L'exécutif veut reprendre en main la jeunesse

Gabriel Attal, Premier ministre français (Photo, AFP).
Gabriel Attal, Premier ministre français (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Mercredi 31 janvier 2024

L'exécutif veut reprendre en main la jeunesse

  • Emmanuel Macron avait déjà annoncé dans sa conférence de presse du 16 janvier de potentielles restrictions
  • Avec ces mesures, l'exécutif entend couper l'herbe sous le pied de la droite et de l'extrême droite

PARIS:"Tu casses, tu répares": le couple exécutif fait de la reprise en main de la jeunesse une de ses priorités, une manière de répondre aux émeutes urbaines de l'été dernier et de labourer sur les terres de l'extrême droite, grande favorite des Européennes.

"Nous devons faire respecter l'autorité partout: dans les classes, dans les familles, dans les rues", a résumé Gabriel Attal dans sa déclaration de politique générale mardi.

Emmanuel Macron avait déjà annoncé dans sa conférence de presse du 16 janvier de potentielles restrictions dans l'usage des écrans pour les enfants, l'expérimentation de l'uniforme à l'école, l'enseignement de la Marseillaise dès le primaire, ou encore la généralisation du Service national universel (SNU) en seconde.

A son grand oral devant l'Assemblée mardi, Gabriel Attal, plus jeune Premier ministre de la Ve République, a complété ce dispositif de "réarmement civique" en annonçant la création d'une peine de "travaux d'intérêt éducatif" pour les moins de 16 ans, à l'instar des travaux d'intérêt général pour les adultes.

"Tu casses, tu répares, tu salis, tu nettoies, tu défies l’autorité, on t’apprend à la respecter", a-t-il lancé. Il est "hors de question d'accabler certaines familles" comme les mères seules, mais leurs enfants "sur la mauvaise pente" pourront être "placés en internat".

«Vivre tranquillement»

Si ces propositions avaient été esquissées au sortir des émeutes urbaines de l'été 2023, Gabriel Attal s'est montré désireux de les mettre en oeuvre et de faire en même temps de l'autorité sa marque de fabrique.

Le lendemain de son arrivée à Matignon, il s'était rendu avec Gérald Darmanin dans un commissariat de police du Val d'Oise où il avait affirmé qu'il ne concevait pas "de société sans ordre et sans règles".

"Les Français aspirent à vivre tranquillement et paisiblement dans notre pays", avait-il ajouté en référence aux émeutes.

Quand il était ministre de l'Education, Gabriel Attal s'était déjà fait remarquer en interdisant l'abaya, longue robe traditionnelle portée par certaines élèves musulmanes, et en proposant un "choc des savoirs".

La sécurité arrive à la troisième place, après le pouvoir d'achat et la hausse des prix, des enjeux qui "compteront le plus" pour les Français "au moment de voter" aux élections européennes, selon un sondage Opinionway réalisé les 17 et 18 janvier.

Les travaux "éducatifs" sont une "mesure sociale", a estimé le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti mercredi sur franceinfo. Selon lui, 60% des jeunes ayant participé aux émeutes étaient "élevés par une femme seule".

"On va demander au service de police d'aller voir la maman et de lui dire +écoutez madame, est-ce que vous voulez qu'on vous donne un coup de main ? Est-ce que vous voulez qu'on sorte votre gamin du quartier ? Est-ce que vous souhaitez qu'on le rescolarise ?+", a-t-il affirmé.

«Parler vrai»

Avec ces mesures, l'exécutif entend couper l'herbe sous le pied de la droite et de l'extrême droite, alors que l'électorat de la macronie s'est droitisé depuis les dernières élections européennes et que le Rassemblement national est donné favori du scrutin du 9 juin.

L'autorité, même si elle "ne sonne pas mélodieuse pour l'aile gauche" de la majorité, reste tout de même "compatible avec le centre-gauche (...) libéral sur les sujets économiques, ouvert sur les sujets de société mais très attaché à l'ordre", estime Benjamin Morel, maître de conférences en droit public.

L'ancienne Garde des Sceaux sarkozyste, devenue ministre de la Culture, Rachida Dati s'est réjouie sur France Inter "qu'il y ait quelque chose de Nicolas Sarkozy en lui" (Gabriel Attal).

Mais ce que les Français apprécient le plus chez le Premier ministre de 34 ans, estime Frédéric Dabi, directeur de l'institut Ifop, c'est "le constat sans déni" et "l'action, la décision".

