Stupéfiante» violence des gangs en Haïti en 2023, le chef de l'ONU «consterné»

Un homme est arrêté par la police haïtienne dans la commune de Turgeau à Port-au-Prince, en Haïti, lors de violences liées aux gangs, le 24 avril 2023. (Photo par Richard Pierrin AFP)
Un homme est arrêté par la police haïtienne dans la commune de Turgeau à Port-au-Prince, en Haïti, lors de violences liées aux gangs, le 24 avril 2023. (Photo par Richard Pierrin AFP)
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Publié le Mardi 23 janvier 2024

Stupéfiante» violence des gangs en Haïti en 2023, le chef de l'ONU «consterné»

  • Alors que les gangs étaient jusqu'à récemment principalement présents dans la capitale et sa banlieue, Antonio Guterres s'inquiète «de l'expansion rapide» de leurs violences dans des zones rurales auparavant épargnées, notamment dans l'Artibonite
  • Dans ce contexte de terreur, d'habitants forcés de fuir ou de se cacher, le pays connait une des «pires» crises alimentaires au monde

NATIONS UNIES : Le nombre d'homicides a plus que doublé en Haïti en 2023, avec près de 5.000 personnes tuées, dont plus de 2.700 civils, s'alarme mardi le secrétaire général de l'ONU, «consterné» par la violence des gangs qui ravagent ce pays des Caraïbes.

«Je suis consterné par le niveau stupéfiant de la violence des bandes, qui continue de s'aggraver et qui détruit la vie des Haïtiens, en particulier à Port-au-Prince», la capitale, dénonce Antonio Guterres dans ce rapport.

«Les meurtres, les violences sexuelles et les enlèvements commis par les bandes organisées, notamment contre les femmes et les jeunes filles, entre autres crimes, se poursuivent en toute impunité», ajoute-t-il.

Selon le rapport, «le nombre d'homicides signalés a augmenté de 119,4% en 2023 par rapport à 2022, 4.789 victimes ayant été déplorées, dont 465 femmes, 93 garçons et 48 filles, soit un ratio de 40,9 homicides pour 100.000 habitants, contre 2 183 en 2022, soit un ratio estimé à 18,1 homicides pour 100.000 habitants».

Parmi ces personnes tuées, plus de 2.700 étaient des civils (et plus de 1.300 ont également été blessés) et plus de 1.600 des membres de gangs. Le document note aussi la poursuite du mouvement d'autodéfense né au printemps 2023, avec plus de 500 personnes lynchées pour avoir été accusées d'être membres de gangs.

Le nombre de personnes enlevées a également augmenté, passant de 1.359 en 2022 à 2.490 en 2023, soit une augmentation de 83%.

Alors que les gangs étaient jusqu'à récemment principalement présents dans la capitale et sa banlieue, Antonio Guterres s'inquiète «de l'expansion rapide» de leurs violences dans des zones rurales auparavant épargnées, notamment dans l'Artibonite.

Ainsi dans ce département, «souvent, les bandes dressent des barricades sur les abords des routes et s'y cachent, ouvrent le feu sur les véhicules pour les arrêter, puis enlèvent les personnes survivantes. Lors de ces attaques, les femmes sont souvent violées en plein jour», décrit le rapport.

Les gangs continuent aussi de «recourir systématiquement à la violence sexuelle pour consolider leur domination sur les populations».

- Malnutrition aiguë -

Le document s'inquiète d'autre part de l'évolution des «tactiques» des gangs, évoquant notamment la pose par certains de «pièges sophistiqués», la construction de «casemates en béton dans leurs bastions pour repousser les opérations de police», et le recours à de faux uniformes de police pour les enlèvements.

Dans ce contexte de terreur, d'habitants forcés de fuir ou de se cacher, le pays connait une des «pires» crises alimentaires au monde. ¨

Plus de 4,35 millions d'Haïtiens, soit plus de 40% de la population, sont en situation d'insécurité alimentaire aiguë et les cas de malnutrition aiguë sévère chez les enfants ont augmenté de 30% en 2023 par rapport à 2022.

