A l'ONU, craintes d'une nouvelle escalade au Proche-Orient

La Russie a appelé le Conseil de sécurité de l’ONU à se réunir pour discuter des frappes aériennes américaines contre les groupes soutenus par l’Iran en Irak et en Syrie (Photo, AP).
La Russie a appelé le Conseil de sécurité de l’ONU à se réunir pour discuter des frappes aériennes américaines contre les groupes soutenus par l’Iran en Irak et en Syrie (Photo, AP).
Des membres des forces paramilitaires irakiennes du Hashed al-Shaabi (Mobilisation populaire) portent leur drapeau ainsi que celui de l'Irak, avant les funérailles des personnes tuées la veille lors des frappes américaines dans l'ouest de l'Irak, à Bagdad, le 4 janvier 2024 (Photo ,AFP).
Des membres des forces paramilitaires irakiennes du Hashed al-Shaabi (Mobilisation populaire) portent leur drapeau ainsi que celui de l'Irak, avant les funérailles des personnes tuées la veille lors des frappes américaines dans l'ouest de l'Irak, à Bagdad, le 4 janvier 2024 (Photo ,AFP).
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Publié le Mardi 06 février 2024

A l'ONU, craintes d'une nouvelle escalade au Proche-Orient

  • L'ambassadeur russe adjoint à l'ONU Dmitry Polyanskiy avait annoncé samedi sur X avoir réclamé cette réunion d'urgence
  • L'Iran soutient des groupes armés accusés par Washington d'être à l'origine d'une recrudescence des attaques contre ses forces au Proche-Orient

NATIONS UNIES: Une haute responsable de l'ONU a appelé lundi "toutes les parties" à empêcher une nouvelle escalade des tensions au Moyen-Orient lors d'une réunion du Conseil de sécurité où la Chine et la Russie ont accusé les Etats-Unis de mettre de l'huile sur le feu.

"J'appelle le Conseil à continuer de coopérer activement avec toutes les parties pour empêcher une nouvelle escalade et une aggravation des tensions qui sapent la paix et la sécurité régionales", a déclaré la secrétaire générale adjointe de l'ONU pour les Affaires politiques Rosemary DiCarlo lors d'une réunion sur les frappes américaines de représailles en Irak et en Syrie.

"Je répète l'appel du secrétaire général à toutes les parties à s'éloigner du précipice et prendre en compte le coût humain et économique insupportable d'un possible conflit régional", a-t-elle insisté, sans mettre personne en cause spécifiquement.

Plusieurs Etats membres ont fait écho à cette inquiétude, certains mettant directement en cause les Etats-Unis qui ont, eux, défendu leurs frappes en Syrie et en Irak en riposte à l'attaque meurtrière contre une base américaine, le 28 janvier en Jordanie, attribuée à Washington à des groupes pro-Iran.

"Il est clair que les frappes des Etats-Unis sont spécifiquement et délibérément destinées à attiser le conflit", dans le but de "préserver leur position de domination dans le monde", a déclaré l'ambassadeur russe Vassili Nebenzia, dont le pays avait réclamé cette réunion d'urgence.

"Les actions américaines vont probablement exacerber le cercle vicieux de la loi du talion au Moyen-Orient", a renchéri son homologue chinois Jun Zhang, accusant les Américains d'avoir violé l'intégrité territoriale de la Syrie et de l'Irak. Une position partagée par le représentant algérien Amar Bendjama.

L'ambassadeur américain adjoint Robert Wood a, lui, défendu des actions "nécessaires et proportionnées" dans l'exercice du "droit à l'autodéfense".

"Les Etats-Unis n'ont aucun désir de plus de conflit dans une région où nous travaillons activement pour contenir et désamorcer le conflit à Gaza. Nous ne cherchons pas un conflit direct avec l'Iran", a-t-il assuré, appelant le Conseil à faire pression sur Téhéran pour que les attaques cessent.

Frappes ciblées

Les Etats-Unis ont mené la semaine dernière des frappes contre 85 cibles sur quatre sites en Syrie et trois en Irak, visant les Gardiens de la Révolution islamique, armée idéologique de l'Iran, et des groupes armés pro-iraniens, selon Washington.

Ils ont promis d'autres frappes en riposte à l'attaque du 28 janvier contre une base américaine en Jordanie, près des frontières syrienne et irakienne, dans laquelle trois soldats américains ont été tués.

Ces représailles américaines, qui ont fait au moins 45 morts, ont été vivement dénoncées par la Syrie et l'Irak, ainsi que par l'Iran, ennemi juré des Etats-Unis.

L'ambassadeur iranien à l'ONU Amir Saeid Iravani a qualifié les accusations américaines de "trompeuses, sans fondement et inacceptables".

