l’Iran ni l’Irak. Saddam Hussein tenta d’entraver le processus tant que l’Irak n’y était pas inclus, ce qui s’avérait impossible en raison de la guerre contre l’Iran. L’Union soviétique et la Chine y étaient également opposées, craignant que cette nouvelle organisation ne s’aligne sur l’Occident.