Face à cette grave crise sécuritaire et humanitaire, le Conseil de sécurité de l'ONU a donné en octobre son accord pour l'envoi en Haïti d'une mission multinationale menée par le Kenya afin d'aider la police haïtienne dépassée.

Le parlement kényan a approuvé en novembre le déploiement de 1.000 policiers, mais la mission reste suspendue à une décision de la Haute cour de Nairobi attendue le 26 janvier.

Dans son rapport, Antonio Guterres note que pour que cette mission «puisse avoir un impact durable», elle devra être accompagnée d'une «consolidation des systèmes judiciaire et pénitentiaire», ainsi que de solutions pour faire face à «l'usure de la police».

Les effectifs de la police nationale continuent ainsi de diminuer «à un rythme alarmant»: en 2023, 1.663 agents de police, dont 152 femmes, ont quitté l'institution, 48 ont été tués, et 75 blessés. Au 31 décembre, la police comptait 13.196 agents, selon le rapport.

«Il est difficile d'exagérer la gravité de la situation qui règne actuellement en Haïti», résume Antonio Guterres.

«A ce moment critique de l'histoire d'Haïti, il est primordial que les parties prenantes haïtiennes se réunissent pour forger un large consensus autour d'une solution durable et inclusive propre à Haïti», plaide-t-il. Pour permettre, quand les conditions seront réunies, l'organisation d'élections, pour la première fois depuis 2016.


Le pape François est mort à 88 ans

Le pape François salue la foule lors d'une audience avec les groupes de prière de Padre Pio, au Vatican, le 6 février 2016. Le pape François est décédé le 21 avril 2025, a annoncé le Vatican. (Photo par Tiziana FABI / AFP)
Le pape François salue la foule lors d'une audience avec les groupes de prière de Padre Pio, au Vatican, le 6 février 2016. Le pape François est décédé le 21 avril 2025, a annoncé le Vatican. (Photo par Tiziana FABI / AFP)
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  • Le pape François est mort lundi matin au Vatican à l'âge de 88 ans, un mois après avoir été hospitalisé pour une sévère pneumonie.
  • Les réactions internationales ont afflué à l'annonce de son décès.

Cité du Vatican, Saint-Siège : Le pape François, populaire chez les fidèles mais confronté à une farouche opposition au sein même de l'Église catholique, est mort lundi matin au Vatican à l'âge de 88 ans, un mois après avoir été hospitalisé pour une sévère pneumonie.

« Ce matin à 7 h 35 (5 h 35 GMT), l'évêque de Rome, François, est revenu auprès du Père. Toute sa vie a été consacrée au service du Seigneur et de son Église », a annoncé le cardinal camerlingue Kevin Farrell dans un communiqué publié par le Vatican.

Le pape argentin était sorti de l'hôpital le 23 mars après y avoir été hospitalisé pendant 38 jours pour une pneumonie bilatérale, soit sa quatrième et plus longue hospitalisation depuis le début du pontificat en 2013. Malgré les recommandations des médecins qui lui avaient conseillé d'observer un repos strict de deux mois, il avait multiplié les apparitions publiques ces derniers jours, au contact des fidèles, de prisonniers ou de dirigeants.

Dimanche, à l'occasion des célébrations de Pâques, il était apparu très affaibli mais avait participé à un bain de foule en « papamobile » au milieu de milliers de fidèles sur la place Saint-Pierre. 

Visiblement très éprouvé, il avait toutefois été contraint de déléguer la lecture de son texte à un collaborateur, ne pouvant prononcer que quelques mots, la voix essoufflée.

Les réactions internationales ont afflué à l'annonce de son décès.

Le président français Emmanuel Macron a adressé « ses condoléances aux catholiques du monde entier », rendant hommage à un homme qui a toujours été « aux côtés des plus vulnérables et des plus fragiles ».

Outre l'Allemagne et l'Espagne, l'Iran a présenté ses condoléances. Le président israélien Isaac Herzog a salué « un homme de foi profonde et de compassion sans fin », tandis que la Première ministre italienne Giorgia Meloni l'a qualifié de « grand homme ». La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a évoqué « son humilité et son amour si pur pour les plus démunis ».

