PARIS: La plate-forme tunisienne digitale d'art contemporain Archivart se distingue par la constitution d'archives singulières et par un accompagnement remarquable des artistes. Entretien avec sa fondatrice, Wafa Gabsi.
Les origines du projet
Docteure en sciences de l’art de l’université de Paris-1-Panthéon-Sorbonne, Wafa Gabsi a éprouvé certaines difficultés, lorsqu’elle travaillait sur sa thèse, à recueillir des archives sur des artistes en Tunisie. «Je me demandais pourquoi on ne pouvait pas trouver d’informations sur des artistes tunisiens dans mon pays.» Elle a travaillé sur plus de trente créateurs originaires d'Égypte, du Maghreb, du Liban et de Palestine et elle a toujours rencontré ce même écueil. «On me ramenait à des références occidentales. Je me suis alors dit que ce sujet méritait d’être traité.»
En lançant le site Archivart, au mois de décembre 2020, Wafa Gabsi a réussi son pari: contribuer à documenter la vie artistique.
À l'instar de beaucoup de femmes et d'hommes de l'art en Tunisie, la révolution de 2011 a contribué à ce que les «voix du Sud» jouent un rôle prépondérant. Wafa Gabsi souhaite inscrire les œuvres des artistes dans une temporalité. «C’est une logique qui m'habite, car la trace et la mémoire vive des artistes se devaient de trouver place dans des archives. Il s’agissait de les recueillir et de les placer dans le même endroit.»
Au-delà des frontières de la Tunisie
En lançant le site Archivart, au mois de décembre 2020, Wafa Gabsi a réussi son pari: contribuer à documenter la vie artistique. Ce projet de «laisser des traces» ne se restreint pas à la Tunisie, mais inclut une grande partie du Moyen-Orient et de l'Afrique.
Archivart accompagne également les artistes grâce à son programme de formation et d'incubation intitulé «Sprint’art».
«Nous avons ciblé les gens qui sortent des écoles des beaux-arts et nous avons créé un programme pour eux afin de mieux les intégrer sur le marché du travail. Nous les sensibilisons notamment sur la communication, le portfolio, ainsi que sur l’importance des contrats avec les galeries.» En août 2023, un cycle a été présenté au Rwanda. C’était une première hors des frontières de la Tunisie. Les prochains cycles auront lieu dans des pays d'Afrique subsaharienne.
La volonté que manifeste la plate-forme pour donner de la visibilité et contribuer à «laisser des traces» correspond tout à fait aux projets des artistes palestiniens contemporains. Ces derniers ont comme objectif de faire partager leur histoire et leur culture. Grâce à Archivart, il est ainsi possible de découvrir ou de redécouvrir leurs œuvres.