La solution à deux États peut-elle être sauvée des ruines du conflit au Moyen-Orient?

Une femme palestinienne regarde une peinture murale représentant la mosquée Al-Aqsa et la vieille ville de Jérusalem sur la barrière de séparation controversée d'Israël entre Jérusalem et la Cisjordanie occupée, à Bethléem, le 17 avril 2022 (Photo, AFP).
Une femme palestinienne regarde une peinture murale représentant la mosquée Al-Aqsa et la vieille ville de Jérusalem sur la barrière de séparation controversée d'Israël entre Jérusalem et la Cisjordanie occupée, à Bethléem, le 17 avril 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 31 janvier 2024

La solution à deux États peut-elle être sauvée des ruines du conflit au Moyen-Orient?

  • Les dirigeants mondiaux qui souhaitent voir deux États indépendants vivre côte à côte se heurtent au refus d'Israël
  • Sans voie claire vers un État palestinien, le processus de paix au Moyen-Orient restera gelé, avertissent les experts

DUBAI: Depuis le déclenchement de la dernière guerre à Gaza le 7 octobre, la communauté internationale cherche à obtenir un cessez-le-feu humanitaire immédiat et une voie claire vers une solution à deux États afin de régler le conflit israélo-palestinien qui dure depuis des décennies.

Cependant, Benjamin Netanyahou, le Premier ministre israélien, a clairement indiqué qu'il n'autoriserait pas le transfert de la sécurité de la bande de Gaza à l'Autorité palestinienne, et encore moins la création d'un nouvel État, une fois le conflit terminé.

«L'insistance est ce qui a empêché, au fil des ans, la création d'un État palestinien qui aurait constitué un danger existentiel pour Israël», a déclaré Netanyahou lors d'une récente émission. «Tant que je serai Premier ministre, je continuerai à insister fortement sur ce point.»

En réponse aux commentaires de Netanyahou, Antonio Guterres, secrétaire général des Nations unies, a déclaré que cette position «prolongerait indéfiniment un conflit qui est devenu une menace majeure pour la paix et la sécurité mondiales», et que la solution à deux États est la seule façon de sortir de cette «haine et de cette violence».

Une photo montre une vue du mur de séparation israélien dans la ville de Bethléem en Cisjordanie occupée, le 6 décembre 2023 (Photo, AFP).

Le dirigeant israélien est loin d'être le seul obstacle à la solution à deux États. Selon les sondages, de nombreux Israéliens estiment que l'attaque du 7 octobre menée par le Hamas a mis en évidence le danger extrême de permettre à une entité palestinienne autonome d’exister à côté.

Ceci à un moment où le soutien au Hamas semble s'accroître parmi les Palestiniens de Cisjordanie qui, après une récente vague d'attaques de colons et de raids militaires israéliens sur leurs communautés, voient l'utilité des pourparlers de paix diminuer.

«Israël n'a aucun projet et aucun intérêt à permettre aux Palestiniens de vivre en liberté sur leur terre», a précisé Daoud Kuttab, journaliste palestinien et directeur du Community Media Network, dans un récent article d'opinion publié sur Arab News.

«Les Palestiniens ont toujours su que les déclarations de paix d'Israël étaient fausses parce qu'ils ont vu de leurs propres yeux ce qu'il faisait; à savoir, créer des faits sur le terrain qui rendraient impossible la création d'un État palestinien indépendant», a-t-il expliqué.

«Bien sûr, les Israéliens soutiennent publiquement la paix en reprochant régulièrement aux Palestiniens de ne pas être assez réactifs, d'inciter à la violence et de refuser d'accepter le concept d'un “État juif”», a-t-il ajouté.

«Mais en réalité, il s'agissait d'écrans de fumée destinés à tromper la communauté internationale.»

Un jeune homme récupère des objets parmi les décombres d'un bâtiment détruit par les bombardements israéliens à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 27 janvier 2024 (Photo, AFP).

Si aucune des parties belligérantes ne semble disposée à faire les concessions nécessaires pour permettre la création d'un État palestinien – un objectif soutenu par la communauté internationale dans son ensemble – la question se pose: La solution à deux États devrait-elle être imposée à Israël?

S'exprimant la semaine dernière à l'université de Valladolid, en Espagne, Josep Borrell, le responsable de la politique étrangère de l'UE, a déclaré que la solution à deux États pourrait devoir être «imposée de l'extérieur», sans le consentement d'Israël.

