Entre blocages, combats et foules affamées, l'aide alimentaire à Gaza sous pression

Des hommes et des enfants palestiniens se rassemblent pour une manifestation à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 30 janvier 2024, appelant à un soutien international continu à l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) dans le contexte du conflit en cours entre Israël. et le groupe militant palestinien Hamas (Photo, AFP).
Des hommes et des enfants palestiniens se rassemblent pour une manifestation à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 30 janvier 2024, appelant à un soutien international continu à l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) dans le contexte du conflit en cours entre Israël. et le groupe militant palestinien Hamas (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 09 février 2024

Entre blocages, combats et foules affamées, l'aide alimentaire à Gaza sous pression

  • Dans de larges zones du nord de la bande de Gaza, «on estime que les gens sont au bord de la famine» et «au moins 300.000 personnes dépendent de notre aide pour leur survie»
  • Cela fait deux semaines que l'Unrwa n'a plus été autorisée à livrer des vivres dans cette zone, précise le communiqué

JÉRUSALEM: Entre blocages, tirs et bousculades de foules affamées, la distribution d'aide alimentaire dans la bande de Gaza est de plus en plus compliquée pour les ONG, plus que jamais inquiètes des risques de famine, notamment dans le nord.

Dans de larges zones du nord de la bande de Gaza, "on estime que les gens sont au bord de la famine" et "au moins 300.000 personnes dépendent de notre aide pour leur survie", a souligné jeudi dans un communiqué le commissaire général de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini.

Or "depuis le début de l'année, la moitié de nos demandes d'acheminement d'aide vers le nord ont été refusées", déplore-t-il. Cela fait deux semaines que l'Unrwa n'a plus été autorisée à livrer des vivres dans cette zone, précise le communiqué.

L'accès des camions à Gaza dépend d'Israël, qui le contrôle, et a récemment accusé certains employés de l'Unrwa d'avoir été impliqués dans les attaques meurtrières du 7 octobre sur son territoire, menées par les commandos du Hamas venus du territoire palestinien.

En représailles aux attaques, Israël a juré d'"anéantir" le groupe islamiste et lancé une offensive contre lui à partir du nord de la bande de Gaza, ordonnant aux habitants du nord et du centre de se déplacer vers le sud.

Aujourd'hui, plus de la moitié des 2,4 millions de Gazaouis s'entassent désormais dans la ville de Rafah, à l'extrême sud du territoire, près de la frontière avec l'Egypte.

Mais des centaines de milliers de personnes sont restées dans le nord et dans le centre du pays, sans qu'on puisse évaluer leur nombre de façon précise.

Ces zones du nord sont devenues "un désert où règnent la faim et le désespoir", abonde Georgios Petropoulos, directeur du bureau de coordination de l'aide humanitaire des Nations unies (Ocha) à Gaza.

Quand des camions d'aide humanitaire parviennent à entrer dans le centre et le nord de la bande de Gaza, ils sont pris d'assaut par des habitants "au bord de la famine", a-t-il expliqué à l'AFP mercredi.

"Ils se rassemblent autour des camions et d'autres véhicules transportant des vivres, ils sont parfois des milliers, et les déchargent en quelques minutes", explique-t-il.

World Central Kitchen, une organisation humanitaire qui fournit de l'aide alimentaire, a également indiqué qu'elle ne pouvait se rendre dans le nord de la bande de Gaza qu'"un nombre limité de fois par semaine".

Dans un communiqué, elle explique désormais avoir recours à deux camions, l'un pour transporter des repas pour les hôpitaux, l'autre qui sera assailli par les foules affamées "que les conducteurs trouvent sur leur chemin" et qui se serviront au passage.

«Volonté politique»

Les convois sont en outre parfois rattrapés par la guerre. Lundi, l'Unrwa a déclaré qu'un de ses convois alimentaires qui circulait dans la bande de Gaza en direction du nord a été touché par la marine israélienne.

Le ministère de la Santé du Hamas a de son côté affirmé qu'une frappe israélienne avait tué mardi six policiers qui, selon des témoins, sécurisaient le passage d'un camion d'aide humanitaire dans l'extrême sud de la bande de Gaza.

Au sud de la ville de Gaza, un journaliste de l'AFP a constaté mercredi que des centaines d'hommes attendaient le passage de camions d'aide sur l'avenue Salaheddine, qui parcourt la bande de Gaza du nord au sud.

Quand ils ont vu des véhicules militaires israéliens avancer dans leur direction, beaucoup se sont enfuis en courant. Mais d'autres ont continué à avancer vers les convois, malgré les tirs, qui ont blessé plusieurs personnes, conduites ensuite à l'hôpital Ahli Arab de la ville de Gaza selon le journaliste de l'AFP.

Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, en visite dans la région cette semaine, a lancé un nouvel appel pour une augmentation de l'aide à Gaza.

Mais Israël répond que le Hamas, qui dirige la bande de Gaza depuis 2007, détourne cette aide à ses propres fins.

"Empêcher l'accès" aux zones menacées par la famine, "c'est empêcher l'aide humanitaire de sauver des vies", conclut M. Lazzarini, qui estime qu'"avec la volonté politique nécessaire, cette situation peut facilement changer".


L'aviation israélienne pilonne la banlieue sud de Beyrouth, 22 morts dans l'est du Liban

Un Palestinien marche à côté des débris d'un bâtiment à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, le 21 novembre 2024, alors que la guerre entre Israël et les militants palestiniens du Hamas se poursuit. (AFP)
Un Palestinien marche à côté des débris d'un bâtiment à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, le 21 novembre 2024, alors que la guerre entre Israël et les militants palestiniens du Hamas se poursuit. (AFP)
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  • L'aviation israélienne a pilonné tout au long de la journée de jeudi la banlieue sud de Beyrouth ainsi que l'est du Liban, où 22 personnes ont été tuées selon les autorités
  • L'Agence nationale d'information (ANI, officielle), a recensé 12 frappes sur la banlieue sud, certaines "très violentes", l'armée israélienne disant avoir attaqué des centres de commandement et des infrastructures du Hezbollah

BEYROUTH: L'aviation israélienne a pilonné tout au long de la journée de jeudi la banlieue sud de Beyrouth ainsi que l'est du Liban, où 22 personnes ont été tuées selon les autorités, le Hezbollah revendiquant sa frappe la plus profonde en Israël depuis plus d'un an d'hostilités.

L'Agence nationale d'information (ANI, officielle), a recensé 12 frappes sur la banlieue sud, certaines "très violentes", l'armée israélienne disant avoir attaqué des centres de commandement et des infrastructures du Hezbollah.

Les raids ont été précédés par des appels de l'armée israélienne à évacuer certains quartiers.

Les images de l'AFPTV montraient d'épaisses colonnes de fumée sur la banlieue sud de la capitale libanaise, désertée par une grande partie de ses habitants en raison des frappes quotidiennes qui la visent depuis fin septembre.

Les frappes, qui s'étaient arrêtées mardi, ont repris au lendemain du départ de l'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente d'arracher un accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah pro-iranien.

Après Beyrouth, il devait rencontrer jeudi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.

Des frappes israéliennes ont également visé jeudi l'est et le sud du Liban, bastions du Hezbollah, selon l'ANI.

Les frappes de "l'ennemi israélien" sur cinq zones de la région de Baalbeck (est) ont coûté le vie à 22 personnes, a indiqué le ministère de la Santé.

L'ANI a précisé qu'une frappe sur le village de Makneh dans cette région avait entraîné la mort d'au moins quatre membres d'une même famille.

La coordinatrice spéciale de l'ONU pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert s'est rendue sur le site de Baalbeck, classé au patrimoine mondial de l'Unesco, qui a annoncé lundi placer sous "protection renforcée provisoire" 34 sites culturels au Liban menacés par les bombardements israéliens, et octroyer une assistance financière d'urgence pour sauver le patrimoine de ce pays.

- Khiam -

Pour sa part, la formation islamiste a annoncé jeudi avoir lancé des missiles sur une base aérienne près de la ville d'Ashdod, dans sa première attaque contre le sud d'Israël.

Dans un communiqué, le Hezbollah a précisé que cette base à l'est d'Ashdod se trouvait "à 150 km de la frontière" israélo-libanaise.

C'est la première fois que le Hezbollah annonce viser un objectif aussi éloigné de la frontière depuis plus d'un an d'affrontements.

La formation pro-iranienne a également revendiqué des tirs contre le nord d'Israël, où les secours ont annoncé qu'un homme était mort après avoir été blessé à la suite de tirs de projectiles en Galilée.

Dans le sud du Liban frontalier d'Israël, le Hezbollah a fait état dans neuf communiqués distincts d'attaques menées par le mouvement contre des soldats israéliens dans et autour du village de Khiam.

Les médias officiels libanais ont affirmé que l'armée israélienne dynamitait des maisons et bâtiments dans cette localité proche de la frontière israélienne.

Les violences entre Israël et le Hezbollah, initiées par ce dernier au début de la guerre dans la bande de Gaza, ont fait plus de 3.583 morts depuis octobre 2023 au Liban.

