BEYROUTH: Les crises qui s'aggravent au Liban ont un impact "dévastateur" sur les enfants, a averti mercredi l'Unicef, qui indique que les violences dans le sud frontalier d'Israël affectent également le secteur de l'éducation.
Plus d'un quart des familles a désormais des enfants qui ne vont pas à l'école, contre 18% en avril dernier dans le pays qui connaît depuis quatre ans un effondrement économique sans précédent, selon un sondage du Fonds des Nations unies pour l'enfance.
La situation est encore plus grave pour les centaines de milliers de réfugiés syriens, plus de la moitié des familles syriennes ayant des enfants n'allant pas à l'école, ajoute l'Unicef dans un rapport.
"Les crises persistantes qui s'aggravent au Liban font payer un prix dévastateur aux enfants dans tout le pays, les privant de plus en plus de leur éducation et forçant beaucoup d'entre eux à travailler", déplore l'organisation onusienne.
Le Liban est en proie à une crise économique effroyable depuis 2019 qui a plongé la majorité de la population sous le seuil de pauvreté, selon l'ONU, et fait perdre à la monnaie nationale 98% de sa valeur.
«Saper l’enfance»
La crise a touché de plein fouet le secteur de l'éducation, qui était l'un des fleurons du pays.
Cet effondrement économique "est en train de saper l'enfance de centaines de milliers d'enfants, à travers de multiples crises dont ils ne sont pas responsables", a déclaré Edouard Beigbeder, représentant de l'Unicef au Liban.
Quelque 16% des familles libanaises et un tiers des réfugiés syriens ont envoyé leurs enfants en âge scolaire "travailler pour compléter le revenu du ménage", indique le rapport.
L'Unicef souligne par ailleurs que la guerre entre Israël et le Hamas palestinien à Gaza, qui a des répercussions au Liban avec des affrontements entre le Hezbollah et Israël à la frontière commune, affectent le secteur de l'éducation.
Depuis début octobre, "des dizaines d'écoles dans le sud du Liban ont été fermées (..) affectant plus de 6.000 écoliers", selon le rapport qui note que "la fréquentation est minime dans les établissements encore ouverts".
L'Unicef souligne également l'impact émotionnel des crises, affirmant que "les privations et l'incertitude laissent les enfants affamés, anxieux ou déprimés.
Quelque 38% des ménages ont déclaré que leurs enfants étaient anxieux, ce chiffre passant à 46% dans les régions du sud proches de la frontière avec Israël, et près de la moitié pour les enfants réfugiés palestiniens.
L'Unicef a appelé les autorités libanaises à "prendre des mesures fermes pour soutenir, protéger et fournir les services essentiels à tous les enfants".