«Les acteurs sont trop opposés pour pouvoir parvenir à un accord de manière autonome», a-t-il signalé, selon les médias espagnols. «Si tout le monde est en faveur de cette solution, la communauté internationale devra l'imposer.»

Antony Blinken, le secrétaire d'État américain, a souligné à plusieurs reprises que la création d'un État palestinien avec des garanties pour la sécurité d'Israël était le seul moyen de parvenir à la paix.

«Le problème, c'est d'aller d'ici à là, et bien sûr, cela nécessite des décisions très difficiles et stimulantes. Il faut un état d'esprit ouvert à cette perspective», a déclaré Blinken au Forum économique mondial de Davos le 17 janvier.

Le secrétaire d'État américain, Antony Blinken (à gauche), rencontre le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz (2e à droite), à Tel Aviv le 9 janvier 2024 (Photo, AFP).

La question de savoir si les États-Unis sont désireux ou capables de forcer Israël à accepter un État palestinien indépendant est une autre question. Compte tenu du solide soutien de Washington à Israël et de sa volonté d'opposer son veto à toute censure de son allié au sein du Conseil de sécurité des Nations unies, cette approche semble peu probable.

En effet, tout ensemble de sanctions ou de menaces de recours à la force visant à contraindre Israël à accepter un État palestinien se heurterait probablement au veto de Washington, ce qui rendrait impossible l'application d'un plan de paix sans le consentement d'Israël.

Bien que Borrell ait suggéré que les puissances mondiales puissent contraindre Israël à accepter la solution à deux États, les gouvernements européens semblent peu enclins à le faire.

Même la Cour internationale de justice de La Haye (CIJ), la plus haute juridiction de l'ONU, n'a pas les moyens de faire appliquer ses décisions, bien qu'elle ait ordonné la semaine dernière à Israël de prendre toutes les mesures nécessaires afin d’empêcher les actes de génocide à Gaza.

La CIJ a déclaré vendredi qu'Israël devait empêcher les actes de génocide dans sa guerre contre le Hamas et autoriser l'entrée de l'aide dans la bande de Gaza (Photo, CIJ).

La solution à deux États, cadre proposé pour résoudre le conflit israélo-palestinien, a été proposée pour la première fois en 1947 dans le cadre du plan de partage des Nations unies pour la Palestine à la fin du mandat britannique. Cependant, les conflits successifs, qui ont vu Israël étendre sa zone de contrôle, ont mis fin à cette initiative.

En 1993, le gouvernement israélien et l'Organisation de libération de la Palestine se sont mis d'accord sur un plan visant à mettre en œuvre une solution à deux États dans le cadre des accords d'Oslo, ce qui a conduit à la création de l'Autorité palestinienne.

Cet État palestinien serait basé sur les frontières établies après la guerre de 1967 et aurait pour capitale Jérusalem-Est. Cependant, ce processus a de nouveau échoué à cause de l'opposition violente des Israéliens d'extrême droite et des militants palestiniens.

Depuis lors, l'expansion des colonies israéliennes en Cisjordanie, les attaques réciproques, l'affaiblissement du pouvoir de l'Autorité palestinienne et les contrôles de sécurité de plus en plus stricts imposés par Israël ont rendu la solution à deux États pratiquement irréalisable aux yeux de beaucoup.

Pour la communauté internationale, cependant, cela reste la seule option.

Le président américain, Bill Clinton (au centre), se tient entre Yasser Arafat (à droite) et le Premier ministre israélien, Yitzahk Rabin (à gauche), alors qu'ils se serrent la main pour la première fois, le 13 septembre 1993 à la Maison Blanche (Photo, AFP).

Lors d'un débat très tendu au Conseil de sécurité des Nations unies la semaine dernière, les diplomates arabes ont insisté sur la nécessité d'un cessez-le-feu immédiat à Gaza et de la création d'un État palestinien qui mettrait fin à un cycle de violence vieux de plusieurs décennies.

Lana Zaki Nusseibeh, ambassadrice des Émirats arabes unis auprès des Nations unies, a déclaré à l'assemblée: «Nous ne soutiendrons pas un retour au statu quo qui a échoué. Auparavant, la solution à deux États était le point d'arrivée vers lequel nous envisagions que nos efforts diplomatiques mèneraient. Aujourd'hui, elle doit être notre point de départ.»

