En Irak, qui sont ces groupes armés pro-Iran engagés contre Washington?

Des membres des forces du Hachd al-Chaabi (Mobilisation populaire) portent le cercueil d'un combattant décédé la veille lors de frappes aériennes américaines visant des groupes soutenus par l'Iran, lors de ses funérailles au quartier général des forces du Hachd al-Chaabi à Bagdad le 25 janvier 2024 (Photo, AFP).
Des membres des forces du Hachd al-Chaabi (Mobilisation populaire) portent le cercueil d'un combattant décédé la veille lors de frappes aériennes américaines visant des groupes soutenus par l'Iran, lors de ses funérailles au quartier général des forces du Hachd al-Chaabi à Bagdad le 25 janvier 2024 (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Mercredi 31 janvier 2024

En Irak, qui sont ces groupes armés pro-Iran engagés contre Washington?

  • Affiliées aux anciens paramilitaires pro-Iran du Hachd al-Chaabi, ces factions jouissent d'un rôle politique incontournable en Irak
  • Les Etats-Unis ont promis des représailles «conséquentes» à l'attaque en Jordanie

BAGDAD: Après l'attaque de drone qui a tué dimanche trois soldats américains dans le nord-est de la Jordanie, près des frontières syrienne et irakienne, les Etats-Unis ont accusé "des groupes de combattants radicaux soutenus par l'Iran" opérant en Syrie et en Irak.

Affiliées aux anciens paramilitaires pro-Iran du Hachd al-Chaabi, ces factions jouissent d'un rôle politique incontournable en Irak, cultivant une rhétorique mettant en avant leur hostilité aux Etats-Unis et leur engagement avec ce que l'Iran appelle "l'axe de la résistance" face à Israël et Washington.

Les Etats-Unis ont promis des représailles "conséquentes" à l'attaque en Jordanie. L'Iran a démenti toute implication.

Nébuleuse de groupes armés

L'attaque en Jordanie présente le même modus operandi que les tirs de roquettes et frappes de drones menés depuis la mi-octobre contre les soldats américains et ceux de la coalition internationale engagée contre le groupe djihadiste Etat islamique (EI), en Irak et en Syrie.

Illustrant un contexte régional explosif, ces attaques - 165 au total - sont une répercussion de la guerre à Gaza opposant Israël et le Hamas palestinien depuis le 7 octobre.

La plupart ont été revendiquées par la "Résistance islamique en Irak", nébuleuse de combattants issus de groupes pro-Iran qui dit agir par solidarité avec les Palestiniens et réclame le départ d'Irak des quelque 2.500 soldats américains déployés en Irak dans le cadre de la coalition anti-EI.

En représailles, Washington a ciblé les Brigades du Hezbollah et Al-Noujaba, deux groupes qui affichent leur participation aux actions de la "Résistance", incluant également les Brigades Sayyed al-Chouhada.

Classées "terroristes" par Washington, ces factions se réclament de "l'axe de la résistance", aux côtés du Hezbollah libanais, des Houthis du Yémen et du Hamas.

Elles ont aussi des combattants engagés en leur nom propre dans le conflit en Syrie, en soutien au régime, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme.

Mardi soir, les Brigades du Hezbollah ont annoncé "suspendre" leurs opérations militaires contre les troupes américaines après les menaces de représailles des Etats-Unis, "afin d'éviter tout embarras au gouvernement irakien".

Quelles origines?

Ces groupes sont formellement affiliés au Hachd al-Chaabi -Mobilisation populaire-, coalition d'ex-paramilitaires lancée en juin 2014 pour épauler les forces irakiennes contre l'EI.

Sa création répondait à la fatwa de l'ayatollah Ali al-Sistani, plus haute autorité religieuse chiite d'Irak, appelant au "jihad" contre l'EI. En 2016, une loi a intégré le Hachd aux forces régulières, sous les ordres du Premier ministre.

Le Hachd contribuera à la défaite infligée à l'EI en 2017 par l'Irak, soutenu par la coalition antidjihadistes emmenée par Washington.

Il avait puisé ses effectifs dans des groupes armés chiites ayant lutté, après l'invasion de 2003, contre les forces américaines.

Durant la guerre contre l'EI, de nouveaux groupes armés ont été fondés et entraînés par le général iranien Qassem Soleimani, haut commandant des Gardiens de la révolution iraniens tué dans une frappe américaine à Bagdad en janvier 2020.

Aujourd'hui le Hachd comprend des dizaines de groupes et plus de 160.000 membres selon des estimations. Ni les autorités, ni l'organisation ne communiquent sur le nombre de ses effectifs.

Au fil des ans, plusieurs dirigeants émergent. Notamment Abou Mehdi al-Mouhandis, ex-opposant autrefois réfugié en Iran et lieutenant irakien de Qassem Soleimani. Il a été tué avec ce dernier.

Politique et économie

Les attaques ont mis dans l'embarras le gouvernement irakien de Mohamed Chia al-Soudani, porté au pouvoir par une coalition de partis chiites pro-Iran et une majorité parlementaire incluant le Hachd qui dispose de députés depuis 2018.

M. Soudani a condamné les attaques contre la coalition internationale et souligné l'engagement du gouvernement à protéger les troupes étrangères.

Toutefois le contexte explosif l'a poussé à initier des discussions avec Washington pour un calendrier de retrait selon Bagdad.

Sa majorité parlementaire pro-Iran a salué ce processus, tout comme elle a condamné les tirs de roquettes en décembre contre l'ambassade américaine.

Outre leur rôle politique, les groupes du Hachd s'attachent à diversifier leurs activités. Cultivant leur soft power, ils disposent de chaînes de télévision, produisent films ou feuilletons télévisés.

Le gouvernement, qui veut moderniser les infrastructures, a confié au Hachd la gestion d'une entreprise de travaux publics, fondée fin 2022 avec un capital d'environ 68 millions de dollars.

La société "Al-Mouhandis" englobe notamment "des projets industriels, l'exploitation minière, des projets agricoles à grande échelle", et l'importation d'équipements", selon le Washington institute, un centre de réflexion américain.


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Short Url
  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Short Url
  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).


L'Égypte annonce que 50 camions-citernes de carburant entreront chaque jour dans la bande de Gaza

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Short Url
  • Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.
  • M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

LE CAIRE : Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.

M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

La trêve devrait entrer en vigueur dimanche à 13 h 30 GMT, ouvrant ainsi la voie à un afflux massif d'aide, selon les médiateurs.

Des centaines de camions sont garés du côté égyptien du poste frontière de Rafah, un point d'entrée autrefois vital pour l'aide humanitaire, fermé depuis mai, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle du côté palestinien du point de passage.

Au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue nigérian, M. Abdelatty a déclaré : « Nous espérons que 300 camions se rendront au nord de la bande de Gaza », où des milliers de personnes sont bloquées dans des conditions que les agences humanitaires qualifient d'apocalyptiques.

Les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre les obstacles monumentaux qui pourraient entraver les opérations d'aide, notamment la destruction des infrastructures qui traitaient auparavant les livraisons.