"Le parler vrai, le parler clair, c'est de moins en moins associé à Macron, l’autorité lui fait défaut. Gabriel Attal joue donc bien la complémentarité", ajoute le sondeur, en mettant en garde toutefois contre "un ministère de la parole sans résultats concrets".

Certaines mesures comme l'uniforme présentent en outre l'avantage de relever du domaine réglementaire, ce qui permet au gouvernement de ne pas passer par le Parlement où il ne dispose que d'une majorité relative, note M. Morel.


La manifestation de soutien à Le Pen "n'est pas un coup de force", dit Bardella

La présidente du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), l'eurodéputé Jordan Bardella (G) et la présidente du groupe parlementaire du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, quittent le palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 26 août 2024, après leur rencontre avec le président français. (Photo by Bertrand GUAY / AFP)
La présidente du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), l'eurodéputé Jordan Bardella (G) et la présidente du groupe parlementaire du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, quittent le palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 26 août 2024, après leur rencontre avec le président français. (Photo by Bertrand GUAY / AFP)
Short Url
  • « Ce n'est pas un coup de force, c'est au contraire une défense très claire et très profonde de l'État de droit et de la démocratie française.
  • « Cela nous semblait nécessaire que nous puissions nous exprimer directement aux Français.

STRASBOURG : La manifestation de soutien à Marine Le Pen prévue dimanche à Paris « n'est pas un coup de force », mais une mobilisation « pour la démocratie », a assuré mercredi Jordan Bardella, président du Rassemblement national, à des journalistes au Parlement européen à Strasbourg.

« Ce n'est pas un coup de force, c'est au contraire une défense très claire et très profonde de l'État de droit et de la démocratie française. C'est une mobilisation en réalité, non pas contre, mais pour la démocratie française », a déclaré l'eurodéputé au sujet de ce rassemblement annoncé par le RN après la condamnation de la triple candidate à la présidentielle à une peine d'inéligibilité immédiate.

« Cela nous semblait nécessaire (...) que nous puissions nous exprimer directement aux Français par l'intermédiaire de ces discours qui seront prononcés dimanche avec l'ensemble de nos cadres, de nos parlementaires et de nos militants », a-t-il ajouté.

Cette condamnation, que le RN qualifie de « scandale démocratique », compromet grandement ses chances de concourir une quatrième fois à la fonction suprême en 2027.

Pour Jordan Bardella, cela ne change « absolument rien » à sa relation avec Marine Le Pen, « si ce n'est qu'elle est peut-être encore plus forte qu'elle ne l'a été par le passé ».

« Je suis à ses côtés, je vais continuer à l'être (...) Nous allons évidemment mener le combat », a assuré l'eurodéputé qui faisait son retour au Parlement européen après avoir manqué les deux premiers jours de la session.

Il a qualifié de « bonne nouvelle » l'annonce de la justice qu'une décision en appel devrait être rendue « à l'été 2026 », donc bien avant la présidentielle.


Condamnation de Marine Le Pen: Macron rappelle au gouvernement l'indépendance de la justice

Le président français Emmanuel Macron (Photo AFP)
Le président français Emmanuel Macron (Photo AFP)
Short Url
  • Le président français Emmanuel Macron a « rappelé » que l'autorité judiciaire est indépendante et que les magistrats doivent être protégés
  • Le chef de l'État a également affirmé que « tous les justiciables ont droit au recours ».

PARIS : Mercredi en Conseil des ministres, le président français Emmanuel Macron a « rappelé » que l'autorité judiciaire est indépendante et que les magistrats doivent être protégés, après la condamnation de la cheffe de l'extrême droite Marine Le Pen qui a suscité des attaques contre les juges, ont rapporté des participants.

Le chef de l'État a également affirmé que « tous les justiciables ont droit au recours », selon ces sources. La justice a déjà fait savoir qu'un nouveau procès en appel pourrait se tenir dans des délais qui laissent une porte ouverte à une éventuelle candidature présidentielle en 2027 de la leader du Rassemblement national (RN), principale formation d'extrême droite française. 

Devant la presse, à l'issue du Conseil des ministres, la porte-parole du gouvernement Sophie Primas a rapporté mercredi les propos du chef de l'État.