Ayman Safadi, ministre jordanien des Affaires étrangères, a déclaré que les actions d'Israël à Gaza compromettaient la solution à deux États et «condamnaient l'avenir de la région à davantage de conflits et de guerres».

Lorsque Gilad Erdan, l'envoyé d'Israël auprès des Nations unies, a comparé la gestion de la crise à Gaza par le monde à un «traitement du cancer avec de l'aspirine», de nombreux ambassadeurs arabes ont quitté la séance.

L'hostilité et le manque de confiance entre les deux parties sont tels que la confiance dans la reprise des pourparlers est sans doute aujourd'hui au plus bas.

«Il faudra du temps», a déclaré à Arab News Gershon Baskin, chroniqueur israélien, ancien négociateur d'otages et directeur pour le Moyen-Orient de l'International Communities Organization. «Les gens ne sont pas en mesure de penser rationnellement pour le moment. Ils sont traumatisés et veulent se venger. C'est l'un des principaux facteurs de motivation au sein de la société.»

«Malgré un plan rationnel sur la manière de mettre en œuvre le processus de paix, les gens ne sont pas prêts. Nous nous entretuons depuis des décennies et cela ne nous mène nulle part. Mais une solution à deux États ne semble pas viable pour les Israéliens après les événements du 7 octobre», a-t-il expliqué.

«D'autre part, les Palestiniens croient qu'ils revivent la Nakba. Ils sont dévastés et n'ont aucune représentation légitime. Alors que certains ont applaudi les actions du Hamas, ils se rendent compte aujourd'hui que ce n'est pas non plus une solution», a-t-il ajouté.

Des Palestiniens déplacés fuient Khan Younès dans le sud de la bande de Gaza, le 30 janvier 2024 (Photo, AFP).

Israël a lancé sa campagne militaire à Gaza en réponse à l'attaque du 7 octobre menée par le Hamas contre le sud d'Israël, au cours de laquelle des militants palestiniens ont tué quelque 1 200 personnes, pour la plupart des civils, et pris 240 autres en otage, dont de nombreux ressortissants étrangers.

Depuis lors, l'armée israélienne a mené une campagne aérienne et terrestre féroce contre le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza depuis 2007, tuant plus de 26 000 Palestiniens, selon le ministère de la Santé de Gaza.

Malgré le carnage dont l'enclave a été témoin, certains commentateurs estiment que la conduite d'Israël dans la guerre a forcé la communauté internationale à se pencher sur la question palestinienne avec plus d'urgence.

«L'attaque du 7 octobre contre Israël et le style de vengeance "sans prisonniers" qui s'en est suivi et qui a choqué la conscience du monde entier ont redynamisé l'opinion mondiale», a écrit Kuttab dans sa chronique d'Arab News.

«Naturellement, les forces politiques sont revenues à la charge et ont insisté – cette fois-ci un peu plus sérieusement – sur la nécessité de trouver, après la fin de la guerre à Gaza, une solution politique qui réponde aux aspirations légitimes des Palestiniens.

«Cela a obligé le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, à admettre que, depuis trente ans, il est opposé à un État palestinien et que celui-ci ne verrait jamais le jour tant qu'il serait au pouvoir.

«Une fois de plus, la communauté internationale a condamné ces propos, mais elle n'a pas réussi à traduire ces condamnations en pressions et à créer un processus irréversible vers cet objectif», a indiqué Kuttab.

Un partisan propalestinien brandit un drapeau palestinien alors qu'il est assis sur un feu de signalisation devant la Tour Elizabeth, au Palais de Westminster, lors d'une Marche nationale pour la Palestine dans le centre de Londres, le 13 janvier 2024 (Photo, AFP).

Alors que quelque 130 otages seraient encore détenus à Gaza, le gouvernement israélien se dit déterminé à poursuivre les opérations jusqu'à ce que le Hamas soit vaincu. Les plans pour la gouvernance de Gaza après la guerre ou pour un processus de paix plus large n'ont toutefois pas encore été déterminés.

«Étant donné que nous avons toujours des otages à Gaza, personne ne voudra parler du processus et encore moins de la paix», a déclaré à Arab News Meir Javedanfar, conférencier sur l'Iran et le Moyen-Orient à l'université Reichman de Tel-Aviv.

