Obnubilée sans répit par les spectres féroces d’un passé dont elle est captive et qui la roule comme une épave, constamment arrimée à sa solitude psychologique et mue avec force par le désir de fouiller dans le clair-obscur de son être et de tenter d’y appréhender le « Moi » blessé, traumatisé d’abord par une agression sexuelle, pendant son jeune âge, puis, plus tard, à l’âge adulte, par un avortement mal vécu l’ayant culpabilisée jusqu’à lui donner des cauchemars effrayants, Hajar ou Héjer, la troublante héroïne de ce roman psychologique de Meryem Sallami, « Je jalouse la brise du sud sur ton visage », a tout l’air de s’affranchir enfin de ses vieilles entraves intérieures juste à l’ultime phrase clausulaire du chapitre 40. Là où ce nombre qui ne serait peut-être pas fortuit dans la stratégie narrative de cette jeune romancière tunisienne francophone, semble porter les sur-significations que lui donneraient symboliquement certaines cultures l’attachant surtout à l’idée de « l’épreuve » ou à celle de son résultat, « la transformation », ou encore à celle du « désert », lieu de solitude par excellence où Jésus de Nazereth se serait, d’après la Bible, retiré durant 40 jours pour endurer la double épreuve de l’ isolement et du jeûne et échapper par la même à la tentation du diable ou des démons
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