La solution à deux États peut-elle être sauvée des ruines du conflit au Moyen-Orient?

Une femme palestinienne regarde une peinture murale représentant la mosquée Al-Aqsa et la vieille ville de Jérusalem sur la barrière de séparation controversée d'Israël entre Jérusalem et la Cisjordanie occupée, à Bethléem, le 17 avril 2022 (Photo, AFP).
Une femme palestinienne regarde une peinture murale représentant la mosquée Al-Aqsa et la vieille ville de Jérusalem sur la barrière de séparation controversée d'Israël entre Jérusalem et la Cisjordanie occupée, à Bethléem, le 17 avril 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 31 janvier 2024

La solution à deux États peut-elle être sauvée des ruines du conflit au Moyen-Orient?

  • Les dirigeants mondiaux qui souhaitent voir deux États indépendants vivre côte à côte se heurtent au refus d'Israël
  • Sans voie claire vers un État palestinien, le processus de paix au Moyen-Orient restera gelé, avertissent les experts

DUBAI: Depuis le déclenchement de la dernière guerre à Gaza le 7 octobre, la communauté internationale cherche à obtenir un cessez-le-feu humanitaire immédiat et une voie claire vers une solution à deux États afin de régler le conflit israélo-palestinien qui dure depuis des décennies.

Cependant, Benjamin Netanyahou, le Premier ministre israélien, a clairement indiqué qu'il n'autoriserait pas le transfert de la sécurité de la bande de Gaza à l'Autorité palestinienne, et encore moins la création d'un nouvel État, une fois le conflit terminé.

«L'insistance est ce qui a empêché, au fil des ans, la création d'un État palestinien qui aurait constitué un danger existentiel pour Israël», a déclaré Netanyahou lors d'une récente émission. «Tant que je serai Premier ministre, je continuerai à insister fortement sur ce point.»

En réponse aux commentaires de Netanyahou, Antonio Guterres, secrétaire général des Nations unies, a déclaré que cette position «prolongerait indéfiniment un conflit qui est devenu une menace majeure pour la paix et la sécurité mondiales», et que la solution à deux États est la seule façon de sortir de cette «haine et de cette violence».

Une photo montre une vue du mur de séparation israélien dans la ville de Bethléem en Cisjordanie occupée, le 6 décembre 2023 (Photo, AFP).

Le dirigeant israélien est loin d'être le seul obstacle à la solution à deux États. Selon les sondages, de nombreux Israéliens estiment que l'attaque du 7 octobre menée par le Hamas a mis en évidence le danger extrême de permettre à une entité palestinienne autonome d’exister à côté.

Ceci à un moment où le soutien au Hamas semble s'accroître parmi les Palestiniens de Cisjordanie qui, après une récente vague d'attaques de colons et de raids militaires israéliens sur leurs communautés, voient l'utilité des pourparlers de paix diminuer.

«Israël n'a aucun projet et aucun intérêt à permettre aux Palestiniens de vivre en liberté sur leur terre», a précisé Daoud Kuttab, journaliste palestinien et directeur du Community Media Network, dans un récent article d'opinion publié sur Arab News.

«Les Palestiniens ont toujours su que les déclarations de paix d'Israël étaient fausses parce qu'ils ont vu de leurs propres yeux ce qu'il faisait; à savoir, créer des faits sur le terrain qui rendraient impossible la création d'un État palestinien indépendant», a-t-il expliqué.

«Bien sûr, les Israéliens soutiennent publiquement la paix en reprochant régulièrement aux Palestiniens de ne pas être assez réactifs, d'inciter à la violence et de refuser d'accepter le concept d'un “État juif”», a-t-il ajouté.

«Mais en réalité, il s'agissait d'écrans de fumée destinés à tromper la communauté internationale.»

Un jeune homme récupère des objets parmi les décombres d'un bâtiment détruit par les bombardements israéliens à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 27 janvier 2024 (Photo, AFP).

Si aucune des parties belligérantes ne semble disposée à faire les concessions nécessaires pour permettre la création d'un État palestinien – un objectif soutenu par la communauté internationale dans son ensemble – la question se pose: La solution à deux États devrait-elle être imposée à Israël?

S'exprimant la semaine dernière à l'université de Valladolid, en Espagne, Josep Borrell, le responsable de la politique étrangère de l'UE, a déclaré que la solution à deux États pourrait devoir être «imposée de l'extérieur», sans le consentement d'Israël.