Lundi matin, de nombreux fidèles du Vatican ont appris la nouvelle sur leur téléphone portable tandis que les cloches des églises de Rome sonnaient le glas.

« J'étais là par hasard, j'ai entendu la nouvelle dans un magasin à la radio, c'est un grand pape qui est parti », a confié à l'AFP Fabio Malvesi, âgé de 66 ans. « Il a changé bien des choses, brisé des barrières, c'était quelqu'un de simple et de grand. » 

Problèmes de hanche, douleurs au genou, opérations, infections respiratoires : le pape, qui se déplaçait en fauteuil roulant, affichait une santé déclinante, mais avait tenu à maintenir un rythme effréné.

Selon les prévisions, les obsèques devraient durer neuf jours et un délai de 15 à 20 jours sera nécessaire pour organiser le conclave au cours duquel les cardinaux électeurs, dont près de 80 % ont été choisis par François lui-même, devront élire son successeur.

Entre-temps, c'est le cardinal camerlingue, l'Irlandais Kevin Farrell, qui assurera l'intérim.

Fin 2023, François avait révélé qu'il souhaitait être inhumé dans la basilique Sainte-Marie-Majeure, dans le centre de Rome, plutôt que dans la crypte de la basilique Saint-Pierre, une première depuis plus de trois siècles. 

En outre, en novembre, le Vatican a publié un rituel simplifié pour les funérailles papales, notamment l'inhumation dans un simple cercueil de bois et de zinc, marquant ainsi la fin des trois cercueils imbriqués en cyprès, en plomb et en chêne.

En 12 ans de pontificat, le premier pape jésuite et sud-américain de l'histoire s'est engagé sans relâche pour la défense des migrants, de l'environnement et de la justice sociale, sans remettre en cause les positions de l'Église sur l'avortement ou le célibat des prêtres.

- Réformes multiples -

Ces derniers temps, les alertes sur sa santé se sont multipliées, alimentant les spéculations sur une éventuelle renonciation dans la lignée de son prédécesseur Benoît XVI.

Le chef spirituel de près de 1,4 milliard de catholiques avait déjà connu deux hospitalisations en 2023, dont une pour une lourde opération de l'abdomen, et avait été contraint d'annuler plusieurs engagements ces derniers mois. 

Amateur de musique et de football, François, allergique aux vacances, enchaînait souvent une dizaine de rendez-vous par jour. En septembre, il avait même effectué le plus long voyage de son pontificat, un périple de 12 jours aux confins de l'Asie du Sud-Est et de l'Océanie.

À Rome comme à l'étranger, le « pape du bout du monde », élu le 13 mars 2013, a dénoncé sans relâche toutes les formes de violence, de la traite des êtres humains aux catastrophes migratoires, en passant par l'exploitation économique.

En février, il avait encore condamné les expulsions massives de migrants voulues par le président américain Donald Trump, ce qui lui avait valu les foudres de la Maison Blanche. 

Opposant acharné au commerce des armes, il est toutefois resté impuissant face aux conflits en Ukraine ou au Proche-Orient, malgré d'innombrables appels à la paix.

Ce politique rusé au franc-parler abrasif a également voulu réformer la Curie, le gouvernement central du Saint-Siège, rongé par l'inertie, et y développer la place des femmes et des laïcs, ainsi que assainir les sulfureuses finances du Vatican.

Face au drame de la pédocriminalité dans l'Église, il a levé le secret pontifical et obligé religieux et laïcs à signaler les cas à leur hiérarchie. Une initiative qui n'a pas convaincu les associations de victimes, qui lui ont reproché de ne pas être allé assez loin.

- « Périphéries » -

Attaché au dialogue interreligieux, notamment avec l'islam, il a défendu jusqu'au bout une Église « ouverte à tous », ce qui lui a valu les foudres des mouvements populistes pour son soutien aux migrants.

Si ce pape au style chaleureux a suscité une grande ferveur populaire, en souhaitant chaque dimanche « bon appétit » aux fidèles place Saint-Pierre, il a également été durement critiqué par une opposition conservatrice pour son supposé manque d'orthodoxie et une gouvernance jugée autoritaire. 

