CASABLANCA: La pièce Je t’aime à l’algérienne a été récemment accommodée à la sauce marocaine. Ce spectacle écrit par Hugues Duquesne et Kader Nemer a connu un immense succès à Casablanca. Les deux comédiens présentaient leur show pour la deuxième fois au Maroc.
À cette occasion, les décors ont été reproduits à l’identique en un temps record. Le public casablancais a ainsi pu découvrir l’œuvre telle qu’elle a été présentée sur les planches de l’Hexagone.
«J'ai demandé de réaliser les plans et les dessins rapidement et, au Maroc, ils ont mis quasiment le même temps pour concevoir les décors, c'est-à-dire une semaine. La comédie a été merveilleusement accueillie. Elle tourne depuis des années et compte près de 1 500 représentations. Elle raconte une histoire qui contient de nombreux rebondissements, le public ne s'ennuie jamais», confie Kader Nemer à Arab News en français.
Comédie multiculturelle
La pièce raconte l’histoire de Carlo et Farid, deux amis d’enfance qui vont voir leur vie bousculée lorsque Farid découvre que sa sœur jumelle, Aïcha, va se marier avec Carlo. Farid, musulman d’origine algérienne, va alors tout faire pour empêcher cette union, mais lui aussi sera confronté à une situation cocasse.
Tout d’abord en duo, sur scène, les humoristes originaires du nord de la France ont joué pendant plusieurs années un sketch à succès qui contient les prémices de Je t’aime à l’algérienne.
«Cette comédie est un huis clos, elle se déroule dans l'appartement de Carlo. On apprend que Farid est aussi un petit cachottier qui s’est fait passer pour un juif du nom d’Élie face à sa fiancée, Rachel, et que son mariage secret est prévu dans quelques semaines. Il y a un très grand nombre de quiproquos, de situations improbables, du rire…»
Toutes ces situations ont été inspirées par l’univers des auteurs de la pièce. Tout d’abord en duo, sur scène, les humoristes originaires du nord de la France ont joué pendant plusieurs années un sketch à succès qui contient les prémices de Je t’aime à l’algérienne. Après avoir entamé l’un et l’autre une carrière solo, quelques années plus tard, Kader et Hugues se retrouvent et décident de se lancer dans cette nouvelle aventure.
«Quand notre duo s’est séparé, chacun a fait sa petite carrière et quand on s'est recontactés, en 2013, j'avais commencé à écrire une pièce sur cette histoire. Je l’avais appelée “La Sœur du grand frère”. Il m'a appelé car il avait aussi commencé à écrire une pièce sur ce sujet. On a donc décidé de joindre nos idées. C'est comme ça que c'est parti.»
Le titre est d’ailleurs très évocateur. C’est un clin d’œil à la chanson de Frédéric François Je t’aime à l’italienne. À l’italienne, à l’algérienne: l’expression peut être cuisinée à toutes les sauces, selon le pays d’accueil. «Au début, on avait imaginé Farid algérien, puis on a ajouté “à la marocaine” au Maroc. Maintenant, on l’adapte selon l’endroit. L'objectif est de mettre en avant le multiculturalisme, la mixité et de montrer que l'amour n'a pas de frontières.»
Prôner le vivre ensemble
Si la comédie rencontre un tel écho, c’est aussi en raison des idées qu’elle véhicule. Elle évoque en effet avec humour la question des mariages interreligieux et du multiculturalisme. Un message fort pour le coauteur de la pièce, Kader Nemer, notamment face à une actualité «triste et désastreuse».
«Elle n’a jamais été aussi adéquate… Quand on salue le public, je dis: “Ça fait du bien de rire sur un tel sujet en ce moment, vous pouvez vous applaudir.” On a besoin de ce genre de messages qui parlent du “vivre-ensemble”. Ce sont des choix politiques qui nuisent à tout cela. Mon objectif était d’attirer des gens de toutes les communautés, et on a réussi.»
La comédie poursuit sa tournée dans toute la France, en Belgique et en Suisse. La pièce pourrait même faire prochainement son retour au Maroc, cette fois à Marrakech.