«Les acteurs sont trop opposés pour pouvoir parvenir à un accord de manière autonome», a-t-il signalé, selon les médias espagnols. «Si tout le monde est en faveur de cette solution, la communauté internationale devra l'imposer.»

Antony Blinken, le secrétaire d'État américain, a souligné à plusieurs reprises que la création d'un État palestinien avec des garanties pour la sécurité d'Israël était le seul moyen de parvenir à la paix.

«Le problème, c'est d'aller d'ici à là, et bien sûr, cela nécessite des décisions très difficiles et stimulantes. Il faut un état d'esprit ouvert à cette perspective», a déclaré Blinken au Forum économique mondial de Davos le 17 janvier.

Le secrétaire d'État américain, Antony Blinken (à gauche), rencontre le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz (2e à droite), à Tel Aviv le 9 janvier 2024 (Photo, AFP).

La question de savoir si les États-Unis sont désireux ou capables de forcer Israël à accepter un État palestinien indépendant est une autre question. Compte tenu du solide soutien de Washington à Israël et de sa volonté d'opposer son veto à toute censure de son allié au sein du Conseil de sécurité des Nations unies, cette approche semble peu probable.

En effet, tout ensemble de sanctions ou de menaces de recours à la force visant à contraindre Israël à accepter un État palestinien se heurterait probablement au veto de Washington, ce qui rendrait impossible l'application d'un plan de paix sans le consentement d'Israël.

Bien que Borrell ait suggéré que les puissances mondiales puissent contraindre Israël à accepter la solution à deux États, les gouvernements européens semblent peu enclins à le faire.

Même la Cour internationale de justice de La Haye (CIJ), la plus haute juridiction de l'ONU, n'a pas les moyens de faire appliquer ses décisions, bien qu'elle ait ordonné la semaine dernière à Israël de prendre toutes les mesures nécessaires afin d’empêcher les actes de génocide à Gaza.

La CIJ a déclaré vendredi qu'Israël devait empêcher les actes de génocide dans sa guerre contre le Hamas et autoriser l'entrée de l'aide dans la bande de Gaza (Photo, CIJ).

La solution à deux États, cadre proposé pour résoudre le conflit israélo-palestinien, a été proposée pour la première fois en 1947 dans le cadre du plan de partage des Nations unies pour la Palestine à la fin du mandat britannique. Cependant, les conflits successifs, qui ont vu Israël étendre sa zone de contrôle, ont mis fin à cette initiative.

En 1993, le gouvernement israélien et l'Organisation de libération de la Palestine se sont mis d'accord sur un plan visant à mettre en œuvre une solution à deux États dans le cadre des accords d'Oslo, ce qui a conduit à la création de l'Autorité palestinienne.

Cet État palestinien serait basé sur les frontières établies après la guerre de 1967 et aurait pour capitale Jérusalem-Est. Cependant, ce processus a de nouveau échoué à cause de l'opposition violente des Israéliens d'extrême droite et des militants palestiniens.

Depuis lors, l'expansion des colonies israéliennes en Cisjordanie, les attaques réciproques, l'affaiblissement du pouvoir de l'Autorité palestinienne et les contrôles de sécurité de plus en plus stricts imposés par Israël ont rendu la solution à deux États pratiquement irréalisable aux yeux de beaucoup.

Pour la communauté internationale, cependant, cela reste la seule option.

Le président américain, Bill Clinton (au centre), se tient entre Yasser Arafat (à droite) et le Premier ministre israélien, Yitzahk Rabin (à gauche), alors qu'ils se serrent la main pour la première fois, le 13 septembre 1993 à la Maison Blanche (Photo, AFP).

Lors d'un débat très tendu au Conseil de sécurité des Nations unies la semaine dernière, les diplomates arabes ont insisté sur la nécessité d'un cessez-le-feu immédiat à Gaza et de la création d'un État palestinien qui mettrait fin à un cycle de violence vieux de plusieurs décennies.

Lana Zaki Nusseibeh, ambassadrice des Émirats arabes unis auprès des Nations unies, a déclaré à l'assemblée: «Nous ne soutiendrons pas un retour au statu quo qui a échoué. Auparavant, la solution à deux États était le point d'arrivée vers lequel nous envisagions que nos efforts diplomatiques mèneraient. Aujourd'hui, elle doit être notre point de départ.»