"L'Iran n'a jamais cherché à ce que le conflit déborde dans la région", a-t-il déclaré. Mais "si l'Iran est menacé, attaqué ou agressé (...) il n'hésitera pas à exercer son droit inhérent à répondre fermement en vertu du droit international et de la charte de l'ONU".

L'Iran soutient des groupes armés accusés par Washington d'être à l'origine d'une recrudescence des attaques contre ses forces au Proche-Orient, sur fond de guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza.


Les Houthis font état de quatre morts dans des frappes attribuées aux Etats-Unis

Les rebelles houthis du Yémen ont fait état mercredi d'un nouveau bilan de quatre morts dans des frappes sur Hodeida (ouest), attribuées aux Etats-Unis, et dit avoir mené une nouvelle attaque contre un porte-avion américain. (AFP)
Les rebelles houthis du Yémen ont fait état mercredi d'un nouveau bilan de quatre morts dans des frappes sur Hodeida (ouest), attribuées aux Etats-Unis, et dit avoir mené une nouvelle attaque contre un porte-avion américain. (AFP)
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  • Selon les médias houthis, des frappes américaines ont visé dans la nuit plusieurs localités sous contrôle des rebelles houthis, soutenus par l'Iran, notamment des infrastructures hydrauliques dans le gouvernorat de Hodeida
  • Trois raids ont également été rapportés dans le gouvernorat de Hajjah (nord-ouest) et trois autres dans le bastion du groupe rebelle, Saada, dans le nord du Yémen

SANAA: Les rebelles houthis du Yémen ont fait état mercredi d'un nouveau bilan de quatre morts dans des frappes sur Hodeida (ouest), attribuées aux Etats-Unis, et dit avoir mené une nouvelle attaque contre un porte-avion américain.

"Le bilan de l'agression américaine qui a visé mardi soir le bâtiment de la gestion de l'eau dans le district d'al-Mansouriyah, dans le gouvernorat de Hodeida, est monté à quatre morts et trois blessés", a déclaré le porte-parole du ministère de la Santé houthi, Anis Alasbahi.

Selon les médias houthis, des frappes américaines ont visé dans la nuit plusieurs localités sous contrôle des rebelles houthis, soutenus par l'Iran, notamment des infrastructures hydrauliques dans le gouvernorat de Hodeida.

Trois raids ont également été rapportés dans le gouvernorat de Hajjah (nord-ouest) et trois autres dans le bastion du groupe rebelle, Saada, dans le nord du Yémen. Les Etats-Unis n'ont pas confirmé avoir mené ces frappes.

Le 15 mars, Washington a annoncé une nouvelle offensive militaire, promettant de recourir à une force écrasante tant que les rebelles continueront de viser des navires circulant sur les routes maritimes clefs de la mer Rouge et du golfe d'Aden.

"Les frappes contre les Houthis ont été incroyablement efficaces", a déclaré mardi la porte-parole de la Maison Blanche Karoline Leavitt, précisant qu'il y avait eu "plus de 200 frappes réussies contre les Houthis".

Les frappes américaines visent à neutraliser les menaces des Houthis en mer Rouge, une zone maritime essentielle pour le commerce mondial, où les rebelles yéménites ont mené de nombreuses attaques depuis fin 2023 affirmant s'en prendre à des navires liés à Israël, en solidarité avec les Palestiniens.

Les Houthis ciblent également les navires de guerre américains au large du Yémen. Ils ont affirmé tôt mercredi avoir mené une attaque contre le porte-avions Harry S. Truman, "la troisième en 24 heures", selon leur porte-parole militaire, Yahya Saree.

De leur côté, les Etats-Unis ont annoncé mardi l'envoi d'un deuxième porte-avions au Moyen-Orient, le Carl Vinson, "afin de continuer à promouvoir la stabilité régionale, dissuader toute agression et protéger les flux commerciaux dans la région".

Le Pentagone n'a pas précisé de date ni la zone où navigueront les deux groupes aéronavals.

Le président Donald Trump a assuré lundi sur son réseau Truth Social que "le plus dur (était) à venir pour les Houthis et leurs soutiens en Iran". "Nos attaques continueront jusqu'à ce qu'ils ne soient plus une menace pour la liberté de navigation", a encore écrit le président américain.

