ANGOULÊME: La ministre de la Culture Rachida Dati a déploré samedi à Angoulême le "sectarisme" qui voit s'opposer partisans et adversaires de l'écrivain Sylvain Tesson comme parrain du Printemps des poètes 2024.
"J'ai été étonnée que des poètes excluent d'autres poètes", a déclaré Mme Dati à la presse, interrogée lors d'une visite du Festival international de la bande dessinée d'Angoulême.
"C'est ce qui m'a d'ailleurs frappée. Je trouve que la culture, c'est le lieu où, normalement, il n'y a pas de sectarisme. C'est curieux, du sectarisme, chez des gens qui disent eux-mêmes qu'ils sont pour l'ouverture", a-t-elle ajouté.
Sylvain Tesson a été visé par une tribune publiée dans Libération le 18 janvier, signée par des auteurs tels que Nancy Huston, Baptiste Beaulieu ou Chloé Delaume, lui reprochant "une idéologie réactionnaire" et d'être une "figure de proue" de l'"extrême droite littéraire".
D'après Mme Dati, "Sylvain Tesson est un grand écrivain. Il a une belle plume. Les Français le lisent beaucoup. Une grande majorité des Français le lisent. Pourquoi s'en priver?"
La polémique a entraîné la démission vendredi de la directrice artistique de l'association qui porte cette manifestation, Sophie Nauleau. "Ça a été sa décision", a estimé la ministre.
Deux jours avant cette démission, le quotidien Le Monde avait relayé des témoignages d'anciens ou actuels salariés de l'association dénonçant "un management traumatisant".
Interrogée pour savoir si elle était au courant, Mme Dati a répondu: "J'ai regardé. Ce n'est pas nouveau, ça ne date pas d'aujourd'hui", sans autre précision.
De retour d'une visite d'État en Inde avec le président Emmanuel Macron, la nouvelle ministre a longuement rencontré éditeurs et auteurs de bande dessinée à Angoulême. Elle a loué "la diversité du secteur".
"Je trouve que, quand vous prenez tous les secteurs de la culture, la bande dessinée est le secteur qui a évolué le plus rapidement, sur le fond mais aussi sur la forme. Ça devient maintenant quasiment des œuvres d'art", a-t-elle souligné.
Mais sur le dossier récurrent de la précarité des auteurs de BD, elle a renvoyé dos à dos éditeurs et organisations représentatives des auteurs, qui discutent de manière infructueuse.
"Il n'y a pas d'unanimité, il n'y a pas de majorité qui se dégage. C'est-à-dire qu'il y a aussi un terrain d'entente entre eux à trouver. Ces discussions, on peut les avoir. Mais je n'ai pas aujourd'hui de position unanime ou majoritaire sur le sujet", a-t-elle expliqué.