Ayman Safadi, ministre jordanien des Affaires étrangères, a déclaré que les actions d'Israël à Gaza compromettaient la solution à deux États et «condamnaient l'avenir de la région à davantage de conflits et de guerres».

Lorsque Gilad Erdan, l'envoyé d'Israël auprès des Nations unies, a comparé la gestion de la crise à Gaza par le monde à un «traitement du cancer avec de l'aspirine», de nombreux ambassadeurs arabes ont quitté la séance.

L'hostilité et le manque de confiance entre les deux parties sont tels que la confiance dans la reprise des pourparlers est sans doute aujourd'hui au plus bas.

«Il faudra du temps», a déclaré à Arab News Gershon Baskin, chroniqueur israélien, ancien négociateur d'otages et directeur pour le Moyen-Orient de l'International Communities Organization. «Les gens ne sont pas en mesure de penser rationnellement pour le moment. Ils sont traumatisés et veulent se venger. C'est l'un des principaux facteurs de motivation au sein de la société.»

«Malgré un plan rationnel sur la manière de mettre en œuvre le processus de paix, les gens ne sont pas prêts. Nous nous entretuons depuis des décennies et cela ne nous mène nulle part. Mais une solution à deux États ne semble pas viable pour les Israéliens après les événements du 7 octobre», a-t-il expliqué.

«D'autre part, les Palestiniens croient qu'ils revivent la Nakba. Ils sont dévastés et n'ont aucune représentation légitime. Alors que certains ont applaudi les actions du Hamas, ils se rendent compte aujourd'hui que ce n'est pas non plus une solution», a-t-il ajouté.

Des Palestiniens déplacés fuient Khan Younès dans le sud de la bande de Gaza, le 30 janvier 2024 (Photo, AFP).

Israël a lancé sa campagne militaire à Gaza en réponse à l'attaque du 7 octobre menée par le Hamas contre le sud d'Israël, au cours de laquelle des militants palestiniens ont tué quelque 1 200 personnes, pour la plupart des civils, et pris 240 autres en otage, dont de nombreux ressortissants étrangers.

Depuis lors, l'armée israélienne a mené une campagne aérienne et terrestre féroce contre le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza depuis 2007, tuant plus de 26 000 Palestiniens, selon le ministère de la Santé de Gaza.

Malgré le carnage dont l'enclave a été témoin, certains commentateurs estiment que la conduite d'Israël dans la guerre a forcé la communauté internationale à se pencher sur la question palestinienne avec plus d'urgence.

«L'attaque du 7 octobre contre Israël et le style de vengeance "sans prisonniers" qui s'en est suivi et qui a choqué la conscience du monde entier ont redynamisé l'opinion mondiale», a écrit Kuttab dans sa chronique d'Arab News.

«Naturellement, les forces politiques sont revenues à la charge et ont insisté – cette fois-ci un peu plus sérieusement – sur la nécessité de trouver, après la fin de la guerre à Gaza, une solution politique qui réponde aux aspirations légitimes des Palestiniens.

«Cela a obligé le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, à admettre que, depuis trente ans, il est opposé à un État palestinien et que celui-ci ne verrait jamais le jour tant qu'il serait au pouvoir.

«Une fois de plus, la communauté internationale a condamné ces propos, mais elle n'a pas réussi à traduire ces condamnations en pressions et à créer un processus irréversible vers cet objectif», a indiqué Kuttab.

Un partisan propalestinien brandit un drapeau palestinien alors qu'il est assis sur un feu de signalisation devant la Tour Elizabeth, au Palais de Westminster, lors d'une Marche nationale pour la Palestine dans le centre de Londres, le 13 janvier 2024 (Photo, AFP).

Alors que quelque 130 otages seraient encore détenus à Gaza, le gouvernement israélien se dit déterminé à poursuivre les opérations jusqu'à ce que le Hamas soit vaincu. Les plans pour la gouvernance de Gaza après la guerre ou pour un processus de paix plus large n'ont toutefois pas encore été déterminés.

«Étant donné que nous avons toujours des otages à Gaza, personne ne voudra parler du processus et encore moins de la paix», a déclaré à Arab News Meir Javedanfar, conférencier sur l'Iran et le Moyen-Orient à l'université Reichman de Tel-Aviv.

«Avant tout, tous les otages doivent être libérés. Ensuite, nous pourrons commencer à réfléchir à des solutions», a-t-il ajouté.

