PARIS: Gabriel Attal a réuni jeudi à Matignon son gouvernement et poursuivi ses entretiens avec les "forces vives" du pays pour préparer de manière "collégiale" sa déclaration de politique générale du 30 janvier, qu'il présente comme une réponse aux attentes des "classes moyennes".
"Agir et avancer", a écrit sur X le Premier ministre avec une photo du gouvernement réuni autour de lui à Matignon. Ce travail vise une "mise en œuvre immédiate des chantiers, dès leur présentation par le Premier ministre devant le Parlement", pour des "résultats concrets et rapides", souligne-t-on à Matignon.
Cette réunion se tient deux jours après une longue conférence de presse d'Emmanuel Macron lors de laquelle le président a souhaité que le gouvernement fasse preuve "d'efficacité" sur plusieurs sujets: le travail, la natalité, l'école ou la santé.
Il a notamment promis un "acte II d'une loi pour la croissance" et "l'activité", des baisses d'impôts dès 2025, mais aussi un nouveau congé de naissance, des régulations dans l'usage des écrans par les enfants ou la généralisation en 2026 d'une "tenue unique" dans les écoles.
Après cette réunion de travail qui a duré près de deux heures, le nouveau Premier ministre a poursuivi ses entretiens avec les forces politiques, les organisations syndicales, patronales et associations d'élus, pour "nourrir" son discours devant le Parlement. Il prévoit aussi de nouvelles rencontres sur le terrain.
«Fermeté» de LR
Le chef du gouvernement a reçu le président du Medef Patrick Martin parce que, a-t-il écrit sur X, "le mérite et le travail doivent être toujours mieux récompensés". M. Martin a, lui, plaidé pour une Europe forte "qui n'existera pas sans entreprises fortes" et souligné le besoin de lutter contre la prolifération des normes.
François Asselin au nom de la CPME a eu un échange "fluide" avec Gabriel Attal, suggérant que le futur congé de naissance soit passé au "test" des PME, tout comme une "remontée du seuil de 50 salariés, pour certaines obligations des entreprises, à 100 salariés".
Gabriel Attal a échangé ensuite avec la droite représentée par Eric Ciotti, président du parti Les Républicains, Bruno Retailleau et Olivier Marleix, respectivement chefs de file des sénateurs et députés LR, dont les voix sont cruciales à l'Assemblée nationale en l'absence de majorité absolue.
Eric Ciotti a dit en sortant avoir tenu un "discours de fermeté" à Gabriel Attal, en "contrepartie des méthodes un peu agressives du président" après le "débauchage" de la sarkozyste Rachida Dati, devenue ministre de la Culture.
Il a notamment menacé le gouvernement d'une "réaction" s'il recourait à nouveau à l'article 49.3 de la Constitution sur les textes budgétaires à l'automne prochain.
L'ancien Premier ministre socialiste rallié à la macronie Manuel Valls a vu dans cette arrivée de Mme Dati une "triple provocation" du président: à l'égard de LR, à l'égard de la justice car Mme Dati est "mise en examen pour corruption" et à l'égard du monde de la culture qui a "le sentiment d'être pris en otage".
«Valoriser le travail»
Vendredi, seront reçus à leur tour le secrétaire général de Force ouvrière, Frédéric Souillot, le président du Rassemblement national Jordan Bardella et le sénateur président du groupe Union centriste Hervé Marseille.
Privé de majorité relative, le Premier ministre ne demandera pas de vote de confiance à l'issue de son discours, comme les autres chefs de gouvernement de la Ve République dans cette situation.
La gauche a promis une motion de censure mais qui a peu de chance d'être adoptée, la droite n'envisageant pas de la soutenir.
Gabriel Attal entend dans ce discours "valoriser le travail des classes moyennes" qui "attendent qu'on agisse pour elles pour réarmer nos services publics", "assurer la sécurité" et "agir pour la transition écologique".
Reçue mardi après-midi, la secrétaire générale de la CFDT Marylise Léon a dit avoir pointé l'importance du "pacte de la vie au travail", "le pouvoir d'achat", "l'index égalité femmes-hommes" et la nécessité de "renforcer le dialogue social", plusieurs mois après l'adoption au forceps de la réforme des retraites.
Son homologue de la CGT, Sophie Binet, venue à Matignon mercredi soir, a martelé la nécessité d'augmenter les salaires, "première priorité aujourd'hui des Français".
Jeudi soir, Gabriel Attal s'est exprimé devant le bureau exécutif de Renaissance. Le nouveau Premier ministre a appelé le parti présidentiel à "assumer une forme de radicalité", citant les chantiers du travail, ou encore les thèmes de la sécurité et de l'environnement.
2023 fut "une année difficile" et en 2024 ce "n'est pas voué à s'améliorer", a dit le Premier ministre.