«Avant tout, tous les otages doivent être libérés. Ensuite, nous pourrons commencer à réfléchir à des solutions», a-t-il ajouté.

Mais cela ne signifie pas nécessairement que le processus de paix est mort. Avec le soutien de Washington et des États arabes, Javedanfar estime que les négociations peuvent reprendre, mais pas tant qu'Israël n'aura pas achevé sa mission contre le Hamas.

«Une fois la guerre terminée, si l'Amérique et les États arabes, en particulier l'Arabie saoudite, apportent leur soutien, vous trouverez des Israéliens intéressés par le processus de discussion et de négociation avec l'Autorité palestinienne», a-t-il envisagé.

«Dans un premier temps, le processus sera davantage soutenu que la paix, mais si le processus donne des résultats positifs, nous pourrons alors commencer à parler de paix. Mais nous en sommes encore loin», a-t-il poursuivi.

«Libérez les otages, retirez le Hamas de toute équation politique palestinienne et, si tout se passe bien, nous pourrons commencer à parler de paix», a indiqué Javedanfar.

La police se tient debout alors que des manifestants israéliens scandent des slogans contre le Premier ministre, Benjamin Netanyahou, lors d'une manifestation anti-gouvernementale à Jérusalem le 4 novembre 2023 (Photo, AFP).

Tant que Netanyahou restera en fonction, il est peu probable que le cadran évolue sur la question de la création d'un État palestinien. Ceci dit, le Premier ministre israélien est désormais confronté à la bataille politique de sa vie.

Ses rivaux tentent de lui faire porter la responsabilité des défaillances des services de renseignement qui ont conduit aux attentats du 7 octobre et du fait qu'il n'a pas fait assez pour ramener les otages à la maison, et il pourrait ne pas rester longtemps au pouvoir si des élections anticipées sont organisées.

Mais si les Israéliens continuent à le considérer comme le seul candidat capable de résister à la pression internationale et à la perspective d'un État palestinien, la carrière politique de Netanyahou peut encore survivre.

Le 20 janvier, au lendemain d'un appel téléphonique avec le président américain, Joe Biden, Netanyahou a publié sur la plate-forme de réseaux sociaux X: «Je ne ferai aucun compromis sur le contrôle total de la sécurité israélienne sur l'ensemble de la zone située à l'ouest de la Jordanie – et cela est contraire à un État palestinien.»

Pour Kuttab, c'est à la communauté internationale de prouver qu'elle est sérieuse dans son soutien affiché à la solution à deux États.

«La communauté internationale doit maintenant relever un défi clair», a-t-il souligné. «Si elle prend au sérieux la solution à deux États, elle doit reconnaître la Palestine et encourager les représentants légitimes d'Israël et de la Palestine à négocier les modalités en tant que deux États membres des Nations unies.»

«À défaut, tous les efforts doivent être déployés pour forcer Israël à accorder des droits politiques égaux à toutes les personnes qu'il contrôle. En d'autres termes, Israël doit décider soit de partager la terre, soit de partager le pouvoir dans la Palestine historique – il n'y a pas de troisième choix», a soutenu Kuttab.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le chef de l'ONU appelle à mettre fin au «cauchemar de la violence» au Soudan

Des abris érigés par des Soudanais déplacés qui ont fui El-Fasher après la chute de la ville aux mains des Forces de soutien rapide (RSF) composent le camp d'Um Yanqur, situé à la limite sud-ouest de Tawila, dans la région du Darfour occidental, déchirée par la guerre, au Soudan, le 3 novembre 2025. (AFP)
Des abris érigés par des Soudanais déplacés qui ont fui El-Fasher après la chute de la ville aux mains des Forces de soutien rapide (RSF) composent le camp d'Um Yanqur, situé à la limite sud-ouest de Tawila, dans la région du Darfour occidental, déchirée par la guerre, au Soudan, le 3 novembre 2025. (AFP)
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  • Antonio Guterres appelle à des négociations immédiates pour mettre fin au conflit au Soudan, avertissant que la crise humanitaire et sécuritaire devient « incontrôlable » après deux ans de guerre entre l’armée et les Forces de soutien rapide (FSR)
  • La situation à El-Facher, au Darfour, illustre la gravité du drame, avec des civils pris au piège, des milliers de morts, des violations massives des droits humains et près de 12 millions de déplacés selon l’ONU

DOHA: Le patron de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé mardi à des "négociations" pour un arrêt immédiat du conflit au Soudan, mettant en garde contre une crise "en train de devenir incontrôlable".