Mais cela ne signifie pas nécessairement que le processus de paix est mort. Avec le soutien de Washington et des États arabes, Javedanfar estime que les négociations peuvent reprendre, mais pas tant qu'Israël n'aura pas achevé sa mission contre le Hamas.

«Une fois la guerre terminée, si l'Amérique et les États arabes, en particulier l'Arabie saoudite, apportent leur soutien, vous trouverez des Israéliens intéressés par le processus de discussion et de négociation avec l'Autorité palestinienne», a-t-il envisagé.

«Dans un premier temps, le processus sera davantage soutenu que la paix, mais si le processus donne des résultats positifs, nous pourrons alors commencer à parler de paix. Mais nous en sommes encore loin», a-t-il poursuivi.

«Libérez les otages, retirez le Hamas de toute équation politique palestinienne et, si tout se passe bien, nous pourrons commencer à parler de paix», a indiqué Javedanfar.

La police se tient debout alors que des manifestants israéliens scandent des slogans contre le Premier ministre, Benjamin Netanyahou, lors d'une manifestation anti-gouvernementale à Jérusalem le 4 novembre 2023 (Photo, AFP).

Tant que Netanyahou restera en fonction, il est peu probable que le cadran évolue sur la question de la création d'un État palestinien. Ceci dit, le Premier ministre israélien est désormais confronté à la bataille politique de sa vie.

Ses rivaux tentent de lui faire porter la responsabilité des défaillances des services de renseignement qui ont conduit aux attentats du 7 octobre et du fait qu'il n'a pas fait assez pour ramener les otages à la maison, et il pourrait ne pas rester longtemps au pouvoir si des élections anticipées sont organisées.

Mais si les Israéliens continuent à le considérer comme le seul candidat capable de résister à la pression internationale et à la perspective d'un État palestinien, la carrière politique de Netanyahou peut encore survivre.

Le 20 janvier, au lendemain d'un appel téléphonique avec le président américain, Joe Biden, Netanyahou a publié sur la plate-forme de réseaux sociaux X: «Je ne ferai aucun compromis sur le contrôle total de la sécurité israélienne sur l'ensemble de la zone située à l'ouest de la Jordanie – et cela est contraire à un État palestinien.»

Pour Kuttab, c'est à la communauté internationale de prouver qu'elle est sérieuse dans son soutien affiché à la solution à deux États.

«La communauté internationale doit maintenant relever un défi clair», a-t-il souligné. «Si elle prend au sérieux la solution à deux États, elle doit reconnaître la Palestine et encourager les représentants légitimes d'Israël et de la Palestine à négocier les modalités en tant que deux États membres des Nations unies.»

«À défaut, tous les efforts doivent être déployés pour forcer Israël à accorder des droits politiques égaux à toutes les personnes qu'il contrôle. En d'autres termes, Israël doit décider soit de partager la terre, soit de partager le pouvoir dans la Palestine historique – il n'y a pas de troisième choix», a soutenu Kuttab.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Koweït forme un nouveau gouvernement dirigé par Ahmad Abdallah al-Sabah

Une agente de sécurité surveille les lieux pendant que les députés assistent à une session parlementaire à l’Assemblée nationale de Koweït City. (AFP)
Une agente de sécurité surveille les lieux pendant que les députés assistent à une session parlementaire à l’Assemblée nationale de Koweït City. (AFP)
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  • Imad Mohammed Abdelaziz al-Atiqi, Anwar Ali Abdallah al-Moudhaf et Abdallah Ali Abdallah al-Yahya ont conservé, respectivement, leurs postes de ministres du Pétrole, des Finances et des Affaires étrangè
  • Cheikh Fahad Youssef Saoud al-Sabah a également conservé son poste de vice-Premier ministre et de ministre de l’Intérieur et de la Défense

RIYAD: Le Koweït a formé un nouveau gouvernement dirigé par Ahmad Abdallah al-Ahmad al-Sabah, rapporte dimanche l’agence de presse koweïtienne.

Imad Mohammed Abdelaziz al-Atiqi, Anwar Ali Abdallah al-Moudhaf et Abdallah Ali Abdallah al-Yahya ont conservé, respectivement, leurs postes de ministres du Pétrole, des Finances et des Affaires étrangères.