La plupart des victimes ont été tuées depuis que l'armée israélienne a déclenché fin septembre dernier une campagne massive de bombardements visant notamment les bastions du Hezbollah, suivie d'une offensive terrestre dans le sud du Liban.


La CPI émet des mandats d'arrêt contre Netanyahu, Gallant et Deif

"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye. (AFP)
"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye. (AFP)
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  • La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de Benjamin Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire
  • Le gouvernement israélien a aussitôt accusé la CPI d'avoir "perdu toute légitimité" avec ses mandats d'arrêt "absurdes"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a émis jeudi des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant et le chef de la branche armée du Hamas Mohammed Deif pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de Benjamin Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire.

Le gouvernement israélien a aussitôt accusé la CPI d'avoir "perdu toute légitimité" avec ses mandats d'arrêt "absurdes".

"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye.

Dans un autre communiqué, elle émet un mandat d'arrêt contre Mohammed Deif, également pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

La cour "a émis à l'unanimité un mandat d'arrêt contre M. Mohammed Diab Ibrahim Al-Masri, communément appelé +Deif+, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'État d'Israël et de l'État de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023".

Classés "secrets" 

Les mandats d'arrêt ont été classés "secrets", afin de protéger les témoins et de garantir la conduite des enquêtes, a déclaré la cour.

Mais la CPI "considère qu'il est dans l'intérêt des victimes et de leurs familles qu'elles soient informées de l'existence des mandats".

Le procureur de la CPI, Karim Khan, a demandé en mai à la cour de délivrer des mandats d'arrêt contre Netanyahu et Gallant (qui a été limogé début novembre par le Premier ministre israélien) pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité présumés à Gaza.

M. Khan a également demandé des mandats d'arrêt contre de hauts dirigeant du Hamas, dont Mohammed Deif, soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité.

Selon Israël, Deif a été tué par une frappe le 13 juillet dans le sud de Gaza, bien que le Hamas nie sa mort.

Le procureur a depuis abandonné la demande de mandats d'arrêt contre le chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, et le chef du Hamas dans la bande de Gaza Yahya Sinouar, dont les morts ont été confirmées.

Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza a annoncé jeudi un nouveau bilan de 44.056 morts dans le territoire palestinien depuis le début de la guerre avec Israël il y a plus d'un an.

Au moins 71 personnes ont été tuées ces dernières 24 heures, a-t-il indiqué dans un communiqué, ajoutant que 104.268 personnes avaient été blessées dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.


Liban: frappes sur la banlieue sud de Beyrouth après un appel israélien à évacuer

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  • La banlieue sud, désertée par une grande partie de ses habitants en raison des frappes systématiques, avait été visée par trois frappes israéliennes à l'aube, qui ont "détruit plusieurs bâtiments" selon l'Ani
  • Le porte-parole de l'armée israélienne a affirmé qu'elles avaient visé "des centres de commandement et des structures militaires" du Hezbollah

BEYROUTH: De nouvelles frappes ont visé jeudi matin la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah libanais contre lequel Israël est en guerre, peu après un appel de l'armée israélienne à évacuer, selon un média d'Etat libanais.

L'Agence nationale d'information libanaise (Ani) a rapporté trois frappes sur la banlieue sud, dont une "très violente sur Haret Hreik", un quartier de ce secteur, et précisé qu'un immeuble avait été détruit.

Sur les images de l'AFPTV, on peut voir des panaches de fumée s'élever d'au moins trois sites visés.

Les frappes ont été précédées par un appel du porte-parole arabophone de l'armée israélienne, Avichai Adraee, sur les réseaux sociaux, à évacuer trois secteurs de la banlieue sud.

Après cet appel, des tirs nourris ont été entendus dans la banlieue, visant à avertir les habitants.

La banlieue sud, désertée par une grande partie de ses habitants en raison des frappes systématiques, avait été visée par trois frappes israéliennes à l'aube, qui ont "détruit plusieurs bâtiments" selon l'Ani.

Le porte-parole de l'armée israélienne a affirmé qu'elles avaient visé "des centres de commandement et des structures militaires" du Hezbollah.

Les frappes interviennent alors que l'émissaire américain Amos Hochstein tente de parvenir à un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais.

Après avoir vu les responsables libanais à Beyrouth, il doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle israélienne.

Les violences entre Israël et le mouvement pro-iranien, initiées par ce dernier au début de la guerre dans la bande de Gaza, ont fait plus de 3.550 morts depuis octobre 2023.

La plupart des victimes ont été tuées depuis que l'armée israélienne a déclenché fin septembre dernier une campagne massive de bombardements visant notamment les bastions du Hezbollah, suivie d'une offensive terrestre dans le sud du Liban.