Le secrétaire général des Nations unies a exhorté les parties au conflit à "venir à la table des négociations, (et) mettre fin à ce cauchemar de violence, maintenant".

"La crise horrifiante au Soudan (...) est en train de devenir incontrôlable", a-t-il dit lors d'une conférence de presse en marge du deuxième sommet mondial pour le développement social à Doha.

Le conflit entre l'armée et les paramilitaires dure depuis deux ans et a fait des dizaines de milliers de morts, déplacé près de 12 millions de personnes et provoqué la pire crise humanitaire au monde, selon l'ONU.

Le 26 octobre, après 18 mois de siège, les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) ont pris la ville d'El-Facher, dernier verrou stratégique de l'armée au Darfour (ouest du Soudan).

Depuis, les informations et témoignages se multiplient sur les cas d'exécutions, viols, attaques contre des humanitaires et pillages qui y sont commis, documentés par des images satellites et par des vidéos d'exactions publiées par les combattants eux-même.

"El-Facher et les zones environnantes du Nord-Darfour ont été un épicentre de souffrance, de faim, de violence et de déplacements" a souligné M.Guterres, ajoutant que depuis l'entrée des FSR dans la ville, "la situation s'aggrave de jour en jour".

"Des centaines de milliers de civils sont pris au piège par ce siège. Les gens meurent de malnutrition, de maladie et de violence. Et nous continuons à entendre des rapports sur des violations du droit international humanitaire et des droits de l'homme", a affirmé M.Guterres.


Pour Aoun, le Liban «n'a pas d'autre choix que de négocier avec Israël»

Israël a bombardé le Liban à plusieurs reprises malgré le cessez-le-feu de novembre 2024 qui visait à mettre fin à plus d'un an d'hostilités avec le Hezbollah, multipliant les attaques ces derniers jours. (Reuters)
Israël a bombardé le Liban à plusieurs reprises malgré le cessez-le-feu de novembre 2024 qui visait à mettre fin à plus d'un an d'hostilités avec le Hezbollah, multipliant les attaques ces derniers jours. (Reuters)
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  • Joseph Aoun réaffirme l'engagement de Beyrouth en faveur d'un dialogue sans guerre, tout en admettant qu'Israël reste un "ennemi"
  • Les frappes aériennes israéliennes tuent deux personnes, dont un commandant du Hezbollah précédemment blessé dans l'explosion d'un téléavertisseur

BEYROUTH : Le président libanais Joseph Aoun a réaffirmé lundi son engagement à négocier avec Israël, affirmant que son pays n'avait "aucune option" en la matière.

Toutefois, il a ajouté : "La négociation n'est pas menée avec Israël : "La négociation ne se fait pas avec un ami ou un allié, mais avec un ennemi.

"Le langage de la négociation est plus important que celui de la guerre, dont nous avons vu ce qu'elle nous a fait subir.

Selon le bureau des médias du palais présidentiel, M. Aoun a réaffirmé son attachement au "langage diplomatique adopté par nous tous, du président du Parlement Nabih Berri au Premier ministre Nawaf Salam".

Le Liban reste attaché au cadre de négociation "à travers le Comité du mécanisme", qui est limité aux représentants militaires, avec la possibilité d'inclure des civils conformément à une proposition américaine présentée la semaine dernière par Morgan Ortagus aux responsables libanais.

Les remarques de M. Aoun font suite à l'intensification des attaques israéliennes sur le Sud-Liban visant à accroître la pression sur le Hezbollah pour qu'il désarme.

Une frappe aérienne israélienne a visé une moto à Aita Al-Shaab, tuant son conducteur. Il s'agit de la deuxième frappe en l'espace de quelques heures.

Des médias proches du Hezbollah ont rapporté que l'homme tué était Youssef Naameh, le frère de deux autres personnes tuées précédemment dans des frappes israéliennes.

Lors d'une frappe précédente, les forces de défense israéliennes ont visé la ville de Doueir dans le district de Nabatieh, tuant une personne et en blessant sept autres, selon un communiqué du ministère libanais de la santé.