Cheikh Fahad Youssef Saoud al-Sabah a également conservé son poste de vice-Premier ministre et de ministre de l’Intérieur et de la Défense, tout comme le ministre de la Santé, le Dr Ahmad Abdelwahab Ahmad al-Awadi.

Abdelrahman Badah al-Moutairi a conservé son poste de ministre de l’Information et de la Culture, tout comme Adel Mohammad al-Adwani qui reste ministre de l’Éducation, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique.

Nora Mohammed al-Mashaan a conservé son poste de ministre des Travaux publics et des Affaires municipales.

Amthal Hadi al-Houwaïla occupe le poste de ministre d’État chargé de la Jeunesse et ministre des Affaires sociales, de la Famille et de l’Enfance.

Omar Saoud Abdelaziz al-Omar a été nommé ministre du Commerce et de l’Industrie et ministre d’État chargé des Affaires de communication.

Shereeda Abdallah al-Mouchejri occupe désormais le poste de vice-Premier ministre et ministre d’État chargé des affaires du gouvernement.

Mohammed Ibrahim al-Wasmi a été nommé ministre de la Justice et ministre des Awqaf et des Affaires islamiques.

Mahmoud Abdelaziz Bouchehri a été nommé ministre de l’Électricité, de l’Eau et des Énergies renouvelables et ministre d'État chargé du logement.

L’émir du Koweït, cheikh Michal al-Ahmad al-Sabah, a dissout le Parlement vendredi dans un discours télévisé.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël annonce un nouveau point d'acheminement de l'aide dans le nord de Gaza

Des enfants palestiniens mangent du pain plat au sommet d'un véhicule chargé de biens alors qu'ils se préparent à fuir Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, vers une zone plus sûre, le 12 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant du Hamas (Photo, AFP).
Des enfants palestiniens mangent du pain plat au sommet d'un véhicule chargé de biens alors qu'ils se préparent à fuir Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, vers une zone plus sûre, le 12 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant du Hamas (Photo, AFP).
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  • Israël a aussi fermé durant trois jours le passage de Kerem Shalom entre Israël et le sud de la bande de Gaza
  • Défiant les mises en garde internationale, l'armée israélienne a entamé mardi une offensive sur la zone de Rafah

JÉRUSALEM: L'armée israélienne a annoncé dimanche l'ouverture d'un nouvel accès dans le nord de la bande de Gaza ravagée par sept mois de guerre, pour permettre l'entrée de l'aide humanitaire.

Peu après, un correspondant de l'AFP a vu une trentaine de camions chargés d'aide humanitaire et venant du nord du territoire entrer dans Gaza-ville, pour la première fois depuis le début de l'opération de l'armée israélienne dans le sud de la bande de Gaza, qui a coupé les principaux points d'entrée de l'aide dans le territoire palestinien.

Dimanche, "le passage d'+Erez-Ouest+ a été ouvert dans le nord de la bande de Gaza pour l'acheminement de l'aide humanitaire", dans le cadre des "mesures visant à accroître les itinéraires de l'aide vers la bande de Gaza, en particulier le nord" du territoire palestinien, a indiqué l'armée israélienne dans un communiqué.

Elle ajoute avoir coordonné l'acheminement de "dizaines de camions de farine depuis le port (israélien) d'Ashdod, pour le compte du PAM", le Programme alimentaire mondial de l'ONU.

Sollicités par l'AFP, ni le PAM ni le Cogat, organisme du ministère israélien de la Défense chargée de gérer les affaires civiles dans les territoires palestiniens occupés, n'ont répondu dans l'immédiat.

Population affamée 

Défiant les mises en garde internationale, l'armée israélienne a entamé mardi une offensive sur la zone de Rafah, localité du sud de la bande de Gaza.

Elle s'est emparée du côté palestinien du point de passage de Rafah, entre l'Egypte et la bande de Gaza, par où passait le carburant indispensable au fonctionnement des infrastructures palestiniennes et à la logistique des organisations humanitaires, aboutissant à son verrouillage de fait, Le Caire refusant depuis de coordonner avec Israël le passage de l'aide.

Israël a aussi fermé durant trois jours le passage de Kerem Shalom entre Israël et le sud de la bande de Gaza, principal point d'entrée de l'aide et l'a rouvert le 8 mai. Mais les agences humanitaires indiquent ne pas pouvoir venir y récupérer l'aide, faute de carburant et en raison des bombardements et combats dans la zone.