« La première chose qu'il a rappelée, a poursuivi Mme Primas, est que la justice est évidemment indépendante et prend ses décisions en toute indépendance, et qu'il faut donc la respecter comme l'un des piliers de notre démocratie. La première, a-t-elle dit, est que la justice est indépendante et qu'elle prend ses décisions en toute indépendance et qu'il faut donc la respecter comme un pilier de notre démocratie.

« La troisième chose, pour rappeler que les menaces qui sont faites à l'encontre des magistrats sont absolument insupportables et intolérables, puisque nous sommes encore une fois dans une démocratie. Et la justice est tout à fait indépendante et doit être respectée », a-t-elle ajouté.

« Et la troisième chose, pour rappeler que chacun a le droit à une justice équivalente et que le droit est le même pour tous. »


Bac: l'épreuve de maths en première se précise pour l'an prochain

La ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Elisabeth Borne, lors d'une conférence de presse à l'issue d'une visite à l'école élémentaire Claude-Monnet à Rueil-Malmaison, en banlieue parisienne, le 28 mars 2025. (Photo Thomas SAMSON / AFP)
La ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Elisabeth Borne, lors d'une conférence de presse à l'issue d'une visite à l'école élémentaire Claude-Monnet à Rueil-Malmaison, en banlieue parisienne, le 28 mars 2025. (Photo Thomas SAMSON / AFP)
Short Url
  • Le Conseil supérieur de l'éducation (CSE, qui rassemble syndicats, associations de parents, collectivités, etc.) a majoritairement voté contre le projet de décret et d'arrêté
  • L'ex-ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal, avait annoncé en décembre 2023 la création de cet examen sur le modèle de l'épreuve anticipée de français pour le baccalauréat en fin de première,

PARIS : Le projet d'épreuve de mathématiques en classe de première pour l'an prochain, qui vise à mettre en œuvre le « choc des savoirs » annoncé par l'ex-ministre de l'Éducation nationale Gabriel Attal, a été présenté mardi devant une instance consultative de l'Éducation nationale, étape-clé avant sa publication.

Le Conseil supérieur de l'éducation (CSE, qui rassemble syndicats, associations de parents, collectivités, etc.) a majoritairement voté contre le projet de décret et d'arrêté instaurant cette « épreuve terminale de culture mathématique aux baccalauréats général et technologique ».

Ils ont recueilli 0 voix pour, 27 contre, 31 abstentions et 4 refus de prendre part au vote (l'administration ne votant pas dans cette instance), un vote indicatif qui n'empêche pas la mise en œuvre de la réforme, selon des sources syndicales.

Cette épreuve écrite d'une durée de deux heures, qui entrera en vigueur au printemps 2026, sera « affectée d'un coefficient 2 » (points pris sur l’épreuve du Grand oral en terminale), selon ces textes, consultés par l'AFP.

L'ex-ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal, avait annoncé en décembre 2023 la création de cet examen sur le modèle de l'épreuve anticipée de français pour le baccalauréat en fin de première, un projet confirmé en novembre 2024 par sa successeure, Anne Genetet.

Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, principal syndicat du second degré (collèges et lycées), qualifie auprès de l'AFP la mesure de « rafistolage supplémentaire du bac Blanquer », décidé en 2019 par l'ex-ministre Jean-Michel Blanquer.

Pour Jérôme Fournier, secrétaire national du SE Unsa, la nouvelle épreuve « alourdit la fin de l'année pour les élèves et les correcteurs ».

La première partie, qui est commune à tous les élèves, sera sous forme de QCM et pourrait être corrigée automatiquement, ce à quoi « de nombreuses organisations syndicales sont opposées », a-t-il ajouté, tandis que la deuxième partie devrait consister en des résolutions de problèmes.

Des projets de textes ont par ailleurs été votés au CSE relatif à « la mise en place du +parcours renforcé+ en classe de seconde générale et technologique » ou professionnelle à partir de la rentrée 2026, avec trois votes pour, 45 contre et 13 abstentions.

Mis en place par la ministre Élisabeth Borne, ce parcours est destiné aux élèves n’ayant pas obtenu le diplôme du brevet. Son organisation relèvera « de l’autonomie de l’établissement sur la base indicative de deux heures hebdomadaires sur tout ou partie de l’année », selon le projet d'arrêté.

Sophie Vénétitay déplore « une coquille vide » tandis que Tristan Brams (CFDT Éducation) regrette l'absence de « moyens supplémentaires ».