Les levées de boucliers suscitées par certaines décisions, comme l'ouverture des bénédictions de couples de même sexe fin 2023 ou la restriction des célébrations de la messe en latin, en témoignent.

Ces critiques ont également été alimentées par l'ombre de Benoît XVI, qui a résidé au Vatican jusqu'à sa mort fin 2022, entretenant ainsi la saga des « deux papes ».

La « guerre civile » au sein de l'Église a atteint des sommets avec les diatribes de certains cardinaux, notamment avant le Synode sur l'avenir de l'Église fin 2023.

Le style détonant du pape François, qui a préféré un sobre deux-pièces de 70 m^(2) aux ors du palais apostolique, lui a aussi valu d'être accusé de désacraliser à l'excès la fonction.

Le 266^e pape, davantage intéressé par les « périphéries » de la planète que par les grands pays occidentaux, a également réorienté les débats au sein de l'Église, à l'image de son encyclique écologiste et sociale Laudato si' en 2015, réquisitoire très remarqué contre la finance exaltant la sauvegarde de la planète.


Guerre commerciale: Pékin dénonce les pays jouant l'"apaisement" à l'égard de Washington

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  • « L'apaisement n'apportera pas la paix et le compromis ne sera pas respecté », a estimé dans un communiqué un porte-parole du ministère du Commerce chinois.
  • « Si une telle situation se produisait, la Chine ne l'accepterait jamais et prendrait résolument des contre-mesures. »

PEKIN : La Chine a dénoncé lundi les pays qui pratiquent l'apaisement à l'égard des États-Unis dans les négociations commerciales sur les droits de douane américains, affirmant « s'opposer fermement » à tout accord nuisant à ses intérêts.

« L'apaisement n'apportera pas la paix et le compromis ne sera pas respecté », a estimé dans un communiqué un porte-parole du ministère du Commerce chinois, ajoutant que le pays « s'oppose fermement à ce qu'une quelconque partie parvienne à un accord au détriment de ses intérêts ».

« Si une telle situation se produisait, la Chine ne l'accepterait jamais et prendrait résolument des contre-mesures. »

Le président américain Donald Trump a imposé des droits de douane allant jusqu'à 145 % sur un grand nombre de produits importés de Chine, ce qui porte le total des taxes à 245 % dans certains cas, notamment pour les véhicules électriques. 

Pékin a répliqué en instaurant une taxe de 125 % sur les produits américains.

Les partenaires commerciaux des États-Unis sont frappés par une surtaxe plancher de 10 %, tandis que M. Trump a suspendu, le 9 avril, l'entrée en vigueur de droits de douane bien plus élevés pour la plupart des pays concernés, pour une période de 90 jours. Nombre de ces pays ont engagé des discussions avec Washington.

« Chercher ses propres intérêts égoïstes temporaires au détriment des intérêts des autres (...) finira par échouer des deux côtés et nuira aux autres », a averti le ministère du Commerce chinois dans son communiqué.


Au Canada, le Premier ministre Mark Carney est toujours en tête, alors qu'un vote décisif est prévu dans une semaine

Le Premier ministre canadien et leader libéral Mark Carney, aux côtés de son épouse Diana Fox Carney, s'exprime lors d'un meeting de campagne à Nepean, Ottawa, Ontario, Canada, le 20 avril 2025. (Photo par Dave Chan / AFP)
Le Premier ministre canadien et leader libéral Mark Carney, aux côtés de son épouse Diana Fox Carney, s'exprime lors d'un meeting de campagne à Nepean, Ottawa, Ontario, Canada, le 20 avril 2025. (Photo par Dave Chan / AFP)
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  • À une semaine du vote au Canada, l'espoir des conservateurs de revenir au pouvoir s'amenuise
  • Tous les sondages donnent les libéraux du Premier ministre Mark Carney vainqueurs.

MONTREAL : À une semaine du vote au Canada, l'espoir des conservateurs de revenir au pouvoir s'amenuise. En effet, tous les sondages donnent les libéraux du Premier ministre Mark Carney vainqueurs, ce dernier étant considéré comme plus crédible pour affronter Donald Trump.