La bande de Gaza est dévastée par la guerre déclenchée le 7 octobre par l'attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël ayant entraîné la mort, côté israélien, de plus de 1.170 personnes, majoritairement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Durant l'attaque, plus de 250 personnes ont été enlevées et 128 restent captives à Gaza, dont 36 sont mortes, selon l'armée.

Depuis le 7 octobre, l'offensive israélienne sur la bande de Gaza a fait plus de 35.000 morts, majoritairement des femmes et des enfants, selon les dernières données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas à Gaza.


L'Egypte va s'associer à l'Afrique du Sud dans sa saisine de la CIJ contre Israël

Le chef de l'église anglicane St.Michels à Umhlanga, Durban, Andrew Warmback assiste à une veillée nocturne de 12 heures à l'église anglicane St Michael's appelant à un cessez-le-feu permanent immédiat à Gaza et condamnant Israël pour son défi continu à l'égard de la Cour internationale de Justice (CIJ). (Photo, AFP).
Le chef de l'église anglicane St.Michels à Umhlanga, Durban, Andrew Warmback assiste à une veillée nocturne de 12 heures à l'église anglicane St Michael's appelant à un cessez-le-feu permanent immédiat à Gaza et condamnant Israël pour son défi continu à l'égard de la Cour internationale de Justice (CIJ). (Photo, AFP).
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  • Dans un communiqué, le Hamas se dit «reconnaissant de l'annonce de l'Egypte» sur la CIJ
  • C'est la troisième fois que Pretoria demande des mesures supplémentaires à la plus haute juridiction de l'ONU

LE CAIRE: L'Egypte a annoncé dimanche son intention de s'associer à l'Afrique du Sud dans sa récente demande à la Cour internationale du justice (CIJ) d'imposer de nouvelles mesures d'urgence à Israël, d'après un communiqué du ministère des Affaires étrangères.

Une décision qui intervient "à la lumière de l'augmentation de la gravité et de l'étendue des attaques israéliennes contre les civils palestiniens dans la bande de Gaza", le ciblage systématique par Israël "des civils et la destruction des infrastructures" et son incitation "au déplacement des Palestiniens", d'après la même source.

Dans un communiqué, le Hamas se dit "reconnaissant de l'annonce de l'Egypte" sur la CIJ.

Le mouvement islamiste palestinien appelle "les pays arabes et musulmans et tous les pays à travers le monde à prendre des mesures similaires pour soutenir la cause palestinienne en se joignant aux actions judiciaires" contre Israël, "à couper toute relation avec lui" et "à l'isoler sur le plan international".

Troisième tentative 

C'est la troisième fois que Pretoria demande des mesures supplémentaires à la plus haute juridiction de l'ONU, après l'avoir saisie fin décembre, accusant Israël de perpétrer un "génocide" à Gaza, une accusation démentie avec véhémence par Israël.

La situation "résultant de l'attaque israélienne contre Rafah" occasionne selon l'Afrique du Sud "de nouveaux développements qui causent un préjudice irréparable aux droits du peuple palestinien de Gaza", a déclaré vendredi Pretoria, selon un communiqué de la CIJ.

L'Afrique du Sud demande notamment à la CIJ d'enjoindre Israël de garantir qu'il se "retirera immédiatement et cessera son offensive militaire dans le gouvernorat de Rafah", indique la requête, et "prendra immédiatement toutes les mesures efficaces pour garantir et faciliter l'accès sans entrave à Gaza" de l'assistance humanitaire.

L'Egypte a été le premier pays arabe à conclure un accord de paix avec Israël en 1979. Elle joue souvent un rôle de médiateur dans le conflit israélo-palestinien, y compris dans la guerre actuelle.

Elle partage également avec Gaza la seule frontière du petit territoire assiégé qui ne soit pas sous contrôle direct d'Israël.

Défiant les mises en garde internationales, l'armée israélienne mène depuis mardi des incursions dans l'est de Rafah et a pris le contrôle du passage frontalier avec l'Egypte, verrouillant une porte d'entrée névralgique pour les convois d'aide humanitaire.

Depuis lors, l'Egypte refuse de coordonner avec Israël l'entrée de l'aide dans la bande de Gaza.

Le Caire a mis en garde à plusieurs reprises contre l'escalade en cours depuis que les négociateurs israéliens et palestiniens ont quitté l'Egypte, mettant fin à des discussions ayant échoué à parvenir à une trêve.