Plusieurs médias libanais ont rapporté que l'homme tué était le commandant du Hezbollah Mohammed Ali Hadid, qui avait déjà été blessé lors de l'explosion d'un téléavertisseur par le Mossad en septembre 2024 - une opération dont Israël n'a jamais officiellement revendiqué la responsabilité.

Selon certaines informations, M. Hadid avait survécu à une première frappe israélienne dimanche dans la ville de Zefta, dans le sud du pays, au cours de laquelle des drones israéliens avaient lancé au moins trois missiles sur une cible. Ces frappes n'ont toutefois pas atteint l'objectif visé.

Des images diffusées en ligne montrent la voiture visée en proie à de violentes flammes, tandis que les équipes de pompiers luttent contre les effets de la frappe, qui a également provoqué l'incendie de plusieurs voitures en stationnement.

Un complexe commercial contenant des magasins et des restaurants a également été endommagé.

La chaîne israélienne Channel 12 a rapporté que les récentes attaques israéliennes faisaient suite aux commentaires d'une "source de sécurité israélienne" dimanche.

Cette source a déclaré que "l'État libanais ne pénètre pas dans certaines zones où le Hezbollah opère et, si l'on nous demande d'agir, nous savons comment augmenter le rythme des attaques au Liban si nécessaire".

L'escalade des frappes israéliennes a porté à 16 le nombre de morts en moins d'une semaine, la plupart étant des membres du Hezbollah.

Samedi, une frappe aérienne meurtrière sur la ville de Kfar Roummane à Nabatieh a tué quatre membres du Hezbollah et blessé trois passants.

Une source de sécurité s'attend à une escalade des attaques israéliennes au cours des derniers mois de l'année, qui est la date limite fixée par l'armée libanaise pour achever le plan de désarmement au sud de la ligne Litani.

Le ministre israélien de la défense, Israël Katz, a accusé dimanche le Hezbollah de "jouer avec le feu". Il a déclaré qu'il tenait le gouvernement et le président libanais "responsables des atermoiements dans le respect de leurs engagements concernant le désarmement du parti et son retrait du sud".

Il a également affirmé qu'"Israël continuera à appliquer une politique de riposte maximale dans ses opérations militaires et n'autorisera aucune menace visant les résidents du nord", appelant les autorités libanaises à "assumer pleinement leurs responsabilités pour assurer la stabilité et empêcher l'escalade".


Israël: des élus favorables à une loi instaurant la peine de mort pour les «terroristes»

 La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
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  • Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative
  • La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture

JERUSALEM: La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir.

La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture.

Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative.

Dans une note explicative de la commission, il est indiqué que "son objectif est de couper le terrorisme à sa racine et de créer une forte dissuasion".

Le texte propose qu'un "terroriste reconnu coupable de meurtre motivé par le racisme ou la haine (...) soit condamné à la peine de mort - de manière obligatoire", ajoutant que cette peine serait "non optionnelle".

La proposition de loi a été présentée par une élue du parti Otzma Yehudit (Force Juive) d'Itamar Ben Gvir.

Ce dernier a menacé de cesser de voter avec la coalition de droite de Benjamin Netanyahu si ce projet de loi n'était pas soumis à un vote parlementaire d'ici le 9 novembre.

"Tout terroriste qui se prépare à commettre un meurtre doit savoir qu'il n'y a qu'une seule punition: la peine de mort", a dit le ministre lundi dans un communiqué.

M. Ben Gvir avait publié vendredi une vidéo de lui-même debout devant une rangée de prisonniers palestiniens allongés face contre terre, les mains attachées dans le dos, dans laquelle il a appelé à la peine de mort.

Dans un communiqué, le Hamas a réagi lundi soir en affirmant que l'initiative de la commission "incarne le visage fasciste hideux de l'occupation sioniste illégitime et constitue une violation flagrante du droit international".

"Nous appelons les Nations unies, la communauté internationale et les organisations pertinentes des droits de l'Homme et humanitaires à prendre des mesures immédiates pour arrêter ce crime brutal", a ajouté le mouvement islamiste palestinien.

Le ministère palestinien des Affaires étrangères et des expatriés, basé à Ramallah, a également dénoncé cette décision, la qualifiant de "nouvelle forme d'extrémisme israélien croissant et de criminalité contre le peuple palestinien".

"C'est une étape dangereuse visant à poursuivre le génocide et le nettoyage ethnique sous le couvert de la légitimité", a ajouté le ministère.