Le scrutin du 28 avril se déroule dans un climat tendu dans ce pays du G7 de 41 millions d'habitants, toujours sous le choc des secousses provoquées par les tensions commerciales et les menaces d'annexion du président américain.

Signe que cette campagne est considérée comme exceptionnelle par de nombreux citoyens : les débats entre les candidats ont été très suivis et, vendredi, premier jour du vote par anticipation, deux millions d'électeurs ont déposé leur bulletin dans l'urne, un record.

Christine Bonenfant, à la sortie d'un bureau de vote de Montréal, explique à l'AFP qu'elle a choisi le parti qui, selon elle, « s'en sortira le mieux face à Donald Trump » et ramènera « la sérénité ». Elle « espère que beaucoup de gens iront voter » pour cette élection « importante ».

« C'est la première fois que j'hésite autant », explique Josée Fournier, venue elle aussi voter par anticipation. Le Canada a une « épée de Damoclès » au-dessus de la tête « à cause de la situation avec le voisin du Sud ». 

 Majorité

Deux partis ont largement dominé cette campagne : les libéraux du nouveau Premier ministre Mark Carney, qui a remplacé Justin Trudeau il y a un mois, et les conservateurs de Pierre Poilievre.

Selon les dernières projections, les libéraux pourraient remporter suffisamment de sièges pour obtenir une majorité, ce qu'ils avaient échoué à accomplir lors des deux précédents scrutins.

Ils sont crédités d'environ 44 % des votes, contre 38 % pour les conservateurs. Viennent ensuite le Nouveau parti démocratique (NPD, gauche) avec 8 %, suivi par le Bloc québécois (parti indépendantiste) avec 5 %, et le parti vert avec 2 %.

Finalement, le profil international de Mark Carney et son expérience de banquier central semblent avoir davantage convaincu un électorat en quête de stabilité face aux défis économiques à venir, selon les enquêtes de sondage.

« Le chaos est entré dans nos vies. C'est une tragédie, mais c'est aussi une réalité. La question clé de cette élection est de savoir qui est le mieux placé pour s'opposer au président Trump ? », a-t-il déclaré pendant le week-end, depuis Niagara, à la frontière américaine, devant les chutes. 

Dans le bras de fer commercial qui oppose le Canada aux États-Unis, ce novice en politique a promis de maintenir des droits de douane sur les produits américains tant que les mesures de Washington resteraient en place.

Il a également annoncé son intention de développer le commerce intérieur en levant les barrières douanières entre les provinces et de chercher de nouveaux débouchés, notamment en Europe.

Il s'est également engagé à investir massivement dans la défense, l'énergie et le logement, et à réduire les impôts des ménages les plus modestes.

« En recentrant le parti libéral par rapport aux années Trudeau, il a sûrement réussi à convaincre une partie de ceux qui étaient prêts à voter conservateur », estime Félix Mathieu, politologue à l'université de Winnipeg.

Et puis, « son calme et son pragmatisme rassurent les gens ». « Lors des débats, il a donné l'impression d'être au-dessus de la mêlée ». 

« Besoin d'un changement » 

Âgé de 45 ans, Pierre Poilievre, son principal opposant, est un vétéran de la politique canadienne qu'il exerce depuis plus de 20 ans. Chef du Parti conservateur depuis 2022, cet adepte des formules choc a dominé les sondages pendant des mois et semblait promis au poste de Premier ministre.

« Après la décennie libérale, marquée par l'augmentation des coûts, de la criminalité et la chute de l'économie, les libéraux ne méritent pas un quatrième mandat », a-t-il lancé ce week-end lors d'un événement de campagne.

« Nous avons besoin d'un changement avec un nouveau gouvernement conservateur qui réduira les impôts, construira des logements, libérera nos ressources et renforcera notre économie. »

Son style et certaines de ses idées, proches de celles des républicains américains, lui ont aliéné une partie de l'électorat, notamment les femmes, selon les analystes.

Le vainqueur devrait être connu quelques heures après la clôture des bureaux de vote, le 28 avril.