MADRID: Les trois principaux syndicats agricoles espagnols ont annoncé vendredi qu'ils poursuivaient leur mobilisation à l'issue d'une réunion avec le ministre de l'Agriculture, qui s'est engagé à "travailler" pour répondre à la crise du secteur.
Le mouvement des agriculteurs espagnols prendra fin "dès que nous aurons des mesures concrètes" sur la politique agricole, "au service" des agriculteurs, a souligné lors d'un point presse la vice-présidente de l'Union des petits agriculteurs (UPA), Montserrat Cortiñas.
Un message relayé par les deux autres syndicats majoritaires, la Coag et l'Asaja. "La campagne doit se faire entendre", a justifié José Manuel Cebollada, vice-président de l'Asaja, en estimant que la politique agricole actuelle protégeait plus "l'environnement" que les "droits des agriculteurs".
Cette réunion avait été convoquée en urgence par le ministre Luis Planas, désireux de faire retomber la pression dans le secteur espagnol, qui a annoncé mardi rejoindre le mouvement de colère européen avec une série de manifestations "dans les prochaines semaines".
S'exprimant à l'issue de la rencontre, le responsable socialiste a dit comprendre la colère des agriculteurs et s'est engagé à défendre une plus grande "simplification" administrative face à l'"accumulation des normes" fixées par la politique agricole commune (PAC).
Il s'agit "d'identifier quelles procédures bureaucratiques peuvent être réduites", a-t-il souligné, en égratignant l'attitude de Bruxelles vis-à-vis de la colère agricole. "Si nous sommes ici, c'est parce que la Commission (européenne) n'a pas été capable jusqu'à présent de dialoguer avec le secteur", a-t-il jugé.
Les syndicats espagnols dénoncent "une frustration et un malaise croissants" en raison "de la bureaucratie étouffante générée par les réglementations européennes", et de la "concurrence déloyale" des produits venant de l'extérieur de l'UE, qui ne sont pas soumis aux mêmes contraintes.
Depuis l'annonce de mardi, plusieurs rassemblements ont eu lieu, notamment à Leon, Zamora et Avila, dans le nord et le centre du pays. D'autres manifestations sont prévues le 13 février à Barcelone, le 14 février en Andalousie et en Castille-la-Manche, et le 21 février à Madrid.
Lors de leur réunion, les syndicats et Luis Planas ont également évoqué les attaques dont l'agriculture espagnole fait l'objet depuis plusieurs jours en France, de la part des manifestants - qui ont agressé des chauffeurs routiers venant d'Espagne - mais aussi de certains responsables politiques.
"De tels incidents" sont "intolérables", a souligné M. Planas, en rappelant que les règles européennes prévoyaient la "libre circulation des personnes et des marchandises" dans l'UE. Le ministre a assuré avoir reçu jeudi une lettre de son homologue Marc Fesneau présentant ses "excuses".
Les agriculteurs espagnols assurent avoir été particulièrement choqués par des propos tenus par l'ancienne ministre française de l'Environnement, Ségolène Royale, qui a jugé que les tomates bio espagnoles étaient "immangeables" et ne respectaient pas "les normes françaises".
Ces critiques sont "infondées" et appellent "une réponse ferme du gouvernement espagnol", a jugé dans un communiqué l'Asaja, en assurant que les produits espagnols respectaient "rigoureusement" les normes européennes et étaient "reconnus internationalement pour leur excellence".
L'Espagne, souvent qualifiée de "potager de l'Europe", est le premier exportateur européen de fruits et légumes. Le secteur agricole espagnol y est néanmoins en difficulté, en raison principalement de la sécheresse qui sévit depuis trois ans dans le pays.