BEYROUTH: C’est une récompense qui fait du bien dans un Liban en dépression. Rudayna Abdo, visionnaire fondatrice et directrice de l’organisation libanaise Thaki, a reçu au Forum de Davos le prix de la Fondation Schwab, qui vient récompenser le leadership de l’ONG dans l'éducation numérique pour les enfants n’ayant pas accès à l’école. L’organisation, apolitique et non sectaire, propose une éducation en ligne aux enfants marginalisés du Moyen-Orient, afin d’améliorer le niveau d’éducation des réfugiés présents au Liban.
«En tant que Palestinienne et réfugiée, j’ai subi les injustices de la violence et de la guerre», a déclaré Rudayna Abdo à Davos après avoir reçu son prix. «Aujourd’hui, Thaki a apporté son soutien à plus de 30 000 enfants et nous cherchons désormais des moyens de soutenir les enfants de Gaza. Rien de tout ça n’aurait été possible sans ma formidable équipe et les dizaines de bénévoles qui ont rejoint cette mission depuis le premier jour», a-t-elle ajouté, exprimant sa gratitude envers la Fondation Schwab. Cette année, seulement deux lauréats du Schwab Social Innovation Award 2024 sur seize étaient originaires de la région Moyen-Orient et Afrique du nord (Mena).
Thaki travaille en partenariat avec des entreprises qui proposent des gadgets technologiques et des logiciels éducatifs. En faisant don de technologies usagées, les entreprises soutiennent directement les enfants vulnérables de la région en leur fournissant du matériel. L'application hors ligne de Thaki, disponible en anglais et en arabe, permet aux enfants d'utiliser le programme sur des appareils donnés. Thaki a collaboré avec l’Organisation néerlandaise pour la recherche scientifique appliquée (TNO) sur Nour's World, une nouvelle application d'éducation numérique et évolutive unique qui aide les jeunes à développer leur résilience et à gérer les émotions difficiles. Thaki s'est également associé à des éditeurs de logiciels qui ont fait don de logiciels éducatifs de qualité supérieure.
Au Liban, le travail de l’organisation Thaki est vital, alors que les crises qui se succèdent dans le pays ont un impact «dévastateur» sur les enfants, selon l’Unicef, «forçant beaucoup d'entre eux à travailler». Selon un récent sondage de l’organisation onusienne, dans un contexte d’effondrement économique, plus d'un quart des familles a désormais des enfants qui ne vont pas à l'école, contre 18% en avril 2022.
La détérioration du système éducatif libanais touche surtout les non-Libanais, en particulier les centaines de milliers de réfugiés syriens présents dans le pays. Plus de la moitié des familles syriennes ont en effet des enfants n'allant pas à l'école, indique l'Unicef dans un rapport.