 


Les Etats-Unis envoient un deuxième porte-avions au Moyen-Orient 

Selon le Pentagone, le Harry S. Truman sera rejoint par le Carl Vinson, actuellement dans la zone indopacifique, "afin de continuer à promouvoir la stabilité régionale, dissuader toute agression et protéger les flux commerciaux dans la région", a déclaré M. Parnell dans un communiqué. (AFP)
Selon le Pentagone, le Harry S. Truman sera rejoint par le Carl Vinson, actuellement dans la zone indopacifique, "afin de continuer à promouvoir la stabilité régionale, dissuader toute agression et protéger les flux commerciaux dans la région", a déclaré M. Parnell dans un communiqué. (AFP)
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  • Cette annonce survient alors que les Houthis, rebelles yéménites soutenus par l'Iran, ont revendiqué le mois dernier des attaques contre le porte-avions Harry S. Truman en mer Rouge
  • Washington, qui a procédé ces dernières semaines à des frappes au Yémen, n'a pas confirmé ces attaques

WASHINGTON: Les Etats-Unis envoient un deuxième porte-avions au Moyen-Orient, a annoncé mardi le porte-parole du ministère de la Défense Sean Parnell, évoquant la protection des flux commerciaux.

Cette annonce survient alors que les Houthis, rebelles yéménites soutenus par l'Iran, ont revendiqué le mois dernier des attaques contre le porte-avions Harry S. Truman en mer Rouge. Washington, qui a procédé ces dernières semaines à des frappes au Yémen, n'a pas confirmé ces attaques.

Les Houthis visent la navigation commerciale en mer Rouge depuis le début de la guerre à Gaza en octobre 2023.

Selon le Pentagone, le Harry S. Truman sera rejoint par le Carl Vinson, actuellement dans la zone indopacifique, "afin de continuer à promouvoir la stabilité régionale, dissuader toute agression et protéger les flux commerciaux dans la région", a déclaré M. Parnell dans un communiqué.

Le ministère n'a pas précisé où exactement navigueraient les deux groupes aéronavals.

Parallèlement, le secrétaire à la Défense Pete Hegseth a ordonné le déploiement dans la région "d'escadrons additionnels et d'autres actifs aériens qui renforceront nos capacités défensives de soutien aérien", selon M. Parnell.

La marine américaine compte une dizaine de porte-avions.

 


Trump s'entretient avec Sissi des Houthis et de Gaza

L'Egypte a récemment présenté un plan soutenu par les pays arabes qui permettrait de maintenir les habitants de Gaza sur leur terre. Le président américain a lui proposé leur expulsion vers l'Egypte et la Jordanie pour faire du territoire la "Riviera du Moyen-Orient". (AFP)
L'Egypte a récemment présenté un plan soutenu par les pays arabes qui permettrait de maintenir les habitants de Gaza sur leur terre. Le président américain a lui proposé leur expulsion vers l'Egypte et la Jordanie pour faire du territoire la "Riviera du Moyen-Orient". (AFP)
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  • Lundi, Donald Trump avait assuré que "le plus dur (était) à venir pour les Houthis et leurs soutiens en Iran", alors que les Etats-Unis ont déjà mené plusieurs frappes contre les rebelles du Yémen
  • Donald Trump a indiqué mardi s'être entretenu avec son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi, évoquant un appel téléphonique qui s'est "très bien passé"

WASHINGTON: Donald Trump a indiqué mardi s'être entretenu avec son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi, évoquant un appel téléphonique qui s'est "très bien passé".

"Nous avons abordé de nombreux sujets, notamment les progrès militaires considérables que nous avons réalisés contre les Houthis au Yémen qui détruisent les navires", a écrit le président américain sur son réseau Truth Social.

Il n'a pas précisé quand cet appel a eu lieu.

Lundi, Donald Trump avait assuré que "le plus dur (était) à venir pour les Houthis et leurs soutiens en Iran", alors que les Etats-Unis ont déjà mené plusieurs frappes contre les rebelles du Yémen.

Rapidement après le début de la guerre à Gaza, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas sur Israël le 7 octobre 2023, les rebelles houthis du Yémen, soutenus par l'Iran et affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens, ont mené des dizaines d'attaques de missiles contre Israël et en mer Rouge - zone essentielle pour le commerce mondial - contre des navires auxquels ils reprochent des liens divers avec Israël.

Le président américain a également dit avoir discuté avec le dirigeant égyptien de "Gaza et des solutions possibles, de l'état de préparation militaire, etc".

Israël a repris sa campagne militaire le 18 mars avec d'intenses bombardements et une nouvelle offensive au sol, rompant deux mois de trêve avec le Hamas, entrée en vigueur le 19 janvier.

Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour la bande de Gaza a annoncé mardi que 1.042 personnes avaient été tuées depuis la reprise le 18 mars des bombardements israéliens sur ce territoire palestinien.

L'Egypte a récemment présenté un plan soutenu par les pays arabes qui permettrait de maintenir les habitants de Gaza sur leur terre. Le président américain a lui proposé leur expulsion vers l'Egypte et la Jordanie pour faire du territoire la "Riviera du Moyen-Orient".